Ce mercredi, nous vous parlons à retardement de Roma, Mortal Engines et La Permission.
Roma : Chronique d’une jeune gouvernante au sein d’une famille bourgeoise dans le Mexique des années 70. Cleo navigue entre la fratrie dont elle s’occupe, les tâches ménagères et ses moments de complicité avec les autres gouvernantes qui croisent son chemin. Techniquement, il sera impossible de reprocher quoique ce soit à Cuaron. L’histoire de Cleo est présentée en noir et blanc. Un grain impeccable, des contrastes mesurés, une vision lisse, sûrement adoucie (?), en comparaison au sujet traité, une vie de servitude. Les doux panoramiques et travellings constants proposent également une lecture poétique. On suit le quotidien uniquement à travers le regard de la jeune femme, mais finalement tous les artifices mis en œuvre ne nous amèneront jamais à l’empathie. Que ressent-elle ? Mystère. Rêve-t-elle d’un ailleurs ? Qui sait. Et c’est au moment où on avait renoncé à toute émotion cinématographique qu’arrive l’une des scènes les plus brutales. On vivra aux côtés de Cleo un moment charnière de sa vie de femme sous l’œil d’une caméra frontale, d’un voyeurisme sans précédent, qui balaiera toute la délicatesse et retenue précédente du film pour nous plonger dans un malaise. Une belle morale subsiste, l’amour et la sécurité que procure Cleo aux enfants de la famille qui l’emploie est une bénédiction, un amour presque maternelle dans lequel le réalisateur a lui-même grandi. Il signe son premier film intimiste et parfois autobiographique. Un film que je conseille surtout pour sa plastique remarquable, mais qui personnellement n’a pas su me faire voyager émotionnellement, malgré sa qualité d’écriture. C.L.L
Mortal Engines : Adaptation du roman éponyme, Mortal Engines est une grosse machine pleine d’effets spéciaux. Entre un univers à la Mad Max et façon Château Ambulant, nous suivons Tom, un historien qui se rêvait pilote — interprété par le Nathan des Misfits — il vit dans un Londres, en mouvement, gigantesque qui traque sans cesse d’autres villes plus petites pour survivre. Alors qu’un mobile vient d’être avalé, Hester Shaw monte à bord de Londres dans le but de tuer le grand Thaddeus Valentine, ingénieur de renom. Dans un monde qui a dépassé l’apocalypse depuis plusieurs siècles, le long-métrage reconstruit un univers presque idyllique, excepté à cause des cannibales, des humains mutants qui vous traquent, de la couleur de la nourriture et des armes de destructions massives façon bombe nucléaire — enfin la fin du monde comme nous la connaissons depuis longtemps. Pas grand chose de nouveau donc. L’originalité vient de son personnage féminin principal : Hester. Le visage barré d’une grande cicatrice, la voici baroudant dans ce milieu hostile. Que l’héroïne soit jolie et défigurée cela relève du miracle. C’est chose faite dans Mortal Engines où ne vous ennuierez pas une seule seconde, rigolerez quelques fois pour l’incongruité du scénario et je vous promets vous passerez un bon moment en compagnie du couple divin de Tom et Hester. M.M.
La Permission : Il était une fois une joueuse de football de haut niveau, capitaine de l’équipe nationale d’Iran. Elle gagne match après match et amène son équipe en final de la coupe d’Asie. Jusqu’ici tout semble parfait. Mais voilà, alors qu’elle monte dans l’avion qui doit l’amener en Malaisie, Afrooz est empêchée de quitter le pays. La raison : son mari le lui refuse. Elle ne peut sortir d’Iran sans sa signature. Alors que son rêve se réalisait, pour lequel elle a travaillé pendant plus de onze ans, un homme le lui arrache. C’est une course contre la montre, les institutions et la loi qui s’engagent pour Afrooz qui a quatre jours pour avoir son accord. Inspiré de faits réels, cette jeune femme n’est pas un cas unique. En l’espace d’un an seulement, nous apprend le film, pendant le générique de fin, huit sportives de haut niveau n’ont pas pu sortir du pays faute de consentement du mari. D’autres cas existent évidemment. Le film se concentre donc sur un fait courant et scandaleux pour nous occidentaux qui le regardons. Simple et efficace, le réalisateur ne perd pas son temps dans une mise en scène inutile. À découvrir en ce moment en salle. M.M.
Marine Moutot et Clémence Letort-Lipszyc
Roma
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Yalitza Aparicio, Marina de Tavira, Nancy García
Drame, Mexique, Etats-Unis, 2h15
14 décembre 2018 – sur Netflix
Mortal Engines
Réalisé par Christian Rivers
Avec Hera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving
Science fiction, Aventure, Action, Etats-Unis, Nouvelle Zélande, 1h28
12 décembre 2018
La Permission
Réalisé par Soheil Beiraghi
Avec Baran Kosari, Amir Jadidi, Sahar Dowlatshahi
Drame, Iran, 1h28
28 novembre 2018