Emilie Bochard :
1. American Sniper, de Clint Eastwood : « Ce qu’il y a de révoltant dans la guerre, c’est qu’elle prive l’homme de son combat individuel ». Cette phrase tirée de Jules et Jim illustre parfaitement le destin de Chris Kyle, ce sniper qui se voit dans l’impossibilité de construire une vie de famille depuis son départ en Irak. Ambivalent, complexe, brutal, American Sniper se montre capable de secouer l’opinion publique et marque surtout, après quelques petits films sans ampleur, le retour du grand Clint Eastwood.
2. Vice-Versa, de Pete Docter : Destiné aux petits comme aux grands, mélancolique et burlesque, sans oublier d’être crédible et admirablement construit, Vice-versa est sûrement le plus grand film d’animation sur la fin de l’enfance depuis Le Voyage de Chihiro. Par son imagination débordante, ses univers enchanteurs et une justesse dans l’émotion, Pete Docter prouve une nouvelle fois, après Monstres et cie etLà-haut, qu’il est le meilleur réalisateur des studios. Pixar au sommet.
3. Mon Roi, de Maïwenn : Après Polisse, la fureur de Maïwenn venait à nous manquer. Dans cette histoire d’amour destructrice, qui ressemble bien plus à la vie qu’au cinéma, la réalisatrice laisse éclater toute son effervescence et nous attrape au cœur pour ne plus nous lâcher. Ce film à la fois doux, cruel, passionné et chaotique paraît indigeste pour certains, mais virtuose pour d’autres. Mon Roi ne laisse, en tout cas, personne indifférent.
4. Amy, d’Asif Kapadia : Un documentaire furieusement satirique, où Asif Kapadia, au-delà de rendre hommage à l’une des plus grandes chanteuses du XXIe siècle, montre l’effet dévastateur de l’omniprésence des images. Objet scrutateur, envahissant, intrusif, la caméra entre par effraction dans la vie privée comme professionnelle d’Amy Winehouse pour la suivre jusqu’à son dernier souffle. Un regard sans concession sur notre époque, où l’image finit par nous dévorer vivants.
5. Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin : Dans ce Desplechin plus truffaldien que jamais, le destin de deux jeunes gens, incarnés par les remarquables Quentin Dolmaire et Lou Roy Lecollinet, vient enflammer l’écran. Trois souvenirs de ma jeunesse nous fait retomber en adolescence, où les premiers émois avaient des airs de grande passion et où la passion elle-même se voulait romanesque. Un film qui donne envie d’être amoureux de l’amour.
6. Citizenfour, de Laura Poitras
7. Mia madre, de Nanni Moretti
8. Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
9. Imitation Game, de Morten Tyldum
10. Les Nouveaux héros, de Don Hall et Chris Williams
Marine Moutot :
1. Mad Max : Fury Road, de George Miller: Comment transformer un blockbuster en film art et essai ? Il suffit de faire une course poursuite qui n’en finit pas dans des décors à couper le souffle, de placer un message que tout le monde ne saisira pas et cela donne Mad Max : Fury Road. Avec des femmes fortes et un héros taciturne, Miller réussit le pari risqué de tenir le spectateur en haleine. Quel hymne à la nature. Sublime.
2. Victoria, de Sebastian Schipper : Un premier film qui mêle la prouesse technique et un propos fort sur les réalités sociales d’un pays européen riche. En un seul plan séquence, que le réalisateur affirme sans trucage – mais qu’importe – Sebastian Schipper raconte une histoire passionnante et développe ses personnages avec brio. Réalisateur à suivre.
3. À trois on y va, de Jérôme Bonnell : Après Le temps de l’aventure qui traitait également de l’adultère, mais de manière plus sombre – tout en restant fugace et drôle – Jérôme Bonnell revient sur ce thème avec une délicatesse sincère. Les personnages vont mal peut-être, ils souffrent de la situation sans doute, mais au final tout cela n’est pas tragique, bien au contraire. Petit perle, A trois on y va est porté par son charme, ses trois acteurs et sa délicatesse.
4. Macbeth, de Justin Kurzel : La beauté des paysages d’Écosse pour lequel se bat Macbeth, le champ de bataille qui se teinte de rouge, ses ralentis mystiques. Marion Cotillard qui parle la langue de Shakespeare avec richesse, Michael Fassbender sombrant dans la folie. Justin Kurzel réussit à revisiter le mythe de Macbeth en ajoutant une touche de peinture. Des couleurs monochromes de la folie shakespearienne.
5. Microbe et Gasoil, de Michel Gondry : Quoi de plus réjouissant que de voir deux gamins en 2015 réaliser leurs rêves et partir sur les routes de France en maison motorisée. Avec cette fable rocambolesque Michel Gondry réveille l’enfant qui est en nous. Deux adolescents, souffre-douleurs de leurs camarades, décident de construire une voiture pour partir pendant les vacances. Le film pour autant n’a rien d’une farce et distille avec habileté les désirs et les problèmes de l’enfance. Montrant que certaines blessures ne peuvent pas guérir et que devenir adulte a un prix.
6. Ni le ciel, ni la terre, de Clément Cogitore
7. Marguerite, de Xavier Giannoli
8. American Sniper, de Clint Eastwood
9. La Isla Minima, d’Alberto Rodríguez
10. Ex Machina, d’Alex Garland
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