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Qui n’a jamais rêvé de boire un café, manger un croissant à 5h du matin devant la vitrine de Tiffany & Co. sur la 5e Avenue tout en portant du Givenchy ?
La réponse est simple : toutes les personnes qui n’ont jamais regardé Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s, Blake Edwards, 1961).
Diamants sur canapé est facilement qualifiable de classique avec sa musique iconique, sa photographie magique et une Audrey Hepburn magnifique. Afin de découvrir toute l’étendue de son talent, Amazon Prime a mis à disposition sur sa plateforme plus d’une dizaine de films avec cette fameuse actrice en tête d’affiche. Cette fameuse actrice ? Vous pouvez la trouver dans le dictionnaire au mot « élégance ». Si vous n’êtes pas encore convaincu, un petit tour de la carrière d’Audrey Hepburn vous fera changer d’avis !
Née en 1929, Audrey Ruston a vécu l’occupation allemande pendant son enfance en Hollande. Après des années de malnutrition, de privations et la perte de nombreux de ses proches, Audrey part pour Londres avec une bourse en poche pour devenir ballerine. Malheureusement, son corps a beaucoup souffert pendant la guerre et ne correspond pas aux critères des danseuses étoiles. Elle commence alors à accumuler des rôles mineurs au cinéma à la fin des années 40. Petit à petit, elle monte sur les planches des théâtres de New York, ce qui lui ouvre les portes d’Hollywood en 1953. La grande aventure commence !
Vacances Romaines, William Wyler, 1953
Royale mais enfermée
En 1953, sort Vacances Romaines (Roman Holiday) de William Wyler. Cette première virée italienne vaudra à Audrey l’Oscar de la Meilleure Actrice en 1954. Le film fut un succès. Il dépeint l’histoire d’une jeune princesse, Ann, qui visite la capitale italienne et qui, soumise à des protocoles très stricts, n’est pas libre de ses choix. Un soir, elle s’échappe du palais et se retrouve seule dans les rues de Rome. Évidemment, un beau jeune homme du nom de Bradley la remarque (qui n’est autre que Grégory Peck) et décide de prendre soin d’elle. Il est journaliste et doit faire un papier sur la princesse. Ils passent la journée ensemble à déambuler dans Rome, à rouler en Vespa et à déguster des gellati… Ann prend la décision de rentrer au palais où une conférence de presse l’attend. Là, elle reconnaît Bradley qui ne peut se résoudre à la quitter sans la voir une dernière fois. Soudain, la princesse Ann se lance dans un monologue iconique… À découvrir en regardant le film !
Ce film romantique lance la carrière d’Audrey Hepburn, sans réelle expérience jusqu’alors. C’est par sa simplicité et son élégance naturelle qu’elle tape dans l’œil des réalisateurs qui cherchent tous une actrice avec ce je ne sais quoi.
Une icône mode
Sabrina, Billy Wilder, 1964 / Comment voler un million de dollars ?, William Wyler, 1966
Un an plus tard, elle forme à nouveau un duo emblématique du 7ème Art avec Humphrey Bogart dans Sabrina (Billy Wilder, 1954). Une fois encore, Audrey campe le rôle d’une jeune femme qui rêve d’une autre vie. C’est à cette occasion qu’elle fera la rencontre qui changera à jamais son style vestimentaire : Hubert de Givenchy, qui, lors de leur première rencontre, s’attendait à voir arriver Katharine Hepburn.
La robe noire de Diamants sur canapé (Blake Edwards, 1961), le col roulé dans Drôle de frimousse (Stanley Donen, 1957), les lunettes blanches de Comment voler un million de dollars ? (William Wyler, 1966)… Tant de pièces iconiques qui composent le vestiaire d’Audrey Hepburn et qui reflètent son style à la fois discret et terriblement raffiné. Chacun de ses films aura sa tenue fétiche et identifiable. Et surtout, indémodable. C’est ce qui rend Audrey si intemporelle. Même si porter une robe rose signée Hubert de Givenchy ne semble pas vraiment possible au quotidien, il suffit d’un pantalon 7/8ème et d’un pull noir pour être habillé·e comme Miss Hepburn !
Indépendante et piquante
Diamants sur canapé, Blake Edwards, 1961
Même actrice mais personnage différent. Dans Diamants sur canapé (Blake Edwards, 1961), on découvre une femme libre et terriblement seule. Ce long métrage, souvent adapté au théâtre par la suite, met en scène deux personnages : Holly et Paul. Ils sont voisins et ils ont une activité commune : tous deux offrent leur corps contre rémunération. La différence entre les deux ? Paul croit encore au grand amour alors que Holly voit l’Amour comme un avantage pécuniaire. À travers plusieurs aventures dans le centre de New-York, les deux protagonistes vont-ils arriver à trouver un terrain d’entente ? Étant donné qu’il s’agit d’une comédie romantique des années 60, vous ne serez pas surpris·e d’apprendre que oui. C’est un rôle beaucoup plus frivole et controversé pour Audrey et qui est tiré de la nouvelle éponyme de Truman Capote. Il est aussi plus subtil et plus attachant qu’il n’y paraît. Beaucoup d’impresarios utilisaient les termes « Darling Holly Golightly » pour présenter le rôle/personnage d’Audrey. C’est aussi son rôle le plus connu car quelques attributs du film sont devenus des véritables éléments de la pop culture. On peut penser au porte-cigarette, à la robe de soirée (dessinée par Givenchy, quelle surprise), le collier de perles, mais aussi à « Chat » (il faut voir le film pour comprendre cette référence) et bien sûr que serait un film romantique sans une scène finale mémorable ? La scène du baiser sous la pluie n’est pas nouvelle au cinéma mais il permet à Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s en version originale : ce qui a plus de sens) de faire partie des classiques. Comment savoir si un film est un classique ? Car il est encore présent d’une façon ou d’une autre dans les productions d’aujourd’hui : Blair Waldorf et son clin d’oeil à la tenue d’Holly dans Gossip Girl (Josh Schwartz, 2007) la soirée déguisée dans Big Little Lies (Jean-Marc Vallée, 2017) l’utilisation de la chanson originale Moon River dans les films… Au-delà du long métrage, c’est surtout Audrey dans ce long métrage qui est gravé dans les mémoires. Par ailleurs, la chanson Moon River interprétée par Holly Golightly au bord de la fenêtre de son appartement ne devait pas apparaître dans le film. Mais face à tant de pureté et de sensibilité qui craque un peu le vernis de ce personnage, le réalisateur a ajouté la scène au montage ! C’est ça, le talent « Audrey ».
Changement de ton
Drôle de frimousse, Stanley Donen, 1957 / My Fair Lady, George Cukor, 1964
Un petit truc en plus ? Le musical !
L’essor des comédies musicales aux États-Unis dans les années 50 et 60 a aussi eu un impact sur la carrière d’Audrey. En 1957, elle incarne Jo Stockton, une jeune libraire new yorkaise qui va devenir mannequin sous l’impulsion du roi des claquettes : Fred Astaire. Ce duo est la tête d’affiche de Drôle de frimousse (Funny Face, Stanley Donen, 1957) adapté de la comédie musicale de George et Ira Gershwin. Avec des bases de danseuse, on savait qu’Audrey était capable de briller dans une comédie musicale mais on est aussi charmé·e par ses talents d’interprète. Les chansons du film ont été enregistrées par les acteurs ce qui apporte une authenticité touchante. Et ce qui est bien lorsqu’on regarde les films d’Audrey Hepburn, c’est que l’on peut voyager ! Après Rome dans Vacances Romaines, c’est Paris qui joue un second rôle important dans Drôle de frimousse. Qu’il est plaisant de valser dans la Ville Lumière avec Audrey et Fred Astaire.
Même si Audrey est doublée pour les scènes de chant dans My Fair Lady (George Cukor, 1964), ce rôle restera comme l’un des plus populaires de sa carrière. Julie Andrews avait été contactée pour ce rôle mais c’est Audrey qui l’a emporté (et Julie est partie interpréter Mary Poppins dans la foulée !). Elle joue le rôle d’Eliza Doolittle, une fleuriste à l’élocution insupportable qui demande au professeur Henry Higgins (Rex Harrison) de l’aider à soigner sa diction. Ce dernier accepte suite à un pari à l’issue duquel il devra présenter Eliza comme une Lady à l’ambassade de Transylvanie, quelques mois plus tard. On découvre une nouvelle facette du jeu d’Audrey : beaucoup moins dans la retenue qu’à l’accoutumée. Cependant, ce rôle souligne aussi le schéma des rôles de la comédienne et s’inscrit dans la continuité de ses interprétations. Un fait fascinant chez les personnages d’Audrey Hepburn, c’est cette impression de constance. Comme si chaque trait de personnalité de ses personnages s’additionnaient au fil des films. Par exemple, l’innocence de la princesse Ann convient aussi à Jo dans Drôle de frimousse et la détermination de Jo se ressent chez notre Darling Holly Golightly et ainsi de suite. Pas tout à fait sûre que Natacha Rostov (Guerre et Paix, King Vidor, 1956) ait la frivolité de la Princesse Ann mais vous saisissez l’idée !
La vie d’une femme
Charade, Stanley Donen, 1963 / La Rose et la Flèche, Richard Lester, 1976
L’évolution de ses rôles reflète parfaitement les étapes de la vie d’une femme. Au début de sa carrière, Audrey incarne des jeunes adultes qui cherchent à échapper à leur destin (Vacances Romaines, Sabrina). Petit à petit, elle joue des rôles de femmes un peu plus affirmées qui assument leurs choix et font preuve d’indépendance (Drôle de frimousse, Diamants sur canapé). Plus on avance dans la chronologie et plus ses rôles prennent en maturité. Elle paraît de plus en plus ancrée, sereine et décidée comme dans Charade de Stanley Donen. Par la suite, Audrey se fera de plus en plus rare au cinéma. Fini les comédies musicales et les rôles de jeunes ingénues. Toujours dans cet esprit de continuité, au fil des années, ses interprétations restent cohérentes avec son âge, ses expériences et ses envies. Vers la fin de sa carrière, elle incarnera des femmes plus brisées comme dans La Rose et la Flèche (Robin and Marian, Richard Lester, 1976) qui raconte l’histoire de Robin des bois revenant des croisades des années après sa rencontre avec Marianne.
Après 40 ans de carrière au cinéma, Audrey se retire et se consacre à des opérations humanitaires avec l’UNICEF. Sensibilisée dès son plus jeune âge à la malnutrition, elle décide d’aider les organisations qui mènent des actions contre la faim dans le monde.
Ouvreuse, princesse, libraire, mannequin, métier difficilement qualifiable par écrit d’Holly Golightly dans Diamants sur canapé, fleuriste, collectionneuse, héroïne de Tolstoï, autant de femmes qui font aujourd’hui partie du paysage du cinéma classique. Tous portés à l’écran par l’actrice aux yeux de biche : Miss Audrey Hepburn.
Déborah Mattana
Vacances romaines (Roman Holiday)
Réalisé par Billy Wilder
Avec Audrey Hepburn, Gregory Peck et Eddie Albert
Comédie romantique États-Unis, 1h58
1953
Paramount Pictures
Disponible sur Amazon Prime (sous conditions)
Sabrina
Réalisé par Billy Wilder
Avec Audrey Hepburn, Humphrey Bogart, William Holden
Comédie romantique, États-Unis, 1h53
1954
Paramount Pictures
Disponible sur Amazon Prime (sous conditions)
Guerre et Paix (War and Peace)
Réalisé par King Vidor
Avec Audrey Hepburn, Mel Ferrer et Henry Fonda
Film historique, Etats-Unis, Italie, 3h28
1956
Paramount Pictures
Disponible sur Amazon Prime (sous conditions)
Drôle de frimousse (Funny Face)
Réalisé par Stanley Donen
Avec Audrey Hepburn, Fred Astaire, Kay Thompson
Comédie musicale, Etats-Unis, 1h43
1957
Paramount Pictures
Disponible sur Amazon Prime (sous conditions)
Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s)
Réalisé par Blake Edwards
Avec Audrey Hepburn et George Peppard
Comédie romantique, États-Unis, 1h55
1961
Jurow-Shepherd Productions
Disponible sur Amazon Prime
Charade
Réalisé par Stanley Donen
Avec Audrey Hepburn et Cary Grant
Thriller, Etats-Unis, 1h55
1963
Universal Pictures
Disponible sur Amazon Prime
My Fair Lady
Réalisé par George Cukor
Avec Audrey Hepburn, Marni Nixon, Rex Harrison
Comédie musicale, Etats-Unis, 2h55
1964
Warner Bros.
Disponible sur Amazon Prime (sous conditions)
Comment voler un million de dollars ? (How to Steal a Million)
Réalisé par William Wyler
Avec Audrey Hepburn et Peter O’Toole
Comédie, Etats-Unis, 2h07
1966
Twentieth Century Fox
Disponible sur Amazon Prime (sous conditions)
La Rose et la Flèche (Robin and Marian)
Réalisé par Richard Lester
Avec Audrey Hepburn et Sean Connery
Film d’aventure, Etats-Unis, 1h46
1976
Columbia Pictures
Egalement disponible :
Deux Têtes Folles
Réalisé par Richard Quine
Avec Audrey Hepburn et William Holden
Comédie, Etats-Unis, 1h50
1964
Paramount Pictures