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Tyler Rake est un mercenaire égaré dans l’attente de la mission qui sonnera la fin de son existence. Alors qu’un puissant mafieux incarcéré fait appel à ses services pour retrouver Ovi son fils kidnappé, Rake relève le challenge et se retrouve dans une situation plus délicate que prévue.
Vendredi dernier, Netflix dévoilait son dernier né bien membré (65 millions $ de budget), Extraction, Tyler Rake en français. Entièrement porté sur les épaules de sa star, Chris Hemsworth, le film est une plongée dans les abîmes de la pègre bangladaise. Dans sa mission impossible, le héros sans peur côtoie la corruption, des narcotrafiquants, des enfants soldats, une galerie d’archétypes survolés qui auraient gagnés en psychologie. On le comprend très vite, ce ne sera pas le point d’orgue de l’expérience proposée par Sam Hargrave.
Tyler Rake présente tous les symptômes de la série B anecdotique. L’homme blanc salvateur est la clé de cette situation. À travers ce rôle, Hemsworth se construit une image semblable à celle de Bruce Willis dans les années 80 ou plus récemment Matt Damon : le mâle alpha portant un marcel (le t-shirt fonctionne également), en sang et en sueur qui saura toujours résoudre les situations les plus inextricables. La question ne devient plus s’il va s’en sortir, mais bien comment. Ce parti pris du film d’action est indémodable mais tombe désormais dans le registre du guilty pleasure. Il est louable de s’appuyer sur des recettes qui ont prouvé leur efficacité, mais un semblant d’innovation n’a jamais fait de mal. De ce côté, Tyler Rake est le roi de la fainéantise. Parmi les autres symptômes, on retrouve l’exotisme du décor, nécessaire à la réussite de la mission. L’homme blanc est projeté dans une ville du tiers monde, Dacca la labyrinthique, Dacca la crasseuse. La présentation de l’Autre se fait à travers le gang qui a kidnappé l’adolescent. Une communauté vile, qui emploie des enfants pour faire son sale travail et possède la police locale. Le caïd Amir Asaf table sur la quantité de ses sujets pour réussir, quand l’équipe des mercenaires opte pour la qualité. Un homme bien formé en vaut 1 000 amateurs selon les calculs des scénaristes. L’étranger est forcément inférieur dans sa stratégie et sa force. Se dévoile la culture d’un racisme assumé. L’ennemi tombe comme des mouches, et la suprématie blanche survit dans un corps criblé de balles. L’unique étranger recevant quelques crédits est le fils kidnappé. D’abord méfiant vis-à-vis du mercenaire, il saura lui accorder sa confiance en réalisant qu’il incarne le bien. C’est un jeune érudit, musicien dans l’âme qui semble se destiner à un avenir plus honnête que celui de son père.
En soutien, Tyler pourra compter sur sa binôme de longue date Nik. Sous les traits d’une Golshifteh Farahani à contre emploi (on vous parle des ses rôles précédents ici). La seule femme de l’intrigue apparaît toujours resplendissante, tirée à quatre épingles en plein combat. On déplorera ses apparitions trop furtives en vue de resserrer l’intrigue sur les gros bras de son partenaire.
Tel un Jack Bauer, Tyler Rake dispose de très peu de temps pour exfiltrer le jeune Ovi. L’action tourne autour d’une hystérie, d’une frénésie. Les voitures volent, les bus explosent, les amateurs de destruction en auront pour leur compte. Les cascades réalisées par l’acteur lui-même sont habilement captées, notamment dans une course poursuite en plan-séquence bien dirigée. Sam Hargrave était coordinateur des cascades sur le dernier Avengers, on ressent naturellement sa valorisation de telles séquences à travers notre visionnage. La mise en scène rappelle fortement certains jeux vidéos d’action : attaques furtives de l’ennemi caché derrière une porte ou une voiture, point de vue interne, tuer le plus de méchant à la minute. Malheureusement il ne suffit pas de coups bien lancés pour tenir un propos de près de 2h. Si l’action en elle-même reste maîtrisée, le fond demeure amer. Tyler Rake est un coup de froid dans la carrière de Chris Hemsworth
Clémence Letort-Lipszyc
Tyler Rake
Réalisé par Sam Hargrave
Avec Chris Hemsworth, Golshifteh Farahani, Randeep Hooda
Action, Thriller, États-Unis, 1h56
24 avril 2020
Netflix
Disponible sur Netflix
Un avis sur « [CRITIQUE] Tyler Rake »