[CRITIQUE] Fleabag

Did she ?

Did she fuck everyone around her ? Ou les a-t-elle simplement vu d’une autre manière ? Ou a-t-elle simplement fait les chose d’une autre manière ?

Fleabag est une série anglaise en 6 épisodes, sortie en 2016 et dont la suite tarde à arriver. Incomplète en l’état, cette petite série a tout de réjouissante. Une scène d’ouverture en va et vient, où le personnage principal nous parle alors qu’elle fait l’amour. L’une des grandes originalités de la série est et reste Fleabag. Jeune femme au tempérament bien trempé qui dit les choses en face et en vous regardant dans les yeux. L’autre géniale particularité est ce regard-caméra permanent. Une réelle complicité avec le spectateur. Une remarque, un mouvement, et hop petit regard lourd de sens. Nous regardons sa vie avec elle. Nous décortiquons avec amusement sa vie avec elle. Fleabag, sac à puce pour les non-anglophones, nous raconte tout en voix-off sans gêne et sans honte. De sa vie sexuelle, à ses problèmes de cœurs, à sa haine de sa belle-mère, elle parle anorexie sans fard, mal-être, désir, fantasme, mecs comme aucun autre personnage ne l’avait fait avant. Et surtout aucun personnage féminin. Elle se permet ce qu’on se permet rarement et parle de manière libérer et cela est réellement rafraichissant. Les problèmes de la vie quotidienne et surtout le désir d’être auto-entrepreneuse, la manière dont elle s’accroche à ce petit café comme un bateau de sauvetage. Et la culpabilité qui la ronge depuis le début et qui laisse comme une ombre sur l’humour vif et décapent de Flea. Sans prévenir la créatrice et actrice de la série, Phoebe Waller-Bridge insère des flashbacks en lien avec la meilleure amie, Boo. Tristement morte après avoir tenté de se blesser pour que son compagnon, qui l’avait trompé, vienne la voir à l’hôpital. Comme un poignard dans le cœur, cet accident prend tout son sens dans le dernier épisode de la série. Il parsème les 6 épisodes de moments doucereux qui viennent briser l’humour et la légèreté de la comédie qui s’est installé devant nous.

Que l’on adhère ou pas à son humour, à ses traits de caractère, Fleabag est clairement la clé de voute de l’édifice. En voulant nous incruster dans ses moments gênants, dans ses instants intimes qu’on ne partage pas, elle nous montre et soulève de réels problèmes sociétaux. Que ce soit en matière de cœur, mais également en matière de mœurs. Alors que sa sœur est son antithèse, en femme d’affaires au mariage raté qui n’a plus de rapports sexuels depuis bien trop long, à la belle-mère artiste qui moule des pénis et parle du corps de la femme et de sa sexualité avec emphase, aux personnages masculins. Tous les personnages de cette société anglaise, mais cela pourrait être presque n’importe quelle autre, sont autocentré sur leurs bonheurs et n’hésite pas à faire du mal. Fleabag, moins, elle est toujours à l’écoute de l’autre et même si elle fait les choses de travers ce n’est pas de mauvais cœur – sauf sans doute avec sa belle-mère. Fleabag c’est un peu une étincelle qui passe dans la vie. Les personnages masculins sont également des cas très intéressants dans une série qui les voit dans leurs rapports directs avec Fleabag qui assume ouvertement sa sexualité et son envie de sexe. Les trois personnages masculins qui lui servent de compagnon possèdent tous les trois des névroses que la société inflige aux hommes. Harry est le romantique, qui croit en l’amour et en ces douceurs. Il voit en Fleabag, une folle dangereuse qui va se brûler les ailes tôt ou tard à force de se mater des films pornographiques. Son bel étalon est autocentré sur lui et sur ses sentiments, il comprend l’art, semble sensible mais voit juste Fleabag comme un trou littéralement, et non un être humain. Et tandis que monsieur j’ai une grande dent ne parle que de lui et ne s’intéresse jamais à elle. Quand est-ce qu’enfin allons-nous nous intéresser à ce que pense et veut les femmes, chers messieurs ? Le mari de Claire, sa sœur est également un homme pathétique, alcoolique et castré par le fait que sa femme gagne plus d’argent que lui. Il l’empêche de réaliser son rêve, en étant castré, il rêve de castrer. La domination masculine dans toute sa perversité. Mais c’est aussi que la série ne remplit pas entièrement son rôle et qu’elle peut parfois être au bord de la névrose c’est que tous ses personnages masculins comme féminins sont incomplets. Et bien que la série se ferme sur une note positive avec un personnage masculin qui lui-même a fait des erreurs, un peu à la manière de Fleabag, il a pu se relever et accepte d’aider Flea à sa manière – j’essaye de ne pas spoiler. C’est finalement la relation la plus saine qu’entretient Fleabag avec un autre individu, chacun à l’écoute des problèmes de l’autre.

Fleabag c’est donc une série inventive, créative, prenante et qui nous fait faire les montagnes russes avec son personnage principal. Insupportable, chiante, grinçante, drôle, et humainement belle au final.

Marine Moutot

Créée par Phoebe Waller-Bridge
Avec Phoebe Waller-Bridge, Hugh Skinner, Sian Clifford, Brett Gelman, Bill Paterson, Olivia Colman, Ben Aldridge
Série, Angleterre, Saison 1 (6 x 50 min)
2016 – en production


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Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

8 commentaires sur « [CRITIQUE] Fleabag »

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