Cette semaine on vous parle de Rocketman, Venise n’est pas en Italie et Le dernier tango à Paris.
Rocketman : Dans les années 60, Reginald Dwight, jeune pianiste timide et surdoué commence son ascension musicale. Après sa rencontre avec le parolier Bernie Taupin, il gagne rapidement du succès et devient Elton John.
Après avoir joué les seconds couteaux sur le tournage de Bohemian Rhapsody l’année dernière, Dexter Fletcher signe cette fois-ci en son nom un nouveau biopic consacré à une icône majeure de la musique pour un résultat parfois convenu mais globalement divertissant.
Autant le dire tout de suite, ce n’est pas Rocketman qui réinventera les codes du biopic, genre cinématographique dont la portée biographique impose de toute façon des conventions étriquées. Peu nombreux sont en effet les réalisateurs qui auront réussi à transcender le genre dans le domaine musical, si ce n’est peut-être Joann Sfar et son magnifique Gainsbourg (vie héroïque), conte onirique sur l’homme à la tête de choux, sorti en 2010. Au contraire, Fletcher donne à voir dans Rocketman les étapes typiques de l’ascension du chanteur appelé à devenir une superstar en brassant tour à tour l’enfance malheureuse, les débuts timides mais prometteurs puis les affres de la drogue jusqu’à l’inévitable rédemption qui fait qu’encore aujourd’hui Sir Elton “[is] still standing”. Pour ce faire Rocketman use de nombreux raccourcis dont l’exemple le plus flagrant concernera le mariage du chanteur avec Renate Blauel : épisode vite évoqué aux trois quarts du film avant d’être vite expédié aux oubliettes en quelques scènes qui tomberont comme un cheveux sur la soupe d’un récit jusque-là plutôt bien assaisonné.
Car il serait tout à fait injuste de nier à Rocketman quelques qualités qu’une simple mise en comparaison avec l’effort précédent de Fletcher (Bohemian Rhapsody, où le réalisateur était venu remplacer Bryan Singer au pied levé durant les dernières semaines de tournage). Là où le “biopic” du leader de Queen assenait sans imagination une succession de moments clefs désincarnés et prévisibles, Rocketman s’autorise au contraire une réflexion plus en profondeur vis à vis de son sujet. Le film lui-même est une analyse ; analyse au sens premier du terme et que le personnage effectue lui-même au plus bas de sa descente aux enfers, mais également une analyse mise en avant par la construction narrative et la mise en scène de Fletcher qui s’autorisent ponctuellement des écarts oniriques qui viennent ajouter de la matière au récit et illustrer la psyché du personnage principal.
Produit par David Furnish, aka Mr Elton John à la ville, le film a également l’avantage de ne pas trahir son protagoniste principal ce qui est quand même la moindre des choses. Contrairement à Bohemian Rhapsody qui travestissait l’homosexualité de Freddie Mercury pour la planquer rapidement sous le tapis au détriment d’une relation hétérosexuelle étalée en long et en largeur, Rocketman assume sans détour toute la “gayeté” flamboyante d’Elton.
Au final et au vue de tout cela, même si Rocketman reste résolument classique dans son ensemble, le film devait vous faire passer un bon moment appuyé par le répertoire du chanteur et la belle performance de Taron Egerton (Kingsman) qui devraient suffire à vous charmer. M.P
Venise n’est pas en Italie : L’histoire compte le voyage en caravane de la famille Chamadot à Venise. Le fils cadet est invité par la fille dont il est amoureux à un concert dans l’une des villes les plus romantiques du monde. Sa famille décide de l’accompagner. On est alors embarqué dans une aventure familiale assez lourdingue. La mère Annie est présentée comme une folle du sans gluten et du bio, le père un accro au Taï-Chi complètement perché et le grand frère prêt à sauter sur n’importe quelle fille, et expliquant à son petit frère que l’amitié homme-femme n’est qu’un gros mensonge. Des archétypes on ne peut plus exploités, que l’on a du mal à intégrer comme divertissement en 2019. Autre nœud dramatique, la fille dont Émile (le jeune frère) est amoureux, est issue d’une famille bourgeoise. L’adolescent fait partie d’une classe plus populaire et tolérante. C’est là que Helie Thonnat, interprétant Émile, se révèle plutôt intéressant. Dans sa frustration et son questionnement sur les sentiments d’un premier amour, le personnage explore une palette d’émotions intimes avec justesse. Sa colère, son émerveillement, ses sourires, demeurent les éléments les plus convaincants de cette comédie lambda. À ses côtés, Poelvoorde et Bonneton jouent comme d’habitude remarquablement leurs rôles, qui pour cette fois, relèvent d’une piètre écriture. Entre blague raciste et principes misogynes, Venise n’est pas en Italie a n’a que trop peu pour plaire. C.L.L
Un dernier tango à Paris : Le film de Bernardo Bertolucci, sorti en 1972, est un véritable classique du cinéma. Il raconte l’histoire sexuelle de Paul, un Américain vieillissant — joué par Marlon Brando — et de Jeanne, une jeune femme — interprétée par Maria Schneider — qui se rencontrent dans un grand appartement vide. Le couple engage dans une relation purement sexuelle qui va rapidement déraper. Le long-métrage ressort en version restaurée 47 ans après. Est-ce réellement nécessaire ? Non. Pourquoi ? Malgré certaines qualités du film : la mise en scène, la bande musicale, la tension sexuelle, ce film n’aurait jamais dû exister et encore moins ressortir au cinéma. En effet, est-ce éthique de projeter un film pendant lequel Marlon Brando a joué une scène où il sodomisait Maria Schneider sans la prévenir — elle ignorait tout de ce qui allait se dérouler dans la scène. Marlon Brando et Bernado Bertolucci ne lui avaient pas dit ce qu’ils comptaient faire. L’acteur lui a alors passé un beurre entre les fesses avant de simuler de la pénétrer. Pardon des mots crus. Le cinéaste a d’ailleurs dit dans un documentaire qu’il ne voulait pas d’une actrice qui simule mais les véritables larmes d’une jeune femme. Euh… Pour moi, il s’agit donc bien d’une agression sexuelle — qu’il y ait eu ou non plainte après, d’ailleurs aurait-elle gagné à porter plainte à l’époque ? Finir sa carrière de manière abrupte. Le film entier représente le fantasme de deux hommes. Il n’y a pas de place pour la femme. J’ai découvert ce film à peine sorti du lycée, étant donné que le film est vendu comme un classique. Si je devais faire le choix aujourd’hui, comme un acte politique, je refuserais de le voir. Il n’en vaut pas la peine et je rendrais hommage à Maria Schneider plutôt, qui fut une grande actrice. M.M
Marine Moutot, Clémence Letort-Lipszyc, Marine Pallec
Rocketman
Réalisé par Dexter Fletcher
Avec Taron Egerton, Richard Madden, Jamie Bell…
Biopic, Etats-Unis, 2h1min
29 mai 2019
Venise n’est pas en Italie
Réalisé par Ivan Calbérac
Avec Valérie Bonneton, Benoït Poelvoorde, Helie Thonnat
Comédie, France, 1h35
29 mai 2019
Le Dernier Tango à Paris
Réalisé par Bernardo Bertolucci
Avec Marlon Brando, Maria Schneider, Maria Michi
Drame, Romance, Erotique, Italie, France, 2h09
1972 – en version restaurée le 29 mai 2019
S’il est vrai que Maria Schneider a été choquée par la scène dont elle n’avait pas été informée, la pénétration est simulée, il n’y a pas eu de viol.
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Merci pour votre commentaire. J’avais oublié le mot simuler! Mais même simuler, je pense qu’il y a plus que le mot choquant qui me vient à l’esprit mais bien traumatisant! Et je maintiens le mot viol (acte par lequel une personne est contrainte à un acte sexuel pour la force, surprise, menace ou ruse sans son consentement)! Il y a eu abus de confiance et se faire beurrer entre les fesses est suffisant pour parler d’acte sexuel.
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