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Face à cette période compliquée, le besoin de films rassurants se fait sentir. Objet transitionnel, le “doudou” nous est apparu comme une évidence. Loin de nous l’idée de vous enjoindre à retrouver votre peluche élimée dans les méandres de vos draps mais plutôt de vous raccrocher à ces films qui, quelle que soit l’humeur du jour, le temps dehors, les difficultés du quotidien, vous font sourire à leur seule mention et vous donnent envie de vous installer bien confortablement dans votre canapé ou de vous rouler dans votre couette. Le doudou, c’est le cocon familial, celui de l’enfance, celui qui rassure, protège et réconforte. Nous avons tou.te.s un film-doudou qui nous accompagne à travers les différentes périodes de notre vie, souvent rencontré à une époque où le monde était – ou du moins semblait – plus simple qu’aujourd’hui. Avec ces films, souvent intemporels (même s’ils vieillissent toujours un peu), un lien spécial s’est tissé, un lien cathartique que l’on retrouve à chaque visionnage. Car plus que la qualité, c’est l’intimité qui se crée avec eux. Et c’est peut-être là qu’est le secret d’un film-doudou : son caractère révolu et son élection subjective. Car malgré les similitudes, chacun a son film-doudou.
Cet attachement sincère est souvent lié aux décennies durant lesquelles nous avons grandi. Les années 1990-2000 pour notre part. La notion de feel good est primordiale d’où la place centrale de la comédie romantique : Quand Harry rencontre Sally (When Harry Met Sally, Rob Reiner, 1989), Un jour sans fin (Groundhog Day, Harold Ramis, 1993), Coup de foudre à Notting Hill (Notting Hill, Roger Michell, 1999), Raisons et sentiments (Sense and Sensibility, Ang Lee, 1995) et autres adaptations des œuvres de Jane Austen. En cette période hivernale, il est aussi impossible d’exclure les films de Noël avec les monuments que sont Love Actually (Richard Curtis, 2001), Maman j’ai raté l’avion (Home Alone, Chris Columbus, 1990) et La vie est belle (It’s a Wonderful Life, Frank Capra, 1946). L’enfance étant souvent le temps de la découverte du film-doudou, les films d’animation y ont une grande place, notamment ceux de studios comme Pixar (Là-haut, Toy Story, Ratatouille), DreamWorks (Shrek, Dragons, Spirit, l’étalon des plaines), Disney (Oliver et Compagnie, Le Roi Lion, Raiponce) et Ghibli (Le Voyage de Chihiro, Princesse Mononoké, Le Château ambulant). Chaque spectateur.rice a évidemment sa comédie culte, qu’elle soit qualitative ou particulièrement régressive : Certains l’aiment chaud (Some Like It Hot, Billy Wilder, 1959) Madame Doubtfire (Mrs. Doubtfire, Chris Columbus, 1993) ou Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (Alain Chabat, 2002). Les années 1980-1990 regorgent de films d’aventure, sources de nostalgie, rapidement devenus des doudous : Gremlins (Joe Dante, 1984), Les Goonies (Richard Donner, 1985), Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet (Steven Spielberg, 1991) et Jumanji (Joe Johnston, 1995).
Symbole de l’attachement cinéphage, les sagas cinématographiques représentent le plaisir de retrouver un univers familier avec des personnages récurrents attachants. Ces sagas ont marqué durablement l’Histoire du cinéma. En 1977, Star Wars (George Lucas, 1977 – 2005) crée ainsi la figure du fan par le biais de produits dérivés et du marketing à grande échelle. Le cinéphile devient alors collectionneur. Parmi les plus adulées : Le Seigneur des Anneaux (Peter Jackson, 2001 – 2003), Matrix (Lena et Lilly Wachowski, 1999 – 2003), Harry Potter (plusieurs réalisateurs, 2001 – 2011), Retour vers le futur (Robert Zemeckis, 1985 – 1990), James Bond (plusieurs réalisateurs, 1962 – 2020), Jurassic Park (Steven Spielberg et Joe Johnston, 1993 – 2001) et évidemment le célèbre aventurier Indiana Jones (Steven Spielberg, 1981 – 2008).
Introduction de Marine Moutot et Manon Koken, inspirée de 5 séries-doudou pour le confinement Saison 2.
Les films-doudou d’Amandine
Mon coup de foudre pour le Septième Art ? La Mouette et le Chat (Enzo D’Alo, 1998), quand j’avais six ans. Bon, c’est aussi la naissance de mon amour pour les chats mais ça c’est une autre histoire. C’était la première fois qu’on m’emmenait au cinéma, ma première sortie de “grande” (pour voir un dessin animé, d’accord, mais ça compte !). Les yeux qui me sortaient de la tête et fière comme un petit paonneau, j’ai passé les cinq premières minutes à essayer TOUS LES SIÈGES de la salle pour trouver la meilleure place. Et puis les lumières se sont éteintes, la musique a démarré et les premières images sont apparues. Magique, forcément. Encore plus magique que tous les Disney réunis. Plus que le film, c’était le lieu qui me fascinait. Le velours rouge des sièges qui donnait l’impression qu’on pouvait s’y installer si confortablement qu’on finirait par se fondre dans le décor. L’obscurité de la salle qui permettait de laisser libre court à mon imagination galopante. Et puis ce grand écran blanc qui m’absorbait littéralement et m’enlevait le temps d’un film à la réalité. Avant ça, il y avait eu Leonardo dans Titanic (James Cameron, 1997), trois jours à pleurer toutes les larmes de mon corps et à maudire cette pimbêche de Rose. Et bien que je pensais qu’après Léo il n’y aurait plus rien ni personne dans ma vie, ce petit cinéma de quartier (Brest représente) m’a permis de découvrir qu’il existait un endroit magique où l’on pouvait se raconter des histoires, où l’on pouvait vivre des moments hors du temps. Un lieu plein de promesses, capable de se renouveler à l’infini.
Bien-sûr, quand on a six ans et qu’on dépend encore financièrement de ses parents, on ne peut pas aller au cinoche tous les soirs, mais bon les VHS c’était cool aussi. Sauf pour le rembobinage : j’avais l’impression que le charme se rompait si je voyais le film défiler à l’envers, comme si le magicien se mettait tout à coup à nous révéler les trucs et combines de ses tours de passe-passe.
J’avais une sacrée collec’ : Maman, j’ai raté l’avion (Chris Columbus, 1990) bien-sûr, qui m’a donné l’envie de patrouiller dans le voisinage pendant les vacances, à la recherche d’éventuels maraudeurs. La saga Retour vers le futur (Robert Zemeckis, 1985-1990) et les innombrables inventions de Doc qui m’ont fait m’intéresser très brièvement aux sciences. Et puis, très vite, il y a eu les téléfilms du dimanche : la verve et la fougue d’Anne Shirley dans Le bonheur au bout du chemin (Kevin Sullivan, 1985), petit trésor du cinéma canadien, ont donné un horizon, certes lointain mais pas inaccessible, à la petite timide que j’étais alors. Bien d’autres pépites ont suivi, sur grand ou petit écran : à l’adolescence, Grease (Randal Kleiser, 1978) m’a plus d’une fois redonné l’envie de sortir le nez de ma chambre, Love Actually (Richard Curtis, 2003) est devenu depuis des années mon remède imparable contre la déprime hivernale, tandis que Rosalie Blum (Julien Rappeneau, 2015) continue de me donner l’énergie nécessaire pour sortir de sous ma couette à chaque rentrée. Et puis il y a les plus récents, qui n’ont pas encore été assez vus pour accéder au titre de films-doudou mais qui en ont tout le potentiel, comme La Rose pourpre du Caire (1985), petite révélation tardive qui m’a réconcilié avec Woody Allen un soir de grisaille.
Matilda – Danny DeVito, 1996
Matilda, c’est l’histoire d’une petite fille aux capacités exceptionnelles, née au sein d’une famille incapable de réaliser son potentiel. Livrée à elle-même, elle se découvre une passion dévorante pour la lecture. A force de lire tout ce qui lui passe sous la main, son intelligence se développe tellement qu’elle acquiert un super pouvoir : la télékinésie.
Matilda, c’est le film de ma prime jeunesse, celui qui passait tous les ans à la télévision, entre Halloween et Noël, et que j’étais chaque fois impatiente de retrouver. C’est une ode à l’enfance, à la magie, et aux incroyables pouvoirs de la lecture. Comme l’héroïne, je passais mon temps à dévorer tous les livres qui passaient à ma portée, donc, comme l’héroïne, je m’attendais à développer un super pouvoir… Vingt ans plus tard, je ne sais pas combien de livres je dois encore lire pour parvenir à déplacer les objets par la pensée, mais je m’accroche. A bien y réfléchir, ce n’est sans doute pas pour rien que j’ai fini par bosser dans une bibliothèque…
On aime : la bouille toute mignonne de Mara Wilson, et les personnages tout droit sortis d’un conte de fées. Et on adore détester Mademoiselle Le Gourdin, ogresse terrifiante qui fait voler les élèves dans les airs tels des javelot. Parce qu’en fait elle nous rappelle un peu Mme C, cette instit qu’on avait en CE2. Avec qui on est partie à la Bourboule. Et qui nous a laissé poireauter quinze minutes dans la neige, les quatre fers en l’air, avant de venir nous aider. “Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour apprendre la vie !”. Je t’en ficherai moi des leçons de vie… Oui bon ben j’en profite aussi pour régler mes comptes, il n’est jamais trop tard !
Mais ce qu’on aime par dessus tout c’est la morale de l’histoire : ce n’est pas seulement le fait que lire vous transforme en petit.e magicien.ne, c’est aussi l’idée que les livres vous libèrent et vous élèvent. Grâce au pouvoir qu’elle a développé, Matilda parvient enfin à quitter une famille qui se souciait autant d’elle que de la guigne, et qui lui fait son premier vrai cadeau en la laissant partir. Une fois qu’elle a trouvé un foyer aimant, elle n’a plus besoin d’utiliser son pouvoir. Enfin… presque plus, ça reste quand même bien pratique pour attraper les paquets de céréales tout en haut du placard.
Encore plus régressif que la saga Harry Potter, c’est ce qu’il vous faut quand vous n’avez le cœur qu’à traîner en pyjama sous la couette en buvant des litres de chocolat chaud. Quand tout va mal, que le monde vous fatigue et que même votre chat ne vous comprend plus, c’est l’équivalent cinématographique d’un câlin, comme si votre plaid bien douillet vous prenait dans ses bras, enfin dans ses pans, dans toute son amplitude… bref, vous m’avez comprise.
Lolita malgré moi – Mark Waters, 2004
A seize ans, Cady Heron fait sa première rentrée au lycée après avoir passé douze ans en Afrique où elle suivait des cours par correspondance. Très loin d’avoir les codes qui régissent la vie des adolescents, elle va découvrir un monde qui lui est parfaitement étranger, aux règles et décorums strictement établis par le gratin de la faune locale, les si bien connus “populaires”. Tel un reporter, elle va poser un œil neuf sur le mode de vie de ses camarades, jusqu’à se laisser prendre elle-même au jeu des apparences.
Lolita malgré moi, c’est LE teen-movie par excellence, découvert un dimanche après-midi pluvieux à la télévision, l’été avant mon entrée au lycée (que voulez-vous, la vie est bien faite parfois). Il ne m’a pas fallu longtemps pour cerner le sujet du film, alors ni une, ni deux, je me suis munie de mon plus beau carnet et d’un crayon, prête à prendre des notes sur ce véritable mode d’emploi de la vie d’ado.
Pourquoi je vous parle d’un teen-movie alors que je me rapproche tranquillement de la trentaine ? Déjà parce que c’est parfaitement régressif. Même si l’adolescence reste une période bien compliquée, entre crise identitaire et complexes à la pelle, on aime y revenir de temps en temps. C’est un peu comme remettre un vieux pull informe et tout usé, mais aussi confortable que réconfortant parce qu’il nous rappelle tout ce qu’on a fait en le portant, tous les moments qui nous ont conduits où on est là, maintenant. Les teen-movies ça permet de mesurer le chemin parcouru depuis le lycée, et de faire un petit check-up perso pour voir si on est bien devenue la personne qu’on voulait être quand on fantasmait sur la vie d’adulte.
Et ce teen-movie en particulier n’est pas un incontournable du genre pour rien, vous vous en doutez. Lolita malgré moi propose en effet une réflexion intéressante sur les affres de l’adolescence en dépeignant avec réalisme la complexité de trouver sa place dans une pièce où chacun s’efforce de jouer le rôle qu’il pense être socialement attendu. On le sait bien, la première règle au lycée c’est l’intégration : être perdu à plusieurs, ça rassure. Grâce à son manque d’expérience en milieu scolaire, Cady se pose d’abord en spectatrice et nous offre un parallèle gentiment moqueur entre la brutalité des animaux sauvages qu’elle a connus en Afrique et le comportement désordonné et impulsif des adolescents en proie à bon nombre de changements. Bien-sûr, très vite à force de les côtoyer, elle va se laisser prendre au piège et devenir elle-même une reproduction conforme des Reines du lycée.
Entre dénonciation de la vacuité des diktats de la beauté et petit rappel qu’à seize ans, PERSONNE n’est bien dans ses baskets, pas même les plus cool des cool kids, Lolita malgré moi prône l’authenticité et nous offre un hymne à la sororité. En exposant les sabotages et autres petites mesquineries que s’infligent les adolescentes entre elles dans la course à la popularité, Mark Waters met adroitement en lumière ce que gagne le système patriarcal chaque fois que les femmes s’entre-déchirent et se concurrencent pour satisfaire à l’image de LA femme plutôt que de promouvoir collectivement nos diversités. Le personnage du professeur Norbury est particulièrement important dans ce sens puisqu’elle met en avant le fait de ne devoir sa réussite professionnelle qu’à elle-même, et qu’elle valorise tout au long du film la nécessité de montrer que les femmes peuvent réussir aussi bien que les hommes, même dans des domaines traditionnellement régis par un entre-soi masculin.
Pour les après-midis grises où on a besoin d’un peu de légèreté mais aussi d’un petit shot d’empowerment (en plus, en quinze ans, il n’a pas pris une ride !).
Mon inconnue – Hugo Gélin, 2019
Raphaël et Olivia se sont rencontrés au lycée et vivent une grande histoire d’amour : ils se sont mutuellement aidés à grandir et à vivre de leurs passions ; elle, le piano, lui, l’écriture. Mais un matin Raphaël se réveille dans un monde où son histoire avec Olivia n’a jamais existé, il se rappelle de tout mais il est devenu pour elle un parfait étranger. Aidé par son meilleur ami, il va tenter de la reconquérir.
Mon inconnue, c’est un cas bien particulier parce que ce n’est pas tant le film en lui-même que les souvenirs qui lui sont rattachés qui en font un de mes films fétiches. Mon inconnue, c‘est mon film du premier confinement, c’est les matins à bronzer dans le salon avec ma coloc, c’est les soirées films avec nos chats (en alternance : les deux bougres ne pouvaient pas se voir) et c’est surtout l’un de nos plus mémorables fous-rires. C’est aussi le début de ma passion pour Benjamin Lavernhe, acteur merveilleusement drôle que je pourrais bien demander en mariage si par chance nos chemins se croisent un jour (Benjamin, si tu lis ces lignes…).
En soit, ce n’est pas un film extraordinaire : l’intrigue fonctionne, les acteurs sont bons, mais il y a fort à parier que vous ne perceviez pas ce que moi j’y vois. Vous voyez ce moment quand vous regardez un film que vous aimez beaucoup avec quelqu’un qui le voit pour la première fois, et que par une espèce d’osmose vous vous mettez à voir le film avec les yeux de l’autre, et que si par malchance cette personne n’aime pas plus que ça, ça vous gâche un peu votre plaisir ? Eh bien ça fonctionne aussi dans l’autre sens : c’est ma coloc qui m’a fait découvrir ce film et qui m’en a fait voir tout le potentiel. On s’est tellement passé les scènes de ce film en boucle qu’on peut en citer par cœur les dialogues. Pour moi c’est devenu l’emblème de notre colocation et du premier confinement. Et ça fait du bien de se dire que même en pleine pandémie mondiale, alors qu’on virait tous hypocondriaques et qu’on avait le vague à l’âme de plus voir nos proches, on a pu créer un de nos meilleurs souvenirs ensemble grâce à ce film.
Parce que c’est aussi ça les films-doudou : au-delà du confort de connaître une histoire si bien qu’on pourrait vous la rejouer les yeux fermés, plus que le plaisir de retrouver avec une douce nostalgie une époque révolue, c’est aussi parfois le souvenir de ceux avec qui vous les avez vus pour la première fois.
Les quatre filles du Docteur March – Gillian Anderson, 1994
Dans cette fresque familiale en pleine guerre de Sécession, on suit Meg, Jo, Beth et Amy, quatre sœurs aux caractères bien trempés, dans les aventures qui les mènent de l’adolescence à l’âge adulte.
Aaah Les quatre filles du docteur March… Là on entre clairement dans la catégorie “Films-doudou / Films de Noël”. Pour ma part, je vais vous parler de la version de 1994 parce que c’est celle qui a bercé mon enfance, mais la version de 2020 est aussi une réussite (on y trouve Louis Garrel, Timothée Chalamet ET Emma Watson à l’affiche, ai-je vraiment besoin de vous donner d’autres arguments pour vous convaincre ?). Par ailleurs, à l’occasion de sa sortie, on a fait un chouette dossier sur toutes les adaptations du fameux roman de Louisa May Alcott, si vous voulez approfondir vos connaissances sur le sujet (rien de tel pour briller en société lors de vos prochaines soirées mondaines post-covid).
Les quatre filles du docteur March, pour moi c’est d’abord la neige. Une immeeeense étendue de neige. Et pour cause, c’est la première image du film. Film d’hiver par excellence donc, à la simple évocation de son nom j’entends déjà le shrouck shrouck de mes pas sur les routes recouvertes de flocons et j’ai sur la langue le goût de l’eau gelée. C’est aussi les chaussures mouillées qu’on met à sécher près du feu, pendant qu’on tricote de grosses chaussettes en laine tout en lisant un bon livre et en buvant un thé bien chaud. Bon, moi je ne sais pas tricoter, mais vous voyez l’idée. C’est le réconfort de Noël quand vous vous prenez à rêver d’un foyer chaleureux et d’une famille aimante alors que tonton Ferdinand et tante Bertille sèment le chaos dans la maison pour savoir qui aura la dernière part de bûche.
C’est aussi Jo, l’écrivaine, ma préférée des quatre évidemment, impétueuse et brillante, qui se moque du qu’en-dira-t-on et met à mal les clichés de l’idéal féminin docile et effacé. C’est l’histoire d’une famille dont le père est absent, et dont la mère laisse ses filles grandir aussi librement que possible, estimant qu’une femme ne doit pas être condamnée à ployer sous le poids des corsets et autres diktats patriarcaux. C’est le triangle amoureux avec le beau voisin Laurie, les rivalités fraternelles (je n’ai pas encore à ce jour pardonné à cette petite peste d’Amy d’avoir jeté au feu le manuscrit de Jo) et les histoires qu’on se raconte en se grimant pour faire passer les longues soirées d’hiver.
Bref, c’est l’âtre rassurant et réconfortant dont vous avez besoin pour survivre les jours de grand froid où l’on ne mettrait pas même le début d’un orteil dehors.
Note pour plus tard : penser à me faire une liste de films-doudou pour l’été, ceux-là ne tiendront clairement pas la canicule.
Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain – Jean-Pierre Jeunet, 2001
Amélie Poulain n’a pas eu une enfance ordinaire : sa mère décède très jeune et la laisse seule avec un père peu démonstratif. Quand celui-ci lui diagnostique par erreur une anomalie cardiaque, Amélie se retrouve confinée à la maison, loin des jeux de son âge et des autres enfants. Elle se forge alors une vie imaginaire incroyable, un monde bien à elle où il se passe mille aventures. Seulement voilà, dans la vie réelle, Amélie ne sait pas comment faire pour nouer des liens avec les autres. Le jour où elle découvre par inadvertance une petite boîte en fer pleine des souvenirs d’un inconnu, elle ose enfin sortir de son cocon et commence à œuvrer en coulisses pour arranger la vie des autres.
Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, c’est mon incontournable, mon phare dans la tempête, mon idéal filmographique. Si je suis au trente-sixième dessous, que la fin du monde est proche ou que vous avez quelque chose à vous faire pardonner, collez-moi devant Amélie Poulain avec mon plaid, mon chat et un bon risotto, et j’oublie TOUT.
Par quoi commencer ? La bande son de Yann Tiersen, les personnages si particuliers, aux milles facéties attachantes, la douceur de vivre dans un Montmartre sans touristes… Jean-Pierre Jeunet réussit ici à capter toute la bienveillance du monde et nous la sert sur un plateau. Amélie et son imagination débordante, son amour des autres et son espièglerie nous emporte aux quatre coins de Paris dans des aventures aussi touchantes que rocambolesques. Ce film c’est une ôde “au charme discret des petites choses de la vie”, toute en finesse et en poésie.
Sous ses allures discrètes et son air de ne pas s’en mêler, Amélie se rend compte qu’avec son imagination et son ingéniosité, elle a le pouvoir de réparer les petits couacs de la vie des autres, les actes manqués, les manques d’audace ou les regrets qui hantent les héros de son quotidien. En poussant les autres à sortir de leur solitude, elle délaisse peu à peu sa place de spectatrice pour devenir actrice de sa propre histoire. Dans l’ombre, elle tire les ficelles et force un peu la chance pour ceux que le hasard des rencontres n’a pas su réunir. Et non contente de réenchanter le quotidien de ses proches, elle n’hésite pas non plus à donner une bonne leçon à ceux qui oseraient faire preuve de malveillance envers ses protégés. On retrouve la fibre justicière déjà présente chez Matilda (Danny DeVito, 1996), ce qui me laisse rêveuse quant au sujet de mes potentielles vies antérieures : pas impossible que j’ai été une super-héroïne dans une autre ligne temporelle (Oh ça va, c’est mon article, j’ai le droit de rêver un peu).
Bon en vrai, Amélie c’est aussi un personnage qui préfère s’imaginer les choses dans sa tête plutôt que de se confronter à la réalité (du moins au début de l’histoire), et moi aussi, même si je me soigne, donc forcément ça crée du lien. J’aime tous les personnages de cette jolie fable, avec leur folie douce et leur manière si particulière de faire de chaque moment du quotidien un instant magique, qui sort de l’ordinaire. Ça me rappelle qu’il faut mettre le nez dehors de temps en temps et sortir un peu de mon petit monde imaginaire.
Bref, vous l’aurez compris, je pourrais écrire une thèse entière sur mon amour pour Amélie et tous ses acolytes un brin loufoques, juste ce qu’il faut. Si un jour je peux me réincarner, je veux que ce soit dans ce film.
Amandine Eliès
Matilda
Danny DeVito
Avec Mara Wilson, Danny DeVito, Rhea Perlman
Comédie, Fantastique, Etats-Unis, 1h38
1996
Disponible sur Canal VOD et Netflix
A partir de 6 ans
Lolita malgré moi
Réalisé par Mark Waters
Avec Lindsay Lohan, Rachel McAdams, Amanda Seyfried
Comédie, États-Unis,
2004
United International Pictures (IUP)
Disponible sur Canal VOD, Orange, Netflix et Amazon Prime Video
Mon Inconnue
Réalisé par Hugo Gélin
Avec François CIvil, Joséphine Japy, Benjamin Lavernhe
Comédie, Romance, France, Belgique, 1h58
2019
Mars Film
Disponible sur Canal VOD, Orange, Univers Ciné, FilmoTV, et Arté Boutique
Les quatre filles du Docteur March
Réalisé par Gillian Anderson
Avec Donal Logue, Winona Ryder, Trini Alvarado
Drame, États-Unis, 1h55
1994
Disponible sur Orange, Canal VOD et OCS
Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain
Réalisé par Jean-Pierre Jeunet
Avec Audrey Tautou, Mathieu Kassovitz, Jamel Debbouze
Comédie, Romance, Fantastique, France, 2h
2001
UFD
Disponible sur Orange, Canal VOD, FilmoTV et Netflix