Retour sur la 3e édition du Festival Allers-Retours – Cinéma d’auteur chinois

Du 24 janvier au 4 février 2020 se tient la 3e édition du Festival Allers-Retours – Cinéma d’Auteur Chinois au Musée national des arts asiatiques – Guimet et au Studio des Ursulines.


Impressions

Le projet du Festival d’amener en France des films inconnus ou peu visibles (pour le moment seul Balloon possède une date de sortie en salles) est admirable et nous espérons que cela permettra aux films de trouver leur chemin vers leur public. Il montre la diversité et la force du cinéma chinois avec des films tout bonnement exceptionnels. Après ces quelques jours en salle, nous n’avons eu aucune déception face aux longs métrages découverts et ceux que nous n’avons pu voir promettaient également d’être à la hauteur.
Nous n’aurons pu voir que quatre films au Studio des Ursulines, parmi les onze films sélectionnés. Nous aurions évidemment aimé découvrir le nouveau lieu au Musée Guimet (qui offre un gain non négligeable de 280 places), d’autant plus que pour cette édition, une table ronde y était organisée « Certaines tendances du cinéma chinois » avec des historiens et critiques ainsi qu’une réalisatrice.
Comme toujours, une bonne ambiance règne au Studio des Ursulines qui a installé pour l’occasion un petit stand où il est possible d’acheter affiche (magnifique cette année), cartes postales, DVD et livres afin de prolonger les découvertes faites en salle chez soi. Les échanges avec les réalisatrices et réalisateurs après la projection (via Skype ou en personne) sont toujours passionnants et permettent des éclairages nouveaux sur les films. Les spectateur.trice.s sont ravi.e.s et se prêtent au jeu, jusque dans le hall où ils interrogent l’équipe, toujours heureuse de répondre.
Si certaines séances ont souffert de l’actualité (coronavirus), d’autres ont été complètes plusieurs jours en amont, notamment celles de Saturday Fiction de Lou Ye (que nous n’avons pas eu la chance de découvrir). Le film, interdit en Chine (comme beaucoup des précédents longs-métrages du cinéaste) a fait salle comble à chaque fois.
Le Festival Allers-Retour connaît un développement impressionnant en seulement trois éditions. Nous souhaitons une belle vie à ce festival et un grand bravo à sa petite équipe de choc ! Nous avons hâte de découvrir la prochaine édition qui, nous en sommes sûres, amènera son lot de bonnes surprises.

Édito de l’équipe du festival

Le Festival Allers-Retours est né du besoin de faire connaître en France les réalisateurs et les films qui font le cinéma d’auteur aujourd’hui en Chine.
Si ses représentants les mieux établis trouvent ponctuellement leur chemin vers nos écrans, il nous paraissait nécessaire d’organiser un événement dédié à la promotion de ce cinéma auprès d’un public plus large. Le Festival Allers-Retours se positionne ainsi comme un vecteur de découverte du cinéma d’auteur chinois en France.
Nous souhaitons modifier l’image que se fait encore une large partie du public d’un cinéma hermétique, difficile et élitiste. Le but même de notre festival est de le faire découvrir au plus grand nombre en montrant sa grande diversité de genres et de sujets. Nous voulons ouvrir une fenêtre sur ce cinéma pour le public français, susciter des questions plutôt que de conforter chacun dans sa vision des choses, et amener un échange.
Au-delà des films, nous voulons également mettre en avant les auteurs et leurs expériences autour des projections, dont des échanges avec les auteurs par vidéo, sont autant d’occasions de remettre les films et leur signification en perspective pour le public français.
Pour la première fois cette année, nous organisons également une table ronde avec des auteurs, professionnels et critiques autour des tendances qui se dégagent actuellement dans le cinéma chinois.


Balloon 气球 དབུགས་ལྒང་ (Pema Tseden 万玛才旦 པད་མ་ཚེ་བརྟན།, 2019)
Sélectionné dans la section Orizzonti du Festival International du Film de Venise.
Première Française.

Dans un petit village tibétain, deux jeunes frères font une drôle de découverte sous l’oreiller de leurs parents. Un ballon de baudruche ! Que fait-il donc là ? Pourquoi donc leurs aînés gardent-ils ce jouet caché ? Cet étrange objet va quelque peu bouleverser le quotidien de cette famille de bergers.

Ce film tibétain montre la diversité du cinéma chinois et sa sélection au Festival Allers-Retours nous fait particulièrement plaisir (le festival en avait également sélectionné un l’année dernière : Ala Changso 阿拉姜色). Nous l’avions découvert à la Mostra de Venise en septembre dernier et il nous avait laissé un doux souvenir, celui d’un film abouti sur une problématique forte et actuelle.
Balloon traite comme son nom l’indique d’un ballon. Mais pas n’importe lequel… Un préservatif offert par la doctoresse de l’hôpital à la mère d’une famille de bergers. Balloon se déroule à la campagne au croisement entre société moderne et poids des traditions. Les femmes ont une place difficile, car elles sont prises en étau dans ce monde qui ne leur laisse pas beaucoup de choix. À elles, la responsabilité du ménage, de la cuisine, mais aussi de la contraception, parce que c’est elles qui doivent ensuite élever les enfants et les hommes, à l’image des béliers, ne contrôlent pas leur désir. Évidemment, ce contrôle sur la natalité est source de honte au sein du village et doit rester secret alors même qu’il apporte une amélioration de leur vie. Le constat sur la situation des femmes est triste : peu de possibilités pour elles, il faut choisir entre être religieuse ou mère de famille.
Ce film brosse un beau et tendre portrait de famille, animé d’un humour subtil. Chaque personnage est bien développé et nous devenons rapidement attaché à chacun d’entre eux : le grand-père fruit d’un temps révolu, le père peu loquace, les deux garnements de fils, le grand frère studieux, espoir de la famille, la sœur nonne au passé mystérieux — dont nous aurions aimé en savoir un peu plus — et la mère de famille, personnage central et complexe. En peu de mots, le réalisateur et écrivain, Pema Tseden, nous en fait comprendre beaucoup. De plus, la mise en scène, vraiment très belle, avec sa photographie à la lumière blanchâtre, semble poser un filtre sur ces vies et son goût pour la rupture de plans (il aime ajouter un objet qui vient obstruer l’image et ainsi nous cacher un élément de l’histoire, ou bien séparer deux personnages pour insister sur la distance qui existe entre eux) — cela ferait-il écho à la philosophie tibétaine ? Le film sera à découvrir sur les écrans français le 1er juillet. 

Mosaic Portrait 马赛克少女 (ZHAI Yixiang 翟义祥, 2019)
Prix du meilleur film au Festival International du film de Marrakech.
Prix “best artistic originality” au Festival international du film FIRST à Pékin.
Première française.

Ying est une jeune fille taciturne de 14 ans. Son père rentre à la maison lorsqu’il découvre qu’elle est enceinte. Un jour, elle accuse de viol un de ses professeurs. C’est une machine qui se met alors en branle à laquelle elle semble totalement indifférente. 

Lentement, le jeune cinéaste chinois, ZHAI Yixiang, installe les différents protagonistes de son récit. Il y a Ying, qui semble passer sans que personne ne s’intéresse jamais vraiment à elle, juste à son ventre, de plus en plus gros et puis qui disparaît subitement. Son père souhaite faire justice, mais est-ce réellement pour sa fille ? Ou simplement pour l’honneur de sa famille ? Sa mère, qui ne sort jamais de sa maison, sa prison, essaye de régner en maîtresse impitoyable (mais son pouvoir est bien faible face à sa fille rebelle et son mari qui l’ignore). Et puis il y a le journaliste qui erre dans cette petite ville pour avoir des réponses, mais n’en obtient aucune. Plus que le bruit médiatique d’une telle affaire, le film montre le silence qui entoure Ying. Elle est seule et, quand bien même les gens l’interrogent, ils ne sont pas vraiment là pour elle, mais pour le mal qui lui a été fait. Son ventre, monstruosité, n’est d’ailleurs filmé que tardivement. Pendant un long moment, ZHAI Yixiang cache le ventre de son héroïne. Les plans sont cadrés au niveau de sa poitrine, c’est son visage que nous essayons de décrypter et qui reste impassible et vide. C’est son dos que nous offre la caméra. Pourtant, son ventre est au cœur de toutes les discussions. La police, l’école, les parents, le journaliste, tous en parlent. Tous essayent de décortiquer ce qui s’est passé. Mais jamais le cinéaste ne souhaite réellement aborder de front le problème que la société a avec le viol, il veut parler de la victime et de la manière dont son récit est accepté et traité. D’ailleurs, nous n’aurons jamais vraiment le fin mot de l’histoire. Ce ventre invisible, puis trop visible, est une preuve accablante. Mais Ying ne se définit jamais par son ventre. Si les autres le font, elle le refuse. Les marques que lui laissent la grossesse sont ses scarifications, sa souffrance (elle se retrouve dans un centre après la naissance de l’enfant, qui n’est pas montré à l’écran ni mentionné, et partage sa chambre avec une fille qui se taillade les bras). Le seul instant où elle joue, observe, touche son ventre, est quand elle regarde son reflet dans l’eau. La caméra capte cette image floue d’une rare beauté. L’eau offre à la jeune fille un portrait doux et irréel de sa vie.
L’esthétique de Mosaic Portrait est très forte et pleine de significations. C’est par elle que passent la plupart des explications que les mots ne peuvent pas offrir. Ying ne voit plus très bien depuis « l’accident ». Ainsi, les flous sont la représentation que Ying se fait du monde qui l’entoure. Cette mise en scène, magnifique, est au service de son récit. Pour son deuxième film, le réalisateur fait preuve d’une grande maturité et d’une réflexion intéressante sur l’état de son pays, sans pour autant délaisser des partis pris de mise en scène fort (à l’inverse d’autres productions souvent pauvres sous couvert du principe inviolable du réalisme). Une petite merveille qui, nous espérons, aura le droit à une sortie sur les écrans français.

Spring Tide 春潮 (YANG Lina 杨荔钠, 2019) – Séance de clôture au Studio des Ursulines
Sélectionné au Festival International du Film de Shanghai.
Première française.

Journaliste engagée, Jianbo, vit sous le même toit que sa mère et sa fille, mais la cohabitation n’est pas tous les jours facile. Appartenir à la même famille n’est pas forcément synonyme d’entente. Plongée au cœur d’un trio aux relations complexes.

S’intéresser à ses voisins (Old Men 老头, 1999, My Neighbors and their japanese ghosts 我的邻居说鬼子, 2008), à sa famille (Home Video 家庭录像带, 2001), à des couples de danseurs retraités (Let’s dance together 一起跳舞, 2007, The Love of Mr. An 老安, 2008) et à des orphelins (Wild Grass 野草, 2009), la réalisatrice YANG Lina a, dès ses débuts en tant que réalisatrice, eu une approche sociale de son terrain. Venue du documentaire, elle s’intéresse à la fiction en 2013 avec Longing for the rain, un premier travail sur les femmes dont découlera Spring Tide (春潮, 2019).
Programmé en clôture du festival Allers-retours, ce choix s’imposait. L’expérience de ce film aura été particulièrement marquante. Plongeant dans l’intimité de trois femmes d’une même famille à différents âges de la vie (la grand-mère, la mère et la fille), il décrit, scrute, dissèque leur relation avec brio pour dépeindre un très intrigant portrait de famille. L’intérêt du spectateur pour ces trois figures si différentes, et pourtant tellement liées, est direct. Au cœur de ce trio, un lien unique : la relation à la mère. La première, intarissable de paroles (et de reproches), est frustrée d’avoir sacrifiée sa vie à sa fille et sa petite-fille (ingrates à ses yeux) leur fait subir son courroux, la seconde, quasi-mutique, tente d’allier vie professionnelle et personnelle tout en souffrant de la prise en otage de son enfant, et la dernière, bavarde, vivace et effrontée, est le véritable rayon de soleil de ce trio. Nous nous attachons à elles, fascinées par leurs décalages et leurs motivations, même lorsqu’elle nous n’en comprenons que des bribes. D’autant plus que le talent de ces incroyables actrices (HAO Lei, JIN Elaine, QU Junxi), filmées de près, ne peut que nous toucher. La maternité est le ciment de ce trio, mais aussi son point de rupture. Quelle qu’en soit l’expérience, elle marque la personnalité de chacune en positif ou en négatif. C’est également un message de souffrance qui émane de ce constat : trois femmes subissant des destins non choisis. Et c’est aussi du fait des hommes, pourtant bien éloignés de cette bulle, que ce trio en est là. L’absence du père suppure de leur relation : haï par la grand-mère, idéalisé par la mère, inconnu pour la petite-fille. Et les autres hommes qui approchent de leur cocon semblent seulement passer : amant d’un jour, fantasme du suivant, bon parti potentiel pour les vieux jours. Malgré les dissensions et rapprochements successifs, étonnamment, la constante, dans toute cette tension, c’est bien la cellule familiale féminine malgré son déséquilibre.
À travers l’observation de ce trio, nous en apprenons beaucoup sur le choc entre ancien et moderne subi par la société. La grand-mère vénère la Chine maoïste par le chant et le bouddhisme par la prière alors que la mère, journaliste engagée dénonce les dérives de la Chine contemporaine. L’une prône le bien-fondé du mariage (qu’elle a pourtant tellement mal vécu) tandis que l’autre avait envisagé l’avortement. Le rapport constant à l’argent, par son manque, est aussi très marqué. Ce portrait nous ouvre ainsi les yeux sur certaines réalités qui nous semblent presque documentaires.
YANG Lina n’oublie pas l’humour pour épicer ce filmage appliqué des relations. Régulièrement, la salle rit aux éclats, notamment du fait des drôles de confrontations entre la petite-fille et la grand-mère qui ont chacune un sacré répondant. De même, les scènes de chants patriotiques avec le groupe de retraités dans un espace minuscule, représentatif de l’étouffement ces trois femmes, font sourire. Le monologue final de la mère est particulièrement touchant et cette libération de la parole fait du bien. Malheureusement, c’est aussi sûrement à ce moment-là que le film aurait dû prendre fin. S’ensuit une séquence assez longue et confuse, elle aussi évoquant la délivrance et le lien maternel, qui nous perd dans des interprétations compliquées brisant le rythme de la ballade. Plusieurs spectateurs sont ainsi sortis perplexes. Il n’empêche que cela donne à réfléchir ! L’onirisme n’était peut-être pas nécessaire pour conclure cette belle plongée au cœur d’une microsociété féminine. 

The Land of Peach Blossoms 世外桃源 (ZHOU Mingyin 周铭影, 2019)
Prix du meilleur documentaire au Festival international du film FIRST à Pékin.
Première française.

À Chongqing, le restaurant « La Source aux Pêchers » est unique car il offre tous les jours des plats à base de fleurs servis par des danseurs et artistes qui réalisent des performances.

Alors qu’il devait réaliser un spot publicitaire pour le restaurant, ZHOU Mingying découvre une microsociété au sein même de l’établissement. Il décide, avec l’autorisation de l’équipe, de faire un surprenant documentaire. Le patron a créé autour de lui un véritable culte et endoctriné, à la manière d’un petit Mao, les employés qui travaillent des heures astronomiques (ils dorment sur place) contre un salaire misérable (qui n’arrive pas toujours). La philosophie abstraite de cet homme est la base de toutes dictatures. L’influence qu’il a sur les jeunes hommes à son service est impressionnante et paraît, pour nos spectateurs, presque impossible à croire. Quelques rires ont résonné dans la salle, sûrement d’incompréhension. Cette autocratie repose sur l’aveuglement des troupes par le patron qui règne d’une main de fer, épuise ses équipes et leur donne des cours sur comment réussir sa vie (la meilleure solution restant bien évidemment de l’écouter et de boire ses paroles). En captant les coulisses de ce restaurant, le cinéaste montre avec intelligence la construction d’une dépendance et d’un microcosme gouverné par un seul être. Malgré des longueurs (la première partie du discours autour de la vénération et l’emprise de cet homme est un peu redondante), le récit reste fluide. Il réussit à montrer la pression sociale qui repose sur ces jeunes hommes (la parole n’est malheureusement pas donnée aux femmes, qui sont tout de même un peu filmées, ce qui aurait également été un point de vue intéressant). En véritable critique de la société chinoise, The Land of Peach Blossoms se termine sur le regard de ces jeunes gens quelques années après. Leur retour d’expérience est à la fois instructif et prouve que leur situation personnelle n’a que peu évolué. La plupart seraient prêts à replonger dans les bras de cet homme pour le remercier des années passées à ses côtés.

Manon Koken et Marine Moutot

Évidemment, nous vous avons concocté une petite liste de rattrapage de films chinois proposés dans cette édition qui avaient l’air tout aussi magnifiques : Saturday Fiction (兰心大剧院) de LOU Ye 娄烨, Fish Park (鱼乐园) de CHAI Xiaoyu 柴小雨, Present.Perfect. (完美现在时) de ZHU Shengze 朱声仄, A dog barking at the Moon (再见,南屏晚钟) de XIANG Zi 相梓, A first farewell (第一次的离别) de WANG Lina 王丽娜, Together Apart (三尺), de QU Youjia 瞿尤嘉.

Et pour d’autres suggestions de films d’auteur chinois, le Festival vous a laissé des critiques des éditions précédentes, par ici.

Vous pouvez retrouver Allers-Retours sur Facebook, Instagram et Twitter.

À l’année prochaine !


Balloon (气球 དབུགས་ལྒང་)
Réalisé par Pema Tseden (万玛才旦 པད་མ་ཚེ་བརྟན།)
Avec Jinpa, Yangshik Tso, Sonam Wangmo
Drame, Tibet, 1h42
1 juillet 2020

Mosaic Portrait (马赛克少女)
Réalisé par ZHAI Yixiang 翟义祥
Fiction, Chine, 1h48
Date de sortie inconnue

Spring Tide (春潮)
Réalisé par YANG Lina 杨荔钠
Fiction, Chine, 2h04
Date de sortie inconnue

The Land of Peach Blossoms (世外桃源)
Réalisé par ZHOU Mingying 周铭影
Documentaire, Chine, 1h39
Date de sortie inconnue

Publié par Phantasmagory

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2 commentaires sur « Retour sur la 3e édition du Festival Allers-Retours – Cinéma d’auteur chinois »

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