Ce vendredi nous vous parlons de : Rafiki, Un Peuple et son Roi et Les Fraises Sauvages.
Rafiki : Dans un quartier pauvre de Nairobi, Kena fait la connaissance de Zikki, jeune fille issue d’une famille aisée. Malgré leur différence de milieu social et la rivalité qui opposent leurs pères, tous deux adversaires politiques, les deux adolescentes se lient d’une amitié qui se transforme rapidement en romance interdite.
Rafiki fait office de rareté à plus d’un titre : Premier film kenyan projeté à Cannes et l’un des rares à parvenir jusqu’à nos salles, il est de plus porteur d’une thématique LGBT ; un sujet encore tabou pour ce pays ultra religieux et conservateur. Toutefois, disons-le tout de suite : Bien qu’accompagné d’une campagne marketing principalement axée sur la polémique causée par le film dans son pays d’origine, Rafiki demeure au final assez sage. Ainsi, il ne faudra pas s’attendre ici à un grand tourbillon émotionnel comparable à celui amené sur un sujet similaire par Kechiche dans La vie d’Adèle mais plutôt à une petite histoire d’amour, relativement simple et sans esclandres. On ne saurait cependant qu’encourager le spectateur à se rendre en salle afin d’encourager la visibilité du cinéma kenyan et tant on ne peut dénier au film un certain charme, de par sa sensibilité et la sincérité du jeu de ses interprètes principales. M.P
Un Peuple et son Roi : Parler de la Révolution Française peut aujourd’hui paraître comme une gageure. Le cinéma en a trop parlé. Ce fait marquant qui a construit notre pays et la pensée démocratique n’a pourtant jamais été abordé de ce point de vue là : celui du peuple et la place de la femme que l’Histoire oublie trop souvent. Pierre Schoeller a travaillé pendant plus de quatre ans sur des documents d’archives pour restituer des scènes historiques, des moments d’une acuité rare. Le film commence le 14 juillet, au moment où la Bastille tombe, nous suivons un souffleur de verre et sa famille qui regarde l’apparition du soleil dans leur rue comme un signe divin. La métaphore est belle : un bâtiment officiel de la royauté est renversé et éclaire dans sa chute le peuple qui vivait à ses pieds. Ce peuple anonyme se voit donner un nom. Le cinéaste a d’ailleurs fait le choix de parsemer tout le long de son film des acteurs connus et familiers du public français : Gaspard Ulliel joue un voleur de poule, Adèle Haenel une lavandière, Noémie Lvovsky la femme du souffleur, Olivier Gourmet le souffleur en question et la liste continue.
Le long-métrage donne réellement la parole au peuple dans une période trouble comme la Révolution Française qui était un moment d’incertitude, ouvert vers l’avenir. Cet événement peut être mis en parallèle avec notre époque, où le monde doit changer, où une nouvelle révolution doit se lever pour que demain ne soit pas un avenir mort. Et c’est là que repose la force du film et sa pertinence. M.M et M.K.
Les Fraises Sauvages : Si nous ne devions vous conseiller qu’un seul film qui ressort parmi les films d’Ingmar Bergman en version restauré, ce serait Les Fraises Sauvages. Le film raconte l’histoire d’Isaac Borg qui doit se rendre à Lund pour recevoir une distinction couronnant sa carrière de médecin. Il décide de ne pas prendre l’avion à la suite d’un rêve et part en voiture avec sa belle fille, qui fuit son mari. Dans ce road trip qui retrace le parcourt d’un homme brillant, se trouve les interrogations au sujet de l’avenir. En parcourant le pays, le cinéaste dresse également le constat sur son pays. Véritable parenthèse poétique et dure, le long-métrage d’Ingmar Bergman, dans un noir et blanc magnifique, pose de nombreuses questions pertinentes. Et le film, tel un songe, nous transporte sur l’errance de ce vieil homme. M.M.
Et pour finir cet article, nous nous devons de vous mettre en garde, lecteur, en effet, parmi les films de cette semaine, nous vous déconseillons fortement Donbass de Sergei Loznitsa, ce long-métrage avec une mise en scène lourde trace une histoire moderne dans une Russie folle et vide de sens. Le propos se perd aux détours de énièmes moments de foule. Creux et profondément vil, le film ennuie. Nous ne vous conseillons pas non plus, Libre, le documentaire de Michel Toesca. Même si le sujet est intéressant, il reste trop centré sur Cédric Herrou, en oubliant parfois les réfugiés. Cela manque de distance et c’est bien dommage.
Marine Pallec, Manon Koken et Marine Moutot
Rafiki
Réalisé par Wanuri Kahiu
Avec Samantha Mugatsia, Sheila Munyiva
Drame, Kenya, 1h23
26 septembre 2018
Un Peuple et son Roi
Réalisé par Pierre Schoeller
Avec Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Olivier Gourmet
Drame, Historique, France, 2h01
26 septembre 2018
Les Fraises Sauvages
Réalisé par Ingmar Bergman
Avec Victor Sjöstrom, Bibi Andersson, Ingrid Thulin
Drame, Suède, 1h37
1957 – ressorti en version restaurée le 26 septembre 2018