[CONSEILS DU VENDREDI] #6

Ce vendredi nous vous parlons de : Leave no trace, Les Frères Sisters, Climax et Suzanne Simonin, La religieuse de Diderot.


Leave no trace : Tom et son père vivent en pleine nature dans un parc national non loin de Portland. Entre cueillette et planque constante, leur quotidien est ébranlé quand ils sont évacués par les autorités. Un retour à la société s’impose.
Deux normalités s’affrontent. L’Amérique impose ses codes à un duo marginal respectueux et en communion avec la nature. Et on s’interroge, quelles sont nos libertés dans une société régie par des conventions sociales et une économie libérale ? Qu’en est il de la liberté de destruction et d’annihilation de l’humain et de son environnement ?
Au delà de la fable écologique et sociétale des temps modernes, le film dévoile avec pureté et noblesse l’amour inconditionnel entre un père et sa fille. Leave no trace est une bouffée d’air dans le cinéma américain contemporain. Une parenthèse poétique à ne pas manquer. C. L-L.

Les Frères Sisters : est le premier film sur le sol américain de Jacques Audiard — il s’agit souvent d’un test pour les réalisateurs et les réalisatrices français(e)s pour voir si leur cinéma peut survivre au voyage : Arnaud Desplechin, par exemple, avait souffert avec son Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines). Jacques Audiard, de son côté, se porte extrêmement bien avec son aventure étatsunien, dans un genre ultra codifié. Il n’y avait qu’un Français pour jouer, puis briser les codes du western de cette manière. Alors que les Coréens s’y étaient tentés, avec l’hilarant Le bon, la bute et le cinglé, remake loufoque de Le Bon, la Brute et le Truand, qui était finalement lui aussi une transgression du genre du western, puisqu’italien.
Mais là où nous pouvons être chauvin, c’est qu’Audiard, dans une première partie savante où il s’amuse avec les codes du western. D’entrée de jeu, il filme une présentation loin des règles : en effet, les Frères Sisters attaquent une maison, mais il fait nuit, aucune lampe, aucune source de lumière, nous distinguons seulement la plaine noire, et le ciel bleu sombre. Dans le silence pesant de l’obscurité, un des deux frères s’exclame : We are the Sisters’s Brothers. Belle entrée en matière, les présentations sont faites. Puis vers la moitié du film, le registre change, le ton brise le western et le cinéaste ne joue plus avec les codes, il les casse magistralement dans l’humour et la tristesse. Un western donc, oui, mais pas de n’importe quelle manière. Il ramène de France ses personnages décalés et brisés par la vie. Film à découvrir, même si vous n’y connaissez rien au western et que vous n’aimez pas ce genre, car il s’agit d’une pépite d’or. M.M. 

Climax : Une troupe de danseurs effectue une retraite pour préparer sa nouvelle tournée. La fête tourne rapidement au cauchemar. Difficile d’en dire plus sur le scénario du nouveau Gaspar Noé (Irréversible) tant la trame tient ici à un fil. Toutefois, l’histoire et la consistance des personnages importent peu ici et contrairement aux précédents films du réalisateur qui souffraient d’excès parfois un tantinet indigestes, l’expérience sensorielle proposée par Climax s’avère cette fois-ci aussi hallucinatoire que jouissive. Sur fond de B.O survoltée, le réalisateur d’Enter the Void démontre une nouvelle fois une double maitrise esthétique inégalable en nous promenant à l’aide de sa caméra vertigineuse au milieu du joyeux chaos qui s’orchestre sous nos yeux. A conseiller aux amateurs de sensations fortes, Climax est une véritable traversée de l’enfer sous extasie doublée d’une expérience cinématographique inégalable qui vous en mettra plein les mirettes. M.P

Suzanne Simonin, La religieuse de DiderotAu XVIIIème siècle, Suzanne Simonin est contrainte par sa famille d’entrer au couvant. Très pieuse mais néanmoins éprise de liberté, la jeune fille se refuse à prendre définitivement l’habit et décide de faire appel. Accusé à sa sortie de déployer un discours immoral et anticlérical, La religieuse s’est pendant longtemps heurté à une lourde censure qui a considérablement entravé sa distribution. Cinquante ans plus tard, le film de Rivette ressort enfin en version restaurée; une belle occasion de redécouvrir cette farce aussi burlesque que cruelle et de retomber encore une fois éperdument amoureux d’Anna Karina dans un beau rôle de jeune fille digne et ingénue. M.P

Clémence Letort-Lipszyc, Marine Pallec et Marine Moutot

Leave no trace
Réalisé par Debra Granik
Avec Ben Foster, Thomasin McKenzie
Drame, Etats-Unis, 1h59
19 septembre 2018

Les Frères Sisters
Réalisé par Jacques Audiard
Avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal
Western, France, 2h02
19 septembre 2018

Climax
Réalisé par Gaspar Noé
Avec Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub
Drame, France, 1h35
19 septembre 2018

Suzanne Simonin, La religieuse de Diderot
Réalisé par Jacques Rivette
Avec Anna Karina, Micheline Presle, Liselotte Pulver
Drame, France, 2h15
1967 – ressorti le 19 septembre 2018

 

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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