[CRITIQUE] Beautiful Thing

Temps de lecture :  2 minutes.

En cette année 2021, la plateforme de VOD illimitée spécialisée dans le cinéma LGBT+ et le site web gay Jock.life organisent la première édition du QueerScreen festival, entièrement en ligne. Il se tient du 12 au 21 mars avec une à deux séances par jour. L’occasion pour nous de découvrir fictions, documentaires et courts-métrages souvent encore inédits en France. L’accès au festival est réservé aux abonnés de la plateforme QueerScreen. Néanmoins, il est possible de profiter des 7 jours d’essai gratuit, ou de s’abonner pour un mois sans engagement.

Ce film est disponible sur QueerScreen à partir du jeudi 18 mars à 18h pendant 24h. 

Dans la banlieue populaire de Londres, Jamie, bouc-émissaire de ses camarades, sèche les cours, au grand dam de sa mère célibataire, qui doit aussi affronter son regard critique et supporter ses voisins de palier. À gauche, le son de Mama Cass, chanteuse des Mamas & Papas, que Leah, renvoyée de l’école, écoute à fond, en boucle. À droite, Ste se fait battre par son père et son frère. Il trouve refuge chez Sandra et Jamie. Bientôt, une relation amoureuse se noue entre les deux adolescents.

Beautiful Thing est devenu un classique. Lorsqu’il sort, à la fin des années 1990, la Section 28, amendement qui empêche les institutions locales de “promouvoir (…) l’acceptabilité de l’homosexualité”, est toujours en place au Royaume-Uni : l’homosexualité est légale mais encore marginalisée. En outre, l’ombre du SIDA plane encore sur la communauté gay. Dans ce contexte, la diffusion d’un tel film à la télévision n’était pas une évidence. Et pourtant… Beautiful Thing est une des œuvres pionnières et charnières de la fin des années 1990. 

Malgré l’image un peu vieillotte et la post-synchronisation, qui peuvent surprendre un public habitué aux réalisations contemporaines, ce qui frappe au visionnage de Beautiful Thing est qu’il est indémodable. Ni misérabiliste ni naïf, c’est un long-métrage simple et solaire, presque un feel-good movie. Ancré dans le réalisme social, il propose le portrait touchant d’une famille monoparentale et des classes populaires, comme le cinéma britannique sait bien le faire. La réalisatrice dépeint les relations entre mère et fils, parfois tendues, souvent tendres et drôles. Elle traite les difficultés de la classe ouvrière avec pudeur, sans les taire : une scène de harcèlement se teinte de comédie – amère, certes, mais tout de même – quand un professeur devient victime d’un mauvais jeu de mot, la découverte du corps recouvert de bleus de Ste se mue en tendre moment, une violente dispute se transforme en confession.  

L’arc-en-ciel au-dessus des barres d’immeuble, au début du film, donne le ton : filmé en contre-plongée, il magnifie cet environnement habituellement montré comme sombre et grisâtre. L’école buissonnière devient joyeuse, alors même qu’elle naît de brimades. Ce plan annonce les joies futures, tout comme les chansons qui parsèment le film : Sixteen Going on Seventeen, de la comédie musicale La Mélodie du bonheur, Your Own Kind of Music des Mamas & Papas, Dream a Little Dream de Mama Cass. La scène finale, qui fait écho à la première scène, est une douce ode à l’acceptation et un pansement pour les pessimistes. 

Diffusé à la Quinzaine des réalisateurs en 1996, Beautiful Thing est à la fois une coming-of-age story, un feel-good movie et un portrait touchant de la classe ouvrière britannique. Simple et intemporel. 

Johanna Benoist

Beautiful Thing
Réalisé par Hettie MacDonald
Avec Linda Henry, Glen Berry, Scott Neal
Comédie Dramatique, Romance, Royaume-Uni, 1h31
Première sortie en 1996, ressortie en 2020
Splendor Films

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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