Ce vendredi, nous vous parlons de : Une femme d’exception, Bienvenue à Marwen, Asako I&II, Un beau voyou et Invasion Los Angeles.
Une femme d’exception : Le film vaut et tient surtout par son histoire. Une femme d’exception, dont le titre anglais est plus parlant On the Basis of Sex, raconte la vie de l’extraordinaire Ruth Bader Ginsburg, de son entrée à l’Université de Droit de Harvard à son premier plaidoyer. Le beau duo d’acteurs principaux composé de Felicity Jones (Rogue One, Une merveilleuse histoire du temps) et Armie Hammer (Call me by your name, The Social Network) était aussi particulièrement vendeur. L’ouverture — qui n’est pas sans rappeler Les Temps modernes — est une plongée directe dans le vif du sujet de l’inégalité des genres : des hommes à perte de vue et parmi eux : une femme. De même, le plaidoyer de RBG, pièce centrale de l’argumentaire du film, est vraiment exceptionnel — même si on aurait apprécié d’avoir une vision plus approfondie du reste de sa carrière. On note tout de même le désir de réalisme : le neveu de RBG a écrit le scénario en se basant sur les faits exacts vécus par sa tante, sans lui donner le beau rôle, ni enjoliver la situation. La filiation politique entre les générations (50s à 70s), entre la mère et la fille, entre la professeure et les élèves, est aussi très bien montrée. Aux manettes, Mimi Leder, réalisatrice de Deep Impact (qui a remporté le plus d’argent au box-office pour un film réalisé par une femme) et d’épisodes des séries The Leftovers, Shameless et Urgence. Une femme d’exception est donc une assez grosse machine et cela se ressent sur la réalisation un peu trop poussive : le rythme est parfois un peu lent, le scénario un peu mièvre et la musique souvent trop présente. À noter l’existence du documentaire RBG sorti en 2018 qui se centre plus sur la RBG d’aujourd’hui, vieille dame acclamée dans les talk-shows, moderne, sportive et punchy : une icône contemporaine — qui est en plus devenue un mème. Dans Une femme d’exception, Mimi Leder n’oublie d’ailleurs pas de faire un clin d’œil à l’icône grâce à des enregistrements sonores du procès et même une brève apparition. Un long-métrage intéressant, mais qui pèche par sa réalisation. M.M et M.K
Bienvenue à Marwen : Suite à une violent agression Mark Hogancamp perd la plupart de ses souvenirs et sa capacité de dessiner. Afin de gérer son trauma et de continuer à s’exprimer artistiquement, l’ancien illustrateur crée une installation autour de la Seconde Guerre Mondiale : La ville de Marwen ; un monde fantasmé, peuplé de poupées, qu’il met en scène et scène et photographie.
Ancien alcoolique, grand amnésique et artiste torturé par sa solitude et les séquelles de son agression… l’œuvre et l’histoire de Mark Hogancamp laissaient entrevoir la possibilité d’un biopic à la fois riche et complexe.
Au final, le résultat proposé par Robert Zemeckis s’avère en demie-teinte. Parfois extrêmement touchant – notamment grâce à l’excellente performance de Steve Carell qui parvient à incarner avec beaucoup de sensibilité la personnalité complexe de cet homme dépouillé d’une partie de lui-même – le film suffisamment riche pour donner lieu à un biopic à la fois riche et complexe. Le film de Robert Zemeckis réalise là un étrange projet qui dans une double volonté d’explorer à la fois la vie de l’artiste mais également sa psyché et son imaginaire prend le pari de mélanger animation et prises de vue réelles. M.P.
Asako I&II : La jeune Asako tombe éperduemment amoureuse du mystérieux Baku. Un jour il disparaît sans nouvelles. Asako part vie à Tokyo et refaire sa vie aux côtés de Ryohei, copie conforme de Baku son premier amour.
Contrairement à ce qu’annonce son titre, Asako I&II ne sera pas chapitré par des cartons pendant la projection, il s’agit davantage d’un point de repère dans le parcours émotionnel de notre héroïne. Point de repère finalement assez fragile, puisque l’actrice a un jeu peu expressif. Son personnage obnubilé par un amour aveugle, absurde est pourtant intéressant mais a du mal à laisser transparaître toutes les nuances dont il est emprunt. Toujours dans une moue agaçante, on a parfois envie de rentrer dans la toile qui sépare notre réalité de la fiction pour lui mettre quelques claques. Son attitude soumise (demander à son fiancé le droit de travailler par exemple) est certes une réalité de la condition actuelle de la femme au Japon, cependant sa mollesse constante instaure peu d’empathie à son égard. L’autre réalité est celle qu’elle s’est construite. Le mythe de Baku hante Asako et semble n’est qu’un rêve qui tente de la détourner de ses responsabilités. Des parenthèses pour le moins étranges qui donnent un second souffle à la narration. Ses partenaires à l’écran surfent sur une palette émotionnelle tout aussi élaborée et instaure un environnement crédible et parfois drôle. Le décalage qui s’opère entre ses amis, dénonçant l’absurdité qui la ronge, et le monde imperméable dans lequel vit Asako est ponctué de répliques cinglantes et d’un côté burlesque qui n’est pas pour nous déplaire. La belle Asako est toujours à côté de la plaque et obstinée dans une quête qui nous laisse que trop peu convaincu. C.L.L.
Un beau voyou : Le commissaire Beffroi — joué par un Charles Berling au top — rentre chez lui pour y découvrir un voleur. Il lui propose un jus et se met à lui parler. Car Beffroi est un homme qui se sent profondément seul. Sa femme est morte, ses enfants partis et lui, approche de l’âge de la retraite. Alors pour s’occuper une dernière fois, il choisit d’enquêter sur un vol de tableau. Il rencontre ainsi Bertrand, un voyou intelligent comme il les aime — interprété par Swann Arlaud. Tandis que le film ouvre par des scènes incongrues — entre une scène de vol manqué et un repas où la mauvaise personne est invitée — et un personnage raciste pas méchant — outre le conseil à un jeune de banlieue d’être blanc, ça lui facilitera la vie, les remarques fusent sans cesse de la bouche du commissaire. Mais très rapidement, le tout s’essouffle. Entre quelques bonnes blagues, des longueurs et du déjà-vu. C’est dommage, car le premier film de Lucas Bernard commençait si bien, avec culot et incongruité. On se souviendra des vingt premières minutes et d’une fin plutôt délicieuse. Un long-métrage malgré tout juste quand il traite de la solitude de ses personnages. Un agréable moment, mais sans plus. M.M
Invasion Los Angeles : L’ouvrier John Nada erre dans les bas-fonds de la ville, à la recherche d’un travail, et d’un endroit où dormir. Alors qu’il tombe sur une paire de lunettes de soleil pour le moins étrange, il découvre le lourd secret du monde qui l’entoure… Invasion Los Angeles est l’adaptation d’une nouvelle de science-fiction de Ray Farraday Nelson de 1963, Les Fascinateurs (Eight O’Clock in the Morning). Critique du capitalisme, de la société de consommation et du pouvoir des médias, voilà un film engagé (et un peu kitsch aussi). Il est plus lent que d’autres films de Carpenter, comme New York 1997 ou Le Prince des Ténèbres. Vous pourrez y trouver une des bagarres les plus farfelues de l’histoire du cinéma, les gros bras de l’acteur Roddy Pipper et des êtres pour le moins étranges ! On ne vous en dit pas plus… Le titre original, They Live, est déjà suffisamment évocateur. M.K et M.M
Vous pouvez retrouver notre dossier Carpenter ici.
Manon Koken, Marine Moutot, Clémence Letort-Lipszyc et Marine Pallec
Une femme d’exception
Réalisé par Mimi Leder
Avec Felicity Jones, Armie Hammer, Justin Theroux
Drame, Biopic, États-Unis, 2h00
2 janvier 2019
Bienvenue à Marwen
Réalisé par Robert Zemeckis
Avec Steve Carell, Leslie Mann, Diane Kruger
Drame, Biopic, États-Unis, 1h56
2 janvier 2019
Asako 1&2
Réalisé par Ryusuke Hamagushi
Avec Erika Karata, Masahiro Higashide, Sairi Ito
Drame, Romance, Japon, 1h59
2 janvier 2019
Un beau voyou
Réalisé par Lucas Bernard
Avec Charles Berling, Swann Arlaud, Jennifer Decker
Comédie, France, Policier, 1h44
2 janvier 2019
Invasion Los Angeles
Réalisé par John Carpenter
Avec Roddy Piper, Keith David, Meg Foster
Science fiction, Thriller, États-Unis, 1h33
19 avril 1989 – ressortie en version restaurée 2 janvier 2019
femme d’exception
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