[CONSEILS DU VENDREDI] #40

Ce vendredi, nous vous parlons de : Just Charlie, Séduis-moi si tu peux, Meurs, monstre, Meurs, The Dead Don’t Die et Les Lois de l’hospitalité.


Just Charlie : Charlie est un adolescent « lambda », studieux à l’école, bien entouré par sa famille. Passionné de football, son père l’encourage vivement à en faire une carrière. Lui-même ancien footballeur, il a été contraint d’arrêter d’y jouer après une blessure et ne s’en est manifestement jamais remis, ainsi il revit à travers son fils les rêves qu’il n’a pas pu réalisé dans sa jeunesse et qui le frustrent aujourd’hui, schéma classique. Seulement Charlie a un secret : il ne se sent pas à l’aise dans ce corps de garçon, ni avec les injonctions à la virilité qui vont avec. Un jour, pris sur le fait par son père, alors qu’il se maquille et s’habille avec les vêtements de sa sœur, Charlie commence à expliquer le mal-être qu’il traîne depuis des années : comme déguisé en garçon, prisonnier dans un corps qui n’est pas le sien. Son père réagit alors très violemment, perdu entre l’incompréhension et l’inquiétude que son enfant ne réussisse pas à s’intégrer dans un monde où la différence est bien trop souvent synonyme d’exclusion.
On assiste alors à la lente transformation de Charlie, qu’il entreprend avec beaucoup de courage malgré les épreuves. Mais plus encore, on assiste à la transformation de ses proches qui délaissent peu à peu leurs préjugés et leur intolérance, et commencent à accepter la nouvelle identité de Charlie. Rebekah Fortune nous livre ici la suite de son premier court-métrage, Something Blue, et filme avec tendresse ce parcours de vie touchant qui redonne espoir. Réalisé tout en douceur et en nuances, on aime l’esthétique des plans et la subtilité du jeu des acteurs. On parie d’ailleurs sur Harry Gilby (Charlie) qui semble avoir une carrière prometteuse devant lui. A.E

Séduis-moi si tu peux : Fred, un journaliste au chômage, est embauché pour écrire les discours de la secrétaire d’État Charlotte Field dans sa course pour la présidence des États-Unis. Le spontané et maladroit jeune homme se retrouve nez à nez avec son ancienne babysitter et amour de jeunesse, une femme aujourd’hui séduisante et de pouvoir. La nouvelle comédie de Jonathan Levine (Warm Bodies, 50/50) joue avec les genres. Sur fond de film politique, Séduis moi si tu peux reprend les codes du «Boy meets Girl ». Charlotte tombe sous le charme de Fred, elle est une figure publique et il se doit de rester dans son ombre. Cette romance au casting cinq étoiles offre un duo Theron-Rogen improbable mais qui fonctionne à la perfection. La magie entre leurs personnages diamétralement opposés opère, une simplicité et une sincérité émane de cette rencontre et l’histoire joue de leurs différences. Dans cette idylle peu conventionnelle, c’est la femme qui est au commande et l’homme à son service. Les répliques fusent, les références à la pop culture et les situation cocasses s’enchainent pour notre plus grand plaisir. Sans révolutionner la rom-com, le film est une parenthèse fraîche. Un rendez-vous drôle et inattendu avec l’amour. C.L.L.

Meurs, Monstre, Meurs : Cruz est policier dans un coin reculé de la Cordillère des Andes. Alors que son amante, Francisca, est retrouvée décapitée, tous les soupçons portent sur le mari, homme fou à lier qui invoque l’existence d’un monstre.

Dans des paysages magnifiques, ce policier au visage marqué et excellent dessinateur mène une enquête qui va aller chercher jusqu’aux tréfonds de la psychanalyse. Se servant de l’étrange position des montagnes, il en déduit que le parcours des cadavres se fera selon un tracé qui reliera sans cesse deux rives d’une rivière. Le film semble être un hommage marqué du cinéma d’horreur. Nous pensons sans peine à Dario Argento. L’utilisation de la caméra, comme si elle planait, est marquée par une musique qui rythme le film et n’hésite pas — à la manière de multiples films d’horreur — à s’accentuer pour annoncer un moment terrifiant. Pourtant, le cinéaste a également de beaux moments où il n’utilise que le souffle du vent et les respirations pour marquer non pas l’horreur, mais le mystère. Mais, il revient sans cesse à des musiques lourdes, profondes pour marquer son récit et ses images. Il joue avec le son pour créer une ambiance sombre et horrifiante, sans pourtant réussir à se démarquer des standards habituels. Les moments d’hallucination rappellent également David Lynch, avec l’utilisation de miroir. Chaque personnage est habité tant dans le visage que dans l’attitude, souvent très sombre. Seule Sara, jeune policière, semble représenter l’innocence. Film profondément misogyne, les victimes sont décapitées et placées dans des positions obscènes – jambes écartées, jupe relevée… D’ailleurs, la manière dont est filmé le meurtre de Francisca, la montre allongée sur le ventre, le buste relevé, seins nus, étranglée par un tentacule. Tout un univers pornographico-pervers est ici appelé pour une scène de meurtre gore. De plus, pour ne rien arranger, le mari profère des phrases pseudo profondes sous l’alouette bénie de la psychanalyse. Le cinéaste n’invente rien et utilise dans un mélange de glauque, de nuit et de paysages magnifiques, une sauce que nous avons déjà goûtée et peu aimée auparavant. M.M

Les Lois de l’hospitalité : À Rockville, Maryland, une querelle ancestrale oppose les McKay aux Canfield. Pour éloigner son fils du conflit (et accessoirement lui sauver la vie), John McKay envoie le nourrisson grandir à New York. 1830, les années ont passé et Willie McKay apprend la mort du paternel qui lui lègue son domaine ainsi qu’un avertissement : prendre garde aux aristocrates Canfield. En chemin, il tombe amoureux d’une jeune femme qui pourrait bien lui causer quelques ennuis. Et cela n’est pas sans rappeler une certaine tragédie shakespearienne… Qui mieux que notre cher Buster Keaton pour atterrir en plein milieu de cette rixe centenaire des générations ? Toujours aussi hilarant, qu’il soit aux côtés de Fatty Arbuckle ou en solo dans un long-métrage, Keaton exploite le décor, les objets, les êtres qui l’environnent. Hop un chien ! Et c’est l’occasion d’un numéro de dressage. Hop, et voilà, le train ! C’est une opportunité de montrer ses talents d’acrobate. Bien qu’ingénu et placide, “l’homme qui ne sourit jamais” est surtout bondissant. Dans cette épopée américaine, il nous fait traverser les grands espaces des Etats-Unis et tout semble particulièrement réel. D’ailleurs, sa volonté de réalisme va jusqu’à faire reproduire toute une locomotive anglaise pour les scènes de train. Encore mieux, père, compagne et enfant prennent part au jeu pour épauler le fameux Buster. Fiction et réel se rapprochent alors d’autant que l’Imperturbable insiste pour faire toutes ses cascades lui-même, n’hésitant pas à se retrouver pendu au bout d’une corde, prête à céder… Les talents de Buster Keaton sont multiples et l’on aurait de cesse de les évoquer mais, ce qui fait d’autant plus plaisir, c’est sa capacité à réfléchir l’expressivité du jeu et la logique du cadrage. Bondissez, courez, roulez voir ce Roméo et Juliette burlesque, drôle et touchant ! M.K.

The Dead Don’t Die : Film d’ouverture du Festival de Cannes. Notre critique, c’est par ici.

Amandine Eliès, Clémence Letort-Lipszyc, Marine Moutot et Manon Koken

Just Charlie
Réalisé par Rebekah Fortune
Avec Harry Gilby, Scot Williams, Patricia Potter
Drame, Angleterre, 1h39
15 mai 2019

Séduis-moi si tu peux
Réalisé par Jonathan Levine
Avec Charlize Theron, Seth Rogen, O’Shea Jackson Jr
Comédie, Etats-Unis, 2h05
15 mai 2019

Meurs, Monstre, Meurs 
Réalisé par Alejandro Fadel
Avec Victor Lopez (II), Esteban Bigliardi, Tania Casciani
Thriller Fantastique, Argentine, France, 1h39
15 mai 2019

Les Lois de l’hospitalité
Réalisé par Buster Keaton
Avec Buster Keaton, Natalie Talmadge, Buster Keaton Jr.
Comédie burlesque, Muet, Etats-Unis, 1h15
15 mai 2019

The Dead Don’t Die
Réalisé par Jim Jarmusch
Avec Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton
Comédie, Epouvante-Horreur, Etats-Unis, 1h43
14 mai 2019

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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