[CONSEILS DU VENDREDI] #37

Ce vendredi, nous vous parlons de : Mais vous êtes fous, Avengers : Endgame, L’Adieu à la nuit, 90’s, Charlie mon héros et L’Esprit des lieux.


Mais vous êtes fous : Pour son premier film, Audrey Diwan amorce une réflexion sur le couple à travers l’adaptation d’un fait divers fou mais bien réel. Roman (Pio Marmaï), père de famille aimant et attentionné met en danger involontairement sa femme et ses enfants à cause de sa toxicomanie. A la révélation de son secret, le lien paternel est rompu, il n’a plus le droit de voir ses filles, et la relation avec sa femme Camille (Céline Sallette) est mise en péril. C’est en tout cas ce que s’imaginent, et parfois espèrent, les hommes et les femmes qui les entourent. Camille se voit imposer par ses parents, et la justice, de faire un choix entre son mari et ses enfants. Une décision qui n’est pas traitée d’un point de vue juridique, la réalisatrice ne perd pas son fil directeur et interroge les cœurs de ses personnages :  quand la confiance est rompue, qu’en est-il des sentiments ? Emmenés par une mise en scène tantôt sobre, tantôt à fleur de peau, les comédiens incarnent avec finesse un couple qui se perd dans les vertiges de l’amour.
Audrey Diwan nous guide à travers cette puissante histoire d’amour, celle d’une famille qui tente de se reconstruire dans le doute et l’incompréhension. 
C.L.L

Avengers : Endgame : Dernier épisode de la saga, Avengers : Endgame vient conclure une aventure commencée il y a 11 ans. En un jour, le film a comptabilisé plus de 690 000 entrées en France. Il est l’aboutissement de 21 films d’un univers avec plusieurs longs-métrages interconnectés. Les superhéros et superhéroïnes Marvel vont-ils réussir à vaincre Thanos et à ressusciter la moitié de la Galaxie ? Surprenant, plus tragique et fataliste que les précédents, ce nouveau film superhéroïque en surprendra plus d’un.e. Pour en savoir plus sur Avengers : Endgame et la saga de Marvel, venez lire notre critique juste ICI. M.M

L’adieu à la nuit  : Murielle, gérante d’un centre équestre, reçoit la visite de son petit fils – Alex -, venu passer quelques jours chez elle avant son départ pour le Canada. Néanmoins, comportement suspect d’Alex – récemment converti à l’islam – ne tarde pas à inquiéter Murielle qui finit par s’interroger sur les réelles ambitions du jeune homme.
Habitué depuis ces dernières années à un certain cinéma de faits-divers (La jeune fille du RER, L’homme qu’on aimait trop…), André Téchiné retrouve ici Catherine Deneuve – actrice phare de son cinéma – pour un drame familial à la fois sensible mais inégal sur fond de djihad.
Il y a quelques années sortait l’excellent Le ciel attendra (2016) dans lequel Marie-Castille Mention-Schaar traitait de l’embrigadement et de la radicalisation religieuse de très jeunes filles persuadées de gagner leur place au Paradis en allant en Syrie. Dans le même esprit, Téchiné ne fait pas ici de politique et emprunte peu ou prou la même approche en traitant du problème du djihad au travers de la sphère de l’intime et du cercle familial. Le parti pris est ainsi littéralement appuyé par une des scènes du film où, dès que la question de la législation fait son apparition, le réalisateur coupe court pour revenir à ce qui lui est ici essentiel : ses personnages. Assez classiquement mis en scène par Téchiné, l’enjeu dramatique de L’adieu à la nuit  ne repose néanmoins pas sur la démonstration de grandes effusions (quoique…on pourra ainsi remarquer un étrange passage de deux minutes où Téchiné, sans doute pris d’une Audiardite aiguë, craque complètement son slip en passant Chandelier de Sia lors d’une scène de repas) mais plutôt sur l’évolution de l’état intérieur de ses protagonistes.
Toutefois, et c’est un peu le soucis, si la relation entre Murielle (Deneuve) et Alex (excellent Kacey Mottet Klein, déjà remarqué dans L’échange des princesses) fonctionne grâce à quelques moments de complicité, on pourra cependant regretter que le scénario n’ai pas cherché à creuser davantage leur dynamique puisqu’elle est censée être le moteur émotionnel du film. Si Alex gagne en épaisseur grâce à ses interactions avec les autres personnages (notamment Lila, sa petite amie, jouée par Oulaya Amamra ici assez inégale), le caractère de Murielle reste quand à lui assez flou et peine à exister en dehors de la simple fonction de “petite mamie inquiète”.
Au final, malgré un récit globalement bien mené, la réussite de Téchiné n’est ici qu’en demie teinte puisqu’il ne fait qu’effleurer ses deux personnages principaux là où, sur une même thématique Mention-Schaar, avait quant à elle réussi avec beaucoup de finesse et d’intelligence à composer des portraits complexes de ses protagonistes. Un petit raté d’écriture qui pourra donner l’impression d’un film parfois un peu trop anodin pour le sujet qu’il entreprend. M.P

90’s : Entouré d’une mère aimante et d’un frère rongé par une sourde violence, Stevie est un jeune garçon en quête d’intégration. Cherchant sa place parmi les autres, il trouve ses modèles dans une bande de skateurs un peu plus âgés. Ceux-ci, désarmés par sa bienveillance naturelle, ne vont pas tarder à le prendre sous leur aile et vont l’aider à grandir tout doucement. Nous voici donc dans un parcours initiatique dont les ressorts sont très prévisibles, mais qui fonctionne malgré tout grâce à ses personnages attachants et aux questions soulevées par la réalisation. La première étant de savoir ce que c’est que d’être un homme, et comment réagir face aux injonctions à la virilité traditionnelle. En effet, Steve est ici confronté à deux modèles de virilité possibles : d’un côté, celui de son frère, extrêmement renfermé, qui refoule toutes ses émotions et ne s’exprime que par les coups et les cris ; cette même virilité fantasmée par un des plus jeunes skateurs du groupe, Ruben, qui croit qu’un homme ne doit jamais dire merci ni montrer ses faiblesses. De l’autre, la virilité des skateurs plus âgés, Fuckshit, Fourthgrade et Ray qui, malgré les codes un peu rudes que le skate peut donner en apparence, sont à l’écoute des autres et de leur propre sensibilité. D’autre part, même si elle est un peu survolée, le premier long métrage de Jonah Hill touche aussi à la question des préjugés sociaux. Ainsi, la mère de Stevie, inquiète au vu des changements qu’elle constate chez son fils, va d’abord fermement s’opposer à ses nouvelles fréquentations qu’elle juge dangereuses et dont elle soupçonne qu’elle ne soient pas « de bonne famille ». Cependant, on pourrait ici reprocher au film de jouer un peu trop sur le cliché des skateurs qui passent leurs journées à arpenter les rues et qu’on taxe souvent de marginalité. Tout en montrant à l’écran en quoi la pratique du skate peut recouvrir une dimension de créativité artistique dans la recherche des figures et dans l’endurance et le perfectionnement incessant qu’elle nécessite, Jonah Hill tend à illustrer deux réalités peut-être un peu trop manichéennes. On retrouve alors Fuckshit dans la figure du skateur désœuvré qui abandonne progressivement ses études et se targue de refuser les codes de la société, à qui l’on oppose Ray, plus sérieux et mature qui veut vivre de son art mais reste connecté aux contingences de la réalité.
De manière générale, les sujets évoqués sont pertinents mais auraient peut-être mérité un traitement plus approfondi et moins simpliste. Cependant, Jonah Hill nous offre ici des portraits d’adolescents observés avec beaucoup de tendresse, à cet âge d’entre d’eux où l’on se cherche encore, entre la personne que l’on est, celle que l’on veut paraître et celle que l’on veut devenir. A.E

Charlie mon héros : Le quatrième long métrage de Don Bluth (sorti en 1989 aux Etats-Unis) est une plongée dans l’univers mafieux d’un casino, mais pas n’importe lequel, celui des chiens. Humour canin, règlements de compte burlesques et réflexion sur la vie, voilà où nous emmène l’ancien animateur de Disney. L’animation y ressemble mais l’histoire, bien que parfois assez manichéenne, diffère beaucoup des classiques du grand studio américain. Ce film d’animation réinvestit bien les codes du film de gangsters et nous offre ainsi une histoire de rédemption parfois un peu inégale. Malheureusement pas aussi bon que Fievel ou Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles, les aventures de Charlie et Gratouille sont assez bruyantes et un peu grossières (mais bon, “ta gueule” n’est pas jurer chez les cabots). On a aussi un peu de mal à apprécier le côté genré du film (merci pour ce lévrier rose à noeud qui accueille Charlie d’une voix chantante aux portes du Paradis). Enfin, même si la VO n’est pas disponible, il y a tout de même un certain intérêt à découvrir ce film de Bluth trente ans après son apparition sur les écrans. M.K.

L’Esprit des lieux : Marc vit au “pays des sons”. Il cultive sa passion sonore au quotidien au coeur de la forêt vosgienne. Grâce à un travail mettant le son au premier plan, ce documentaire permet une immersion totale au coeur de la Nature. En offrant un instant de son quotidien au duo Stéphane Manchematin et Serge Steyer, Marc nous contamine avec sa passion pour le son, la Nature et la faune. Et c’est avec grand plaisir que l’on accepte cette contagion. Car L’Esprit des lieux est avant tout un film sur la transmission d’une passion. Héritage de son père à Marc puis de Marc à sa fille, c’est dans cette passation que réside la beauté de ce moment documentaire. En filigrane, dans ce monde, “son” monde, on voit un autre chemin possible, une vie en osmose avec la Nature et, surtout, à son écoute. C’est aussi un film qui laisse la place à l’attente et au silence. Nos oreilles s’étonnent de découvrir à la place de nos yeux. Et c’est ce partage de l’émotion sonore que permet le cinéma. Ce magnifique documentaire est un véritable coup de coeur découvert aux Etats généraux du documentaire de Lussas l’été dernier. Partez à sa rencontre, vous n’en croirez pas vos oreilles. M.K.

Clémence Letort-Lipszyc, Marine Moutot, Amandine Eliès, Marine Pallec et Manon Koken

Mais vous êtes fous
Réalisé par Audrey Diwan
Avec Céline Sallette, Pio Marmaï, Carole Franck
Drame, France, 1h35
24 avril 2019

Avengers : Endgame
Réalisé par Joe Russo, Anthony Russo
Avec Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo
Action, Superhéroïque, Drame, États-Unis, 3h03
24 avril 2019

L’adieu à la nuit
Réalisé par André Téchiné
Avec Catherine Deneuve, Kacey Mottet Klein, Oulaya Amamra
Drame, France 1h43
24 avril 2019

90’s
Réalisé par Jonah Hill
Avec Sunny Suljic, Katherine Waterston, Lucas Hedges
Comédie dramatique, États-Unis, 1h24
24 avril 2019

Charlie mon héros
Réalisé par Don Bluth, Gary Goldman, Dan Kuenster
Animation, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Irlande, 1h24
24 avril 2019 – Sortie initiale : 1990 (FR).
A partir de 7 ans.

L’Esprit des lieux
Réalisé par Stéphane Manchematin et Serge Steyer
Documentaire, France, 1h31 ou 52 min (2 versions)
24 avril 2019

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :