[CRITIQUE] Guns Akimbo

Miles, un développeur de jeux-vidéos un peu looser, se retrouve malgré lui enrôlé dans Skyzm, un jeu sanguinaire où les participants doivent pourchasser et tuer leurs adversaires. 

Le monde va mal. Voilà déjà quelques semaines que les salles de cinéma sont fermées et depuis le début du confinement ton quotidien se résume à une boucle temporelle faite de télétravail et de sempiternels allers-retours entre ton lit et ton frigo. Un mercredi soir, en manque de septième art, tu te résous à faire les fonds de tiroir. L’œil hagard, la main gauche dans le paquet de chips, tu scrolles de la droite les différents catalogues des services de Svod.

L’abysse

Parmi les nouveautés du moment un choix draconien s’impose : La plateforme ou Guns Akimbo ; un drame anxiogène sur les dérives du capitalisme tartiné de dépression et de cannibalisme ou un film d’action crétin avec Harry Potter en slibard crado et des guns cloués aux mains. Tu hésites : entre la croix et la bannière, que choisir ? Une goutte de sueur perle sur ton front. Bien sûr, tu pourrais aussi faire un choix plus honorable et entreprendre de mater pour la quarante-quatrième fois cette interminable fresque mafieuse pondue il y a quelques mois par Scorsese. Mais au fond de toi, tu sais la vérité. Tu sais que, comme ta résolution de racler ces petites miettes coincées dans ton grille-pain depuis novembre 2017, celle-ci a peu de chance de tenir. Et puis tes derniers neurones ont déserté le navire avec ton mail de reporting quotidien, te faisant abandonner du même coup toute prétention intellectuelle. Vaincue, tu acceptes ton sort et optes pour le sorcier en calbute. Après tout nous sommes en guerre, merde.

Dès le départ il t’apparaît comme une évidence que Guns Akimbo est fait du même bois qu’une franchise comme Fast and Furious :  un bois super lourd, plein de trous mais qui flotte pourtant à l’aise sur le fleuve de la stupidité décomplexée. Tes doutes se confirment au fil du visionnage. Le scénario – allègrement pompé sur Nerve (2016), film déjà pas bien jojo – n’a pas grand-chose pour lui et les personnages non plus. Ici, dans un univers mal situé  entre le futur  proche et la totale apocalypse cyberpunk,  on se tape sur la gueule  avec le plus de fracas possible. Au milieu de ce bain d’hémoglobine et d’une multitude de gags sur la pertinence de dégommer ses ennemis en leur tirant dans le chibre, Daniel Radcliffe – qui, après son rôle de cadavre pétomane dans Swiss Army Man (2016), persiste à choisir ses rôles pour leur potentiel au kamoulox – s’amuse comme un petit fou. Ce qui est embêtant c’est qu’on ne peut pas en dire autant.

Style over substance

Une chose que l’on ne peut pas reprocher à Fast and Furious c’est que ça a beau être bourrin, au moins on ne se fait pas chier. Quand Vin Diesel prend le volant d’une KA tunée à mort et se fait courser à toute allure par un sous-marin en plein désert, le spectateur prend généralement un certain plaisir coupable à s’imaginer à sa place. Par comparaison, mater Guns Akimbo équivaut à regarder ton petit cousin s’exciter sur un jeu de shoot’em up. On est quand même sur un potentiel de fun très limité.

Plus la bouillie progresse plus tu te dis que ce film est quand même totalement débile et qu’il ne fait strictement rien des conventions de son univers mal branlé puisqu’on y trouve aucune réflexion sur l’exploitation de la violence à des fins mercantiles et de voyeurisme mal placé. Par ailleurs, on ne peut pas dire non plus que Jason Lei Howden fasse preuve d’un grand sens de la mise en scène, quoique sa caméra sur-énervée aurait sans doute fait fureur sur un épisode de Jason Bourne. Enchainant les scènes mal éclairées, le parti pris artistique du film semble se résumer à un constant défilement de hits pop/rock. Pourtant, si un navet comme Suicide Squad a bien inscrit quelque chose dans la conscience collective c’est que l’on sait tous que cacher la misère sous une bonne B.O n’évitera jamais à un gros bousin de puer la merde.

Bref, voilà. Le film est terminé, quelqu’un s’est fait trancher des doigts mais tu sais plus qui et tu t’en fiche, d’ailleurs tu t’ennuies toujours autant ; pire, ce mélange de violence gratuite et poisseuse t’a laissé éreintée. Et dire que dans un monde meilleur, celui où tu te serais payé une Switch, tu aurais pu dédier ta soirée à planter des marguerites et à collectionner des fossiles dans Animal Crossing…la vie est vraiment mal faite.

Marine Pallec

Guns Akimbo
Réalisé par Jason Lei Howden
Avec Daniel Radcliffe, Samara Weaving, Ned Dennehy
Action, Etats-Unis,  1h35
28 février 2020
Prime Video (Amazon)

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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