Nuit Carpenter au Louxor

Une nuit d’horreur au Louxor
= Samedi 20 octobre de 22 h à 7 h =

À l’occasion de la sortie des copies restaurées par Splendor Films de cinq films de John Carpenter (1978-1988) et des 40 ans de Halloween, le Louxor organisait une nuit Carpenter le samedi 20 octobre de 22 h à 7 h du matin. L’occasion pour Phantasmagory de se (re)plonger dans ces cinq films le temps d’une nuit. Deux de nos rédactrices ont décidé de tenter l’expérience en tant que novices (ou quasiment) du grand maître de l’horreur.

21 h 45. Arrivées devant les portes du Palais du Cinéma. La file d’attente est déjà longue. 1e film : Halloween. Victime de son succès, la séance est complète. Chacun a amené son plaid et de quoi grignoter afin de survivre à cette nuit horrifique. Au grand dam d’une de nos rédactrices, le Coca, liquide divin et source d’éveil, a été oublié. Tant pis, nous passerons tout de même la nuit. Et puis nous avons de quoi nous nourrir. Faisons un choix stratégique de place dans le bas de la salle (le balcon est plein à craquer) et commençons !

22 h 15. Début de la séance. C’est parti pour le grand classique Halloween : La nuit des masques. Pour faire court, nous suivons un serial killer bien connu aujourd’hui, Michael Myers, lors de la nuit du 31 octobre 1978, à Haddonfield dans l’Illinois. Ce méchant, souvent un peu ridicule et lent, effraie la jeune Laurie Strode, incarnée par Jamie Lee Curtis, le temps d’une nuit. Carpenter voulait pourtant en faire une incarnation du Mal parfaite, cachée derrière son masque, un concept qu’il surnomme “The Shape”. L’ouverture sur les origines du mal puis l’enchaînement sur l’évasion de Myers sont particulièrement intéressantes mais nous exposent directement à ce que l’on verra durant tout le film : point de vue subjectif de Myers, parfois derrière le masque, parfois sans que celui-ci soit matérialisé. Les morts sont absolument grotesques et les cadavres finissent dans des mises en scène ridicules ce qui fait beaucoup rire les spectateurs et nous avec. Pendant un temps, nous pensons cerner une visée punitive aux crimes de Myers : des jeunes ayant commis le péché de luxure, comme sa première victime, sa soeur. Mais dans ce cas, qu’en est-il de la poursuite de Laurie dans la maison, cette jeune femme que ses camarades moquent en permanence sur sa pureté et son désintérêt des histoires amoureuses ? “And now, do you believe in the Boogieman ?” Finalement, le film n’aura pas beaucoup effrayé, ce qui en rassure grandement une pour la suite de la soirée.

Nous émergeons du film avec le thème de Michael Myers en tête. Carpenter est aussi musicien (et d’ailleurs en concert il y a peu à Paris à la Salle Pleyel) et chacun de ses films nous le rappelle. A présent, nous sommes curieuses de voir ce que donnera l’adaptation de 2018 par David Gordon Green : Laurie Strode se retrouve une nouvelle fois confrontée à Michael Myers, 40 ans plus tard. Nous avons surtout hâte de revoir Jamie Lee Curtis – qui a l’air, elle aussi, effrayante et assoiffée de vengeance. Évidemment, c’est BlumHouse qui produit le bébé !

00 h 00. Retour dans le froid pour rentrer à nouveau dans le Louxor. Ça réveille ! Et nous voilà prête pour une plongée (embrumée pour certaine) dans Fog. C’est parti pour la Californie, non pas celle ensoleillée des cartes postales, mais plutôt celle brumeuse du petit port d’Antonio Bay. Une légende raconte que des marins naufragés dans cette baie, 100 ans plus tôt, viendront hanter la ville et se venger des habitants. Or, cette nuit est arrivée… Le film met en avant des personnages féminins des plus intéressants. Nous retrouvons avec plaisir Jamie Lee Curtis, en jeune femme libre et indépendante qui se trouve là un peu par hasard, au mauvais endroit, au mauvais moment quoi ! Ainsi qu’Adrienne Barbeau, en mère indépendante et fort courageuse face à ces morts-vivants.

Adrienne Barbeau

1 h 45. Le froid de la nuit nous réveille une nouvelle fois. Pour la troisième fois ce soir, nous entrons dans la grande salle égyptienne du Louxor. La salle ne semble pas se vider. Nous allons découvrir, l’un des films les plus kitchs du cinéaste :  Prince des ténèbres. Un prêtre engage une équipe de jeunes scientifiques pour étudier sur un étrange cylindre découvert dans la crypte d’une église de Los Angeles. Peu à peu, ils commencent à comprendre que ce phénomène est surnaturel… Second film de la trilogie de l’Apocalypse (The Thing et L’Antre de la folie étant les deux autres), il s’inscrit dans un univers où grandit une menace surnaturelle et est souvent qualifié de très lovecraftien. Le récit, linéaire et la mise en scène, verse souvent dans le kitsch. Pourtant quelques très beaux plans captivent… Les sans abris zombifiés sont à la fois effrayants et drôles par leur immobilisme. Nous retenons, d’ailleurs, les apparitions répétées d’Alice Cooper (tout à fait reconnaissable) en chef des zombies, un empalement mémorable sur un vélo, des insectes grouillants et un réveil à côté d’un cadavre à la chair à vif. La thématique décrépitude est claire ! Mais également, une love story avec un beau blond à moustache. Le film a nécessité à peine trois millions de dollars de budget, ce qui est étonnamment peu et qui explique aussi le côté bricolé du film. 

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Petit Bonus #1, une analyse de séquence très courte par John Carpenter : 

Petit Bonus #2, les commentaires du Fossoyeur de Films sur Le Prince des ténèbres

3 h 30. Arrivées à ce point, plus aucun métro ne peut nous ramener dans notre nid douillet – et nous ne voulons pour rien au monde louper le film qu’il va suivre. On nous annonce donc que les deux derniers films s’enchaîneront sans la traditionnelle sortie dans le froid de fin de séance. Finissons donc ce marathon en beauté avec deux oeuvres citadines et dystopiques. Rejoignons Snake Plissken dans New York 1997. Ici, une de nos rédactrices a sombré. Laissons la se reposer. Elle s’en voudra suffisamment à son réveil.  Nous laissons donc le soin à sa vaillante comparse de prendre la plume et de nous conter son expérience. Et nous voilà dans le futur de 1997, enfin un futur réalisé en 1980 par John Carpenter. Juste une petite précision avant de commencer, le scénario a été écrit en 1976 par John Carpenter dans la foulée du scandale du Watergate (1974), d’où son caractère fortement critique et politique et la frilosité des studios quand au passage à l’écran de ce sujet. Nous plongeons dans un Manhattan transformé en prison géante dans lequel traînent les pires crapules. Suite à un attentat, l’avion présidentiel s’écrase sur l’île. Les services de l’Etat engagent un détenu, Snake Plissken, pour le retrouver. Là, la rédactrice survivante découvre un univers sombre où le musclé et viril Kurt Russel essaye de survivre et de sauver sa peau. Tel un road trip en enfer, le héros tente de se démener avec tous les éléments contre lui. Finalement, Snake, alors qu’il part à la recherche du président, part également à la recherche de lui-même. 

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Petit Bonus #2, les commentaires du Fossoyeur de Films sur New York 1997

5 h 30. Invasion Los Angeles. Après New York, nous retournons à Los Angeles. L’ouvrier John Nada erre dans les bas fonds de la ville, à la recherche d’un travail, et d’un endroit où dormir. Alors qu’il tombe paire de lunettes de soleil pour le moins étrange, il découvre un lourd secret du monde qui l’entoure… Invasion Los Angeles est l’adaptation d’une nouvelle de science-fiction de Ray Farraday Nelson de 1963, Les Fascinateurs (Eight O’Clock in the Morning). Critique du capitalisme, de la société de consommation et du pouvoir des médias, nous enchaînons sur un second film engagé. Un peu plus lent que les précédents films, il est plus dur de lutter contre le sommeil, mais nos deux rédactrices y arrivent. L’un des moments les plus mémorables, mais pas forcément dans le bon sens, une scène de bagarre extrêmement longue entre le héros et son ami : pour une paire de lunette. Le titre original They Live, serait-il un petit écho au “It is alive !” de Frankenstein ?

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Petit Bonus #2, les commentaires du Fossoyeur de Films sur Invasion Los Angeles : 

7 h et quelques (on ne sait plus trop à cette heure). Conclusion. Nous confirmons qu’il est assez dur de garder les yeux ouverts toute la nuit – et que certaines y arrivent mieux que d’autres. Mais beaucoup de spectateurs étaient encore assez motivés et habités par les films pour aller récupérer avec joie leur trophée : une affiche de Halloween, un café et un croissant. Pour notre part, direction le métro puis le dodo (du moins pour quelques heures). Nous l’avions bien mérité. Départ de Barbès par la ligne 2 avec en tête le thème de Michael Myers dans Halloween. TouTouToum TouTouToum TouTouTouTou…

Je ne sais pas vous mais… nous ça nous donne envie de se plonger un peu plus dans l’univers de Carpenter. Pourquoi ne pas continuer avec The Thing ou L’Antre de la folie ? Ce génie de la mise en scène, des scénarios et de la musique mérite que nous continuons d’explorer sa filmographie, comme nous avons eu le bonheur de découvrir pendant cette brève nuit. John Carpenter peut définitivement rejoindre le monde merveilleux de ces réalisateurs-artistes. 

Filmographie : 

  • 1974 : Dark Star
  • 1976 : Assaut (Assault on Precinct 13)
  • 1978 : Halloween, la nuit des masques (Halloween)
  • 1980 : Fog (The Fog)
  • 1981 : New York 1997 (Escape from New York)
  • 1982 : The Thing
  • 1983 : Christine
  • 1984 : Starman
  • 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (Big Trouble in Little China)
  • 1987 : Prince des ténèbres (Prince of Darkness)
  • 1988 : Invasion Los Angeles (They Live)
  • 1992 : Les Aventures d’un homme invisible (Memoirs of an Invisible Man)
  • 1995 : L’Antre de la folie (In the Mouth of Madness)
  • 1995 : Le Village des damnés (Village of the Damned)
  • 1996 : Los Angeles 2013 (Escape from L.A.)
  • 1998 : Vampires
  • 2001 : Ghosts of Mars
  • 2011 : The Ward : L’Hôpital de la terreur (The Ward)

Pour découvrir nos stories Instagram pendant cette nuit c’est par ici et nos post Facebook c’est ici !

Manon Koken et Marine Moutot

Halloween : la nuit des masques (Halloween)
Réalisé par John Carpenter.
Avec Donald Pleasance, Jamie Lee Curtis, Nick Castle…
Film d’horreur. Etats-Unis. 1 h 31 (14 mars 1979).
Ressortie le 24 octobre 2018.

Fog (The Fog)
Réalisé par John Carpenter.
Avec Adrienne Barbeau, Jamie Lee Curtis, Janet Leigh…
Film d’horreur. Etats-Unis. 1 h 29 (19 mars 1980).
Ressortie le 31 octobre 2018.

Prince des ténèbres (Prince of Darkness)
Réalisé par John Carpenter.
Avec Donald Pleasance, Jameson Parker, Victor Wong…
Film d’horreur. Etats-Unis. 1 h 37 (20 avril 1988).
Ressortie le 28 novembre 2018.

New York 1997 (Escape from New York)
Réalisé par John Carpenter.
Avec Kurt Russell, Lee Van Cleef, Ernest Borgnine…
Action, Science-fiction. Etats-Unis/Grande-Bretagne. 1 h 34 (24 juin 1981).
Ressortie le 19 décembre 2018.

Invasion Los Angeles (They Live)
Réalisé par John Carpenter.
Avec Roddy Piper, Keith David, Meg Foster…
Action, Science-fiction, Horreur. Etats-Unis. 1 h 34 (19 avril 1989).
Ressortie le 2 janvier 2019.


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Publié par Phantasmagory

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8 commentaires sur « Nuit Carpenter au Louxor »

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