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Découvert adolescent en 2009 dans Les Beaux Gosses de Riad Sattouf, Vincent Lacoste est aujourd’hui une figure incontournable du cinéma français. Nous le retrouvons aujourd’hui en sextapeur breton dans Effacer l’historique de Gustave Kervern et Benoît Delépine pour qui il avait déjà joué en 2016 dans Saint Amour aux côtés de Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde. Il est un acteur fidèle. En effet, il retrouve régulièrement les cinéastes avec lesquels il a travaillé : Julie Delpy (Le Skylab, 2011 ; Lolo, 2015), Antoine de Bary (L’Enfance d’un chef, 2016 ; Mes jours de gloire, 2019), Riad Sattouf (Les Beaux Gosses, 2009 ; Jacky au royaume des filles, 2014)…
Mais qui est vraiment Vincent Lacoste ? À 27 ans, le jeune comédien a déjà une filmographie impressionnante. Vincent Lacoste, c’est un choix de films français excellents où il incarne un certain “type” – un peu banal à première vue : moue boudeuse, gauche, humour cinglant… Et surtout une émotion toujours à fleur de peau. Il peut vous faire pleurer alors même que le film n’avait pas réussi à vous toucher jusque-là. Si beaucoup semblent voir un film avec Vincent Lacoste comme un copier-coller du précédent, nous allons vous prouver le contraire avec ce top en cinq films, qui nous ont marqué, de cet acteur indispensable.
5) Deux fils – Félix Moati, 2018
Joseph et ses deux fils, Joachim et Ivan, forment une famille soudée mais, cette année, rien ne va plus. Crise mystique pour le benjamin, rupture amoureuse difficile pour l’aîné et surtout… leur père, médecin renommé, leur annonce qu’il abandonne tout pour l’écriture – et ce n’est malheureusement pas sa tasse de thé !
Premier long-métrage réalisé par Félix Moati, Deux fils offre le portrait touchant de trois hommes gauches et tendres. Évidemment, ce n’est pas la première collaboration de Lacoste avec ce dernier qui, ami dans la vie avec l’acteur-réalisateur, avait déjà le premier rôle dans son court-métrage, Après Suzanne (2016), où il campait déjà son personnage de Joachim en proie à cette même déception amoureuse. Prolongement de cette expérience, Deux fils lui permet de former un trio de choc avec Poelvoorde et Mathieu Capella – dont c’est le premier grand rôle au cinéma. Égal à lui-même, Lacoste joue ce garçon boudeur, rêveur et un peu torturé qui lui va si bien. À mesure qu’il est confronté à la vie, il sort de sa torpeur pour venir en aide à ses proches, à l’image de son personnage dans Amanda de Mikhael Hers, réalisé la même année. Bien que la narration manque parfois un peu de profondeur, le talent des acteurs fait de ce film un beau moment qui fait beaucoup rire et sourire. Et pour prolonger dans la veine Moati – en acteur cette fois-ci -, nous vous recommandons À trois on y va de Jérôme Bonnell (2015) avec la talentueuse Anaïs Demoustier – un véritable coup de coeur pour la rédaction de Phantasmagory !
4) Hippocrate – Thomas Lilti, 2014
Benjamin réalise son premier stage d’interne dans le service hospitalier de son père. Mais la réalité du terrain est bien éloignée de ses espoirs et rêves. Il se heurte à la dureté du métier, au poids des responsabilités, à la confrontation avec les patients. De plus, Abdel, son co-interne est plus expérimenté que lui. Pour Benjamin, c’est la fin des illusions et le début des épreuves.
Ce film marque le début de la maturité pour Vincent Lacoste. Après son premier rôle en adolescent boutonneux dans Les Beaux Gosses, il alterne entre comédies françaises de plutôt mauvais goût (Low Cost, Maurice Barthélémy, 2011 ; Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, Laurent Triard, 2012) et comédies d’autrices (Skylab, Julie Deply, 2011 ; Camille Redouble, Noémie Lvovsky, 2011). Sorti la même année que Jacky au royaume des filles, deuxième long-métrage tourné avec Riad Sattouf, Hippocrate sort le jeune acteur de sa zone de confort. Dans cet hôpital, Vincent incarne un Benjamin au bord du gouffre : entre décisions impossibles, stress et contraintes du quotidien du service. Il prouve ainsi qu’il peut également jouer, malgré ses petites touches d’humour bien à lui, des rôles plus graves, plus durs. Il retrouve en 2018, Thomas Lilti pour Première année où il campe le rôle d’un étudiant qui tente de réussir la fameuse première année de l’école de médecine. Travailleur, impliqué et passionné, il la passe pour la troisième fois : c’est sa dernière chance.
3) Peur de rien – Danielle Arbid, 2016
En 1993, Lina a 18 ans quand elle arrive sur Paris pour ses études. Elle a quitté le Liban où elle ne trouvait pas la liberté et l’insouciance dont elle avait besoin.
Après un passage chez Benoît Jacquot, dans Journal d’une femme de chambre, où il donne la réplique à Léa Seydoux — et sort radicalement de son registre habituel en incarnant un jeune homme malade et chétif —, il incarne Rafaël dans Peur de Rien, un des amants de Lina. Dans le film de Danielle Arbid, Vincent Lacoste joue encore une fois un jeune homme passionné et touchant. Son personnage, de plus, est très engagé politiquement et possède fougue, colère et entrain qui siéent à Lacoste. Cette violence qui l’habite est présente dès sa première apparition : alors que Lina est en compagnie de royalistes, Rafaël les attaque — insultes, balancé du coca, tout est bon pour montrer sa haine de l’extrême droite. Plus tard, il introduit Lina au monde du journalisme et de la gauche. Le comédien utilise sa verve au service de la passion — politique et amoureuse. Peur de rien, film sur la liberté, l’amour et la découverte est une véritable ode aux rencontres.
Par ailleurs, 2016 est l’année où il continue sa percée majestueuse dans le cinéma indépendant français (Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer, Saint-Amour de Gustave Kervern et Benoît Delépine, ainsi que Victoria de Justine Triet) et reçoit le Prix Patrick Dewaere — décerné chaque année à l’espoir masculin du cinéma francophone.
Disponible gratuitement sur France TV jusqu’au 14/10/2020.
2) Victoria – Justine Triet, 2016
Victoria Spick est une avocate pénaliste dont la vie déraille. Alors qu’elle engage Sam, un ancien dealer, pour l’aider dans sa vie (tant personnelle que professionnelle), elle accepte de défendre un ami accusé d’avoir essayé de tuer sa compagne.
Comme dit précédemment, 2016 est l’année de Vincent Lacoste qui enchaîne plus de quatre films, dont Victoria, véritable pépite féministe. Ce portrait de femme montre Victoria — interprétée par une Virginie Efira parfaite — au bout du rouleau. Obsédée, dépressive, donneuse de leçon, elle incarne une image loin de la femme qui maîtrise tout. Belle, oui, intelligente également, mais qui ne sait pas où elle va ni ce qu’elle veut. Rafraîchissante, cette comédie réalisée par Justine Triet, son second long-métrage, donne à voir un jeune Vincent Lacoste en homme éperdument amoureux — vous l’aurez compris, c’est un peu sa spécialité. Sam, ancien dealer, souhaite reprendre sa vie en main et devenir avocat. Il se rapproche donc de Victoria, qui l’a sorti d’affaire, pour découvrir les bases du métier. Il tombe bien évidemment à la pire période dans la vie de l’avocate et devient son homme à tout faire. Il garde les enfants, fait à manger et le ménage, assiste tant qu’il peut Victoria dans ses tâches administratives. Il est son soutien, son roc. Ce rôle, à contre-courant des rôles masculins dans les comédies françaises, offre une vision libératrice tant de l’homme que de la femme. Le charme de Vincent Lacoste agit encore une fois à la perfection et l’alchimie entre les deux acteurs n’aurait pas pu être mieux.
1) Plaire, aimer et courir vite – Christophe Honoré, 2018
Années 90. Jacques, écrivain parisien, s’amourache d’un jeune étudiant breton de 20 ans, Arthur. Les deux hommes vont s’aimer. Intensément. Et à toute vitesse car le temps est compté pour Jacques.
Plaire, aimer et courir vite était l’un de nos coups de coeur du Festival de Cannes 2018, sorti quasiment en simultané sur la Croisette et dans les salles françaises. Empruntant le rythme d’une balade, en apparence banale mais pleine de rebondissements, le film nous fait rencontrer trois personnages, forts, touchants, drôles et surtout tellement réels, incarnés par Pierre Deladonchamps, Vincent Lacoste et Denis Podalydès (que Lacoste retrouve d’ailleurs au casting d’Effacer l’historique). Avec eux, nous vivons une belle histoire, intense mais si courte – le temps d’un été -, de celles qui comptent et qui font rire et pleurer, tout à la fois. Au sein du drame, c’est la vie qu’on observe, une vie très parisienne, très romanesque et pourtant on y croit comme si nous étions irrémédiablement liés au trio. Bien que Lacoste y campe un personnage assez proche de ses rôles précédents, bien que plus mature que d’habitude, son flegme et son humour séduisent aussi bien ses acolytes que les spectateurs.
Il semble tout à fait logique, au vu des collaborations passées de Christophe Honoré, que Vincent Lacoste ait intégré la bande à la suite des très parisiens, Louis Garrel et Grégoire Leprince-Ringuet. Ce ne sera d’ailleurs pas la dernière fois que l’on verra Lacoste au générique d’un film du réalisateur. Dans Chambre 212 (2019), il évolue dans un huis clos hôtelier abracadabrantesque aux côtés d’une Chiara Mastroianni et d’un Benjamin Biolay en pleine crise de couple. Ce dernier film a sûrement été moins marquant que Plaire, aimer et courir vite mais est, tout de même, encore une belle découverte cannoise.
Mais Vincent Lacoste ne s’arrête pas en si bon chemin. Nous l’attendons dans Comédie humaine de Xavier Giannoli, adaptation des Illusions Perdus d’Honoré de Balzac et dans De nos frères blessés de Hélier Cisterne (2021) où il joue un homme accusé d’avoir posé une bombe dans les années 1950 à Alger. Au vu des premières images, il va de nouveau changer de registre et nous promet ainsi de belles surprises.
Manon Koken et Marine Moutot
Deux fils
Réalisé par Félix Moati
Avec Vincent Lacoste, Benoït Poelvoorde, Mathieu Capella
Comédie, France, 1h30, 2018
Le Pacte
En VOD sur Universciné, Canal VOD et FilmoTV
Hippocrate
Réalisé par Thomas Lilti
Avec Reda Kateb, Vincent Lacoste, Jacques Gamblin
Comédie dramatique, France, 1h42, 2014
Le Pacte
En VOD sur Universcine, Canal VOD et FilmoTV
Peur de rien
Réalisé par Danielle Arbid
Avec Manal Issa, Vincent Lacoste, Paul Hamy
Drame, France, 2h, 2016
Ad Vitam
En VOD sur Canal VOD et Universcine
Plaire, aimer et courir vite
Réalisé par Christophe Honoré
Avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès
Comédie dramatique, France, 2h12, 2018
Ad Vitam
En VOD sur Canal VOD et Universcine
Victoria
Réalisé par Justine Triet
Avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud
Comédie dramatique, France, 1h36, 2016
Le Pacte
En VOD sur FilmoTV, Canal VOD et Universcine
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