Ce vendredi, nous vous parlons de : L’homme fidèle, Troppa Grazia, Miraï, Ma petite sœur, Au bout des doigts, Y a-t-il un pilote dans l’avion ? et Kirikou et la sorcière.
L’Homme Fidèle : Au cœur de cette histoire, un homme, Abel, centre de tous les désirs et de toutes les attentions. Le propos du film peut sembler simple : Abel aime Marianne, Marianne aime Paul, Paul meurt, Ève aime Abel, Abel aime toujours Marianne et Marianne s’interroge. Abel apprend coup sur coup, tromperie, grossesse et mariage, et cela en gardant calme et constance : on a là presque un Buster Keaton du drame amoureux – et le burlesque n’est pas loin. A peine cinq minutes et une question se pose : sommes-nous toujours dans la réalité ? Au fur et à mesure que l’intrigue progresse (en décélérant heureusement quelque peu), on découvre que le seul moyen – ou presque – d’accéder à l’intériorité des personnages est la voix off. Ajoutez à cela quelques paroles de l’enfant Joseph et le film se transforme en intrigue policière. Dans les nombreuses discussions couvertes par la voix off, on voudrait comprendre chaque parole. L’avidité du spectateur est ravivée en permanence. A noter d’ailleurs que le rectangle amoureux est absolument parfait et intrigant. Là où on pensait trouver un film classique à l’inspiration Nouvelle Vague (premiers plans sur les toits parisiens à l’aube avec vue sur la tour Eiffel, musique au piano et prénoms bibliques – Abel, Paul, Marianne, Joseph, Ève) sur les tourments amoureux du personnage incarné par Louis Garrel, on trouve le burlesque et le suspense. Trouver le rire chez Garrel, c’est trouver l’inattendu et c’est ce qui fait plaisir dans ce second long métrage ! Et la présence de Jean-Claude Carrière au scénario n’y est sûrement pas pour rien (une collaboration rêvée depuis longtemps par Louis Garrel). M.K.
Un chouette épisode de Par Jupiter ! avec Louis Garrel invité sur France Inter : https://www.franceinter.fr/emissions/par-jupiter/par-jupiter-20-decembre-2018
Troppa Grazia : Lucia est géomètre dans un petit patelin en Italie. Mère d’une adolescente, elle tente de concilier vie professionnelle et vie personnelle tant bien que mal. Employée sur la construction d’un projet immobilier, elle découvre des imperfections dans les cartes qui lui ont été confiées. Elle décide finalement de ne pas empêcher la mise en œuvre du projet. Un jour, La Madone lui apparaît.
Cette comédie vogue sur un schéma narratif bien connue d’un personnage étrange n’apparaissant qu’aux yeux du héros/héroïne, et dont les autres protagonistes sont obligés malgré eux de croire en l’existence. Évidemment cela donne des scènes où Lucia interagit toute seule à leurs yeux, mais pas aux nôtres . Nous sommes dans la confidence de l’héroïne. Présentés comme des scènes comiques, quelque chose ne colle pas. La bande originale vient briser les tentatives d’ambiances créées par le film. Une sorte de retour à la réalité qui n’est pas le bienvenue. Le phénomène se perpétue tout le long du film. La musique ne dialogue pas avec les images, avec les émotions, comme Lucia qui a du mal à cerner les intentions de La Madone qui la maltraite et la harcèle. Passons rapidement sur des dialogues et une image qui ne casse pas trois pattes à un canard, des interprétations plutôt inégales (seule Alba Rohrwacher est la clé de l’histoire et du sens artistique de cette œuvre) et une intrigue mystique qui n’ose jamais aborder son sujet à bras le corps : où subsiste la beauté dans un monde de destruction et de béton ? Une déception certaine qui aurait pu évoluer sur une ouverture mystique et poétique. C.L.L.
Miraï, ma petite soeur : Le talent de Mamoru Hosoda est indéniable après ses chefs d’œuvre des années passées : Summer Wars, Les enfants loups : Ame et Yuki, Le Garçon et la Bête... Dans Miraï, ma petite sœur, le spectateur redécouvre avec joie les plongées fréquentes dans l’onirique qui accompagnent toujours les péripéties des personnages de Hosoda – même si, ici, la formule devient un peu didactique et trop répétitive. Cette fois, aux côtés du jeune Kun, c’est la découverte des bouleversements amenés par l’arrivée d’une petite sœur dans la vie de famille. Une famille qui se veut moderne : Maman travaille et Papa reste à la maison pour élever les deux enfants (et travailler aussi). Sauf que voilà, les rôles respectifs des parents semblent forcés. Comme si pour éviter une distribution genrée des tâches, il fallait faire de la mère un individu stressé et stressant qui fait reproche sur reproche à un père débordé et maladroit. Et voilà, on retombe dans un cliché ! On a, là, une famille bien différente de celle-ci si brinquebalante et attachante d’Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda, sorti quelques semaines plus tôt. Malgré ces défauts scénaristiques et bien que la confusion soit au rendez-vous au sortir de la salle, le plaisir d’avoir vu une animation toujours aussi belle et poétique est encore présent. M.K.
Au bout des doigts : Petit délinquant, Mathieu Malinski a un véritable don pour le piano. Découvert par hasard par le directeur du Conservatoire National de Musique, ce dernier se met en tête de présenter Mathieu au prestigieux Concours National.
Au bout des doigts raconte donc l’ascension musicale d’un petit génie que personne n’attendait, la trajectoire d’un gars désœuvré de la cité – joué de manière vénère par Jules Benchetrit parce qu’un mec de la téci a forcément des problèmes de feels vazy – qui s’épanouit dans le prestigieux monde de la musique classique. Bon… c’est sympa mais c’est à vrai dire aussi un peu mou et sans personnalité : la mise en scène reste très classique, le scénario tient la route sans pour autant s’avérer prenant et les acteurs font le job en attendant de passer à autre chose (sauf Jules Benchetrit parce que son perso il a des FEELS làààààà).
Ouais… on va pas se mentir : Au bout des doigts c’est typiquement le genre de film qu’un distributeur sort en fin d’année. Mais si tu sais… un film de fond de tiroir sans prétention ni gros défaut. C’est le genre de film que tu iras probablement voir par hasard (à moins que tu sois ultra fan de Lambert Wilson… ou de Kristin Scott Thomas… et que tu sois donc mon papa) et que tu oublieras dès lors que tu auras passé la porte de ton cinéma jusqu’à ce qu’il soit diffusé un soir sur France 2 et que tu passes quarante-trois minutes à te demander si l’as déjà vu. C’est le genre de film contre lequel tu t’énerveras du coup puisque à la place tu aurais pu mater le nouvel épisode de cette émission présentée par Stéphane Bern que tu sais jamais comment elle s’appelle mais où il ouvre un tas de portes dans un tas de châteaux… Ouais, c’est ce genre de film Au bout des doigts.
Donc bien sûr tu peux aller le voir en salles, là maintenant… Ou alors tu pourrais aussi attendre qu’il passe à la TV et revoir Fame ou Whiplash à la place…Ou encore profiter de cette heure quarante-six pour toi aussi perfectionner tes skills du bout des doigts et apprendre à faire un piano en origami que tu offriras à ta maman. Bref, c’est toi qui vois. M.P.
Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? : Un vol en partance pour Chicago tourne à la catastrophe lorsqu’une intoxication alimentaire touche tous les passagers et pilotes à l’exception d’un médecin, d’une hôtesse de l’air et de son ex compagnon, ancien pilote et aujourd’hui phobique des avions. Le trio tente de reprendre le contrôle de la situation avec la tour de contrôle aérien de Chicago. Le film parodique cultissime ressort cette semaine dans les salles. Décollage immédiat pour une séance de l’absurde, du grotesque, et de répliques cultes. Des gags à tour de bras avec des fous rire à la clé qui feront votre séance d’abdos. C.L.L.
Kirikou et la sorcière : Quelque part en Afrique de l’Ouest, la terrible Karaba a peu à peu dépeuplé le village de ses hommes… Et maintenant elle en tarit la source d’eau. C’en est trop ! Du haut de ses quelques centimètres, le brave Kirikou part affronter la sorcière. Tout juste 20 ans après sa sortie initiale, nous retrouvons l’aventure du jeune Kirikou, héros à l’intelligence si fine, avec laquelle tant d’enfants ont grandi. C’est l’occasion pour les plus jeunes de découvrir sur grand écran ce film digne des plus beaux contes. Au cœur de cette histoire qui mêle fétiches, sorcières et villageois, il y a une leçon importante : celle qui nous explique que la méchanceté prend souvent sa source dans la souffrance. Fable féministe, Kirikou et la sorcière est un film qui peut se lire à plusieurs niveaux et les adultes prendront plaisir à le revoir, autant que les enfants à le découvrir. L’animation de Michel Ocelot (Princes et princesses, Azur et Asmar), belle et réaliste, porte le long-métrage au niveau d’excellence. Kirikou a 20 ans et il est toujours vaillant ! M.K et M.M.
Dossier de presse et documents pédagogiques sur le site de Gébéka, le distributeur : http://www.gebekafilms.com/gebeka.php
Manon Koken, Marine Moutot, Clémence Letort-Lipszyc et Marine Pallec
L’homme fidèle
Réalisé par Louis Garrel
Avec Laetitia Casta, Louis Garrel, Lily-Rose Depp
Romance, Comédie, France, 1h15
26 décembre 2018
Troppa Grazia
Réalisé par Gianni Zanasi
Avec Alba Rohrwacher, Elio Germano, Hadas Yaron
Comédie, Italie, 1h50
26 décembre 2018
Miraï, ma petite soeur
Réalisé par Mamoru Hosada
Avec Moka Kamishiraishi, Haru Kuroki, Gen Hoshin
Animation, Famille, Japon, 1h38
26 décembre 2018
Au bout des doigts
Réalisé par Ludovic Bernard
Avec Lambert Wilson, Kristin Scott Thomas, Jules Benchetrit
Drame, France, 1h46
26 décembre 2018
Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?
Réalisé par David et Jerry Zucker, Jim Abrahams
Avec Kareem Abdul-Jabbar, Leslie Nielsen, Peter Graves
Comédie, États-Unis, 1h25
1980 – ressortie en version restaurée le 26 décembre 2018
Kirikou et la sorcière
Réalisé par Michel Ocelot
Avec Theo Sebeko, Antoinette Kellermann, Fezele Mpeka
Animation, Famille, France, 1h10
1998 – ressortie en version restaurée le 26 décembre 2018