[CONSEILS DU VENDREDI] #35

Ce vendredi, nous vous parlons de : Les oiseaux de passage, Ray and Liz, Tanguy le retour et Prova d’Orchestra.


Les oiseaux de passage : Bien que l’histoire tourne autour du trafic de marijuana, il ne s’agit pas d’un film de cartel à la sauce hollywoodienne. Un jeune homme tombe amoureux d’une fille. Il doit rassembler une dot particulièrement importante s’il veut obtenir sa main. Pour arriver à ses fins, il se lance dans la vente de drogue et laisse entrer un vent de violence et de vengeance au sein du peuple wayuu. Les Oiseaux de Passage s’ouvre sur une danse traditionnelle. La jeune fille sort tout juste de son année de silence et devient à présent une femme à marier. Le vent s’engouffre dans ses voilages alors qu’elle danse au milieu des tribus. Ses pas et le mouvement de ses bras accompagnent ce vent qui souffle fort sans jamais la faire trébucher. Si l’harmonie règne en cette introduction, la nature humaine et sa cupidité viendra balayer par la suite la paix régnant sur les terres arides du Nord de la Colombie. Le peuple wayuu a connu dans la période des années 60-80 de terribles guerres de clans dans la course au profit de la vente de marijuana. Le film s’empare de cette descente aux enfers et navigue entre les clans et leurs traditions, car si on connaît à travers la culture populaire l’exubérance et la grandiloquence des membres des cartel, on s’attarde moins sur les crises familiales qui en découlent. Dans une société rurale et ancrée dans les traditions où la dot se chiffre en nombre de chèvre et de vache, l’argent issu du commerce avec les étrangers renverse les valeurs. On assiste peu à peu à une déshumanisation. Les vies humaines sont réduites à un troc, comme l’étaient les animaux dans la communauté ancestrale. L’âme des individus s’évaporent avec leurs croyances : l’argent est leur nouveau dieu. Peu à peu un climat de tension s’immisce dans une communauté où chaque famille a son talisman protecteur et où les doyennes savent faire parler les rêves. Dans des paysages hostiles et sauvages, Les Oiseaux de Passage racontent avec intelligence et une grande beauté cinématographique la chute des sociétés d’hier et d’aujourd’hui gangrenées par les sentiments de vengeance et de jalousie. Un poème cru en cinq actes sur l’absurdité des ambitions de pouvoir et leurs actes manqués. C.L.L.

Ray & Liz : Ray and Liz, c’est l’histoire d’une famille qui survit tant bien que mal dans la précarité. Les parents, Ray et Liz, n’ont plus la force de maintenir un semblant d’ordre dans leur maison, et leurs enfants, Richard et Jason, sont livrés à eux-mêmes. La vie semble s’être figée autour d’eux.
Pour son premier long métrage, le photographe Richard Billlingham nous livre le portrait émouvant d’une famille, la sienne, que la misère consume à petit feu. Le réalisateur britannique soulève avec subtilité la question de la difficulté d’élever ses enfants quand on est au bord du gouffre. Comment leur assurer un avenir quand on est soi-même fragile et découragé par le présent ? Et qu’est-ce qui tient une famille unie, au-delà des conventions ? Comment rester soudé lorsque chacun est renvoyé à ses propres démons ? A travers les yeux de son père, Richard Billingham explore et nous fait vivre trois époques de sa vie d’avant, dans cette famille qui a renoncé depuis longtemps à faire semblant. Au fil de ses souvenirs, il questionne et pose un regard incisif sur sa famille, et nous laisse un goût doux-amer pour ces personnages qui sont tous attachants, malgré leurs failles. A.E

Tanguy le retour :  Tanguy est un personnage culte des années 2000. Étienne Chatiliez est un cinéaste dont les films ont marqué des générations : La vie est un long fleuve tranquille, Tatie Danielle entre autres. Il a une manière bien particulière de peindre ses personnages. Tanguy est d’ailleurs devenu une expression du langage courant : faire son Tanguy. Chaque parent le redoute. En tout cas, cela a marqué l’enfant que j’étais. Que 18 ans après, Tanguy soit de retour, annonce à la fois une forte inquiétude — sera-t-il vraiment à la hauteur du souvenir du premier ? — et une incrédulité ? Au final, Tanguy nous l’avions tous un peu oublié, non ? Mais Sabine Azéma et André Dussolier aidant : on se dit pourquoi pas. Alors nous voilà, installé.e en salle, et regardant un beau générique aux consonances asiatiques se dérouler devant nos yeux. Tanguy est parti vivre en Chine depuis 16 ans et ses parents le vivent très bien. Profitant d’un petit train-train parfait, ils déchantent quand ils voient leur fils revenir de Chine les larmes aux yeux et avec sa fille. Sa femme l’a quitté. Très vite, Paul et Édith réalisent que l’enfant ne repartira pas. S’ensuit un long film fade et sans comédie. Les petits coups que concoctent les parents pour faire partir ce Tanguy de 44 ans sont peu originaux et bien peu cocasses, voire gentillets. Le jeu des acteurs dénote complètement de l’ensemble et ne fait qu’alourdir un film déjà bien indigeste. La magie du premier a disparu, et ne reste même pas l’humour pour sauver la partie. On s’ennuie beaucoup avec Tanguy, au point que cela ne donne pas envie de redécouvrir le premier. M.M

Prova d’Orchestra : L’œuvre de Fellini s’expose actuellement à la Cinémathèque et est projetée en parallèle sur nos écrans. Cette semaine ressort un film un peu moins connu du réalisateur italien. Prova d’Orchestra s’illustre dans la confrontation l’essence humaine, débordante d’obstination et d’arrogance, et l’église, symbole de respect et d’humilité. Un orchestre s’installe dans une vieille église le temps d’une répétition. Le burlesque et la veine révolutionnaire des musiciens rythment cette œuvre courte (1h10) mais riche en émotions. On vous en parle plus en détails par ici. C.L.L.

Clémence Letort-Lipszyc, Marine Moutot et Amandine Eliès

Les oiseaux de passage
Réalisé par Ciro Guerra, Cristina Gallego
Avec José Acosta, Carmiña Martínez, Jhon Narváez
Drame, Thriller, Colombie, Danemark, Mexique, France, 2h05
10 avril 2019

Ray & Liz
Réalisé par Richard Billingham
Avec Ella Smith, Justin Salinger, Patrick Romer
Drame, Angleterre, 1h48
10 avril 2019

Tanguy, le retour
Réalisé par Étienne Chatiliez
Avec André Dussollier, Sabine Azéma, Eric Berger
Comédie, France, 1h33

10 avril 2019

Prova d’Orchestra
Réalisé par Frederico Fellini
Avec Balduin Bas, Clara Colosimo, Elisabeth Labi
Comédie dramatique, Italie, RFA, 1h10
18 mai 1979 – ressortie en version restaurée le 10 avril 2019

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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