Nour a un fort caractère et 20 kilos en trop. Suite à une déception amoureuse elle décide sur un coup de tête de s’essayer à la pôle dance.
Un mois de confinement : entre l’incendie à Tchernobyl, le virus et les ados de ton voisin qui beuglent chaque soir d’abominables reprises de Queen jusqu’à des heures impies, c’est la débâcle. Pour te changer les idées tu as tout donné : finir tous tes sudokus, améliorer tes skills en mandalas ou encore regarder avec un œil empreint de dégoût et de fascination tous les épisodes de Tiger King. Une lumière apparaît néanmoins au milieu de ce marasme. Ainsi, et alors que nos cinémas sont actuellement fermés, certains films initialement prévus en salle bénéficient quand même d’une sortie via les plateformes de SvoD. Et le film de la semaine est un produit bien de chez nous : il s’agit de Forte.
Voilà un film qui au premier regard respire ce que Lorie aurait appelé la “positive attitude” : une petite comédie populaire et feel good avec l’acceptation de soi en fil rouge, que cela passe par ses formes ou, pour certains de ses protagonistes, par son identité sexuelle. Bref, rien de bien révolutionnaire me direz-vous. Et pourtant sur le papier on était plutôt tenté d’apprécier le film de but en blanc, déjà à cause de son chouette casting (Melha Bedia, Alison Wheeler…) mais aussi parce que des films français qui mettent en scènes des protagonistes musulmans sans qu’il y ait un bail en rapport avec le terrorisme ou Christian Clavier au casting ça ne court pas les rues. Pis zut, vu le climat ambiant on ne va quand même pas s’asseoir sur ce qui pourrait nous faire marrer !
Sauf que c’est là que le bas blesse et c’est bien dommage. En effet, si Forte aborde des pistes intéressantes, le film ne va jamais au bout de son ambition et donne l’impression d’un vieux brouillon qui, en plus d’être calqué sur un schéma ultra classique et donc archi prévisible, est aussi très mal peaufiné. Si la réalisation de Katia Lewcovicz n’a rien à se reprocher, le scénario souffre quant à lui de nombreux problèmes de rythme avec une trame principale mal exploitée et des personnages secondaires aux intrigues vite expédiées. Ainsi, seule la trop rare Valérie Lemercier arrive à transcender le peu qu’on lui donne dans son rôle de la coach de pole dance au passé douteux.
Et d’ailleurs parlons-en de la pole dance. Pourtant décor principal, la fameuse discipline ne tient au final qu’une place minime. Elle est reléguée à un prétexte pour remplir les trous de l’intrigue, ce qui a pour effet de donner à la prestation finale un goût assez décevant. De son côté, l’humour peine lui aussi à faire mouche en utilisant souvent des poncifs datés sur la virilité et la féminité quand il n’est pas tout simplement totalement à côté de la plaque. Comment peut-on ainsi encore penser qu’utiliser la phrase “avec ça tous les hommes auront envie de te violer” c’est faire de l’humour ?
Le pire c’est que Forte n’utilise pas ce type de “blague” dans un objectif de grivoiserie mal placée mais plus par une certaine fainéantise qui se retrouve généralisée tout au long du film. Le tout cumulé on se dit que quand même, utiliser par-ci telle facilité d’écriture ou par-là telle blague douteuse parce qu’on n’a pas su penser à mieux alors qu’on est censé faire une comédie c’est quand même un peu navrant. Ce triste constat est d’autant plus dommage que Forte respire le film de potes (une hypothèse confirmée par un cameo assez inattendu, seule vraie surprise du film) et qu’on ne peut douter qu’il ait été fait par des gens plein de bonne volonté qui se sont sans doute défoncés pour le mener à bien. Toutefois, leur détermination aurait sans doute été mieux récompensée en mettant la barre un peu plus haut.
Marine Pallec
Forte
Réalisé par Katia Lewkowicz
Avec Melha Bedia, Alison Wheeler, Valérie Lemercier
Comédie, France, 1h35
15 avril 2020
Prime Video (Amazon)
Loved reading this thank yoou
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