[CRITIQUE] Ad Vitam – Saison 1

Ad Vitam, c’est quoi ?

Ad Vitam, c’est la dernière création d’Arte qui suit l’enquête de Darius, flic de 119 ans dans un monde où la mort a été vaincue. Alors que la doyenne fête ses 169 ans et semble en avoir 30, 7 mineurs sont retrouvés sur la plage, une balle dans la tête. Dans cette société qui ne se questionne pas et qui vit l’immortalité futilement, ces suicidés sont-ils là pour rappeler que le monde va mal? Darius, aidé de Christa — une jeune suicidaire qui a survécu à d’anciennes vagues de suicide qui se sont déroulées il y a 10 ans — part sur la trace de la jeunesse en perdition d’une époque qui les nie. La série pose sans cesse cette question : pourquoi des mineurs qui se suicident posent problème alors que la planète est en surpopulation et que la jeunesse est éternelle

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Thomas Cailley, c’est qui ? 

C’est le scénariste et réalisateur d’Ad Vitam, mais avant cela il avait tourné avec Adèle Haenel et Kevin Azaïs son premier film acclamé partout dans le monde et découvert à La Quinzaine des Réalisateurs en 2014 : Les Combattants. Ce premier long-métrage est un mélange de genre original. Sur fond d’entrainement militaire, une romance rebelle se dessine. Il aborde également la crise écologique qui se dessine et le besoin de dompter son corps et apprendre à maitriser la nature. Le personnage d’Adèle Haenel est un personnage fort qui pousse la sonnette d’alarme sur la fin du monde. Le film avait valu à ce jeune réalisateur, venu de Clermont-Ferrand, une reconnaissance importante, ce qui lui a permis de partir sur ce projet de série pour Arte.

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Après avoir marqué le cinéma avec un film sur la jeunesse, il passe dans le monde la télévision pour nous parler de la jeunesse éternelle. Attention, spoiler alerte dans la critique

Critique :
Jeunesse éternelle

La nouvelle série d’Arte interroge de manière intelligente la relation entre la jeunesse et l’éternité. Tandis que nous suivons Darius dès le début de la série, un homme de 119 ans qui semble en avoir 50, nous réalisons très vite qu’il est désabusé, mais sans vraiment avoir cherché à comprendre pourquoi. Nous avons donc un faux septique qui enquête sur des suicides de mineurs. Alors que son passé refait surface tout au long de la série, l’élément le plus important est le souvenir de son fils, mort d’un cancer. Ce souvenir-là est vital, car durant tous les épisodes de la série, le rapport à la famille est interrogé : comment avant des enfants et leur montrer un avenir quand on ne vieillit pas. Le second personnage, Christa, n’a que 24 ans et n’arrive pas à gérer le vide qui semble être l’existence de ses parents — qui comme seule nouveauté ont adopté une méduse. Ainsi, le premier épisode de Ad Vitam s’annonce plein de bonnes surprises et de questionnement intéressant et existentiel qui fait référence à notre monde d’aujourd’hui : ce monde qui cherche par tous les moyens à ne pas vieillir.

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Le pitch d’Ad Vitam est donc sa principale nouveauté et notre intérêt se porte finalement uniquement là-dessus. En effet, la série ne tient pas ses promesses, même si elle va au bout de sa réflexion et de l’horreur qu’est — ou pourrait être — la jeunesse éternelle. L’un des derniers moments de l’épisode 6 en est très représentatif et montre comment cette jeunesse qui arrive est un fardeau et un rappel sans cesse à notre propre mortalité. Mais la série ne réussit pas à maintenir le niveau dans la mise en scène, mais également dans son interprétation. Garance Marillier (Grave), avec son visage toujours énervé, n’arrive malheureusement pas à retranscrire cette jeunesse en perdition, qui n’a plus de repère. Les personnages secondaires sont également assez mal écrit et Thomas Cailley ne réussit pas à les rendre vivants – ce qui pour les adultes est totalement dans le propos de la série, mais que la jeunesse si perdue n’est pas plus de vie, cela est dommage. Et quand bien même il réunit tous les jeunes espoirs du cinéma français : Rod Paradot (La Tête Haute), Anthony Bajon (La Pière), c’est seulement Yvan Attal et Ariane Labed qui s’en sortent le mieux de cet exercice de style. 

De plus, si Thomas Cailley montre toujours son goût pour la musique bien choisie, il rajoute des couleurs monochromes dans la plupart des scènes de nuit qui nuisent au film et à son esthétique. L’image est trop aseptisée. Et même s’il le fait pour couler à l’ambiance de son histoire, le rendu n’est pas à la hauteur de l’attente. Ainsi, Ad Vitam s’est une excellente histoire qui ne s’arrête pas, mais dont le rythme est trop lent, une ambiance qui intègre entièrement les données du récit, mais qui ne fonctionnent pas sur l’ensemble. Une série en demi-teinte donc.

Marine Moutot

Série créée par Thomas Calley et Sébastien Mounier
Avec Yvan Attal, Garance Marillier, Niels Schneider, Adel Bencherif …
Science-fiction, Thriller, France, Saison 1 (2018- en production)
Intégrale de la saison 1 disponible sur Arte.


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Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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