[TOP] Top et Flop 2019 de l’équipe

213,3 millions d’entrées en 2019 — 2e record en termes de fréquentation de la décennie. Mais cela ne prouve pas que 2019 ait été une année tout à fait particulière dans l’histoire du cinéma — oui, nous savons bien qu’entrées ne rime pas toujours avec qualité. Alors que cette fin d’année semble être celle des plateformes Svod, avec Marriage Story de Noah Baumbach et The Irishman de Martin Scorsese sélectionnés aux Oscars et aux Golden Globes et dans de nombreux festivals (la Mostra pour Marriage Story), les Français montrent qu’ils aiment encore la salle de cinéma. Et tandis que 2020 pointe le bout de son nez — par un mercredi, jour consacré des sorties en France — retour sur l’année 2019, un millésime particulièrement bon, avec le top de nos rédactrices.

Par Manon Koken, Marine Moutot, Clémence Letort-Lipszyc, Marine Pallec, Lucie Dachary et J. Benoist.


Manon Koken

TOP 2019

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  1. Parasite – Bong Joon-ho

    Film coup de coeur de l’année (qui nous contredira ?), Parasite a permis la découverte du réalisateur coréen Bong Joon-ho à ceux qui ne le connaissaient pas encore. Et c’est tant mieux ! Intense, surprenant, exaltant, un peu gore et extrêmement bien écrit et filmé, on n’a pas grand chose à redire à part 1°) foncez voir ses autres films, 2°) attendez impatiemment les suivants (comme nous).

  2. Les Éternels – Jia Zhangke

    Un film de mafieux intense et des pérégrinations au coeur de la Chine contemporaine, il n’en fallait pas plus pour nous passionner. Les personnages sont réellement intéressants et bien écrits, les paysages superbes et la réalité politique, en filigrane, alarmante. Et surtout Jia Zhangke dépeint une histoire d’amour extrêmement fine et surprenante.

  3. Portrait de la jeune fille en feu – Céline Sciamma

    Cette année, après une petite déception avec Bande de filles, nous avons retrouvé Céline Sciamma avec joie pour un grand film. Déjà par son titre, Portrait de la jeune fille en feu est un film beau et puissant. Enfin un film qui donne le pouvoir et la voix à des femmes dont l’histoire (fictive, mais très inspirée de la réalité de l’époque) n’a jamais existé. Amour, avortement, mariage arrangé, condition féminine, autant de sujets passionnants mis en lumière. La beauté de la photographie et du bord de mer breton magnifie l’œuvre pour en faire un écrin pour les deux excellentes actrices, Adèle Haenel et Noémie Merlant. À noter, une scène absolument hypnotique autour du feu. Nous n’en dirons pas plus, à vous de le découvrir. 

  4. J’ai perdu mon corps – Jérémy Clapin

    Quoi de plus prometteur qu’imaginer comment réagirait une main coupée de son corps ? Jérémy Clapin l’a fait et c’est particulièrement réussi. Récit animé haletant, tantôt touchant tantôt violent, J’ai perdu mon corps était particulièrement attendu et n’a pas déçu. Rien à redire, à part peut-être quelques réserves sur l’histoire d’amour qui ne nécessitait peut-être pas autant d’attention. En écrivant, la BO revient en tête, nous ne sommes pas prêtes de l’oublier.
    Et un petit portrait de Jérémy Clapin et de ses courts métrages, par ici

  5. River of Grass – Kelly Reichardt

    Le tout premier long métrage de Kelly Reichardt (Old Joy, Certaines femmes, La Dernière Piste) est enfin sorti en France, 25 ans après ses premières projections sur les écrans américains. Pourquoi autant de temps d’attente? Franchement, nous nous le demandons, car ce film est absolument génial d’inventivité et d’intelligence. Un bon nombre de réalisateurs voudrait sûrement faire un premier film aussi fin que celui-là. Dans une interview pour la revue Trafic, Kelly Reichardt parle de «road-movie sans départ, de polar sans meurtre et de love story sans histoire d’amour». Et c’est exactement cela! Ennuyant, me direz-vous? Absolument pas. River of Grass déconstruit avec brio toute les attentes du spectateur pour créer un film surprenant qui, pour une fois, veut prendre le temps.

  6. Les Misérables – Ladj Ly ex aequo Sorry we missed you – Ken Loach
    Difficile de ne pas mettre ces deux beaux films dans le top. Ces deux films marquent par leur actualité et le souffle de vérité qui se dégage de chacun d’eux sur des sujets pourtant bien différents. Pour l’un comme pour l’autre, on parle de personnages pris dans l’engrenage d’une réalité qui les détruit à petit (ou grand) feu : des enfants privés de l’innocence et de l’insouciance de l’enfance, qu’ils grandissent en banlieue parisienne ou à Newcastle, et des adultes coincés dans des métiers et un quotidien de plus en plus étouffants. Et avec eux, on étouffe, avec eux, on ressent la violence de ces confrontations toujours plus rapprochées avec un réel qu’il faudrait fuir à tout prix.
    Et un petit portrait de Ladj Ly et de ses courts métrages, par
  7. La Femme de mon frère – Monia Chokri

    Nous connaissions Monia Chokri principalement pour ses rôles chez Xavier Dolan (Les Amours imaginaires, Laurence Anyways). La voilà réalisatrice et, comme nous nous en doutions pas, elle est extrêmement drôle. Avec ce récit d’une histoire de famille remplissant certains clichés et en même temps totalement réaliste, l’adhésion est immédiate et on tombe en amour avec les questionnements psychanalytiques et le quotidien un peu barré de Sophia. Vive le cinéma québécois !

FLOP 2019

  1. Ça : Chapitre 2 – Andy Muschietti
    Comment est-ce possible après un Ça : chapitre 1 pour le moins satisfaisant de réaliser une telle honte ? Le premier volet avait une équipe technique en provenance directe d’Old Boy, True Detective, Dernier train pour Busan, Mademoiselle, Interstellar, il n’en est rien pour le second. Là où les jeunes acteurs de Ca avaient des personnages bien écrits, on a ici une brochette de stars plus que reconnues – James McAvoy et Jessica Chastain en tête – qui ne peuvent exprimer leur talent, leurs personnages se réduisant à une ligne de caractère. Bill Skarsgard, qui incarnait à la perfection Ça, ne fait absolument plus peur. Les effets spéciaux sont laids et exagérés.  La faute à qui ? Aux scénaristes (qui se permettent des scènes grotesques) et aux producteurs. Shame, shame, shame… Oublions ce sombre épisode.
  2. Shazam ! – David F. Sandberg

    Mais quelle cata ! Un ado de quatorze ans se transforme en super-héros américain cliché au possible. Il n’en fallait pas plus pour ne pas y croire. La preuve, aujourd’hui, jour J de la rédaction, il ne m’en reste que peu de souvenirs : un costume rouge et jaune, des blagues assez beauf et trop d’exagération. Peu notable, on l’oublie à la vitesse de l’éclair.

  3. Simetierre – Kevin Kölsch & Dennis Widmyer

    Et une énième adaptation de Stephen King ! Les événements s’enchaînent, pas forcément de manière cohérente. Le film compile tous les clichés du genre : jump scares à foison, personnages creux, intrigue cousue de fil blanc… Simetierre rejoint haut la main les nombreuses autres adaptations ratées de Stephen King.

  4. Si Beale Street pouvait parler – Barry Jenkins

    Bien que Barry Jenkins, précédemment encensé pour Moonlight, soit à la barre, le film n’arrive même pas à la cheville du précédent. Librement adapté du roman éponyme de James Baldwin – là encore un contenu prometteur -, Si Beale Street est atrocement classique et devient rapidement ennuyeux. Les flashbacks sont trop fréquents, le scénario très répétitif et les répliques assez clichées. Le discours, pas aussi profond qu’il supposait l’être, tombe à plat et ne réussit pas à (r)éveiller l’intérêt du spectateur, noyé dans la guimauve amoureuse des personnages principaux. 

  5. The Dead don’t die – Jim Jarmusch

    Jim Jarmusch, casting de rêve et des zombies. On avait rarement vu aussi prometteur. Et pourtant, c’est un énorme raté! À croire qu’il s’agit d’un canular monté de toute pièce par le réalisateur pour faire un pied de nez à on-ne-sait-qui. Pour l’instant, aucune déclaration officielle n’a eu lieu pour avouer cette supercherie. Rien de drôle pendant ces 1 h 43 : du grotesque, de l’autocitation et de la répétition. Déception totale après de grosses attentes (et on n’était sûrement pas les seul.e.s).

  6. Les Éblouis – Sarah Suco

    Ce premier long métrage de la comédienne Sarah Suco était plein de bonnes intentions et tenait un thème réellement intéressant (son enfance dans une secte catholique). Malheureusement, cinématographiquement, ça ne suit pas. Le jeu des acteurs n’est pas toujours convaincant et le film tombe finalement dans le cliché. Trop de surenchère. Les Eblouis a tout de même pour mérite de donner un peu de visibilité à un sujet dont on entend peu parler.

  7. Zombi Child – Bertrand Bonello
    Tout comme Les Éblouis, Zombi Child aborde un sujet particulièrement intéressant : un récit enchâssé sur les zombies, les vrais, ceux contrôlés par des sorciers haïtiens. Le voile se lève un peu sur cette origine très souvent oubliée depuis que le cinéma s’est intéressé à l’être zombifié dans les années 1960, une vision tout à fait nouvelle. Pourtant, Bertrand Bonello semble perdre son sujet en cours de route en transformant ce sujet prometteur en histoire d’ados aristos. Très dommage. 

Marine Moutot

Qu’il est difficile cette année de nommer un numéro 1 dans mon top 2019. Certes il y aura eu d’excellents films mais rien qui, à la manière de Call me by your name ou Leto, qui m’ont marquée profondément. De bons films malgré tout, des grosses claques et de belles découvertes. Je pourrais citer le dernier film du cinéaste belge Felix Van Groeningen, My Beautiful Boy et la performance émouvante de Steve Carell, ou encore Chambre 212, véritable déclaration d’amour du cinéma de la part de Christophe Honorée ou bien même le très vif Give me liberty du russe Kirill Mikhanovsky qui n’ont pas pu faire partie de mon top.

TOP 2019

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  1. SibelÇağla Zencirci et Guillaume Giovanetti

    Sibel est le troisième long-métrage de la réalisatrice turque Çağla Zencirci et du réalisateur français Guillaume Giovanetti. Ils s’intéressent à la fois au langage ancestral d’une petite communauté turque, le sifflement, et au personnage qui s’en sert : une jeune femme muette, rejetée des siens pour sa difformité. Le récit nous conte l’apprentissage de Sibel en femme forte et libérée des préjugés qui pèsent sur elle et sur les femmes de son village. Un film fort et magnifique qui vibre au rythme de la douleur et des découvertes de son personnage principal.

  2. Douleur et Gloire – Pedro Almodovar

    En revenant sur (son) passé, le réalisateur espagnol livre une magnifique leçon de cinéma. De plus, Antonio Banderas est une révélation. Le cinéaste ne quitte ni sa mise en scène avec des couleurs criardes sur fond de lumière blanche, ni la musique, ni ses acteurs, mais arrive à injecter un sérum de jeunesse pour donner un film puissant.

  3. Une vie cachée – Terrence Malick

    Le grand retour de Terrence Malick avec un récit plus linéaire, mais avec toujours autant de force dans sa mise en scène. Nous retrouvons tout son style, toute la beauté visuelle, lyrique de ses précédents longs-métrages qui servent ici une histoire puissante et rarement racontée au cinéma : la lutte silencieuse contre l’oppression. Un simple homme qui a voulu s’élever contre tout un régime. Puissant, magnifique, Une vie cachée est accompagnée d’une bande musicale extraordinaire.

  4. L’Heure de la sortie – Sébastien Manier

    Sébastien Manier nous avait déjà livré un film tout en tension en 2016, Irréprochable. Pour son second long-métrage, le jeune cinéaste met en scène Laurent Laffite, Emmanuelle Bercot et de jeunes acteurs et actrices impressionnants dans un thriller kafkaïen qui empoigne avec force des sujets d’actualités. En plus de la paranoïa, le récit aborde la question de l’illusion que nous nous créons au quotidien pour fermer les yeux sur la réalité.

  5. Parasite – Bong Joon-ho

    Le grand moment de l’année 2019 nous a été offert par ce film coréen. Palme d’or plus que méritée pour Bong Joon-ho dont j’étais déjà une fan conquise. Memories of murder reste pour moi une des plus belles découvertes et son meilleur long-métrage. Avec humour, il décortique la société — comme il avait pu le faire dans The Host. Il retrouve également un de mes acteurs préférés, Song Kang-Ho. Les meilleures séquences cinématographiques 2019 sont réunies ici.

  6. Sympathie pour le diable – Guillaume de Fontenay

    Quel coup de poing ! Le siège de Sarajevo est montré avec force et tension. À travers le personnage de Paul Marchand — interprété par Niels Schneider tout en finesse et brusquerie — le récit implique réellement le spectateur et reste d’actualité. La figure de Marchand permet au long-métrage d’être vif et incisif. Adapté du livre éponyme, ce film est une véritable claque.

  7. Le Mans 66 – James Mangold

    Christian Bale et Matt Damon réunis devant la caméra de James Mangold (Une vie volée, Logan) pour parler voiture. Sur le papier, on pourrait penser que ne pas aimer les automobiles pourrait être un frein pour l’appréciation de ce récit. Que nenni ! Le cinéaste américain parle avant tout de passion et du système corrompu de l’industrie automobile. Il fait parler l’image et les situations mieux que n’importe quel dialogue. Un film touchant et entraînant.

FLOP 2019

  1. Once upon a time … in Hollywood – Quentin Tarantino
    Voilà un film profondément misogyne que tout le monde adule un peu trop vite. Si une grande partie du récit est intéressante et plutôt touchante — avec un Leonardo DiCaprio vieillissant qui se questionne sur sa valeur et son avenir dans l’univers hollywoodien —, toutes les séquences avec Brad Pitt sont insupportables. Ce rôle de dieu blanc tout puissant qui se justifie par une violence gratuite est énervant — oui, oui, je sais nous revivons des scènes de son point de vue, cela n’empêche que Tarantino s’y retrouve et même pire, s’y complait. Avec son habituel : « je modifie l’histoire parce que ça m’amuse », le cinéaste n’arrive plus à surprendre et délivre un final long, gore, en plus d’être insultant. Cela n’excite plus personne les gens qui se touchent les pieds et qui font couler du sang inutilement — ah bah si.
  2. Glass – M. Night Shyamalan
    Ce nouveau Shyamalan ne déçoit même plus. Alors que Split avait un peu d’intérêt grâce à l’interprétation impressionnante de James McAvoy, ici il n’y a que de l’ennui et du déjà vu. Nous ne retrouvons même pas avec plaisir le personnage insipide de Bruce Willis. Sans surprise, le film se conclut comme il a commencé : en nous ennuyant profondément. Pourtant le pitch de départ est bon : des superhéros avec des pouvoirs sans tous les effets spéciaux habituellement utilisés par Hollywood et compagnie. Même l’idée d’une société secrète qui a pour but de détruire les êtres extraordinaires est originale. C’est dommage que le scénario ne suive pas. 
  3. Meurs, monstre, meurs – Alejandro Fadel
    Le problème de Meurs, Monstre, Meurs est qu’il parle trop. Alors qu’il réussit à installer une ambiance malsaine et gore — après ça n’est pas obligé de plaire à tout le monde —, le récit se perd en explication de psychanalyse de comptoir. Les dialogues n’apportent rien. S’ajoute à cela, une scène de meurtre extrêmement érotisée et dérangeante que le long-métrage vient appuyer et tordre dans tous les sens. Si visuellement c’est plutôt réussi, scénaristiquement le film argentin est terriblement ennuyant et moralement agaçant.
  4. Greta – Neil Jordan
    Ce nouveau film avec un beau casting est plus que décevant. Isabelle Huppert ainsi que Chloë Grace Moretz forment un bien étrange couple. Alors que Greta vit seule et semble en peine d’ami, Frances, une jeune femme pimpante se rencontrent. Les deux femmes deviennent vite proches. Jusqu’au jour où Greta se met à harceler Frances. Sur un concept simple, mais qui peut se révéler efficace, le cinéaste irlandais ne crée aucune tension. Isabelle Huppert n’arrive pas incarner la folie de son personnage et cela en plus d’une mise en scène trop sage, donne un film bien plat.
  5. Destroyer – Karyn Kusama
    Nicole Kidman, le visage totalement déformé par la fatigue, l’alcool et le maquillage, joue un rôle de composition à la hauteur de son immense talent. Mis à part elle, une fin intéressante et un retournement de situation originale, rien d’autre n’est à sauver dans ce thriller qui trouve toujours une idée de mise en scène pour plomber le récit. Dans une lourdeur extrême avec un scénario qui en fait encore trop. Karyn Kusama n’arrive toujours pas à faire dans la subtilité et délivre un long-métrage boursouflé à l’image de son personnage principal.
  6. Les Estivants – Valeria Bruni Tedeschi
    Valeria Bruni Tedeschi réunit toute une troupe d’acteurs et d’actrices : Pierre Arditi, Valeria Golino, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau, Laurent Stocker… dans une grande villa, parsème de scènes un peu d’autobiographies et offre un film plein de névrose, de moments agaçants et jamais rien de bien tendre. Son personnage passe d’un sujet à l’autre sans jamais réussir à se poser et cela finit par nous donner mal à la tête. Trop de petits riens forment ici un grand bordel. L’humour vulgaire manque à chaque fois sa cible. Alors le film passe, douloureusement, et à la fin le temps perdu ne nous reviendra jamais.
  7. Tanguy, le retour – Étienne Chatiliez
    Moi qui pensais aller voir une gentille comédie française comme nous savons si bien les faire : sans saveur, certes, mais où l’on passe un moment pas si désagréable en mettant son cerveau de côté. Ce Tanguy, le retour n’a rien d’agréable, bien au contraire. C’est une torture. En plus d’être ouvertement raciste, le film est un enchaînement de scènes pathétiques qui nous plombent toujours un peu plus le moral. André Dussolier et Sabine Azéma ont beau se débattre pour faire sourire, ils n’arrivent qu’à faire des grimaces. Ennuyant est un mot un peu faible pour ce film. Une torture je vous dis !

Clémence Letort-Lipszyc

TOP 2019

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  1. Portrait de la jeune fille en feu – Céline Sciamma

    Portrait de la jeune fille en feu brise les chaînes d’un regard sur le désir lesbien trop longtemps formaté. Sciamma réalise ici son film le plus intelligent et le plus juste. Une histoire d’amour aux couleurs chaudes d’une soirée au coin du feu et aux héroïnes hypnotiques. Une plongée dans les vertiges de l’amour portée avec finesse par le duo d’actrices Adèle Haenel et Noémie Merlant.

  2. Sibel – Cagla Zenrici et Guillaume Giovanetti

    Sibel porte un regard nécessaire sur une jeune femme en quête constante de liberté et d’indépendance dans une société où elle est rejetée pour ses idées. Son handicap lié au mutisme ne la réduit pourtant pas au silence. Sibel est une figure féministe revendicatrice et puissante qui insuffle un vent nouveau dans l’écriture des héroïnes contemporaines. Le film est une claque dans sa mise en scène et sa richesse des personnages.

  3. Une vie cachée – Terrence Malick

    Après une exploration du côté du cinéma expérimental, Terrence Malick retrouve dans un cinéma plus classique et dévoile une nouvelle œuvre qui fait vibrer notre corde sensible. Une vie cachée est une symphonie aux mille délices, où l’art de la mise en scène sublime une histoire d’amour et l’engagement politique d’un héros au destin tragique. Entre plans poétiquement aériens sur les montagnes autrichiennes et musique classique minutieusement associée, le film est un voyage qu’on n’oubliera pas de sitôt.

  4. Les Misérables – Ladj Ly

    Ladj Ly livre un témoignage à fleur de peau de la violence qui règne dans les banlieues. Le film assume son origine documentaire et s’attaque à un sujet brûlant, dans tous les sens du terme. Jamais dans le pathos, toujours les mots justes, Les Misérables est un film essentiel où la colère de ceux à qui on a ôté la parole ose résonner. Un hymne à la révolte et au respect des droits fondamentaux de l’homme.

  5. La Favorite – Yorgos Lanthimos

    Yorgos Lanthimos dépeint un trio de femmes à la cour anglaise du XVIIIe siècle. Complots affectifs, stratégies politiques, toutes trois se déchirent et se complètent. Le cinéaste instaure une ambiance malsaine à souhait et demeure à ce titre dans son univers de prédilection : la fable aux esprits tordus et sentimentalement névrosés saupoudrés d’un humour noir politiquement très incorrect. Un film audacieux et jouissif.

  6. C’est ça l’amour – Claire Burger

    La réalisatrice au regard bienveillant et sensible ne pointe aucun responsable de la tornade émotionnelle due au départ de la mère. Chaque membre de la famille a son temps de parole, une cellule libératrice où ils se questionnent sur leur rapport à l’amour : amour de jeunesse, amour de sa vie, amour de sa famille, amour passager… C’est ça l’amour demeure un film d’une tendresse inégalable.

  7. Les Oiseaux de passage – Cristina Gallego et Ciro Guerra

    Oscillant entre tradition et modernité, le film raconte avec force et justesse la corruption par l’argent d’une famille au sein du peuple wayuu. Un regard original centré sur la destruction de la cellule familiale plutôt que les actions de contrebande en elles-mêmes. Une histoire intelligemment menée et visuellement aboutie qui nous interroge sur l’absurdité des ambitions de pouvoir.

FLOP 2019

  1. Rambo : Last Blood – Adrian Grunberg

    Le film est affligeant par son côté prévisible et l’absence totale (et volontaire) de finesse dans les enjeux familiaux et politiques qu’il effleure. L’ennemi mexicain manque cruellement de crédibilité : le grand méchant latino frappe à la porte et Rambo livre une performance pyromane pour le faire reculer. L’histoire est mélo à en vomir et la mono expression de Stallone, habituellement acceptée et appropriée, dissone totalement avec la violence des événements. Un fossé qui ne sera même pas comblé par un visionnage au second degré.

  2. Zombi Child – Bertrand Bonello

    Ambiance vaudou et adolescente en émoi dans un internat. Bonello choisit d’explorer à travers le regard naïf et curieux de jeunes filles le poids de l’hérédité d’ancêtres esclaves et à moitié zombi. Partant sur une bonne idée, le film souffre d’une interprétation insipide et d’une histoire hasardeuse. La déception est grande et l’ennui abyssal.

  3. Venise n’est pas en Italie – Ivan Calbérac
    Malgré l’interprétation toute en finesse de son jeune acteur, Venise n’est pas en Italie est une comédie basant son humour sur une cascade de clichés racistes et misogynes. Ce n’est malheureusement pas en s’entourant d’un beau casting que la pilule passe mieux : Bonneton et Poelvoorde sont au service d’un piètre scénario. Un film lambda pour une perte de temps optimale.
  4. Le jeune Ahmed – Jean-Pierre et Luc Dardenne

    Le choix des frères Dardenne de traiter la radicalisation dès le plus jeune âge d’un jeune homme déboussolé, est un exercice vain qui s’inscrit dans un traumatisme sociétal encore frais : les attentats en Europe et l’origine du recrutement de ses radicaux prêts à mourir. À coup de séjour à la ferme avec des gentilles vaches et de remontage de bretelles par la maîtresse, le film frôle le ridicule et passe à côté de son propos.

  5. John Wick 3 – Chad Stahelski

    Ce troisième volet se repose sur ses acquis en terme de public et décide de remâcher et recracher les atouts qui avait fait le succès du premier opus. Avec une grosse flemme scénaristique et beaucoup de cascades plus impressionnantes les unes que les autres, John Wick 3 se complaît dans un étalage de son gros budget et sort l’artillerie lourde pour nous en mettre pleins les mirettes. L’effet n’est pas escompté, les oreilles bourdonnent et les yeux pleurent.

  6. El Reino – Rodrigo Sorogoyen

    À force de nous matraquer à coup de musique, d’intrigues et de personnages, le film nous perd dans son dédale politique. Là où la tension d’un homme qui tente de sauver sa peau devrait nous tenir en haleine, le réalisateur réussit l’exploit de nous abrutir et de nous projeter dans le précipice de l’indifférence. On ne regarde pas El Reino, on y survit.

  7. Ma vie avec John F. Donovan – Xavier Dolan

    Dolan se plagie dans la réutilisation des codes qui avaient fait sa marque de fabrique : les morceaux pop, les envolées colériques ou joyeuses de ses personnages, les huis clos anxiogènes lors des règlements de compte familiaux. Les séquences s’enchaînent et se ressemblent toutes. Le film est difficilement regardable sans que l’on sombre dans l’envie irrépressible de rire de cette œuvre qui s’autosatisfait dans ses moindres coups de caméra. 


Marine Pallec

TOP 2019

Photogrammes x2(1)

  1. Parasite Bong Joon-ho

    Une Palme d’or (la première pour la Corée du sud !) grandement méritée au dernier Festival de Cannes. Dans un mix savamment dosé de comédie et de thriller, le réalisateur de The Host et Memories of Murder se révèle toujours aussi à l’aise dans le mélange des genres et livre une excellente satire sociale. En faisant preuve d’une réalisation impeccablement maîtrisée, le cinéaste offre au travers de sa critique acerbe et féroce de la lutte des classes un spectacle véritablement jouissif.

  2. Portrait de la jeune fille en feu – Céline Sciamma

    Véritable œuvre d’amour et de passion Portrait de la jeune fille en feu est sans aucun doute le plus beau film de Céline Sciamma à ce jour. Pourtant simple, son récit s’épanouit dans l’élégance de sa mise en scène et de ses dialogues. C’est avec une fougue et une délicatesse que l’on croyait réservées à des romans d’un autre temps que la réalisatrice nous emporte dans les sentiments de ses héroïnes. A la fois beau, bouleversant et doublé d’un magnifique casting, Le portrait embrasera à coup sûr bien des coeurs qui ne seront pas près de s’éteindre.

  3. Douleur et Gloire – Pedro Almodovar

    Cuvée cannoise toujours pour une sélection qui fut plutôt en forme cette année. Après quelques films ronflants et peu inspirés, le grand maître du cinéma espagnol fait enfin son retour sur le devant de la scène avec une œuvre à la frontière de la biographique. Nostalgique, Douleur et gloire mélange brillamment fiction et souvenirs tout en offrant à Antonio Banderas la partition d’un réalisateur blasé et en souffrance. Interprète fétiche – et donc double fictif d’Almodovar -, l’acteur trouve dans Douleur et gloire un des plus beaux rôles de sa carrière.

  4. Her Smell – Alex Ross Perry

    Peu de films collent à ce point à l’essence de leur protagoniste. Her Smell s’apparente ainsi à une curieuse et déstabilisante expérience sensorielle. Sous ses airs de petit film indépendant réalisé par l’un des représentants du mumblecore, ce long-métrage se révèle être une véritable immersion dans la psyché d’un esprit tourmenté et chaotique. De manière magistrale, Alex Ross Perry retranscrit à l’écran la cacophonie tragique qui se joue à l’intérieur de Becky Something (Elizabeth Moss, toujours très bien), légende rock abîmée par les excès et la parano. Un peu poisseux, parfois éprouvant mais aussi singulièrement touchant Her Smell demeure une des meilleures surprises de cette année.

  5. Chambre 212 – Christophe Honoré

    Le nouveau film de Christophe Honoré s’affranchit de la logique de l’espace et du temps pour offrir un récit poétique et un tantinet irrévérencieux sur les affres de l’amour vieillissant. Délivré avec élégance par un quatuor d’acteurs (+Carole Bouquet en bonus, ce qui n’est pas rien) très en forme, cette nouvelle cuvée du réalisateur est à déguster avec plaisir. 

  6. Midsommar – Ari Aster

    Après un premier film (Hérédité) à demi convaincant, Ari Aster propose une nouvelle plongée dans l’horreur, à contre-courant des codes du genre. Se déroulant dans l’environnement ensoleillé d’une communauté suédoise en apparence bienveillante et bien sous tous rapports, Midsommar est ainsi habité par un climat mystique. Jouant de cette aura envoûtante, le réalisateur distille peu à peu l’inquiétude pour mieux surprendre son audience et livrer quelques scènes pour le moins glaçantes. Un film d’horreur étonnant, à voir pour son ambiance et la performance de Florence Pugh, grande actrice en devenir.

  7. Doctor Sleep – Mike Flanagan

    Au cinéma, “suite” et “qualité” ne sont pas forcément synonymes, d’autant plus lorsqu’elles prétendent apporter une continuité à des chefs-d’œuvre. Avec Doctor Sleep, Mike Flanagan donne naissance à un hybride, une adaptation mais aussi une suite chimérique, double descendante du Shining de Kubrick et du roman éponyme, écrit par Stephen King. Néanmoins, le réalisateur ne se contente pas ici de réconcilier deux œuvres jadis jugées antinomiques. En effet, il livre un film fascinant, bourré d’ingéniosité et de suspense. Même si il contient assez de nostalgie pour ravir les fans, Doctor Sleep parvient ainsi à se faire un nom à part entière. C’est de loin le plus beau compliment qu’on pouvait lui faire.

FLOP 2019

  1. Liberté – Albert Serra
    Film historique ou ode à l’érotisme des libertins sous Louis XVI, le nouveau film du réalisateur catalan s’apparente surtout à un douloureux et indigeste exercice de masturbation intellectuelle. Pendant deux heures douze qui vous sembleront durer une éternité, Serra filme de mauvais acteurs jouer le sexe triste et crade dans un bois mal éclairé. Le résultat : une vacuité sans nom et un ennui absolument mortel comme on en aura rarement éprouvé au cinéma.
  2. Ma vie avec John F. Donovan – Xavier Dolan

    Grosse déception numéro une. Avec ce nouvel opus le petit génie du cinéma québécois accouche dans la douleur d’un film grandement malade. Amputé, moultes fois remonté et remanié, saccagé par la prod américaine le grand film ricain voulu par Dolan ressemble au final plus à un gros mélo agaçant, vaniteux et boursouflé. Calice, c’est loupé.

  3. Zombi Child – Bertrand Bonello

    Grosse déception numéro deux. En refusant de céder entre le conte vaudou et la chronique fantastique au sein d’un pensionnat de jeunes filles, le réalisateur de l’Apollonide se perd dans les méandres de sa trame schizophrène. Plus bancal que fascinant dans son échec, Zombi Child est avant tout un film d’une grande maladresse qui semble ne pas avoir grand-chose à dire et qui peinera à convaincre, ou à envoûter, le spectateur.

  4. Gemini Man – Ang Lee

    Présenté comme une prouesse technologique avec la promesse de voir Will Smith vieux affronter Will Smith jeune (ce qui…doit avoir son intérêt pour certains ?), Gemini Man est avant tout représentatif d’un fabuleux gâchis : celui du talent de Ang Lee. Doté d’une trame et de dialogues dignes d’une vieille bouse diffusée sur TMC un dimanche après-midi, Gemini Man fatigue et désespère pendant deux heures et quelques. Si le film met bien en avant deux/trois beaux décors made in Budapest c’est tout de même bien peu pour racheter le précieux temps perdu à visionner ce caca sous stéroïdes.

  5. Brightburn -David Yarovesky
    Basé sur un postulat a priori intéressant : «et si Superman était à l’origine destiné à devenir un super vilain ?», Brightburn sacrifie rapidement son profil s.f (et au passage toute trace d’intelligence) au profit d’un basculement dans l’horreur la plus idiote possible. Au programme : un festival incessant de jump scare et de séquences ultra gores qui rendront le film psychologiquement douloureux et franchement déplaisant à regarder si tenté qu’on y arrive. Pour masochistes en mal de sensations uniquement.
  6. Star Wars : The Rise of Skywalker J.J Abrams

    La déception est sans doute à la mesure de l’attente. Ultime volet d’une trilogie malmenée par le calendrier frénétique imposé par le grand manitou Disney et entachée par les visions contradictoires de ses deux principaux maîtres d’œuvres (JJ Abrams et Ryan Johnson), The Rise of Skywalker offre une conclusion hâtive et paresseuse à une des plus grandes sagas de tous les temps. Dans ce qui semble être une course effrénée contre la montre sans respirations ni subtilité, JJ Abrams joue la carte du fan service complet en recyclant à la va-vite et de manière poussive quelques éléments emblématiques du passé de la franchise. Un final sans saveur.

  7. Anna – Luc Besson

    Fait incroyable : après trente ans de carrière, Luc Besson ne sait décidément toujours pas écrire un scénario. Fait incroyable number two : malgré le fait qu’elles occupent 80% de ses personnages principaux, Luc Besson ne sait toujours pas ce qu’est un bon protagoniste féminin. En livrant une sorte de réactualisation bâclée de Nikita, le réalisateur accouche d’un sous-film d’espionnage mou du genou, vulgaire et alimenté par une réalisation et une trame paresseuses. Bien qu’il soit affublé d’un casting quatre étoiles (Helen Mirren, Luke Evans, Cillian Murphy) sans doute avide de payer ses impôts, cela ne sera sans doute pas suffisant pour sauver de l’oubli ce film purement médiocre.


Lucie Dachary

TOP 2019

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  1. Les Misérables – Ladj Ly

    À la fois brutal et solaire, tragique et drôle, Les Misérables réussit le pari de dresser le portrait d’une banlieue en crise sans tomber dans le manichéisme. Après une première partie en forme de journée initiatique au cœur de laquelle le personnage de Stéphane découvre le monde hostile de la BAC à Montfermeil, le soleil se couche. Inattendu, l’épilogue dans lequel la violence accumulée tout au long du film explose cloue le spectateur à son siège. Après la liesse des premières images, vient le feu d’une rage exacerbée par l’injustice d’une société régie par la surveillance. Rares sont les films qui m’ont tant ébranlée, par la justesse de leurs propos et la virtuosité de leur mise en scène.

  2. Ne croyez surtout pas que je hurle – Frank Beauvais

    L’un des films les plus originaux qui m’aient été donnés à voir ces dernières années. Ludique et intelligent, le long métrage de Frank Beauvais est un mystère qui ne cherche qu’à être percé à chaque plan. Le réalisateur a su transcender une période de mal-être en absorbant des millions d’images afin de faire advenir une nouvelle œuvre composite unique.

  3. La vie invisible d’Euridice Gusmao – Karim Haïnouz

    Un long-métrage déchirant, somptueux et audacieux. La vie invisible d’Euridice Gusmao propose au spectateur un voyage dans le temps, au fil de la vie divisée de deux être qui ne sont qu’un, deux sœurs liées par un profond amour. Malgré leur séparation dans cette société brésilienne patriarcale, elles seront unies toute leur existence, sans le savoir, par une relation épistolaire. L’interprétation des deux magnifiques actrices et la photographie léchée d’Hélène Louvart me laissent encore une petite larme à l’œil…

  4. 90’s – Jonah Hill
    90’s est une véritable madeleine, une ode à la jeunesse, au skate et à la transgression. Un premier long métrage intime rythmé par la géniale bande-son de Trent Reznor, Atticus Ross et des artistes rock, rap ou punk des années 90. Comment ne pas s’identifier à ce jeune personnage en plein passage à l’âge adulte?
  5. Asako I & II – Ryusuke Hamaguchi
    Véritable rêverie, Asako I & II propose une vision toute personnelle de la relation amoureuse, de la cristallisation et de la rupture. D’une grande liberté narrative et visuelle, le long métrage japonais flirte avec le fantastique. Une parenthèse de douceur et d’élégance.
  6. Le Traître – Marco Bellochio
    Cette fresque tirée d’une histoire vraie prend le point de vue, peu habituel, d’un « repenti » de la mafia sicilienne. Un film puissant, impeccablement interprété par Pierfrancesco Favino et rythmé par des scènes de procès inoubliables.
  7. Genèse – Philippe Lesage

    Le film canadien Genèse est un véritable coup de cœur, qui traite avec sensibilité de l’éclosion des passions. Philippe Lesage capte avec justesse la tendresse, le désir, les retrouvailles, la violence. Il se permet une structure en deux parties, dont la première est en apparence déconnectée de la deuxième. Ou peut-être tout simplement tend-elle vers l’universel, à relier chaque petite histoire à une grande histoire, celle des premiers émois amoureux. Car le cinéma n’est-il pas fait pour cela, au fond, raconter des histoires?

FLOP 2019 (par ordre alphabétique)

  1. Ça 2 – Andrès Muschietti
    N’ayant pas vu le film original des années 90, ni le Ça de Muschietti (2017), je ne pouvais placer d’attentes dans ce second volet. Mais ce qui est certain, c’est que je ne m’attendais pas à un long (très long) métrage aussi vain et grotesque.
  2. Celle que vous croyez – Safy Nebbou
    Puisque que l’on évoque des films grotesques, il serait dommage de ne pas mentionner ce premier long métrage de Safy Nebbou. Son scénario à embranchements et la sursignifiance de chaque plan ou situation rendent finalement ce film très pauvre. Pourquoi donc Juliette Binoche a-t-elle accepté ce rôle?
  3. Double vie – Olivier Assayas
    Juliette Binoche, nous y revenons. Elle n’a décidément pas accepté qu’un seul rôle peu convaincant cette année (je ne citerai pas le Claire Denis ni le Kore-Eda…). Film prétentieux et sentencieux, Double vie s’échine pendant deux heures à adopter divers points de vue sur le blog ou le e-book. Des discussions de salons et marivaudages bourgeois bien éloignés de la réalité qui m’ont inspiré peu de sentiments excepté l’ennui.
  4. Knives and skin – Jennifer Reeder
    Malgré une jolie promotion, Knives and skin ne s’avère être guère qu’un malheureux remâché des influences qui irriguent visiblement l’œuvre de la réalisatrice. Un peu de Twin Peaks, un peu de Gregg Araki, un peu de teen movie, et le tour est joué. Enfin, pas tout à fait, puisque les situations et les personnages, stylisés à outrance, frisent bien souvent le ridicule.
  5. Les Estivants – Valeria Bruni-Tedeschi
    Rares sont les films durant lesquels j’ai eu envie de sortir de la salle. Les Estivants en fait malheureusement partie. J’en ai le souvenir un peu flou de personnages nombrilistes et hystériques, dont les préoccupations n’étaient certainement pas les miennes.
  6. The dead don’t die – Jim Jarmusch
    Fan des premières œuvres du réalisateur, j’avais hâte de découvrir ce film qui s’annonçait original et drôle. Ce fut une immense déception. Un film paresseux, au comique de répétition qui devient vite lourd, au mélange des genres sans intérêt et au discours « méta » très amateur. Jarmusch sait filmer des sujets aussi simples que l’ennui, on attend ce retour à la simplicité d’un Down by law ou d’un Coffe and cigarettes, dans lesquels, sans zombie ni extraterrestres, la magie opérait.
  7. Yves – Benoît Forgeard

    Un film intriguant qui ne tient pas ses promesses. Lourdingue, pas drôle, Yves tourne en rond. À cela s’ajoute une représentation de la femme quelque peu douteuse.


J. Benoist

Parmi les films vus cette année, peu sortent du lot (Parasite, Martin Eden, Marriage Story) et il y eut malheureusement plus de déceptions que de claques. Alors on se dit qu’on est forcément passée à côté de quelque perle (Les Misérables de Ladj Ly, Une vie cachée de Terrence Malick, Sorry We Missed You de Ken Loach, Jeanne de Bruno Dumont, peut-être, encensés mais pas encore vus). Ou que, malgré les nombreuses entrées, 2019 ne sera, avec 2017, pas le meilleur millésime de la décennie. Espérons que 2020 soit une meilleure année.

TOP 2019

Photogrammes x2(3)

  1. Parasite (기생충) – Bong Joon-ho

    Mélange des genres, rythme parfait, comique de situation et originalité sont autant d’atouts du dernier film de Bong Joon-ho. Cette première palme d’or coréenne nous rappelle qu’il est possible d’allier maîtrise technique, esthétique, scénaristique, propos critique et cinéma grand public.

  2. Marriage Story – Noah Baumbach (Netflix)

    Une énième histoire de désamour qui marque par sa sincérité et rappelle les deux grands films Nos plus belles années (Sydney Pollack, 1973) et Voyage à deux (Stanley Donen, 1967). Les dialogues et situations sont à la fois spirituels et réalistes – déchirants dans leurs contradictions – et ne sont pas non plus sans évoquer Woody Allen. Le tout porté par les deux acteurs principaux, en particulier Adam Driver, bien plus convaincant – et émouvant – que dans The Dead don’t die (Jim Jarmusch) ou Star Wars : L’ascension de Skywalker (J.J. Abrams).

  3. Martin Eden – Pietro Marcello

    Un scénario imparfait mais une mise en scène (utilisation intelligente du montage et du point de vue subjectif, influence palpable du néoréalisme) et un acteur (Luca Marinelli) qui subliment ce film d’apprentissage mélancolique. L’histoire du naufrage — quasi autosabotage — d’un homme qui, dans sa quête pour devenir écrivain, navigue entre les classes et les gens et toujours passe à côté.

  4. Le chant du loup – Antonin Baudry

    Un film classique qui ne tombe pas dans les travers du film de guerre. Malgré quelques faiblesses (un personnage féminin et une romance superfétatoires), l’intrigue est aboutie et les scènes de combat haletantes, même quand on n’est pas amatrice du genre.

  5. Portrait de la jeune fille en feu – Céline Sciamma
    Le dernier film de Céline Sciamma n’est pas aussi enchanteur qu’on pouvait l’espérer, mais reste une des plus belles réussites de 2019. Étonnamment pour un film qui a obtenu le Prix du scénario au Festival de Cannes, le scénario et les dialogues sont un peu faibles. En plus de proposer un regard féminin sur un amour saphique, la condition et les amitiés féminines, c’est plutôt par la mise en scène et l’alchimie entre les deux actrices (Adèle Haenel et Noémie Merlant) que brille ce long-métrage. La beauté austère des images épouse celle du personnage joué par Adèle Haenel et vient rehausser les moments de chaleur et de grâce, telle la scène autour du feu de camp.
  6. Arctic – Joe Penna
    Le premier long-métrage du brésilien Joe Penna est un lent film de survie qui nous plonge au coeur de l’arctique. Les cadrages et la longueur des plans sont brillamment utilisés pour nous faire ressentir l’impuissance du pilote interprété par Mads Mikkelsen, perdu au milieu de l’immensité blanche. Avec subtilité, parfois à contre-courant d’autres films d’aventure, Arctic propose une variation sur des thèmes et des situations chers au genre : la résilience, la lutte de l’homme face à la nature (ici, vaine), la solidarité.
  7. Le Mans 66 (Ford v. Ferrari) – James Mangold
    Très classique, Le Mans 66 est un pur film hollywoodien, entre le film historique et le biopic, porté par deux vedettes, Christian Bale et Matt Damon. Malgré quelques longueurs et un pathos parfois trop appuyé, on se laisse aisément happer par ce récit où s’entremêlent et s’entrechoquent des intérêts parfois divergents : la passion, la compétition, le marketing et l’économie. Les scènes de courses n’y sont pas pour rien : un régal à elles seules, même quand on n’est pas fana d’automobiles, elles éclipsent le reste du film à chaque occurrence.

FLOP 2019

  1. Comme des bêtes 2 (Pets 2) – Chris Renaud
    Suite d’un premier opus passable, Comme des bêtes 2 fait partie de ces films qu’on commence à oublier dès le générique (et c’est mieux comme ça). L’animation, en images de synthèse, ne peut sauver cette suite qui n’a rien à dire. Si l’arc narratif de Max, chien des villes un peu trop anxieux qui apprend le “lâcher-prise” auprès d’un chien de berger, n’est pas dénué d’intérêt, il ne suffit pas à ce film de 86 minutes, que viennent combler une histoire et des personnages grotesques.
  2. Her Smell – Alex Ross Perry
    Une torture. Certes, le personnage principal fait vivre un enfer à son entourage et le film a le mérite de nous le faire vivre avec eux. Mais les scènes interminables et répétitives, rythmées seulement par les cris incessants d’une star en déchéance, auront vite fait de vous faire quitter la salle ou éteindre votre écran.
  3. Ad Astra – James Gray
    Ad Astra semble se vouloir à la fois film de genre et réflexion philosophique. C’est possible mais, ici, c’est raté. Le dernier film de James Gray souffre avant tout d’un scénario sans consistance : les rebondissements sans queue ni tête rendent le propos confus et ennuyeux à la fois, la voix off est surexploitée et la conclusion bancale. Quant à la réalisation, les scènes d’action sont maîtrisées, mais est-ce suffisant pour un film aussi ambitieux ?
  4. Ma – Tate Taylor
  5. Midsommar – Ari Aster
    Ma et Midsommar souffrent du même mal. Un propos et une fascination pour une personne ou un groupe de personnes bien trop ambigus pour ne pas créer le malaise. Cependant, la mise en scène de Ari Aster est bien plus intéressante et mémorable que celle de Tate Taylor.
  6. Être vivant et le savoir – Alain Cavalier

    Être vivant et le savoir est un film tellement sincère et personnel qu’on n’a pas envie de le critiquer. Là repose le problème : le documentaire d’Alain Cavalier est bien trop personnel. Si le sujet est touchant, les images choisies — bien plus que leur format — appartiennent davantage au film de famille qu’au film de cinéma, ce qui laisse peu de place au spectateur.

  7. Grâce à Dieu – François Ozon

    Le choix du sujet — l’affaire Preynat, scandale d’abus sexuels sur mineurs au sein de l’Église — est louable. Melvil Poupaud est décidément un acteur qu’on aimerait voir plus souvent. Cela s’arrête là. En collant trop fidèlement aux recherches documentaires qui ont visiblement précédé, François Ozon nous livre un film bavard qui nous laisse indifférent.e.s.


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Publié par Phantasmagory

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