[CRITIQUE] Re-naissances, le voyage de l’âme

Temps de lecture :  3 minutes.

En cette année 2021, la plateforme de VOD illimitée spécialisée dans le cinéma LGBT+ et le site web gay Jock.life organisent la première édition du QueerScreen festival, entièrement en ligne. Il se tient du 12 au 21 mars avec une à deux séances par jour. L’occasion pour nous de découvrir fictions, documentaires et courts-métrages souvent encore inédits en France. L’accès au festival est réservé aux abonnés de la plateforme QueerScreen. Néanmoins, il est possible de profiter des 7 jours d’essai gratuit, ou de s’abonner pour un mois sans engagement.

Ce film est disponible sur QueerScreen à partir du mardi 16 mars à 18h pendant 24h. 

Iels s’appellent Giovanna, Roman, Cate et Yi Chen. Tous les quatre sont militants LGBT+. Tous les quatre ont été migrants. Aujourd’hui, ils vivent à Paris et racontent leur parcours face caméra.

Re-naissances, le voyage de l’âme est, comme son nom l’indique, un film sur une seconde vie, non pas celle après la mort, mais celle après les violences, les migrations et les discriminations. Non pas que celles-ci fassent totalement partie du passé mais, après tant de difficultés endurées, l’espoir est toujours là, plus présent que jamais, l’espoir d’une nouvelle vie à Paris. 

Et c’est bien dans une capitale française aux teintes mordorées – celle d’un rêve ? – que s’ouvre le documentaire. Le dispositif est simple, classique. Le réalisateur franco-péruvien, Santi Zegarra, grand voyageur également Parisien, filme tour à tour quatre militant.e.s LGBT qui lui racontent leur parcours. La caméra est là, très proche, comme lui, sorte de point de vue subjectif. D’ailleurs, quand il n’est plus présent par cet œil, Santi Zegarra accompagne notre parcours en voix off. Cette voix, parfois un peu artificielle, guide tout de même la réflexion entamée autour de deux fils conducteurs : l’éveil au militantisme LGBT et l’immigration internationale. 

En effet, les quatre protagonistes de Re-naissances ont chacun.e dû faire face à la violence des sociétés dans lesquelles ils évoluaient. Giovanna, femme transgenre colombienne, est née à Bogota où les trans sont souvent contraints à la prostitution et assassinés. Plus tard, elle apprend qu’elle est séropositive et doit faire face aux décès de nombre de ses ami.e.s. Roman, homme transgenre russe, explique lui aussi les dangers encourus du fait de son orientation sexuelle en Russie. Le réalisateur Santi Zegarra part également à la rencontre de Cate, mère de famille lesbienne ougandaise. Elle révèle qu’elle a dû quitter son pays d’origine à cause de sa sexualité mais qu’aujourd’hui, en France, elle rencontre des difficultés administratives auprès de l’OFPRA pour faire reconnaître son statut de réfugiée. Pour finir, c’est Yi Chen, jeune homme gay chinois qui se prête au jeu de la caméra pour évoquer son passé en Chine. A travers ces histoires de vie, on devine en filigrane un certain écho avec le parcours du réalisateur. Re-naissances pose ainsi une question primordiale, commune à chacun des protagonistes : comment être soi dans une société qui nous refuse ?

Le réalisateur a fait le choix d’une mise en scène assez marquée à grand renfort de photographies et de plans aux allures de carte postale qui donnent un côté un peu bricolé à l’œuvre. Le montage, très illustratif, alterne entre ces moments, de classiques entretiens et des séquences totalement mises en scène, parfois assez maladroites, où les protagonistes révèlent leur beauté sur les rails de la Petite Ceinture. Pourtant quelques jolies prises comme la scène de maquillage de Roman, mi-homme mi-femme, rendent ces moments touchants. Le côté diaporama se dissipe peu à peu pour le plus grand bien du film. 

Re-naissances est un documentaire intéressant qui, bien qu’il penche parfois un peu trop du côté du reportage, trop didactique, a su mettre en lumière quatre destins passionnants et trop souvent tus. Avec ces portraits de “ceux qui font progresser la cause”, Santi Zegarra partage avec nous des rencontres fortes faites par le biais du militantisme et nous fait un peu entrer dans cette “tribu des expatriés” – comme il la nomme si joliment – qui rassemble ses ami.e.s.

Manon Koken

Re-naissances, le voyage de l’âme
Réalisé par Santi Zegarra
Documentaire, France, 2018, 1h22

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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