Ce mardi, nous vous parlons à retardement de Qui a tué Lady Winsley ?, Creed II, Border et Ben is back.
Qui a tué Lady Winsley ? : Lady Winsley, romancière américaine a été tuée sur une île turque. L’inspecteur Fergan arrive directement d’Istanbul pour résoudre le mystère. Fergan découvre rapidement que ce meurtre ne laisse personne indifférent et que Lady Winsley remuait beaucoup les esprits de ces gens en apparence tranquille. Entre gages visuels efficaces et critique d’un système qui fonctionne grâce à la fripouillerie, le film reste, au début, bon enfant et l’élucidation du meurtre ressemble à un Agatha Christie. Mais très vite, grâce à un humour noir, le cinéaste transforme son propos, même s’il ne quitte pas entièrement la comédie, il plane sur le film une critique de la situation kurde en Turquie. La manière dont ce peuple a été oublié, réduit à néant quand il n’avait plus rien.
Hiner Saleem, revient trois ans après son magnifique My Sweet Pepper Land, dans une comédie policière qui une fois encore veut dénoncer la condition kurde. Avec des acteurs et actrices excellents et toujours de la belle musique. M.M
Creed II : Nouveau challenge pour Adonis Creed. Un fantôme de son passé ressurgit et vient chambouler son équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. À nouveau il va devoir s’élever aux côtés de Rocky et de ses proches, s’il veut triompher à nouveau. Cette nouvelle aventure se voulait plus grandiose que la première. Cependant le film enchaîne les points de pénalité. Si la paternité est une valeur importante de la figure héroïque de l’athlète, on ressent une démarche malhonnête dans l’écriture du scénario pour susciter une empathie facile, psychologiquement pauvre. Stallone reprend pour la énième fois un des rôles phares de sa longue carrière. Rocky ne mène plus la danse et la douleur se fait sentir lorsqu’il tente d’aligner trois mots : le trop plein de chirurgie lui a ôté la faculté de remuer les lèvres. Point final, le plaisir qu’on avait pu avoir avec le premier opus à regarder des scènes de combat plutôt bien présentées, est aujourd’hui balayé d’un revers. Scènes mâchées, saccadées, recrachées par petits bouts éparses, les moment épiques tombent finalement à plat. La machine Hollywood ne (veut) sait définitivement pas quand s’arrêter. C.L.L
Ben is back : Holly, voit la veille de Noël, son fils Ben, drogué de 19 ans. Alors qu’il est en cure de désintoxication, sa famille l’accueille de manière mitigée. Sauf Holly, qui malgré ses craintes, aime profondément son fils et est heureuse de son retour et de son rétablissement. Très vite pourtant les ennuis vont commencer et la veille de Noël se retrouve en contre-poursuite contre la montre. Ben is back est très clairement un film à actrice. Le rôle de Julia Roberts en mère aimante qui essaye d’aider son fils est très touchant — même si le personnage est souvent insupportable. En moins de 24 h, tout ce que l’on peut imaginer sur la drogue et les drogués est montré ou sous-entendu : entre prostitution, trafic, vol de chien, meurtre d’une jeune fille… Très hollywoodien, le film commence avec une musique chargée de dramatique. Entre moments « chocs » et moments « émouvants », Ben is back possède tous les qualités pour en faire un mauvais film. Sans arriver à ce point, il prouve encore une fois que le sujet ne fait pas toujours un bon film. M.M
Découvrez en février notre dossier autour de My Beautiful Boy — sur sensiblement le même sujet, mais avec plus de finesse et de véracité — et la drogue.
Border : Dans ce film suédois, Tina ne ressemble à personne autour d’elle. Son odorat lui a permis de gagner la confiance des humains et d’exceller dans son métier de douanière. Un jour, Vore qui lui ressemble de manière troublante la perturbe. S’ensuit pour elle une profonde remise en question de son univers. Tina va également découvrir ses origines et se libérer. Border est tout d’abord un film malsain. Une ouverture en gros plan sur une actrice rendue laide par des masques et postiches voyants, très vite un autre personnage arrive encore plus malsain — vraiment mangé du saumon cru comme ça ? Le cinéaste veut peut-être nous faire comprendre que la différence gêne, que la « laideur » perturbe. Pourtant, ce n’est pas ce qui dérange le plus. La libération de Tina — qui est en fait un troll — passe par des étapes qui relèvent de la sexualité. Outre l’accouchement par l’homme et le sexe en champignon qui pousse de Tina, les grognements — qui voudrait sans doute nous ramener à une sauvagerie perdue — sont ridicules. Le cinéaste, en contre-balancement, nous livre des images de nature et d’animaux tout simplement magnifiques. À part cela, l’histoire reste classique et assez mal construite, comme le récit se repose uniquement sur la prestance de ses deux personnages principaux. La dichotomie entre bien et mal, entre les humains et les trolls, entre les gentils et les méchants humains, reste pour le coup très ennuyeux. Un film qui dérange certes, mais avec beaucoup d’ennui. M.M.
Marine Moutot et Clémence Letort-Lipszyc
Qui a tué Lady Winsley ?
Réalisé par Hiner Saleem
Avec Mehmet Kurtuluş, Ezgi Mola, Ahmet Uz
Policier, Comédie, Turque, Belgique, France, 1h30
2 janvier 2019
Creed II
Réalisé par Steven Caple Jr.
Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson
Drame, Action, États-Unis, 2h10
9 janvier 2019
Ben is back
Réalisé par Peter Hedges
Avec Julia Roberts, Lucas Hedges, Courtney B. Vance
Drame, Etats-Unis, 1h42
16 janvier 2019
Border
Réalisé par Ali Abbasi
Avec Eva Melander, Eero Milonoff, Jörgen Thorsson
Drame, Fantastique, Suède, Danemark, 1h50
9 janvier 2019