[CRITIQUE] Gabriel et la montagne

Dure est la montée, impossible est la descente

Gabriel, garçon énergique, passionné, visite de manière éclair les lieux mais toujours en rentrant au contact des gens qui y vivent. Il décide pendant un an de parcourir le monde avant d’entrer dans une prestigieuse école américaine. Nous le suivons de son arrivée en Afrique, du Kenya au Malawi, qu’il a deux mois pour visiter. Gabriel s’habille donc comme un masaï et court en chaussures faites en pneu. Il ne veut pas être touriste. Il se sent africain dans l’âme et veut connaître l’âme des Africains. Sa fougue l’aura perdu et ce film lui rend un hommage poignant. L’histoire du garçon qui voulait gravir les montagnes. Tiré d’une histoire vraie, le film surprend par sa forme et par ses acteurs.

Fellipe Barbosa réalise un film étrange. Dire qu’il s’agit d’un film de reconstitution serait diminuer son impact esthétique et le talent de ses acteurs professionnels. L’interprète de Gabriel, João Pedro Zappa, avec ses grands yeux pleins de vie et d’amour, délivre le portrait d’un jeune homme qui a soif de découverte. Son jeu d’acteur doit être souligné par sa justesse et sa profondeur. Il fait plus qu’incarner, il est. C’est sans doute le dispositif qui aide au jeune acteur à tout donner. En effet, le réalisateur demande aux personnes ayant réellement rencontré Gabriel de jouer leur propre rôle et en voix-off de raconter leur ressenti par rapport à lui et comment ils ont réagi lorsqu’ils ont appris la mort du jeune homme. Le plus surprenant est que le documentaire se mélange totalement à la fiction. La voix-off vient compléter l’image et donne des informations pour comprendre et surtout voir comment les autres voyaient cet homme blanc. Il y a un choc des cultures qui s’opère autour de Gabriel.
Le film se découpe en quatre parties qui constituent les quatre pays que traverse le jeune homme. La première partie, est plus âpre dans la mise en scène, on est au plus proche du documentaire. Nous suivons Gabriel dans son initiation pour devenir masaï, il vit dans une hutte, tue un lièvre, et porte les vêtements traditionnels. Le film quitte le documentaire pour glisser vers la romance, quand la compagne de Gabriel arrive. Ce sont deux acteurs qui jouent et pourtant l’histoire d’amour est palpable. Nous y croyons. Et c’est bien là que réside la force du film, c’est de raconter les derniers jours d’un homme en livrant un récit authentique. Il réussit à garder la distance nécessaire à l’histoire. Entre ce qui est fiction – les scènes d’amour surtout et les moments où Gabriel est seul – et le documentaire, Fellipe Barbosa trouve le juste milieu. Les personnes qui incarnent leur propre rôle sont touchantes et émouvantes à travers leur témoignage. Cet homme a existé, il nous a marqués pour différentes raisons et nous acceptons de rejouer les moments de vie que nous avons eus avec lui. Voilà ce que nous disent les hommes et femmes qui parlent. Une sorte d’exorciste finalement.

Le monde selon Gabriel, est rempli de beaux paysages, mis en avant pour la photographie du film. Mais également de personnes généreuses qui acceptent de l’accueillir alors qu’ils n’ont plus rien. Plus qu’un simple portrait, ou qu’une reconstitution, Gabriel et la montagne est le portrait de l’Afrique. Une Afrique dure, une Afrique belle, une Afrique puissante, une Afrique humaine. Loin de tous les clichés, le film offre une vision chaleureuse et forte d’un continent magnifique.

Marine Moutot

Réalisé par Fellipe Barbosa
Avec João Pedro Zappa, Caroline Abras, Alex Alembe
Drame, Aventure, Documentaire, Brésil, France, 2h11
30 août 2017
Condor Distribution

 

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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