Une femme s’évanouit de manière théâtrale, un objet roule doucement au sol en gros plan, des inconnus fomentent un plan machiavélique juste à côté des concernés… Le cinéma est rempli de motifs, parfois récurrents, qui intriguent et s’impriment dans nos esprits. Le deuxième mardi de chaque mois, nous vous proposons le défi “Un bon film avec…” : chaque rédactrice dénichera un film en lien avec un thème (plus ou moins) absurde mais qui vient naturellement à l’esprit. Pourquoi ces images s’imposent-elles ? Quel sens recouvrent-t-elles dans notre imaginaire ? Et dans l’œuvre ? Les retrouve-t-on dans un genre précis ? Comment deviennent-elles des clichés ?
Voici sans doute un des motifs les plus récurrents au cinéma. Tant de scènes se déroulent dans une salle de cinéma ! Véritable emblème de la passion cinéphile, la salle est là où tout commence (Les 400 Coups, François Truffaut, 1959) ou bien où tout finit (Inglourious Basterd, Quentin Tarantino, 2009). La salle est un lieu de rencontre, entre personnages mais également avec le cinéma : elle est le berceau de bon nombre de cinéphilie.
Dans Chantons sous la pluie (Gene Kelly & Stanley Donen, 1952), le récit est jalonné de moments charnières où la salle joue un rôle central. C’est là que l’industrie présente son travail au public. Elle est le lieu des émotions : rire, indignation ou admiration du public. C’est aussi là que se brouille la frontière entre les acteurs et leur avatar de lumière.
La salle peut également être le réceptacle du fantasme et le lieu où celui-ci prend forme réelle. Dans La Rose pourpre du Caire (Woody Allen, 1985), alors que Mia Farrow ne sait que faire de ses journées, elle retourne sans cesse voir le même film et tombe amoureuse d’un des personnages. Celui-ci finit par la remarquer et sort de l’écran. La salle est le monde où le réel et l’imaginaire se rejoignent. Avec ce film, Woody Allen a inventé une des plus belles représentations de la salle où le désir vit dans un cinéma.
Dans ce défi, nous vous parlons de Infernal Affairs d’Alan Mak et Wai Keung Lau en le comparant au film de Martin Scorsese Les Infiltrés, Burn After Reading des Frères Coen, Ces amours-là de Claude Lelouch.
Infernal Affairs de Alan Mak, Wai Keung Lau, 2002 / Les Infiltrés de Martin Scorsese, 2006
À Hong-Kong (Boston), Sam (Frank Costello), chef de la triade (mafia) décide d’envoyer son meilleur élément, Lau Kin Ming (Colin Sullivan), infiltrer la police hongkongaise. De son côté, la police cherche à faire tomber Sam (Frank) et le commissaire Wong (Dignam et Oliver Queenan) envoie l’agent Chan Wing Yan (Billy Costigan) comme taupe dans la triade. Il (Dignam et Queenan) est le seul à connaître le secret de Chan (Billy). Rapidement les deux hommes gagnent la confiance de leurs supérieurs et montent les échelons. Mais bientôt, la police et la mafia suspectent un infiltré dans leurs services. Cela va entraîner une guerre sans merci et le premier à démasquer l’autre l’emportera…
Infernal Affairs est tourné en 2002 à une époque charnière pour la ville de Hong-Kong. L’intrigue se déroule en 1995, moment où l’Angleterre doit rendre la ville à la Chine. C’est une période de tension qui transparaît énormément dans le film et qui disparaît totalement du remake américain de 2006. La police et la triade peuvent être vues comme la Chine et l’Angleterre et Chang et Lau, comme deux hommes qui se font broyer par un système qui ne leur convient finalement pas. De plus, le titre cantonais 無間道, Mou gaan dou qui signifie « le chemin incessant » est une référence à l’Avīci, le niveau le plus bas de l’enfer dans le bouddhisme, où l’on endure des souffrances permanentes. Réalisé par les cinéastes Alan Mak et Wai Keung Lau, Infernal Affairs est le premier film d’une trilogie qui remportera un grand succès en Asie et dans le monde. Le succès est tel que les studios américains mettent rapidement la main dessus pour l’adapter aux États-Unis. Ainsi, quatre ans après sort Les Infiltrés, long-métrage de Martin Scorsese qui est sacré Meilleur Film aux Oscars en 2007.
Les deux films se déroulent sur le même schéma scénaristique à quelques distinctions près. La scène qui nous intéresse se situe pour chacun des long-métrages au milieu d’une film : à 45 min pour Infernal Affairs et à environ 1h30 pour Les Infiltrés. Alors que Chang/Billy vient de donner des informations capitales — numéro de sécurité sociale, adresse personnelle — à Sam/Frank pour qu’il puisse contrôler ses hommes, Lau/Colin est nommé à la tête d’une investigation dont le but est de se trouver lui-même — en effet, il doit démasquer la taupe au sein de la police. Le rapport de force est donc très clairement en faveur de Lau/Colin. Pourtant, le spectateur est depuis le début plus enclin à préférer Chang/Billy, dont la situation est la moins enviable. Par effet d’empathie, il lui semble important que Chang/Billy récupère l’enveloppe qui contient les renseignements qui pourraient causer sa perte. Sam/Frank donne rendez-vous à Lau/Colin dans une salle de cinéma. Chang/Billy le suit en espérant que cela pourra le mener à l’espion. Il s’agit donc d’un moment charnière dans l’histoire car c’est la possible rencontre entre les deux hommes.
Dans Infernal Affairs la scène du cinéma commence par l’entrée de Sam par le fond de la salle. Cela permet au cinéaste de montrer l’enveloppe en même temps que le film projeté à l’écran — un film de cape et d’épée traditionnel. Il s’avance et s’assoit tranquillement. Soudain surgit Lau qui se redresse derrière lui l’enveloppe à la main. Le public est alors concentré sur une chose et une seule : la transmission d’informations le plus discrètement possible entre les deux partis.
Dans Les Infiltrés, au contraire, rien n’est fait dans la retenue. Le cinéaste américain rend la séquence beaucoup plus drôle que l’originale, beaucoup plus dynamique. Le cinéaste ajoute de nombreuses actions qui viennent parasiter les deux buts des personnages : donner l’enveloppe et démasquer la taupe.
Colin attend seul dans un cinéma porno où il est mal à l’aise. Arrive un homme étrange qui commence rapidement à pousser des grognements de plaisir. L’homme se lève d’un coup et se poste devant Colin en lui montrant un gros gode. Il s’agit de Frank qui s’esclaffe bruyamment. La salle entière se retourne, ce qui souligne son manque de discrétion. Ils entament alors une conversation, sensiblement la même que dans Infernal Affairs mais avec des bruits de femmes qui se donnent du plaisir en fond sonore. La séquence ne possède donc pas le sérieux du film hongkongais, auquel la musique traditionnelle offrait un ton solennel. Pendant toute la première partie de la scène l’enveloppe n’est pas encore passée.
Très rapidement, alors que Lau feuillète l’enveloppe, la caméra nous montre Chang au fond de la salle qui observe. Il a les mains sur le visage pour se cacher. Dans Les Infiltrés, Sam a le même réflexe de se masquer le visage avec les mains. L’échange entre Sam et Lau se termine vite. Sam disparaît aussi promptement qu’il est venu. Lau le suit pisté par Chang. Ils arrivent dans les couloirs du cinéma et passent devant des affiches représentatives du genre du thriller. En effet, Men In Black et K-19 : piège des profondeurs sont affichées. Un indice ? Alors qu’une course poursuite semble s’amorcer, elle est stoppée nette quand Chang reçoit un appel. Il se retourne brusquement pour ne pas être vu de Lau, qui se trouve à quelques mètres devant lui. Les deux hommes attendent alors, ne sachant que faire. Finalement Chang disparaît sans avoir eu la chance d’apercevoir le visage de son ennemi ou de récupérer le pli. De son côté, Lau prend conscience qu’il était suivi. Ainsi, même si la scène est brève, elle est chargée en tension.
Dans Les Infiltrés, Billy apparaît avant que l’enveloppe ne soit montrée à l’écran. Il reçoit un SMS de la police qui lui rappelle l’objet de sa mission. C’est à ce moment-là que Castello sort l’enveloppe de son long manteau pour la tendre à Colin. Frank se lève et remonte les escaliers lentement en direction à la fois de la sortie et de Billy qui se cache tant bien que mal avec sa casquette. Colin le suit de peu, mais en prenant la sortie à l’avant de la salle. En sortant, les deux hommes arrivent sur une artère principale, bruyante et pleine de monde. Une course-poursuite s’ensuit pour finir là encore dans une ruelle sombre et déserte. Le son d’un téléphone résonne et oblige les deux espions à se cacher. Ici, Scorsese réussit à créer une tension avec une multitude de détails, là où les cinéastes hongkongais avaient choisi la parcimonie. Le récit est tortueux et de nombreuses images sont inventives : quand Billy pense avoir perdu Colin, il le voit grâce à un carillon composé de tous petits miroirs.
La musique également à une place très importante : à la sortie de la salle de cinéma, dans Infernal Affairs il s’agit d’une seule note grave qui retentit à intervalle régulier, un peu comme les battements du cœur. Le stress est créé par cette cadence. Alors que dans Les Infiltrés, en plus d’une musique volontairement angoissante, s’ajoute le bruit des voitures, de la population, de nourriture. Il s’agit d’une bande sonore perturbée par de nombreux éléments, ce qui finalement rend également la séquence oppressante, car le public reçoit beaucoup trop d’informations en même temps.
La séquence de ces deux films, dans la salle de cinéma, a pour but de transmettre des informations dans une salle obscure, à l’abri du regard. La salle autorise cet anonymat. Avec Infernal Affairs les cinéastes Alan Mak et Wai Keung Lau rajoutent donc une difficulté à l’un des personnages. Si Chang ne devine pas rapidement qui est la taupe, toute sa mission est compromise. Cette scène de filature aurait dû lui permettre de dévoiler l’espion à la botte de la triade. Mais la salle obscure est trop hermétique aux intrigues extérieures pour pouvoir livrer le secret de ses habitants. Avec Les Infiltrés, Scorsese ajoute par dessus le désir en plus plus de l’anonymat. Un désir qui peut se révéler bruyant et drôle. La salle est moins obscure qu’elle n’y paraît et celui qui se cache peut être bien vite révélé aux yeux de tous. Si finalement ni Colin ni Billy se dévoilent, Frank s’exhibe avec humour et cynisme, car la salle de cinéma peut être aussi le lieu où l’on se met en scène.
Marine Moutot
Infernal Affairs
Réalisé par Alan Mak, Wai Keung Lau
Avec Tony Leung Chiu Wai, Andy Lau, Anthony Wong Chau-Sang
Policier, Drame, Thriller, Hong-kong, 1h37, 2002
Sorti le 1er septembre 2004 en France
Les Infiltrés
Réalisé par Martin Scorsese
Avec Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Jack Nicholson
Policier, Drame, Thriller, États-Unis, 2h30, 2006
Sorti le 29 novembre 2006 en France
Burn After Reading, Joel et Ethan Coen, 2008
Chad et Linda, deux employés un peu idiots d’un club de sport, mettent la main sur un CD contenant les mémoires d’un ex-agent de la CIA, Osborne. Viré pour alcoolisme, lui-même ne sait pas que sa femme le trompe avec Harry, un marshal coureur de jupons. Chad et Linda, décident alors de faire chanter Osborne ; les ennuis peuvent commencer…
Parmi tous ces personnages, nous allons nous intéresser à celui de Linda. Outre l’intrigue autour du chantage de l’ex-agent Osborne, Linda rêve de rencontrer le grand amour et de se faire opérer pour avoir un corps de rêve. Elle s’est inscrite sur un site de rencontre « moiplustoi.com ». Ce qu’elle recherche ? Un homme riche ayant le sens de l’humour, et qui ne soit pas un « loser ». Elle donne rendez-vous à Alan dans un parc. Elle découvre un homme déplaisant, renfermé, avec un sens de l’humour proche du néant. Sa grimace en l’apercevant est déjà annonciatrice d’une soirée peu enivrante. Ils se rendent au cinéma voir une comédie romantique, Coming up Daisy, un moyen pour Linda d’évaluer le degrés d’implication et d’humour de son rendez-vous galant. Les personnages des comédies romantiques sont empathiques, drôle et attachants. Ne pas être réceptif à ce genre cinématographique peut sembler rabat-joie et dénote avec la majorité qui fond devant ces bluettes. Alan est donc à des années lumières des espérances de Linda. Le film Coming up Daisy, introduit comme l’adaptation d’un film de Cormac McCarthy par Sam Raimi, est totalement inventé. Claire Danes interprète Daisy, une jeune femme qui monte systématiquement dans les arbres, et que son fiancé, Dermot Mulroney, tente désespérément de faire descendre. Une romance pas très fute-fute mais apparemment hilarante si on en croit Linda et les autres spectateurs, qui est un prétexte à la rencontre.
Dans leur mise en scène, les Frères Coen fragmentent le couple. Cette scène de quelques secondes à peine commence avec un plan englobant les deux personnages et l’ensemble de la salle. Au cinéma on a tendance à plus rire quand une salle s’esclaffe, on ne fait qu’un avec le reste du public. Ici, pourtant, Alan reste stoïque. À travers deux gros plans successifs, on n’observe sa (non) réaction puis l’inquiétude qui se dessine sur le visage de Linda. Serait-elle assise à côté d’un loser ? Le passage continue avec le dîner aux chandelles silencieux et plombant, ce qui confirme les doutes de Linda.
Cette séquence prend toute son importance par sa répétition. Un peu plus tard, Linda fait la connaissance de Harry. C’est avec ingéniosité, que les Frères Coen explorent cette rencontre de la même manière que celle avec Alan. Linda découvre Harry dans le même parc, sur le même banc (?), et c’est reparti pour un tour. Même orientation de la caméra, même taille de plan, même photographie, pour un résultat différent cette fois. Linda, complètement sous le charme, retourne dans le même restaurant. Cette fois, l’homme qu’elle est face d’elle est bavard, excentrique. Une manière d’évaluer son prétendant. Finalement, cette salle de cinéma aura un même rôle : permettre à Linda la comparaison et faire un petit « check » dans la case humour de son partenaire. On assiste bien à une satire des sites de rencontre et des stratégies que les utilisateurs mettent en place pour appâter leurs rencards. Tout n’est que jeu de dupes et c’est dans la salle de cinéma que ça se joue : Linda affirme ne pas avoir déjà vu Coming up Daisy lorsque Harry l’y emmène. Elle a alors l’opportunité de le juger selon son critère : l’humour. En le voyant rire aux éclats : Bingo ! Les deux sont alors filmés côte à côte. La séparation à l’écran n’a plus lieu d’être, ils sont en accord avant le film (on les voit arriver ensemble et passer devant l’affiche du film), et pendant (ils rient ensemble).
La salle de cinéma s’avère être un passage obligé dans les rencontres d’aujourd’hui. Propice aux premiers baisers, entremetteuse, révélatrice de nos goûts et de notre humour, elle permet d’analyser son +1 dans la pénombre, à la lueur des projecteurs. Les réalisateurs s’amusent en piégeant Linda dans le même cycle de séduction. Un mode opératoire qui en ferait presque une serial loveuse.
Clémence Letort-Lipszyc
Burn After Reading
Réalisé par Joel et Ethan Coen
Avec Frances McDormand, George Clooney, Brad Pitt
Comédie, États-Unis, Royaume-Uni, France, 1h35
2008
Ces amours-là, Claude Lelouch, 2010
Ilva (Audrey Dana) est ouvreuse à l’Eden Palace. Coeur d’artichaut, elle enchaîne les histoires d’amours qui lui créent des ennuis. Elle est tour à tour amoureuse d’un étudiant en droit, d’un officier nazi et de deux Américains. En parallèle, Simon (Laurent Couson), qui hésite entre devenir pianiste ou avocat, est déporté dans un camp de concentration.
La salle de cinéma est le quotidien des personnages : Ilva est ouvreuse à l’Eden Palace, son beau-père y est projectionniste et le petit Coco y passe ses journées pour se cacher des nazis. Comme d’autres avant lui, Claude Lelouch, en évoquant son enfance passée dans les salles obscures (le petit Coco, c’est lui), rend hommage et déclare son amour au cinéma. Les références, explicites et implicites, abondent. Sur l’écran de l’Eden Palace défilent des extraits de Hôtel du Nord (Marcel Carné, 1938), Le jour se lève (Marcel Carné, 1939), Remorques (Jean Grémillon, 1941) et Autant en emporte le vent (Victor Fleming, 1939 USA, 1950 Fr.). Un ou plusieurs plans de l’écran, emplissant le champ mais filmé comme tel, son cadre bien visible, ponctuent ces multiples références. Dans la cabine de projection, le projecteur est également mis en avant, toujours visible, parfois avant le personnage, alors révélé par un panoramique.
Les références ont également une fonction symbolique. Les extraits choisis entrent en résonance avec l’histoire racontée par Lelouch, caractérisant davantage les personnages. Les actualités qui précèdent la projection de Autant en emporte le vent invitent à rapprocher les figures sur l’écran et les usagers de l’Eden Palace : Ilva est bien, comme les femmes à l’écran, une “poule à Boche”, ce qui est confirmé par le champ-contrechamp sur le visage crispé de la jeune femme, puis par l’arrivée de la milice venue l’arrêter. Ilva est également Scarlett O’Hara (Autant en emporte le vent). Elle est François (Le jour se lève). Comme Scarlett, Ilva est impulsive et conduite par ses passions. Comme François, elle n’a pas besoin de plus d’un mois pour tomber amoureuse et ses amours ont des conséquences tragiques. François, c’est également Coco, qui deviendra Claude Lelouch, qui, lui aussi, possède un oeil gai et un oeil triste : en témoigne la séquence d’ouverture, où l’exaltation (la joie du père de Simon en apprenant la naissance de son fils, la diffusion du premier film parlant) côtoie la gravité (la mort du père, un discours d’Hitler), dans une succession parfois ironique. Madame Laurent, dans Remorques, c’est le père d’Ilva, hors-champ dans sa cabine de projection, trahi par l’être aimé. Avec ces extraits, Lelouch ne rend pas seulement hommage au cinéma, il magnifie ses personnages – et ses acteurs. Les extraits projetés à l’écran de l’Eden Palace sont également prophétiques : Le jour se lève annonce le coup de feu fatal à Jim, non prémédité mais mortel, Remorques présage la mort du père et la fin de l’histoire d’amour interdite tandis que Autant en emporte le vent préfigure la période américaine de la vie d’Ilva ainsi que l’échec de son mariage.
Dans Ces amours-là, la vie et le cinéma se rejoignent. Alors qu’il nous invite à y reconnaître une histoire vraie, le cinéaste nous ramène sans cesse à notre place de spectateur, en particulier dans ce plan final où, sur la façade de l’Eden Palace trône l’affiche de son propre film. Toute ressemblance entre Ilva et un personnage réel n’est pas fortuite et, pourtant, ses amours mouvementées ainsi que les nombreuses références situent le film du côté du romanesque. La rencontre entre Ilva et Simon permet de mieux comprendre cette dichotomie. Avec son personnage musicien, Simon, le cinéaste fait un clin d’oeil aux comédies musicales, dans lesquelles les numéros musicaux peuvent surgir à n’importe quel moment. L’aller-retour entre le réel et le romanesque apparaît alors comme similaire aux parenthèses inhérentes à ce genre américain : une autre manière de magnifier le réel.
J. Benoist
Ces amours-là
Réalisé par Claude Lelouch
Avec Audrey Dana, Laurent Couson, Dominique Pinon
Comédie dramatique, France, 2h00
Sortie le 15 septembre 2010
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