Ce mercredi, nous vous parlons à retardement de L’Ordre des médecins, Les Fauves et Colette.
L’Ordre des Médecins : Simon est médecin et côtoie tous les jours des hommes et des femmes au seuil de la mort et de la maladie. Mais lorsque sa mère se fait interner, son monde s’écroule. Il doit faire face à des sentiments qu’il ne devrait pas ressentir, lui si droit et taciturne.
Alors que L’Ordre des médecins aurait pu être un énième film sur le corps médical qui depuis le succès d’Hippocrate en 2014 n’arrête pas de voir le jour, il réussit à tirer son épingle du jeu. En effet, celui-ci a de différent qu’il confronte le médecin dans son environnement à l’extérieur. La famille parasite le lieu et transforme le médecin. L’hôpital, cadre si familier, devient sombre — ses couloirs sans fin en sous-sol sont presque inquiétants et retransmettent la nervosité et le désemparement de Simon. Presque en huis clos — les rares où nous sortons c’est quand le personnage devient plus confiant — le film déroule son récit dans l’enceinte de l’hôpital tel un thriller. Entre un choix de musique française et un leitmotiv musical, l’ambiance sonore nous plonge à la fois dans les méandres de l’esprit de Simon et dans ses souvenirs. Le choix de Jérémie Renier est parfait, car il a à la fois le visage doux du fils en détresse et celui du médecin dur qui ne laisse aucune émotion transparaître. L’Ordre des médecins d’un jeune cinéaste est donc une bonne et intéressante surprise. M.M
Les Fauves : Un été dans un camping en Dordogne, Laura et sa cousine s’amusent de petits larcins et d’un mystérieux fait divers. Une bête rôderait tout près dans les bois. Apparemment, certains campeurs ont croisé son chemin et n’en sont jamais revenus… Paul, un écrivain ténébreux, vacancier, attise lui aussi leur curiosité. Avec Les Fauves, parle-t-on de bêtes ou d’êtres indomptables ? Dans ce second long métrage, Vincent Mariette semble vouloir se (nous ?) poser la question. Pourtant cela s’arrête là : une question à peine énoncée. Lily-Rose Depp, qui tient le rôle principal, a beau jouer un personnage supposé mystérieux, elle ne communique absolument aucune émotion au spectateur. Et c’est agaçant. De même, les personnages secondaires ne sont absolument pas assez développés alors que le casting et les caractères choisis donnaient bon espoir d’une réussite de ce côté-là. La policière jouée par Camille Cottin tombe presque comme un cheveu sur la soupe avec ses déclarations surprenantes. De même, Laurent Lafitte est seulement défini par le terme « mystérieux ». On n’en saura apparemment pas plus. L’ouverture et son ambiance pesante sont particulièrement réussies, la BO aussi et les images magnifiques ainsi que le mixage son, malgré tout le film n’est pas à la hauteur de ses promesses et, rapidement, le bateau prend l’eau. Car un récit sans personnage à la hauteur, même rapidement à une histoire sans intérêt. L’espoir d’un bel hommage à La Féline ou d’une nouvelle Bête du Gévaudan disparaît avec lui. M.K et M.M
Colette : 1893. Gabrielle Sidonie Colette habite à Saint-Sauveur en Bourgogne. Jeune fille rebelle, elle tombe amoureuse du séducteur écrivain Willy. Il l’amène alors à Paris où elle fait connaissance du milieu artistique qui anime sa créativité. Un jour, Willy en panne de nègre littéraire et souhaitant sortir un roman, demande à Colette de lui en écrire un. Ce sera la naissance de Claudine, héroïne qui inspira plusieurs générations de jeune femme. Willy devient célèbre et Colette dans son ombre continue d’écrire pour lui. Classique, à la fois dans sa réalisation et dans sa narration, ce biopic américain de la célèbre auteure française ne fait pas de vague. L’origine du personnage de Colette, qui avant de devenir une écrivaine reconnue, fit du music-hall, de la pantomime, connut maintes histoires avec des femmes, reste lisse. La mise en scène propre, le choix de la musique propre et les acteurs et actrices parfait(e)s — qui de mieux que Keira Knightley aurait pu jouer cette femme pleine de panache. Qui ne connait pas l’histoire apprendra des choses, qui la connait s’ennuiera sans doute. Un film donc très propre sur lui pour une histoire qui fut sujette à tant de controverse. La naissance d’une écrivaine qu’on a très envie de lire. M.M
Marine Moutot et Manon Koken
L’Ordre des médecins
Réalisé par David Roux
Avec Jérémie Renier, Marthe Keller, Zita Hanrot
Drame, France, Belgique, 1h33
23 janvier 2019
Les Fauves
Réalisé par Vincent Mariette
Avec Lily-Rose Depp, Laurent Lafitte, Camille Cottin
Thriller, France, 1h23
23 janvier 2019
Colette
Réalisé par Wash Westmoreland
Avec Keira Knightley, Dominic West, Eleanor Tomlinson
Drame, Biopic, États-Unis, Angleterre, 1h52
16 janvier 2019