[CRITIQUE] Garçon chiffon

Temps de lecture :  2 minutes.

Jérémie va mal : son couple est fini à cause de ses crises de jalousie et sa carrière peine à décoller. Il décide alors de rentrer chez lui, dans le Limousin, voir sa mère.

Révélé dans la série Dix pour cents (2015-2020), Nicolas Maury avait déjà fait une apparition remarquée et remarquable dans l’étrange film Les Rencontres de minuit de Yann Gonzalez (2014). Dans Garçon chiffon, l’acteur français se met en scène dans un film intime qui vient chercher l’inspiration du côté des récits de Xavier Dolan. Sans pudeur, il nous livre ses démons intérieurs et une relation complexe avec sa mère.

Mélancolique, sensible, à bout, le personnage incarné par Nicolas Maury n’arrive plus à voir clair dans sa vie. Comme dit son agent, il est “trop”. Trop gay, trop sentimental, trop émotif. Trop jaloux également : au point de filmer son copain et de fouiller dans son téléphone. Incapable de comprendre ses émotions, il se laisse submerger. Il ne contrôle plus rien et perd pied. Son rapport avec sa mère est empreint de ses complexes. Sa mère – interprétée par l’excellente Nathalie Baye – ne sait plus quoi faire pour le rendre heureux. Mais ce personnage est surtout centré sur lui-même. À l’image du rôle de l’adolescent de L’éveil du printemps de Wedekind qu’il doit préparer pour une audition, Jérémie semble être prisonnier d’un destin tragique déjà tracé. Aveuglé, le monde autour de lui pourrait s’effondrer qu’il pleurerait plus fort sa rupture amoureuse. Il ne voit pas le bonheur de sa mère qui se reconstruit sans son père, il ne voit pas la détresse de son copain qui étouffe sous une jalousie maladive. Il ne voit vraiment pas, car il est trop nombriliste. Cet effet du trop se ressent également dans la mise en scène qui cadre et surcadre son acteur principal. 

Ressentie par les personnages qui l’entourent, le spectateur s’identifie à cette lassitude diégétique. Le fatalisme existentiel de Nicolas Maury n’a rien de subtil et peine à trouver sa place parmi les films qui font l’étude de leurs héros en plein questionnement. Sorte de Baumbach en demi-teinte, de Allen sans l’humour ou de Dolan sans émotions, Maury s’inspire mais ne décolle jamais.

Malgré quelques touches d’humour et de tendresse mère/fils, Nicolas Maury déçoit dans sa proposition d’un jeune homme maniéré, hypersensible et caractériel. L’audience a l’impression d’assister à une séance de partage bien trop personnelle des tourments de Jérémie. Garçon Chiffon est un dialogue entre Nicolas Maury et son héros auquel les spectateur.trice.s ne semble pas avoir été convié.e.s.

Clémence Letort-Lipszyc et Marine Moutot

Garçon Chiffon
Réalisé par Nicolas Maury
Avec Nicolas Maury, Nathalie Baye, Arnaud Valois
Comédie dramatique, France, 1h50
28 octobre 2020
Les Films du Losange

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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