[TOP] 5 séries-doudou pour le confinement Saison 2

Temps de lecture :  14 minutes

En ces jours d’automne un peu déprimants, le confinement a sonné la fin des vacances (avant même qu’elles n’arrivent à leur terme). Face à l’absence de perspectives claires sur les semaines à venir, le besoin de séries rassurantes se fait sentir. Objet transitionnel, le “doudou” nous est apparu comme une évidence. Loin de nous l’idée de vous enjoindre à retrouver votre peluche élimée dans les méandres de vos draps ou au fond d’un coffre au grenier mais plutôt de vous raccrocher à ces séries qui, quelle que soit l’humeur du jour, le temps dehors, les difficultés du quotidien, vous font sourire à leur seule mention et vous donnent envie de vous installer bien confortablement dans votre canapé ou de vous rouler dans votre couette pour faire une pause bien méritée. Le doudou, c’est le cocon familial, celui de l’enfance, celui qui rassure, protège et réconforte. Nous avons tous une série-doudou qui nous accompagne à travers les différentes périodes de notre vie, souvent rencontrée par le passé,  à une époque où le monde était – ou du moins semblait – plus simple qu’aujourd’hui. Avec ces séries, souvent intemporelles (même si elles vieillissent toujours un peu), un lien spécial s’est tissé, un lien cathartique que l’on retrouve à chaque visionnage, celui qui nous fait renouer avec les souvenirs et les moments de partage. Et c’est peut-être là qu’est le secret d’une série-doudou : son caractère révolu et son élection subjective. Car malgré les similitudes, chacun a sa propre série-doudou.

C’est pourquoi la sitcom s’est présentée comme le genre “doudou” par excellence. Un peu vieillotte, s’inscrivant dans un cadre souvent familier, basant son scénario sur l’humour tiré du quotidien (signalé à grand renfort de rires des spectateurs assistant au tournage en studio), elle répond à tous les critères : épisodes courts, situations rassurantes (voire quasi-huis closThe IT Crowd, Graham Linehan, 2006 – 2013 ; The Big Bang Theory, Chuck Lorre et Bill Prady, 2007 – 2019, The Office, Ricky Gervais et Stephen Merchant, 2005 – 2013), personnages récurrents, dimension comique, nombreuses saisons ; ces aventures de longue durée créent un véritable attachement. Même après des dizaines et des dizaines de visionnages, le charme reste intact et le spectateur en redemande. Comédies familiales sur fond de drame du quotidien (Shameless, John Wells, 2004 – 2013 ; Malcolm, Linwood Boomer, 2000 – 2006 ; Weeds, Jenji Kohan, 2005 – 2012 ; The Middle, Eileens Heisler et DeAnn Heline, 2009 – 2018) et amourettes adolescentes (Un, Dos, Tres, Ernesto Pozuello, Daniel Écija, 2002 – 2005 ; Dawson, Kevin Williamson, 1998 – 2003 ; Gilmore Girls, Amy Sherman-Palladino, 2000 – 2007 ; Jane the Virgin, Jennie Snyder, 2014 – 2019) voire adulescentes (Love, Paul Rust, Lesley Arfin, Judd Apatow, 2016 – 2018 ; How I met your mother, Craig Thomas, Carter Bays, 2005 – 2014) font fureur depuis les années 90. Beaucoup de séries américaines mais la production française a aussi son lot de séries-doudous avec Un gars, une fille (Isabelle Camus, Hélène Jacques, 1999 – 2003), Kaamelott (Alexandre Astier, Alain Kappauf, Jean-Yves Robin, 2005 – 2009), Fais pas ci, fais pas ça (Anne Giafferi, Thierry Bizot, 2007 – 2017) ou Dix pour cent (Fanny Herrero, 2015 – 2020). Ainsi que les Britanniques, avec les magnifiques et extrêmement drôles Fleabag (Phoebe Waller-Bridge, 2016 – 2019) et How not to live your life (Dan Clark, 2007 – 2011) – pour ne citer qu’elles. Et la série-phare des doudous, que les scénaristes ne cessent de décliner depuis lors, bien évidemment : Friends (David Crane, Marta Kauffman, 1994 – 2004). Une bande de jeunes trentenaires (quasi)colocataires, qui se cherchent, avec des histoires d’amour à foison : la combinaison parfaite. How I met your mother, New Girl et The Good Place (Michael Schur, 2016 – 2020) sont les dignes héritiers de cette création.

Mais la série-doudou peut également être plus sombre et faire partie de nos premières expériences de spectatrice.teur.s. La fameuse Trilogie du Samedi, diffusée sur M6 à partir de décembre 1997 jusqu’en 2008, avant de reprendre en 2018 dernier, l’était. Les genres allaient du fantastique (Charmed, Constance M. Burge, 1998 – 2006 ; Kyle XY,  Eric Bress, J. Mackye Gruber, 2006 – 2009 ; Buffy contre les vampires, Joss Whedon, 1997 – 2003) au thriller (John Doe, Mike Thompson, Brandon Camp, 2002 – 2003 ; Le Caméléon, Craig W. Van Sickle, Steven Long Mitchell, 1996 – 2000 ; Prison Break, Paul Scheuring, 2005 – 2017). Véritable rendez-vous du petit écran, il permettait de vibrer et frissonner le temps d’une soirée, ensemble, et de laisser des souvenirs intacts des années après où l’on prend un plaisir parfois un peu coupable à regarder une nouvelle fois ces séries qui ont bercé notre enfance et notre adolescence. En outre, regarder des séries tristes peut également avoir un effet cathartique : en regardant des scènes qui font écho à son vécu (de près ou de loin), le spectateur se sent compris, soutenu et peut revivre ses émotions pour les exorciser. 

Nous voulions, ici, faire une déclaration d’amour à ces “séries-doudous” qui nous accompagnent, de jour comme de nuit, pour le meilleur et pour le pire, au quotidien.

Community – Dan Harmon, 2009 – 2015bbbb
Durée du binge-watching : 45h50min

Avocat, Jeff perd son droit d’exercer après avoir été exclu du barreau. Obligé de rejoindre les rangs d’une université de seconde zone, il intègre un groupe d’études composé d’individus hauts en couleur.

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Née de l’imaginaire de Dan Harmon (également papa de la géniale série d’animation Rick and Morty), Community est une petite pépite qui a longtemps subsisté grâce au seul soutien de ses fans, cela en dépit de ses mauvaises audiences. Bénéficiant d’une énorme popularité, et après avoir été annulée par NBC à l’issue de sa cinquième saison, la série fut l’une des toutes premières à bénéficier d’un rachat par un autre diffuseur. En accédant à une sixième et ultime saison – étape hautement symbolique dans le canon de la série – diffusée sur Yahoo -, Community réalisait alors en partie sa destinée en concrétisant son célèbre slogan : “six seasons and a movie”

À l’image de cette occurrence, c’est principalement grâce à une certaine dimension meta que la série a réussi à cultiver un charme singulier. En s’appuyant sur les pérégrinations d’une bande de loosers un peu paumés, Hamon illustrait en réalité à merveille les difficultés de l’âge adulte tout en construisant une véritable ode à la pop culture, truffée de références à l’Histoire du cinéma et de la télévision. En emmenant la sitcom sur le terrain de la science-fiction ou encore du musical, Community n’aura ainsi eu de cesse de se réinventer en explorant et en jouant avec les codes narratifs pour un résultat toujours fun et à l’humour constamment renouvelé. 

Portée par un casting talentueux (Alison Brie, Donald Glover ou encore Dani Pudi, génial dans le rôle d’Abed : cinéaste en herbe convaincu de vivre dans une série télé), Community demeure encore aujourd’hui aussi drôle que touchante et saura à coup sûr vous réconforter. Et puis qui sait, peut-être un jour prochain – quand nous serons enfin sortis de la darkest timeline pour un monde meilleur que celui-ci – Community pourrait avoir l’opportunité de renaître une ultime fois de ses cendres et de venir achever son destin. Six seasons and a movie ? Pour nous, c’est sûr, ça serait oui ! M.P.

Doctor Who – La Prophétie de Noël (The End of Time)Russell T. Davies, 2009
Durée du binge-watching du double épisode : 2h
… des saisons 1 à 4 (Russell T. Davies aux commandes) : 46h15
… du revival (2005 – toujours en production) : 112h15
… de la série complète (1963 – toujours en production) : 423h15

/!\ Cette critique peut contenir des spoilers. /!\

Après qu’une première prophétie lui a annoncé sa mort prochaine, le Docteur, extraterrestre voyageant dans le temps et l’espace, dernier de son espèce, apprend la résurrection du Maître, son frère ennemi, et la fin imminente du Temps. 

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Qu’on l’aime, qu’on la déteste ou qu’on n’ose même pas la regarder, Doctor Who est une série qu’on ne présente plus, même en France. Véritable institution au Royaume-Uni, où elle fut créée en 1963, ce n’est qu’avec le revival de 2005 qu’elle a gagné en visibilité sur notre territoire. Époque pré-svod et pré-binge-watching, il n’était alors pas aisé d’accéder à des versions originales ou d’échapper aux productions américaines. Par conséquent, lorsque, au hasard du zapping, on découvrait sur France 4 une série britannique en version originale sous-titrée, c’est tout un pan de la culture télévisuelle qui nous apparaissait. Doctor Who, c’était la porte d’entrée vers la vost (qui change tout, malgré la qualité du doublage français), vers la qualité d’écriture des séries britanniques (après ça, Life on Mars, Being Human, Torchwood, Dead Set, …), du jeu des acteurs (toujours les mêmes) et l’humour so British, incomparable, teinté de noirceur et d’autodérision. En outre, Doctor Who, c’était également un kitsch assumé inégalé : preuve en est le premier épisode du revival, dans lequel des mannequins en plastique prennent vie ainsi que… une poubelle (une manière de tester les spectateurs ?). La surprise n’était pas désagréable, le rendez-vous devint hebdomadaire.

Entre les 13 docteurs et les 38 saisons, sans compter les spin-off et les produits dérivés, il y en a pour tous les goûts. Malgré la présence d’arcs narratifs, chaque épisode présente une intrigue différente : nul besoin de regarder toute la série pour retrouver l’émotion, un épisode-doudou suffit. La Prophétie de Noël est de ceux-là. Poursuivant la tradition des épisodes de Noël – respectée par France 4 : certain.e.s l’ont découvert un 25 décembre, peut-être en famille -, il vient également clore un cycle, celui des épisodes dirigés par Russell T. Davies (Queer as Folk, Torchwood, Years and Years). Après une première saison posant les bases de la mythologie et le ton du revival, il trouve l’équilibre parfait avec le dixième Docteur (le Docteur ne meurt pas, il se régénère, permettant une succession d’acteurs et de personnalités), joué par David Tennant (Broadchurch, Jessica Jones, Good Omens), qui, avec son prédécesseur (Christopher Eccleston), pour beaucoup, fut le premier. Les épisodes-doudous sont la quintessence de cet équilibre, entre pitreries bon enfant et sombres dilemmes. Ainsi, on retrouve dans La Prophétie de Noël un docteur qui, sous ses airs de joyeux luron, est torturé par son inimitié à l’égard de son propre peuple, une guerre passée qui les a fait disparaître (toujours hors-champ, celle-ci est une création de Davies) et sa solitude. En miroir, le personnage du Maître, joué par John Simm (Life on Mars), à la fois aimant et repoussoir. Pour le Docteur, que les humains accompagnent mais ne peuvent comprendre – ni suivre éternellement – il est le dernier des siens, un rebelle comme lui qui a volé la machine à voyager dans le temps qui lui sert de véhicule, mais également un ennemi. Pour le spectateur, il est ce que Moriarty est à Sherlock Holmes, ce que Loki est à Thor : c’est aussi par plaisir de revoir ce personnage charismatique qu’on se délecte de cet épisode-doudou. L’affrontement avec le Maître, puis avec les Seigneurs du Temps, c’est la tentation pour le Docteur de trahir sa propre philosophie. Pourtant, comme toujours, malgré la peur et la colère, au-moment du dilemme, le Docteur fait le choix de l’altruisme, met en avant l’humanité et refuse la violence. C’est aussi ça, le côté doudou du Docteur : le réconfort des bons sentiments saupoudré de foi en l’humanité. Peu importe le kitsch, les plot holes et autres deus ex machina, un peu de suspension consentie de l’incrédulité et l’essentiel, finalement, est là. Avec le départ de Russell T. Davies, quelque chose de cela s’est perdu. La Prophétie de Noël signe la fin d’une époque et la régénération du dixième docteur apparaît comme une mort. La lassitude du personnage – Un Seigneur du Temps vit trop longtemps – et la tournée des compagnons (revoir leur visage une dernière fois, même de loin) sonnent comme un adieu. La nostalgie, alors, l’emporte sur nous et nous donne envie de nous pelotonner encore plus dans cette série doudou. J.B.

Flight of the Conchords – James Bobin, Jemaine Clement et Bret McKenzie, 2007-2009
Durée du binge-watching : 11h30.

Les mésaventures de Jemaine et Bret, deux musiciens de Wellington un peu paumés.

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Fruit du talent combiné de deux humoristes néo-zélandais aux talents multiples, Jemaine Clement (Vladislav dans What we do in the shadows) et Bret McKenzie, Flight of the Conchords est une découverte vitale pour tout spectateur adepte de séries feel-good. Pour tout spectateur adepte de séries. Pour tout spectateur, en fait. Une fois rencontrés, il est impossible de s’en défaire. Duo à l’équilibre parfait de deux gentils loosers, drôles à leurs dépens, la série est tout bonnement hilarante. À l’origine créée sous forme de podcast pour la radio britannique BBC, la chaîne américaine HBO achète les droits pour faire une série des échanges de Bret et Jemaine, sublimés par la création du (vrai) groupe Flight of the Conchords

Inconditionnels de l’humour britannique, le charme des punchlines de ces Kiwis pur jus ne pourra que vous séduire. Et ça tombe bien car ce duo burlesque, maladroit et inadapté, cherche désespérément à plaire malgré des tentatives couronnées d’insuccès. Il faut dire qu’ils sont un peu longs à la détente. Enfin Jemaine surtout. Et ils en jouent avec brio. Épisodes courts, hilarants et efficaces, Flight of the Conchords est faite de bric et de broc et c’est l’une des plus belles réalisations comiques croisées jusqu’à présent. Derrière son côté artisanal et absurde, elle brosse un beau portrait de la vie imparfaite de deux doux rêveurs devant faire face aux difficultés du quotidien pour réaliser leur rêve. Tout ne leur sourit pas, mais quoi qu’il arrive, ils restent optimistes, et ça fait du bien ! À les observer pendant ces deux saisons, ils en deviennent des potes, toujours présents pour vous faire rire quand le moral est en berne. Remonte-moral au possible, c’est la série-doudou idéale pour les amateurs d’humour à côté des baskets. 

Foncez découvrir les copains de Taika Waititi (qui a d’ailleurs réalisé quatre épisodes) et de Michel Gondry (un épisode à son actif dans la saison 2) ne serait-ce que pour éblouir vos oreilles de leurs chansons aux paroles extraordinaires (Bret a quand même eu l’Oscar du meilleure chanson originale pour Les Muppets, le retour – si c’est pas la grande classe pour un parolier !) et de l’accent néo-zélandais (trop peu souvent entendu – vive la vost !). M.K.

Malcolm – Linwood Boomer, 2000-2006
Durée du binge-watching : 62h55.

Malcolm, petit génie incompris, vit dans une famille pas tout à fait comme les autres (ou du moins c’est ce que les autres aiment à croire). Avec ses frères, il fait les 400 coups, en en faisant voir de toutes les couleurs à ses parents, et surtout à sa mère, Loïs. 

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Découverte sur M6 alors que les épisodes de cette merveilleuse série s’enchaînaient quotidiennement à un rythme effréné à la télé, récompensée presque tous les ans entre 1999 et 2006, Malcolm est une véritable révélation. Originellement diffusée entre Les Simpsons (une autre série-doudou avec laquelle Malcolm entretient de nombreux liens, comme l’évoque Pablo Mira dans Blockbusters) et X-files, elle a su séduire des générations de spectateurs (depuis 20 ans) par son intemporalité et son universalité. Comment ne pas s’identifier immédiatement à cette famille loufoque, déséquilibrée et foutraque ? Un tout petit peu ? Malcolm c’est un peu la famille de tout un chacun – et d’ailleurs un beau portrait plein de tendresse, sous sa violence. Hal, le gentil père rêveur est un grand enfant, perdu sans sa femme, incapable de gérer la maisonnée, toujours dépassé par la situation mais artiste manqué (et non raté car il fait preuve d’un talent certain sur des patins et face à une toile). Alors c’est Loïs qui prend tout en charge, qui est forte pour deux, qui ose hausser le ton quand c’est nécessaire (et ça l’est souvent). Ce couple a donc quatre garçons (bientôt cinq). L’aîné, Francis, délinquant notoire et grand frère idéalisé, atterrit rapidement à l’école militaire (ce qui permettra une critique avisée et très drôle de l’Armée). Reese, foncièrement violent du fait de ses difficultés de communication, fait office de bêta de la famille qui s’épanouira dans l’art culinaire. Malcolm, c’est le jeune surdoué incompris et insatisfait de tout (souvent à raison). Et pour finir, Dewey est juste le personnage le plus réussi et le plus attachant de la série. Petit dernier de la famille (pendant longtemps), il est le souffre-douleur de ses grands frères, oublié par ses parents et blessé par une solitude quotidienne (à laquelle il remédiera en se créant un ami imaginaire). Mais c’est aussi le roi de la danse la plus mignonne qui soit, talentueux et intelligent, même si son génie créatif peut être utilisé à mauvais escient (rappelez-vous le terrifiant, hilarant et dictatorial : “toi tu vis, toi tu vis, toi tu crèves”). 

Ce qui est particulièrement étonnant, c’est que malgré le talent certain de chacun de ses interprètes, Malcolm ne leur a pas offert de carrière extraordinaire. Pourquoi ne voit-on plus les noms de Jane Kaczmarek (Loïs), Justin Berfield (Reese) et surtout Erik Per Sullivan (Dewey) au générique de séries et de films ? Comment ces merveilleux acteurs ont pu ne pas être repérés pour leur talent ? Seuls, Frankie Muniz (Malcolm) fait une petite carrière de touche-à-tout jusqu’à ce qu’une maladie le pousse vers une retraite anticipée, et Bryan Cranston, évidemment, devenu le célèbre anti-héros de Breaking Bad (et que l’on s’étonne de ne plus voir depuis). Peut-être y a-t-il là raison de réfléchir à la difficulté d’être enfant-acteur et de se défaire d’un rôle vécu et joué durant des années ? 

Adolescence, règne des apparences, intégration, pauvreté, handicap… Avec ses épisodes courts et efficaces, mis en scène à la fois comme un cartoon et un drame (sans les habituels rires des sitcoms des années 1990), Malcolm traite avec brio des sujets essentiels. Sous ses abords comiques, elle est surtout une critique sociale acérée de l’Amérique, celle qu’on ne voit pas trop, celle qui se cache derrière l’idéologie rayonnante de l’American dream (que la série piétine un peu plus à chaque épisode). La famille de Malcolm fait partie de la classe moyenne qui vit en banlieue résidentielle mais avec leurs quatre – puis cinq – enfants, Hal et Loïs galèrent pour joindre les deux bouts et garder la tête hors de l’eau. À croire que toutes les catastrophes possibles et imaginables leur arrivent. Le ciel leur tombe sur la tête ! Avec eux, c’est la galère perpétuelle et les désillusions permanentes. Et c’est ainsi que se brise la classique image de la famille parfaite : la famille est un poids. Et c’est la mère – qui travaille – qui le porte ! C’est déjà là que la série est novatrice car elle parle bien de charge mentale (alors que la notion commence tout juste à cheminer dans les esprits avec les importants et nécessaires travaux d’Emma, de Titiou Lecoq et d’autres militantes féministes talentueuses). Oui, vous avez bien lu. Au début des années 2000 ! Montrée comme la méchante mère qui punit à tour de bras (car c’est la perception des enfants), Loïs est en réalité le personnage le plus fort et le plus intéressant de la série. À travers son expérience, l’œuvre nous parle de la difficulté d’être parent (éternel recommencement à chaque nouvelle naissance). Malgré quelques caricatures un peu douteuses (qui aujourd’hui font grincer des dents), la série a le grand mérite de réussir à nous faire (littéralement) rire aux éclats avec la tristesse et l’injustice de la situation de cette famille imparfaite et son entourage, sans jamais se moquer de ses personnages. 

Malcolm, c’est la série réjouissante au possible. C’est aussi l’une des rares à avoir eu droit à un excellent doublage français. Enfin une VF qui fait plaisir à écouter ! Extrêmement drôle (même si, quand on y regarde de plus près, le quotidien de la famille est vraiment triste), elle est inventive, bien écrite et hilarante. La preuve : elle nous accompagne depuis l’enfance et réussit à faire rire l’enfant que j’étais comme l’adulte que je suis (et c’est là le propre de la série-doudou, non ?). Au fil des années, à mesure que grandissent les personnages, nous nous attachons et grandissons avec eux. Même en connaissant tous les épisodes sur le bout des doigts, elle fait (grand) plaisir à voir et revoir. Quel meilleur doudou que le quotidien d’une famille lambda dans son chez-soi ? On l’aime malgré tous ses défauts. Un peu comme une vraie famille, non ?

Allez, tous en chœur : “You’re not the boss of me now !” ! M.K.

Misfits – Saison 1 et 2 – Howard Overman , 2009-2010
Durée du binge-watching : 10h

Alors qu’ils font des travaux d’intérêt général ensemble, cinq jeunes se retrouvent touchés par une foudre quelque peu étrange. Ils réalisent très vite qu’ils ont des super-pouvoirs et qu’ils ne sont pas les seuls…

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Misfits, série anglaise créée par Howard Overman, fait partie de ces séries-doudous complètement folles. Diffusée à partir de 2010 sur E4 en Angleterre — une chaîne qui a pour cible les adolescents — et sur OCS Choc en France, cette série possède une galerie de personnages paumés et totalement barrés. Avec peu de moyens, un style façon film d’horreur et une mise en scène inventive, elle commence par la présentation des cinq protagonistes : Nathan Young, provocateur et cynique, Simon Bellamy, timide et coincé, Kelly Bailey, racaille qui dit ce qu’elle pense, Curtis Donovan, sportif torturé et Alisha Daniels, aguicheuse et désinvolte. Véritable parodie des comics et des films de superhéros, la série possède également sa part d’ombre. Elle se démarque en parlant de l’Angleterre ignorée des médias et des chaînes de télévision. En se déroulant dans ce centre, elle nous place aux côtés des oubliés de la société. Non sans ironie, nous suivons leurs différentes aventures pour masquer comme ils peuvent deux meurtres qui les unissent malgré eux. Avec leurs combinaisons orange (bien avant celle de Orange is the new black, Jenji Kohan, 2013 – 2019), ces jeunes délinquants apprennent à se servir de leurs pouvoirs, qui, selon les personnages, peuvent être assez ridicules. Alisha, qui aimait exciter les garçons avec ses provocations, se retrouve avec le pouvoir d’exciter furieusement n’importe qui la touche. Une adversaire du groupe a la capacité de faire tomber les cheveux de ses ennemis ou encore un autre se comporte comme son chien quand il pense à lui. Cette pluralité dans les dons — qui peuvent aussi être plus classiques comme la télépathie ou l’invisibilité — ajoute de la magie à la série qui arrive toujours à nous surprendre. Véritable succès, la saison 1 est couronnée du BAFTA TV Award de la meilleure série dramatique en 2010. Une récompense méritée pour cette série inattendue et totalement ébouriffante, avec de l’humour british à la clé — très apprécié de cette rédaction. 

Une série-doudou c’est une série qui nous a accompagné.e.s, aidé.e.s et qu’on regarde avec plaisir dans les coups durs. Ce n’est pas forcément une comédie, cela peut-être une série violente comme Game of Thrones (David Benioff et D. B. Weiss, 2011 – 2019), qui m’a permis de passer des moments difficiles loin de tout. Ou bien une série dramatique comme Normal People (Lenny Abrahamson et Hettie Macdonald, 2020) qui m’a aidé à traverser plus facilement une épreuve émotionnelle. Ou cela peut-être simplement une sitcom dont les personnages nous sont tellement familiers que même si la qualité diminue au fil des saisons, vous êtes présent et versez une petite larme à la fin, comme The Office US (Ricky Gervais et Stephen Merchant, 2005 – 2013). Misfits fait partie de ces dernières. Même si ce n’est pas une sitcom, les cinq marginaux (misfits en français) des saisons 1 et 2 se complètent et sont attachants. C’est là, la vraie force du récit. Nathan Young en particulier, jeune homme arrogant et caustique, saura gagner votre cœur comme le nôtre. Interprété par Robert Sheehan (Umbrella Academy, Steve Blackman, 2019), Nathan est celui dont l’évolution est la plus intéressante et c’est pour cela qu’après son départ, à la saison 3, la série perd quelque peu de son intérêt et de son mordant. Il est accompagné d’Iwan Rheon (Game of Thrones), Lauren Socha, Nathan Stewart-Jarrett (Utopia, Dennis Kelly, 2013 – 2014) et Antonia Thomas (Lovesick, Tom Edge, 2014 – 2018). Autant d’acteurs et actrices fantastiques pour cette série que vous aurez envie de voir et revoir. M.M

Johanna Benoist, Manon Koken, Marine Moutot et Marine Pallec

Community
Créée par Dan Harmon
Avec Joel McHale, Alison Brie, Donald Glover
Sitcom, Etats-Unis, 6 saisons, 110 épisodes, 22 min, 2009-2015
NBC (s.1-5), Yahoo! Screen (s.6)
En VOD sur Netflix et Amazon Prime

Doctor Who – La Prophétie de Noël (The End of Time)
Créé par Russel T. Davies
Avec David Tennant, John Simm, Bernard Cribbins
Science-Fiction, Royaume-Uni, S04E17 & S04E18, 2009
BBC
En VOD sur Amazon Prime Video

Flight of the Conchords
Créée par James Bobin, Jemaine Clement, Bret McKenzie
Avec Jemaine Clement, Bret McKenzie, Rhys Darby
Comédie, Etats-Unis, 2 saisons, 23 épisodes, 30 min, 2007-2009
HBO
En VOD sur OCS

Malcolm (Malcolm in the Middle)
Créée par Linwood Boomer
Avec Jane Kaczmarek, Bryan Cranston, Frankie Muniz
Comédie, Etats-Unis, 7 saisons, 151 épisodes, 20 min, 2000-2006
Fox
En VOD sur Salto et Amazon Prime Video

Misfits – Saison 1 et 2
Créée par Howard Overman
Avec Iwan Rheon, Robert Sheehan, Lauren Socha
Comédie, Fantastique, Royaume-Uni, 13 épisodes, 45 min, 2010-2011
E4
En VOD sur MyCanal

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

8 commentaires sur « [TOP] 5 séries-doudou pour le confinement Saison 2 »

  1. « Community » c’est un grand oui, oui, et mille fois oui. La série parfaite pour meubler un confinement, de par sa longueur qui permet d’en avoir pour un bon moment, et sa qualité humoristique qui marche à tous les coups. Surtout, truffée de références, elle favorise aussi un revisionnage pour en percer tous les petits secrets et offre donc deux fois plus de plaisir.

    Personnellement, je rajouterais également « The Middle » côté famille loufoque, un peu dans le même genre que « Malcolm » d’ailleurs (aka « Malcolm in the Middle » en VO, coïncidence, je ne pense pas), mais qui est toujours très sincère avec des personnages auxquels on s’identifie assez facilement, en retrouvant des dynamiques familiales que l’on a sans doute tous connues.

    Pour finir, un petit mot aussi pour mentionner la magistrale « United States of Tara » que j’avais critiquée il y a quelques années, également une série familiale, mais plus centrée sur le coming-of-age et l’accomplissement de soi, et pas seulement pour les ados mais chacun des personnages de la série. C’est brillamment écrit, le postulat de départ est extrêmement original et les émotions sont parfaitement maîtrisées, autant dans les rires que dans les larmes, et ça fait vraiment chaud au cœur.

    Aimé par 2 personnes

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