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Adolescente parisienne au caractère bien trempé, Vanille apprend qu’elle doit passer l’été chez sa Tatie en Guadeloupe. Et voilà, tout son programme estival tombe à l’eau sur simple décision de son père. Pff, quel rabat-joie ! Bien que mouvementée, l’arrivée sur l’île va rapidement lui faire découvrir un vaste complot qui se révèle bien plus magique qu’elle ne le pensait.
Découvert au Festival européen du film court de Brest 2020, Vanille a éveillé notre curiosité en abordant la culture guadeloupéenne et les croyances spirituelles à travers le parcours de cette ado parisienne au sacré caractère. La langue créole est très présente et, bien que les spectateur.rice.s n’en comprennent pas les nuances, cela n’est pas un frein à l’intrigue. Le discours sur l’importance de l’identité, notamment par la reconquête des cheveux via la coupe afro (que Vanille rejette avant d’abandonner le lissage) et le lien aux origines (depuis le décès de sa mère Domi, Vanille n’a plus eu aucun lien avec sa famille maternelle) est particulièrement intéressant et plein de sens. Le court-métrage met également en avant quelques musiques traditionnelles guadeloupéennes, notamment la célèbre chanson “Papiyon volé”. Le réalisateur guadeloupéen, Guillaume Lorin, a également fait le choix d’intégrer des paysages de Guadeloupe en prise de vues réelles en décors à l’animation numérique en deux dimensions. Bien que ce choix soit original et que le rendu soit réussi, il n’est pas le plus convaincant à mes yeux même s’il permet de découvrir des paysages souvent inédits pour les jeunes spectateurs.
Sous ses atours de comédie familiale, Vanille devient progressivement un conte initiatique fantastique dans lequel la jeune fille qui, après avoir parcouru l’île et fait de nombreuses découvertes, se retrouve chargée d’une mission : récupérer du pollen dans le volcan. Les croyances se mêlent rapidement à la réalité : le soucougnan, esprit malfaisant prenant la forme d’un oiseau noir, vole les beaux cheveux frisés de leurs propriétaires pendant la nuit afin de les dévorer. Un jeune garçon, Oba, sorte d’esprit de la forêt, est là pour lutter et, heureusement pour lui, Vanille prend part à l’aventure à ses côtés. Progressivement, Vanille apprend à connaître sa famille et l’île. Elle devient ainsi une véritable ilienne, attachée à cette nouvelle culture qu’elle découvre. Programmé avec Maman pleut des cordes au Festival national du film d’animation de Rennes, les deux films partagent ainsi de nombreuses caractéristiques : découverte, solidarité, famille et quête sont au programme.
Particulièrement plébiscité via france.tv qui lui a donné une belle visibilité, ce court-métrage télé manque malheureusement un peu de finesse. La crise d’adolescence de Vanille est un peu cliché (et elle a une voix étrangement plus âgée que son apparence). L’univers graphique n’est pas des plus inventifs bien qu’il réfléchisse fortement à la meilleure manière de retranscrire l’environnement tropical. Et l’intrigue finit également par verser un peu trop dans le spectacle. Le film se clôt sur un affrontement, digne des Pokémon, qui est loin de convaincre avec son attaque au papier toilette.
Vanille reste une court-métrage plein de belles idées qui nous en apprend beaucoup sur la culture créole. Non dénué d’humour, c’est le caractère effronté de Vanille qui nous séduit et nous convainc. Et évidemment, le clin d’œil rigolo à son papa, Breton et fier de l’être, comme par hasard établi à Montparnasse avec sa crêperie. Cela ne devrait pas déplaire aux spectateurs du festival rennais !
Manon Koken
Vanille
Réalisé par Guillaume Lorin
Avec les voix de Marie-Eva Phaan, Macéo Carole, Tricia Evy
Aventure, Famille, Animation, France, 31 min
A partir de 5 ans
Gebeka Films, Folimage
Disponible sur myCanal, Canal + Family et Teletoon