[CONSEILS DU VENDREDI] #48

Cette semaine dans les Conseils : Les Enfants de la Mer, Face à la nuit, Vita & Virginia et Anna.


Les Enfants de la Mer : Ruka, une jeune fille solitaire passionnée par la mer, rencontre un étrange garçon élevé par des lamantins, Umi. Cet été difficilement commencé va se révéler être, pour elle, un moment de découverte fantastique du monde marin et de sa magie.
Quoi de mieux pour commencer l’été qu’une plongée au coeur du monde marin ? Les Enfants de la mer marque par sa représentation très précise et réaliste de notre monde, adaptée du manga éponyme de Daisuke Igarashi. Alors qu’on aurait pu croire à une énième bluette sur fond d’été et de magie, le film évite cet écueil pour se concentrer sur l’amitié entre les personnages et leur lien à la Nature et à sa création. La poésie est partout : dans le dessin des espèces animales, dans les sages paroles des personnages, dans la réflexion mystique sur notre monde. Le film est construit sur la figure du double et des passerelles sont continuellement créées entre imaginaire et réel, ciel et mer, Nature et humains. La musique de Joe Hisaishi, collaborateur renommé de Hayao Miyazaki, véhicule beaucoup de douceur et embellit l’image par sa simplicité discrète. C’est une très belle ode à la Nature et au détail qui accompagne la prise de conscience qu’il reste beaucoup à découvrir pour les humains et qu’il faut apprendre à regarder et essayer de comprendre. Mystérieuse et fantastique, l’atmosphère nous emporte très rapidement auprès de Ruka, Umi et Sora pour n’en ressortir qu’à la toute fin du générique. Alors pensez à rester jusqu’à ce que les lumières se rallument. Vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! C’est le long-métrage d’animation à ne pas rater cet été ! M.K.

Face à la nuit : Le cinéaste malaisien, Wi-ding Ho, écrit ici son premier film. Réalisateur de quatre comédies chinoises, il développe son propre univers grâce à une production de multiples pays. Les États-Unis, la Chine, Taïwan et la France qui au passage laisse dans le film Louise Grinberg – qui a été découverte 10 ans plus tôt dans Entre les murs et 17 filles. Nous suivons Zhang à travers trois périodes de sa vie au cours de trois nuits qui vont changer son destin. D’abord âgé dans un futur proche qui ne semble basé que sur la prostitution et la jeunesse éternelle des femmes — ça promet notre futur, il ne faut rien lâcher —, puis autour de ses 30 ans et enfin adolescent. Je vous annonce tout de suite que cet homme n’a pas eu de chance. La vie semble s’être liguée contre lui.
La mise en scène intéressante : le cinéaste joue avec les couleurs bleu, rouge, orange et noir, il travaille la texture de son image. Le grain grossier donne un air vieilli et nostalgique. D’ailleurs, ces trois sauts dans le passé sont le signe d’une fuite dans le souvenir, qu’il soit fictif ou cinématographique. Le scénario reprend le classique chassé croisé entre vengeance et explication plutôt douteuse de la psychologie du personnage principal. De plus, les personnages féminins ne sont pas très intéressants et perpétuent des clichés : prostituée, mère, fille et à la recherche perpétuelle de jeunesse. Elles sont pleines de vacuité. Ara, la Française cleptomane, est le seul personnage qui s’en sort à peu près, mais il représente l’image de la femme parfaite. Finalement, le Grand Prix du Festival de Beaune aura fait fuir 15 personnes de la salle où je me trouvais. La beauté visuelle ne suffit pas à relever le vide scénaristique. M.M

Vita & Virgina  : 1921, Virginia Woolf fait la connaissance de Vita Sackwill West, femme de lettres et aristocrate aux mœurs légères. Très vite, cette dernière s’éprend de la romancière et entreprend de la séduire.
Si l’exercice du biopic est inlassablement périlleux tant il est habituellement plombé par un certain classicisme peu inspiré, c’est hélas ici le manque de vision générale de l’œuvre qui serait à déplorer. Sur le papier, Vita & Virginia aurait dû en effet conter la passion des corps et de l’intellect entre deux femmes brillantes et éprises d’un même sentiment de liberté que leur siècle ne pouvait leur permettre ; une histoire d’amour épique, forcément tragique et donc, puisque c’est dans le thème, incroyablement romanesque. Toutefois, si le film sait ce qu’il veut être il peine pourtant à le raconter et bafouille entre plusieurs tons tout en tentant vainement de se montrer original. Parmi ces choix malheureux et pour une raison inexplicable si ce n’est peut-être pour pallier à une réalisation et à une lumière de téléfilm totalement lambda, la réalisatrice a ainsi choisi d’apposer à son récit une bande originale aux sonorités contemporaines et électro en profonde dissonance avec le corps des images.
Plus encore, et c’est là que le bas blesse, la romance à l’œuvre emballe ici bien peu les cœurs et les esprits, la faute à ce qui ne peut être décrit que par un certain sentiment de vacuité général…Ainsi, on peine à éprouver une quelconque empathie pour les personnages tant le film s’enfonce sous des couches de paraître plutôt que de parler avec sincérité. (En gros, pour le dire simplement et donc avec sincérité : on y parle beaucoup de manière ampoulé de grands et profonds sentiments, pour au final ne pas en dire grand chose. Résultat : on se fait pas mal chier).
Poussif et peu convaincant, Vita & Virgina laisse hélas un arrière goût amer tant son sujet laissait présager une œuvre autrement plus exaltante. Le film ne mérite tout simplement pas ses protagonistes et si Gemma Arterton s’en sort plutôt bien dans son rôle d’aristocrate espiègle – rôle qu’elle aura joué cent fois ailleurs – Elizabeth Debicki semble hélas quant à elle engoncée dans le rôle de Woolf. Le visage totalement mono-expressif et réduit à une expression de profond mal être hébété, l’actrice ne parvient tout simplement pas à rendre justice à ce brillant génie de la littérature. Son interprétation nous fera ainsi regretter celle de Nicole Kidman qui il y a dix sept ans déjà prêtait ses traits au personnage dans The Hours; un film indéniablement magnifique et bouleversant, à revoir sans hésitation cent fois à la place de celui-ci. M.P

Anna : Pourquoi parler du nouveau film de Luc Besson qui ressemble à s’y méprendre à beaucoup de ses autres films : tueuse à gage à la manière de Nikita, surdouée un peu comme Lucy, belle comme toutes les femmes qui ont côtoyé le réalisateur français. Anna est définie comme une Matriochka par le synopsis. Comme une poupée. Et c’est bien le problème avec les films de Luc Besson récemment : c’est que le corps des actrices sert des scénarios plats et misogynes. Il nous présente souvent une poupée parfaite, sans défaut ni fracture. Dans ce nouvel opus de prénoms féminins, Anna semble un peu différente, elle a un but à elle et n’a pas besoin d’être transformée pour devenir meilleure — en tout cas, cela n’est pas le sujet. Pourquoi donc parler de son film ? Peut-être parce qu’il s’agit du seul cinéaste français qui produit et réalise des films d’envergures à la manière des productions hollywoodiennes. Est-ce suffisant ? Non pas vraiment et surtout pas pour Phantasmagory. Alors pourquoi ? Parce qu’il y a toujours une maigre chance pour que le scénario soit meilleur et puis honnêtement par curiosité. Luc Besson a eu une époque intéressante cinématographiquement et il pourrait décider d’y revenir.
Dans Anna, rien de tel. L’intrigue est assez simple et le spectateur devine rapidement les aboutissants. Le personnage principal est sans nuance et la jeune actrice Sasha Luss — et mannequin — est convaincante. C’est le film qui ne l’est — même si sur la dernière partie des actions prêtent à sourire, mais nous imaginons difficilement que Besson ait de 2d degré. Le scénario revient toujours en arrière pour expliquer une situation assez classique de films d’espionnage, il souhaite mettre en place une intrigue plus complexe, sans être plus complet. Par instant, nous sommes surpris et c’est agréable, mais le long-métrage n’a malheureusement rien d’original. Les différents acteurs et actrices — et des bons qui plus est — se débattent avec des personnages assez vides et caricaturaux. C’est dommage, car Helen Mirren et Cillian Murphy sont parmi les meilleur.e.s acteur.trice.s du moment. Le film reste donc dans la même veine que les précédents, en peut-être un peu plus digeste.
 M.M.

Marine Moutot, Manon Koken et Marine Pallec

Les Enfants de la mer
Réalisé par Ayumu Watanabe
Film d’animation, Japon, 1h51
10 juillet 2019
Eurozoom

Face à la nuit
Réalisé par Wi-ding Ho
Avec Jack Kao, Lee Hong-Chi, Louise Grinberg
Drame, Science fiction, Policier, Etats-Unis, Chine, Taiwan, France 1h46
10 juillet 2019
Les Bookmakers / The Jokers

Vita & Virginia
Réalisé par Chanya Button
Avec Gemma Arterton, Elizabeth Debicki, Isabella Rossellini
Comédie, Musical, Royaume-Uni, 1h57
10 juillet 2019

Anna
Réalisé par Luc Besson
Avec Sasha Luss, Helen Mirren, Luke Evans
Action, Thriller, France, 1h59
10 juillet 2019
Europacorp, Pathé

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

2 commentaires sur « [CONSEILS DU VENDREDI] #48 »

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