Ce mercredi, nous vous parlons, avec un peu de retard : Le Gangster, le Flic et l’Assassin, Fast & Furious : Hobbs & Shaw et de Never Grow Old.
Le Gangster, le Flic et l’Assassin : Un gangster redoutable se fait attaquer au couteau par un tueur en série. Un flic intègre aux manières brutales est à la recherche de cet homme. Deux hommes dangereux traquent un homme encore plus dangereux. On vous promet ça va saigner.
Le nouveau film venu tout droit de Corée du Sud propose un savant mélange entre le film de mafieux et le thriller policier, le tout avec un humour à la Hard Day, mais dont les batailles et les combats sanglants rapprocheraient plus d’un Bittersweet Life. L’ancien producteur Won-Tae Lee réalise ici un long-métrage joyeux qui aborde à grand moyen de mise en scène et de bande-son toute une imagerie que les aficionados du cinéma coréen affectionneront. Le cinéaste ne fait pas forcément dans la dentelle, mais il arrive à glisser certains plans qui peuvent se lire à plusieurs niveaux. L’ensemble peut paraître caricatural, mais c’est que la langue coréenne est très expressive et danse sur les menaces de mort et autres vulgarités — nous notons avec plaisir la chanson des mafieux : « plusieurs bites, mais un seul cœur ». Les acteurs donnent le meilleur d’eux-mêmes pour camper trois stéréotypes tout en débordant de partout. L’assassin avec ces phrases à l’emporte-pièce et son regard fou, laisse entrevoir des fois un peu plus, mais sans jamais se révéler entièrement. Le gangster, quant à lui, est malgré une scène d’ouverture assez dérangeante — nous le voyons donner plusieurs coups violents dans un punching-ball qui contient en faite un homme — est plutôt attachant et ne manque pas d’humour. Le flic est proche du ripou par ses manières : refu d’écouter les ordres, vulgaire, bagarreur, mais ce qui le définit avant tout est son intégrité. C’est le héros par excellence badass. Au final, le film est tout ce qui fait un bon film coréen : violent, sanglant, un peu glauque, avec une traque à l’homme. Présenté en Hors-Compétition au dernier Festival de Cannes, Le Gangster, le Flic et l’Assassin ne révolutionne donc pas le genre, mais a tous les ingrédients pour faire une excellente salade. M.M
Fast & Furious : Hobbs & Shaw : Premier spin-off de la saga Fast & Furious, Hobbs & Shaw teste la fidélité de ses fans sur un autre terrain. Brixton, un soldat génétiquement modifié est à la recherche d’un virus destiné à éliminer une partie de la population. Ce virus est détenu par Hattie Shaw, une agent redoutable du MI6 qui s’avère être la sœur de Deckard Shaw. Dans leur haine mutuelle, Hobbs et Shaw vont tout de même devoir faire équipe afin de sauver le monde encore une fois.
Cette intrigue aux allures de films de super héros ne dénote finalement en rien avec l’idéologie de la franchise. Les films grandissent avec leur temps et les moyens techniques. La course poursuite en sous-marin du 8è opus était déjà au-delà de nos espérances, que pouvait bien nous réserver cette nouvelle aventure ? Si vous adhérez aux « toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort », éternelle signature des scénaristes, alors vous ne serez pas déçu. Le quatuor Johnson/Statham/Elba/Kirby distribue des baffes à la pelle, pour le plus grand bonheur de nos yeux assoiffés d’action. Les voitures s’envolent, les héros se jettent de gratte-ciel, et les explosions ne donnent aucun répit. David Leitch est un habitué dans l’art de la mise en scène de l’action badass. On lui doit les explosifs John Wick, premier volet, et plus récemment Atomic Blonde, avec Charlize Theron qui rappelons le a rejoint la saga en 2017 (The Fate et The Furious). Plus c’est gros plus ça passe. Car c’est bien le nouveau défi : une avalanche de cascades saupoudrées d’humour. Le choc des titans Hobbs et Shaw est d’ailleurs un puit de pétrole à punchlines. Entre deux coups de poings les répliques fusent et comme le ridicule ne tue pas, ils ne s’arrêtent… jamais. Entre eux la petite sœur de Shaw subit leurs gamineries et dévoilent un nouveau personnage aussi attachant qu’intéressant. Elle se dresse comme l’égal des deux têtes d’affiche et défend royalement ses intérêts à coups de prise d’art martiaux. L’investissement se ressent de la part de tous, et si on connaissait le passé de catcheur de Dwayne Johnson et la récurrence des cascades dans la filmographie de Jason Statham, Vanessa Kirby et Idris Elba se fondent dans la masse de ce casting bodybuildé comme des poissons dans l’eau.
Pour les plus nostalgiques, il faudra attendre la dernière partie, où le retour aux sources de l’agent Hobbs est un écho aux origines des premiers films : customisation, turbo manuel, ambiance caliente… il ne manquait plus que le repas final servi avec quelques Corona, seul défaut qu’on osera accorder au film. C.L.L.
Never Grow Old : Patrick Tate, charpentier, et sa femme vivent avec leurs deux enfants dans une petite ville dirigée par un chef religieux très puritain. Alors qu’il rêve d’aller en Californie, Patrick Tate fait la connaissance d’un chasseur de prime, Dutch Albert, qui prend vite possession de la ville. Tandis qu’elle était tranquille et terne, la ville devient le spectacle sanglant de la débouche humaine…
Le film d’Ivan Kavanagh est un western qui semble classique, tant dans le traitement des personnages que de l’histoire. Mais très vite, il décide de s’attaquer à un antihéros et rend le propos innovant. Quand Dutch Albert arrive, Patrick ne joue pas les hommes braves ou même les fortes têtes, il s’incline et prend l’argent. Quand Dutch Albert tue, il ne dit rien, enterre les hommes et prend l’argent. La monnaie trébuchante et sonnante est ici des pièces qu’on glisse discrètement dans sa poche avec un vague sentiment de culpabilité. Il est l’agneau égaré qui pense faire ce qui est juste pour sa famille. Ou ce qui est le plus simple. La force du film réside donc dans ce contrepoint trop rarement exploité au cinéma et encore moins dans les westerns : un homme lâche, peu intègre et pourtant sympathique. Néanmoins le film reste assez peu développé dans ses personnages. Dutch Albert — joué par John Cusack, le visage noirci — n’est pas crédible et peu fouillé. Il n’a pas la carrure d’un méchant perfide. Audrey Tate — jouée par Déborah François — n’est pas non plus mise assez en avant. Il est pour une fois intéressant de montrer la multitude de nationalités qui ont foulé les routes de la ruée vers l’or, mais cela s’arrête là. C’est un personnage féminin effacé qui a le droit à une scène héroïque sur la fin. Le personnage de Patrick Tate — joué par Émile Hirsch, qu’on aimerait voir plus et dans des rôles plus consistants — est finalement le plus passionnant intéressant par son côté lâche qui se demande toujours s’il ne devrait pas agir. Certains moments, de plus, sont trop vite expédiés pour rentrer dans le « catalogue » de l’imagerie du western.
Le cinéaste, finalement, est plutôt intéressé par la mise en scène qu’il travaille presque jusqu’à l’overdose. Trop d’effets d’ombres et de sombres qui sont par moment bienvenu, car à propos avec le récit et par instant qui ne servent à rien et ne font que masquer un vide scénaristique. Dans une ambiance très grise, ce western se rapproche beaucoup de Brimstone, sans jamais l’égaler. M.M
Marine Moutot et Clémence Letort-Lipszyc
Le Gangster, le Flic et l’Assassin
Réalisé par Lee Won-Tae
Avec Ma Dong-seok, Kim Moo-yul, Kim Sung-kyu
Action, Thriller, Corée du Sud, 1h50
14 août 2019
Metropolitan FilmExport
Fast & Furious : Hobbs & Shaw
Réalisé par David Leitch
Avec Dwayne Johnson, Jason Statham, Vanessa Kirby
Action, États-Unis, 2h16
7 août 2019
Universal Pictures International France
Never Grow Old
Réalisé par Ivan Kavanagh
Avec Emile Hirsch, John Cusack, Déborah François
Western, Action, Irlande, 1h40
7 août 2019
Rezo Films