Ce vendredi, nous vous parlons de : Grâce à Dieu, Le Chant du Loup, Destroyer, Lego 2et Black Snake, la légende du serpent noir.
Grâce à Dieu : Récompensé du Grand Prix du Jury à la Berlinale il y a quelques jours, le dernier film de François Ozon était très attendu (et sûrement un peu redouté) – et ce d’autant plus du fait de son actualité. En effet, après un bref aperçu de la basilique de Fourvière – toute l’intrigue se déroule évidemment à Lyon -, la voix off de Melvil Poupaud alias Alex Guérin, fervent catholique ayant subi les agressions du Père Preynat alors qu’il était scout, nous plonge dans le vif du sujet. Le film, tout comme ses personnages, dénonce le refus de l’Eglise d’agir face aux actes pédophiles de certains de ses prêtres : on est plongée au coeur de l’Affaire Barbarin. Et pas aux côtés de n’importe qui : Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud sont les têtes d’affiche. C’est aussi sûrement grâce à eux que le film est convaincant. Père Preynat, Cardinal Barbarin, tous les noms ont été conservés, ce qui n’est pas un choix anodin. Ozon montre très bien l’impact des horreurs subies sur l’individu, mais aussi sur les familles, sur les parents des victimes, et évidemment sur leur rapport à l’Eglise. Il n’oublie pas non plus l’ampleur médiatique et la communication importante mise en place par l’association La Parole Libérée (dont le site – montré dans le film – se trouve là). Bien que l’intrigue s’articule autour de trois témoignages qui auraient pu le scinder, les différents destins et réalités s’entremêlent parfaitement, dans l’aternance avec les flash backs des actes commis par Preynat sur les personnages principaux. On se demande d’ailleurs jusqu’où va le réalisme de la dépiction des personnages. Le film reste malheureusement un peu trop didactique et adopte une forme très classique. Certaines scènes de famille semblent sorties d’une publicité dans leur superbe perfection léchée. La première partie semble aussi un peu redondante, principalement animée par la correspondance entre Alexandre et l’Eglise en voix off. Le carton final donne une vision assez sombre de l’avenir de ce combat pour faire reconnaître les horreurs commises au sein de l’Eglise : la présomption d’innocence pour les religieux impliqués. Le jugement final de l’Affaire Barbarin est annoncé au 7 mars 2019. M.K.
Le Chant du Loup : À la fois scénariste et metteur en scène du film, Antonin Baudry est également diplomate français spécialiste des questions culturelles, scénariste de bande dessinée (Quai d’Orsay). Le chant du loup est ce son qu’on entend quand un autre sous-marin vous a repéré. Un bruit strident qui vous glace le sang et plonge dès le début du récit le spectateur dans un véritable film d’horreur. Nous suivons Chanteraide, l’Oreille d’or du sous-marin. Suite à une erreur de jugement sur un son qu’il n’a pas reconnu et qui a failli coûter la vie de plusieurs hommes, il est mis au repos. Il va alors tenter le tout pour le tout pour découvrir quel est ce murmure. Le Chant du Loup est un film intéressant qui aurait dû plus faire confiance au son et au silence. Le trop-plein de musique cache cette alternance entre bruits inquiétants et le calme de la mer. De plus, même si le rythme haletant des scènes dans les sous-marins et la mise en abyme du monde actuel avec le combat fatal — sans trop vous en révéler — entre des officiers amis, les séquences sur la terre ferme sont assez pauvres. L’histoire d’amour qui se développe en l’espace d’une nuit est peu crédible et est seulement là pour rajouter une femme au casting. Par ailleurs, les seconds rôles sont à peine esquissés et seul le personnage de Chanteraide est intrigant — joué par François Civil, qu’il faut définitivement suivre. Il s’agit d’un premier film avec de nombreux défauts, mais pas celui de mener de bout en bout son récit et sa critique d’un système militaire et finalement de la politique internationale. M.M
Destroyer : Nicole Kidman est une talentueuse actrice qui sait se glisser dans n’importe quel rôle. Sa filmographie est presque parfaite et elle s’est rarement trompée dans ses choix. Les qualités du personnage du Lieutenant Bell sont indéniables et intéressantes pour elle : brisée, menteuse, mauvaise, féroce, déchue, qui ne respecte plus rien et que plus personne ne respecte. Femme en quête de vengeance pour le meurtre — auquel elle a participé — de l’homme de sa vie. Le visage meurtri par les ans et par la fatigue, le lieutenant Bell arrive sur les lieux d’un crime : un homme la nuque marquée de trois points noirs. Les officiers sur place lui font clairement comprendre qu’elle n’a rien à faire. Elle lance alors : je sais qui l’a tué. Nous allons alors remonter son passé et suivre la piste de sa vengeance. Inlassable, mais toujours sur le point de craquer elle tient debout. Nicole Kidman est à la hauteur du rôle qu’elle endosse. Mais le film n’est malheureusement pas à la hauteur, loin de là. Avec une mise en scène dans des effets de styles lourds et ennuyeux qui plombent littéralement le récit : ralentis, musique tragique — beaucoup beaucoup trop de musique — gros plans, zooms, surexpositions… La liste est encore longue. Mais cela ne s’arrête pas là, le récit en lui-même est mal ficelé et les personnages sont mal écrits. Le scénario semble sans queue ni tête et cette histoire de vengeance qui se prend trop au sérieux finit par sentir le réchauffé. Un vilain qui a le charisme d’une huitre et parvient à desservir toute la tension du film. Et, nous nous souviendrons surtout de la fin, cette fin sans fin, qui semble ne pas vouloir s’arrêter dans le déluge de symboles lourds et peu pertinents. Un long-métrage, donc qui ne vaudra d’être retenu que pour son personnage de femme qui se prend tous les coups dans la gueule – et le ventre surtout, d’ailleurs pourquoi le ventre quand on tabasse une femme ? Pour ne pas abimer leur beau visage ? – et qui malgré tout continue. M.M.
La grande aventure Lego 2 : Après l’invasion des Duplo, Bricksburg se retrouve plongée en pleine apocalypse. 5 ans plus tard, Lucy est kidnappée au cours d’une attaque. Pour la retrouver, Emmet décide de prendre son courage à deux mains et de partir à l’aventure.
5 ans après, voilà le retour de la plus longue pub du monde sur nos écrans. A sa sortie, le premier film avait réussi à surprendre par son inventivité et son humour meta parfois corrosif qui aurait pu laisser envisager une suite tout aussi correcte. Hélas avec le départ de Phil Lord et Chris Miller à la réalisation (mais toujours néanmoins présents aux manettes de la production), ce deuxième opus d’avantage orienté pour un plus jeune public s’avère aboutir sur un résultat en demie teinte.
Certes l’humour meta est toujours là, quelques blagues font mouche et on pourra toujours facilement s’amuser des nombreuses références à la pop culture distillées par le film. Toutefois, La grande aventure Lego 2 peine par ailleurs à se renouveler en continuant d’exploiter les mêmes ficelles agaçantes déjà présentes chez son aîné tout en les exacerbant de manière franchement pénible. On dénotera par exemple un nombre incalculable de chansons pop criardes insupportables qui nous fera bien sentir que quelqu’un derrière tout ça avait quand même très très envie de vendre quelques morceaux sur Spotify.
Visant les plus jeunes, le film s’avère également paradoxal avec une trame narrative à la fois assez simplette mais également relativement confuse qui perdra à la fois les parents et leurs enfants. En effet, si l’humour meta plaira certainement à un certain public adulte, il sera sans doute difficile pour les plus petits d’en saisir et d’en apprécier toutes les références. D’un autre côté, là où le monde réel était utilisé avec ingéniosité dans le premier film, il se retrouve ici relégué à une intrigue pour le moins insignifiante et guimauve qui ne vaut que pour la présence totalement inattendue de Maya Rudolph au casting (Maya Rudolph qui mérite quand même mieux hein. Engagez Maya Rudolph vils producteurs, cette meuf est géniale !).
Au final, sans être déplaisante, on peine à trouver dans cette suite peu inspirée un véritable intérêt. Une sortie cinéma à conseiller uniquement aux fans les plus férus de la brique. M.P
Black Snake, la légende du serpent noir : Clotaire Sangala rentre en Afrique dans son pays natal après des années en France. Il retrouve son grand-père adoptif chinois maître en arts martiaux qui tente de lui inculquer les valeurs ancestrales. Clotaire préfère se saper et draguer. Mais il ne peut échapper à son destin de super-héros. « Blake Snake » coule dans ses veines…
J’aime bien N’Gijol. J’ai vu plusieurs de ses spectacles ainsi que sa première réalisation avec Fabrice Eboué en 2011 (Case Départ). Dans Black Snake, il peint avec Karole Rocher le portrait d’un sapeur narcissique, menteur, frimeur et opportuniste. C’est quand elle est antipathique et aux antipodes de toute identification possible que l’on aime se moquer de cette grande carcasse égocentrique qui ne sait pas trop ce que le destin lui réserve. L’ambiance années 70’s apporte un décalage amusant avec la notion de super-héros : Black Snake roule dans un vieux tacot et se promène en patte d’ef. Pas de gadgets abracadabrants, l’acte héroïque réside dans la force du personnage et ses prises de position. Cependant l’atmopshère soignée ne fait pas le poids face au comique bancal. La cascade de gags nous divertit en montage russe. Les bons mots sont tantôt hilarants, parfois lourds et barbants, mais toujours crétins à souhait. Rien d’imprévu au programme. Thomas N’Gijol n’a pas un humour fin et qu’importe. Un jour ça passe, un jour ça casse. Pour Black Snake on a le cul entre deux chaises : de bonnes idées plutôt mal executées. C.L.L
Manon Koken, Marine Moutot, Marine Pallec et Clémence Letort-Lipszyc
Grâce à Dieu
Réalisé par François Ozon
Avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud
Drame, France, Belgique, 2h17
20 février 2019
Le Chant du Loup
Réalisé par Antonin Baudry
Avec François Civil, Omar Sy, Reda Kateb
Drame, France, 1h55
20 février 2019
Destroyer
Réalisé par Karyn Kusama
Avec Nicole Kidman, Toby Kebbell, Tatiana Maslany
Policier, Thriller, Drame, États-Unis, 2h01
20 février 2019
La grande aventure Lego 2
Réalisé par Mike Mitchell
Avec Arnaud Ducret, Tal, Maya Rudolph
Action, Aventure, États-Unis 1h48
20 février 2019
Black Snake, la légende du serpent noir
Réalisé par Thomas Ngijol, Karole Rocher
Avec Thomas Ngijol, Karole Rocher, Michel Gohou
Comédie, France, 1h22
20 février 2019
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