À l’occasion de la sortie de la saison 3 de The Handmaid’s Tale (sur OCS depuis le 6 juin), de Her Smell (17/07) et des Baronnes (21/08), nous vous avons concocté un petit Top sur Elisabeth Moss, cette talentueuse actrice qui s’est forgé une place de choix, ces dernières années, sur le petit et grand écran.
Elle apparaît dans de nombreuses séries télévisée telle que Médium (Medium, 2005-2011) et Grey’s Anatomy (2005-en cours), le temps d’un ou plusieurs épisodes. C’est en 2007, avec Mad Men, que la jeune femme se fait connaître. Elle continue d’enchaîner les petits rôles en parallèle. En 2013, elle décroche le rôle principal dans la série de Jane Campion Top of the lake puis, en 2017, dans The Handmaid’s Tale, l’adaptation sérielle du roman éponyme de Margaret Atwood. Depuis elle ne quitte plus les écrans et les rôles mémorables. Son parcours étant autant pavé de séries que de films, nous avons décidé de vous faire une petite sélection des oeuvres (et personnages) les plus emblématiques. Retour sur une carrière folle – et loin d’être terminée – avec un petit top. Mais qui es-tu Elisabeth Moss ?
5) Us – Jordan Peele, 2019
Adelaide Wilson et sa famille reviennent dans sa maison d’enfance pour y passer un bel été. Mais les surprises qui les y attendent vont se révéler pour le moins dérangeantes…
Dans le second long-métrage de Jordan Peele, Elisabeth Moss incarne Kitty Tyler, une bourgeoise américaine (ainsi que son double, Dahlia, mais… chut, on ne vous en dit pas plus). Mère de famille, blonde, riche, assez superficielle, elle intègre totalement le cliché de la famille aisée blanche américaine embrassant l’American Way of Life. Et c’est d’ailleurs à cela qu’elle sert ; à être un cliché, en comparaison des véritables héros de l’histoire, la famille Wilson. Elle est le pendant d’Adelaïde, la sympathique mère de famille noire à qui il va arriver bien des déboires. Des tensions entre Adelaide et Kitty (et donc entre les deux familles) arrivent d’ailleurs rapidement dans l’intrigue lors d’une journée à la plage. Avec ce rôle, Elisabeth Moss offre une prestation drôle et particulièrement convaincante dans son traitement des stéréotypes.
La scène de la plage :
4) Queen of Earth – Alex Ross Perry, 2015
Catherine est peintre, mais n’arrive plus à travailler. Suite à une rupture douloureuse, elle rejoint son amie Virginia dans une maison au bord d’un lac. Alors que l’année précédente, elle jetait au visage de Virgina sa réussite, c’est au tour de Catherine de sombrer dans la dépression.
Alors qu’Alex Ross Perry vient de finir Listen Up Philip (2014) — dans lequel elle joue également —, il écrit Queen of Earth qu’il lui propose de produire tout en jouant dedans. Filmé rapidement, avec très peu de moyens, Queen of Earth suit la plongée dans la dépression de Catherine, une jeune peintre. Ce personnage offre à Elisabeth Moss une nouvelle corde à son arc. En effet, Catherine tombe peu à peu dans la folie. Le spectateur est entièrement avec elle dans ce huis clos qui frôle la paranoïa plus d’une fois. La scène de la fête où elle erre parmi les invités, le visage barbouillé de maquillage, rappelle la scène dans Le Locataire de Roman Polanski où il avance habillé en femme parmi ses voisins, sans comprendre. Sur le visage de Catherine, il y a pourtant une folie douce et presque agréable. Cette capacité de l’actrice à passer en un clin d’œil de la gentillesse à la méchanceté, de l’innocence à la perte de contrôle, est tout simplement impressionnante. Aidée par une mise en scène saccadée, l’interprétation d’Elisabeth Moss dans ce nouveau registre montre l’étendue de son talent.
Scène de la fête expliquée par Alex Ross Perry :
3) Mad Men – Matthew Weiner, 2007 – 2015
Suivez le quotidien des employés de l’agence de publicité, Sterling Cooper, de 1960 à 1970.
On ne présente plus Peggy Olson, figure-phare de la série, jeune femme talentueuse, déterminée et intelligente, engagée au poste de secrétaire de Don Draper dans la saison 1. Au fil des saisons, elle va s’affirmer pour devenir une femme indépendante qui réussit à percer dans un milieu extrêmement masculin et sexiste et à devenir une des têtes pensantes de Sterling Cooper. C’est avec ce très beau rôle que le grand public a véritablement découvert Elisabeth Moss. Comment ne pas apprécier ses tenues années 60 ? Sa manière de tenir tête à ses collègues masculins ? Son désir de faire valoir ses idées et projets ? Les figures féminines ne sont pas légion dans Mad Men : femmes au foyer ou travailleuses. Peggy est une véritable figure d’empowerment : subissant le sexisme quotidien de la société patriarcale, elle ne se laisse pas démonter. Célibataire, entretenant des relations hors mariage, travailleuse et sans enfant (elle tombe enceinte par accident et fait adopter le bébé), elle incarne, avec Joan Holloway, cette liberté commençant à naître au coeur d’une société évoluant lentement mais sûrement.
2) The Square – Ruben Östlund, 2017
Christian est le conservateur renommé d’un musée d’art contemporain à Stockholm pour lequel prépare une exposition intitulée “The Square” (le Carré). Le principe est simple : « le Carré est un sanctuaire de confiance et de bienveillance. En son sein, nous avons tous les mêmes droits et les mêmes devoirs. ». Bourgeois, hyperconnecté, reconnu dans le milieu artistique, rien n’entache son quotidien. Jusqu’à ce que son téléphone portable lui soit dérobé…
Palme d’Or au Festival de Cannes 2017, The Square a fait parler de lui. Elisabeth Moss y incarne Anne, une journaliste américaine pour le moins excentrique. Elle rencontre rapidement Christian pour l’interviewer et ils finissent par coucher ensemble. Libre, féministe et énergique, elle est particulièrement décalée aux yeux du conservateur — n’oublions pas que le film adopte le point de vue masculin de Christian. Lorsqu’il ne lui donne plus de nouvelles, elle le retrouve et l’engueule dans le musée, dans une scène qui restera dans les annales. Bien que ce soit un personnage secondaire, on lui doit la scène la plus drôle et étrange du film : après avoir couché avec elle, Christian croit qu’elle veut récupérer le préservatif afin de garder son sperme. Ce moment de quiproquo dont on n’est d’ailleurs pas tout à fait sûre de tirer la vérité exacte est absolument jouissif et est totalement révélateur de la paranoïa ambiante planant sur le film. Prouvant au passage, le talent de Rüben Ostlund et d’Elisabeth Moss dans la comédie.
Scène du préservatif :
1) Top of the Lake – Jane Campion et Gerard Lee, 2013 – 2017
Robin Griffin revient dans son village natal, Laketop, après avoir quitté son petit ami resté à Sydney. La police lui demande de l’aide sur une affaire présumée de viol sur Tui, douze ans, enceinte de cinq mois. Bientôt, la jeune fille disparaît. Robin va devoir combattre ses démons et souvenirs pour résoudre cette affaire.
Alors que le personnage de Robin Griffin va commencer la série en étant peu confiante, déchirée et totalement abattue par une rupture difficile et un retour aux sources douloureux, elle va reprendre confiance en elle et en ses capacités. La série de Jane Campion évoque beaucoup de périodes difficiles dans l’existence des femmes. Robin va rencontrer de nombreuses femmes inspirantes dans la première saison, avant d’en devenir une dans la saison 2. Holly Hunter interprète GJ, une gourou aux longs cheveux grisonnants qui, blessée par les hommes, a décidé de s’isoler. Robin va chercher des réponses auprès d’elle. Profondément féministe, la série s’attache au genre policier avec beaucoup d’habileté et une finesse d’écriture remarquable. Cela passe par des séquences ou des thèmes souvent utilisés dans les séries policières : le viol, le meurtre, la torture, mais en suivant le point de vue de Robin, une femme sans homme. Dans la saison 2, la jeune femme est de retour à Sydney et doit aller de l’avant et assumer les répercussions de ses actions de la saison 1 — on ne vous en dit pas plus. Dans une enquête de meurtre sur une jeune femme d’origine asiatique sans identité, elle est accompagnée par la gauche Miranda — interprétée par Gwendoline Christie, Brienne de Tarth pour les intimes. Elle essaye aussi de nouer des liens avec sa fille, qu’elle a abandonnée à la naissance. Ce rapport mère/fille est là aussi très juste et offre à la fois à Nicole Kidman et à Elisabeth Moss des rôles denses et loin des clichés habituels. Une série magistrale tant pour son actrice principale que par la pertinence scénaristique.
Incarnant souvent des femmes fortes (The Handmaid’s Tales, Mad Men, The Square, Top of the Lake), ses personnages deviennent rapidement des emblèmes de la lutte féministe. Avec ses différentes apparitions, elle aborde différents genres cinématographiques (horreur, drame, thriller, biopic, romance, comédie…) développant une palette variée de personnages. Elisabeth Moss est sur le chemin de devenir une grande actrice incontournable de notre époque, en tout cas c’est tout ce que nous lui souhaitons. Car il s’agit d’une actrice aux multiples visages !
Nous vous souhaitons de belles découvertes cinématographiques et sérielles avec Elisabeth Moss et nous vous disons à bientôt pour un prochain petit top !
Marine Moutot et Manon Koken
Us
Réalisé par Jordan Peele
Avec Lupita Nyong’o, Winston Duke, Elisabeth Moss
Thriller, Épouvante-Horreur, États-Unis, 1h56
20 mars 2019
Queen of Earth
Réalisé par Alex Ross Perry
Avec Elisabeth Moss, Katherine Waterston, Patrick Fugit
Drame, Thriller, États-Unis, 1h30
9 septembre 2015
Mad Men
Créée par Matthew Weiner
Avec Jon Hamm, Elisabeth Moss, Christopher Stanley
Série dramatique, États-Unis, 7 saisons
2007 – 2015
The Square
Réalisé par Ruben Östlund
Avec Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West
Comédie dramatique, Suède, Allemagne, Danemark, France, 2h22
18 octobre 2017
Top of the Lake
Créée par Jane Campion et Gerard Lee
Avec Elisabeth Moss, Gwendoline Christie, Alice Englert, Holly Hunter, Nicole Kidman
Série dramatique, Policier, Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, 2 saisons
2013 – 2017