Temps de lecture : 2 minutes.
Les vacances d’été se terminent. Tommy, fille de parents bohèmes, prépare la rentrée avec zèle : cette fois, il ne faudra aucun oubli, aucun retard, aucun écart pour prouver à ses camarades qu’elle n’est pas « bizarre ».
Felicità est un film léger, presque un feel good movie. Espérant une rentrée des classes sans vagues ni embûches, Tommy se retrouve embarquée dans une aventure qui pourrait bien l’empêcher d’arriver à l’heure. Le point de vue de l’enfant apporte un entre-deux poétique, où se côtoient humour et visions fantasmagoriques. On se souviendra ainsi de Orelsan en astronaute, attendant avec la protagoniste le retour des parents, devisant philosophie sur la banquette arrière de la voiture familiale. La jeune Tommy, jouée par Rita Merle, suit ces derniers d’un œil où se mêlent distance et admiration. Son casque anti-bruit toujours à portée de main, elle ne peut se soustraire à la famille que par le son : elle se retrouve alors, comme nous, dans la position de spectatrice, immobile sur la banquette arrière, non pas maîtresse de son corps mais de ses sens. Cette position métacinématographique est comparée à celle du scaphandrier ou de l’astronaute : à la dérive, comme cette famille qui vit au jour le jour. Alors que Tommy, elle, aspire à autre chose : être enfin considérée par les pimbêches de l’école. Ses interactions avec le père, Tim, interprété par Pio Marmaï, sont d’une délicieuse impertinence teintée de complicité. Avec des allers-retours dans le temps, ainsi qu’entre fantasmes et réalité, le spectateur ne fait qu’un avec l’enfant, qui fait le choix de croire – ou de ne pas croire – au hors-champ, à ce que son père lui dit mais qu’elle ne voit pas. L’immaturité et les jeux des parents, auxquels la jeune fille tente parfois de se soustraire, font aussi leur unicité et leur charme, comme cette scène qui donne son titre au film, où Tim et sa compagne entonnent avec enthousiasme et conviction un duo en playback.
Si le dernier film de Bruno Merle est un tendre divertissement, il doit beaucoup à la présence de Pio Marmaï. Celui-ci crève l’écran en père fantasque et porte la jeune Rita Merle, dont il s’agit du premier film.
Johanna Benoist
Felicità
Réalisé par Bruno Merle
Avec Pio Marmaï, Rita Merle, Camille Rutherford
Comédie, France, 1h22
15 juillet 2020
Disponible à la location sur Univerciné, FilmoTV, Arte Boutique, Canal VOD & Orange
Un avis sur « [CRITIQUE] Felicità »