[CONSEILS DU VENDREDI] #25

Ce vendredi, nous vous parlons de : Sorry to bother you, Si Beale Street Pouvait parler, A cause des filles…? et Minuscule 2 – les Mandibules du bout du monde.


Sorry to bother you : Cassius Green, jeune homme ambitieux et naïf, obtient un poste dans une entreprise de télémarketing. Il est peu à peu happé dans la spirale du capitalisme et de la méritocratie. En parallèle, ses collègues et son entourage se révoltent contre un système prônant le travail par l’exploitation de ses salariés.
Sorry to bother you est un film inventif, drôlement absurde et revendicateur. Boots Riley allie savamment un questionnement sur l’esclavage moderne, la montée de la folie des grandeurs de Cassius (surnommé « Cash » pour l’occasion) et la confrontation de ses convictions face à la révolte sociale qui s’organise autour de lui. La mise en scène pop, colorée à tendance clipesque nous entraine inévitablement dans la l’ascenseur émotionnel du héros jusqu’à sa rencontre avec le boss ultime de cet univers aussi surréaliste, qu’étrangement contemporain. Armie Hammer interprète un gourou/chef d’entreprise subversif, décontracté et allumé, contraste parfait avec notre héros à l’humanité caché sous son costume de super commercial. Son acolyte, jouée par Tessa Thompson, est parfaite dans son rôle de fiancée aux looks extravagants. Sorry to bother you nous installe confortablement dans notre fauteuil et nous garanti une parenthèse fantasmagorique. Il n’est pas nécessaire d’épiloguer sur ce qui est sans nul doute l’une des belles surprises ciné de cette semaine. C.L.L.

Si Beale Street pouvait parler Beale Street, Harlem, New York, années 1970. Tish et Fonny s’aiment. Mais Fonny est envoyé en prison, accusé d’avoir commis un viol, et Tish apprend qu’elle est enceinte.
Le réalisateur consacré par Moonlight en 2016, Barry Jenkins nous livre son dernier long-métrage. Les attentes sont donc importantes et… rapidement déçues. Adapté d’un roman éponyme de James Baldwin, publié en 1974, le film est très classique : rythme de croisière du fait des flashbacks très fréquents, scénario répétitif et convenu, voix off agaçante de Tish qui répète systématiquement les mêmes phrases clichées, lumière rasante et chaude. Le tout nous fait tourner en rond, et l’ennui arrive très vite. L’inventivité esthétique et la profondeur du discours ne sont pas au rendez-vous malgré tout l’intérêt initial (injustices, discriminations, lutte pour les droits civiques et violences policières). Très vite, une fois que l’histoire est posée, le cinéaste creuse sans cesse et sans cesse le même discours. Sans nuance, il insiste jusqu’à l’overdose du spectateur. Et puis où va-t-on ? L’espace sonore déborde d’une surabondance musicale — composée par Nicolas Britell, aussi à l’affiche de Moonlight — qui dramatise l’action la plus anodine. On imagine des velléités à vouloir faire du Spike Lee mais le résultat n’est absolument pas là. Le film a tout de même réussi à obtenir un Golden Globe de la « Meilleure actrice second rôle » pour Regina King et le « Prix du public » au festival de Mar de Plata. Un film pourtant fastidieux sur un sujet passionnant. M.M. et M.K

A cause des filles…. ? : Le jour de ses noces, le nouvel époux de Céleste s’enfuit à la sortie de l’église avec sa maitresse. Durant la réception qui suit la cérémonie, différents invités se remémorent tour à tour une anecdote sur un amour déçu, perdu ou parfois manqué.
Il arrive parfois que pour échapper au pire on en arrive à faire des choix par défaut. Et cette semaine, pour échapper au mastodonte Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?, autant vous dire qu’on était prêt à aller voir à peu près n’importe quoi…Et donc dans ce cas, pourquoi pas le dernier Pascal Thomas ?
Non parce que quand même, hormis les circonstances et le fuit du hasard, l’affiche était  assez appétissante sur le papier (Audrey Fleurot, Pierre Richard, José Garcia…) avec à la clef l’éventuelle promesse d’un résultat à peu près potable. Sauf qu’en fait… bof. Bof car A cause des filles… ? reste dans le fond très anecdotique. Pascal Thomas – à qui l’on doit plusieurs adaptations plus ou moins réussies d’Agatha Christie – livre ici un film choral à l’ancienne mais terriblement empatté.
Car sous son beau casting, le film de Thomas porte quand même les stigmates du gros brouillon mal ficelé. Les souvenirs de chaque invité s’enchainent de manière décousue et, si de rares segments s’autorisent une certaine fantaisie et prêtent à sourire (celui avec de Palma en particulier, dans lequel l’actrice espagnole distille avec génie et grandiloquence tout son savoir faire comique), d’autres sont au contraire carrément mous du genou et viennent tuer dans l’œuf chaque amorce un peu prometteuse. Par ailleurs, si l’affiche est aussi bien remplie c’est aussi parce qu’il faut dénombrer une pléiade de personnages « secondaires » (pour ne pas dire carrément tertiaires) qui gravitent autour du récit mais qui se retrouvent au final réduits pour la plupart à quelques gimmicks sans intérêts et sans réelle pertinence.
Résultat,  A cause des filles… ? suscite d’avantage l’ennuie plus qu’il ne divertit ; un comble pour une comédie qui nous fera dire que le film ne méritera probablement pas que vous y accordiez votre attention cette semaine… A moins que ne cherchiez vous aussi à échapper aux grimaces constipées de Christian Clavier… ce qui en-soi, et à notre manière, pourrait pousser n’importe qui à aller voir n’importe quoi. M.P.

Minuscule 2 – les Mandibules du bout du monde : L’hiver a paré de blanc les hautes branches de la forêt. Confrontée à la gente humaine, une jeune coccinelle se retrouve enfermée dans un colis de crème de marron qui va la mener bien loin du cocon familial… Eh oui la crème de marron, ça voyage. Ni une, ni deux, son père part à sa recherche. Le second volet de Minuscule vient de faire son apparition sur les écrans, toujours sous la direction du duo Thomas Szabo / Hélène Giraud, et c’est une découverte plutôt sympathique. Le titre nous apporte un parfum de voyage, et c’est bien le cas. Ce Minuscule a tout du film d’aventure : péripéties rocambolesques, menaces inattendues et histoire d’amour… pour nos insectes aventuriers. Le mélange entre prise de vue réelle et animation nous fait voyager de la forêt française à la jungle guadeloupéenne par de très beaux plans de paysage. L’humour est au rendez-vous grâce à certaines situations burlesques mais surtout grâce aux bruitages qui créent un véritable langage pour les insectes. Nul besoin de paroles pour les comprendre. C’est là qu’est la force du film. M.K.

Manon Koken, Marine Moutot, Clémence Letort-Lipszyc et Marine Pallec

Sorry to bother you
Réalisé par Boots Riley
Avec Lakeith Stanfield, Tessa Thompson, Jermaine Fowler
Comédie, Fantastique, Science-Fiction, États-Unis, 1h51
30 janvier 2019

Si Beale Street pouvait parler
Réalisé par Barry Jenkins
Avec KiKi Layne, Stephan James, Regina King
Drame, États-Unis, 1h59
30 janvier 2019

À cause des filles….?
Réalisé par Pascal Thomas
Avec Louis-Do de Lencquesaing, Audrey Fleurot, Pierre Richard
Comédie, France 1h40
30 janvier 2019

Minuscule 2 – les Mandibules du bout du monde
Réalisé par Thomas Szabo et Hélène Giraud
Thierry Frémont, Bruno Salomone, Stéphane Coulon
Animation, France, 1h32
30 janvier 2019

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

2 commentaires sur « [CONSEILS DU VENDREDI] #25 »

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