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En cette année 2021, la plateforme de VOD illimitée spécialisée dans le cinéma LGBT+ et le site web gay Jock.life organisent la première édition du QueerScreen festival, entièrement en ligne. Il se tient du 12 au 21 mars avec une à deux séances par jour. L’occasion pour nous de découvrir fictions, documentaires et courts-métrages souvent encore inédits en France. L’accès au festival est réservé aux abonnés de la plateforme QueerScreen. Néanmoins, il est possible de profiter des 7 jours d’essai gratuit, ou de s’abonner pour un mois sans engagement.
Ce film est disponible sur QueerScreen à partir du dimanche 14 mars à 15h pendant 24h.
Après dix ans d’absence, Max, chanteuse d’un groupe de rock, revient dans son quartier natal le temps d’un concert. Ses retrouvailles avec sa bande meurtrie ravive les blessures du passé.
Également sélectionné au festival Chéries-Chéris 2020, La Déesse de l’asphalte se démarque par son exploration des genres et la force de son sujet. Julian Hernandez ouvre les portes d’un gang de femmes, Las Castradoras de Santa Fe (Les Castratrices de Santa Fe) : immersion dans le Mexique des années 80, à la sauce gangster, romance et drame.
L’insécurité est le maître-mot de ce long-métrage. Être une femme au Mexique dans les barrios est une tragédie emprunte de violence et de fatalité. Pour survivre, certaines se plient à la domination masculine, tandis que d’autres portent fièrement leur opposition dans la rue. À l’assaut des agresseurs sexuels et contre la réification du corps féminin, Max, Ramira, Carcacha, Sony et Guama délivrent un message puissant de militantisme et d’ambition. Leur lutte se heurte incessamment à la société qui emprisonne la femme dans les carcans de la bonne ménagère aux fourneaux. Car si la jeunesse est progressiste, la figure de la mère (représentée par deux fois) dénote bien de leur comportement. Ce sont notamment ces figures d’autorité – ainsi que celles de certains hommes de l’histoire – qui rappellent le spectateur et nos héroïnes à la dure réalité.
La fragilité de leur environnement est habilement signifiée par un cadrage singulier. Filmé en biais, en contre-plongée ou avec des plans à moitié obstrués, tout semble pouvoir basculer d’un moment à l’autre. Dans cette vie au jour le jour, tout ne tient qu’à un fil. Si ces propositions visuelles sont à propos, on déplore tout de même leur multiplicité. La caméra virevolte au-dessus des têtes, entre les jambes des héroïnes, elle se faufile entre les étagères de magasins et nous ne savons plus trop où donner de la tête. Les thèmes demeurent essentiels et leur traitement original, mais La Déesse de l’asphalte peine un peu par sa narration et l’abondance de ses effets.
Ce film éminemment féministe brosse le portrait d’une sororité vitale qui résonne d’autant plus avec nos sociétés contemporaines.
Clémence Letort–Lipszyc
La déesse de l’asphalte (La diosa del asfalto)
Réalisé par Julian Hernandez
Avec Nelly González, Alejandra Herrera, Mitzi Mabel, Cadena Ximena Romo
Drame, Romance, Mexique, 2h00
Optimale Distribution