[CRITIQUE] Love and Monsters

Temps de lecture :  6 minutes

La destruction d’une météorite avec des missiles atomiques a eu pour effet secondaire de transformer la faune du monde terrestre en un environnement peuplé de monstres, menant à l’effondrement de la civilisation humaine. Sept ans après le Monsterpocalypse, Joel Dawson vit sous terre avec le reste de l’humanité, depuis que les créatures géantes ont pris possession de la planète. Renouant par radio avec sa petite amie du lycée, Aimee, qui est maintenant à 130 km dans une colonie côtière, Joel réalise qu’il est toujours amoureux d’elle. Alors que ce dernier se rend compte qu’il n’y a plus rien pour lui sous terre, il décide contre toute logique de s’aventurer vers sa dulcinée, malgré tous les monstres dangereux qui se dressent sur son chemin et sa maladresse légendaire.

Il n’y a pas à dire, le film Love and Monsters n’a jamais aussi bien porté son titre. En effet, ce film aux allures de long métrage survivaliste est teinté de comédie romantique. Certes, il reprend absolument tous les codes de ces deux genres pourtant bien distincts, mais il arrive à bien les respecter et surtout à les mélanger/mêler correctement. Alors même si les ingrédients sont de qualité et bien dosés, la recette reste sans surprise. L’œuvre de Michael Matthews, privée de salles en 2020, coche toutes les cases du film de genre sans trop bousculer le spectateur qui retrouve tous les éléments des films young adults post-apocalyptiques. Néanmoins, toutes les bonnes pratiques sont parfaitement exécutées : même sans prise de risques, c’est une réussite assurée !

Avec une sortie prévue à l’automne 2020 aux États-Unis et une crise sanitaire, Love and Monsters n’est sorti en salles que le temps d’un week-end et a ensuite fait son bout de chemin sur les plateformes digitales outre-Atlantique. En France, il est disponible sur Netflix depuis le 14 avril 2021. Estampillé comme appartenant aux genres de la comédie romantique, de la science-fiction et du film d’aventure, on se demande forcément à quoi s’attendre. Et bien sûr, à tout cela, condensé en 1h50. 

Le danger avec la présence de clins-d’oeil peu subtils, c’est que le récit finit par ressembler à un enchaînement de clips hommage à d’autres films du genre. En premier lieu, nous avons toute une panoplie de personnages légèrement clichés rassemblés dans un seul et même film : le héros un peu naïf qui n’a pas confiance en ses capacités, Joel (Dylan O’Brien), une jeune femme indépendante et badass, Aimee (Jessica Henwick) ou/ et un duo composé d’un aventurier et d’une petite fille qui maîtrisent toutes les subtilités de la vie dans un monde post-apocalyptique : Clyde et Minnow (Michael Rooker et Ariana Greenblatt). Cette joyeuse bande ne vous rappelle personne ? Et si on vous parle du casting de Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009) ? Ce sont exactement les mêmes personnalités présentes dans le classique du film de zombies et dans Love and Monsters. Sans compter sur la ressemblance perturbante entre Michael Rooker et Woody Harrelson qui interprète Tallahassee, chasseur de zombie émérite. Loin d’être un reproche, car les personnalités s’accordent parfaitement et représentent chacune une manière de s’adapter à ce genre de vie, cela reste malheureusement sans surprise en termes de traits de caractère. Au demeurant, les acteurs sont au rendez-vous et délivrent des performances à la hauteur des attentes du public, quoiqu’un peu trop prévisibles. L’effet Dylan O’Brien fonctionne très bien dans ce rôle d’amoureux transi attachant et courageux, plus par maladresse que par témérité. C’est ce qui fait le charme du personnage : l’émotion qu’il dégage. 

Au-delà des scènes de combat contre des insectes géants, certains moments émouvants ponctuent le récit et sont terriblement authentiques. Même si cela fait des années que Joel vit dans ce monde post-apocalyptique, il y a toujours une notion de deuil  présente en toile de fond. Impossible de ne pas faire le parallèle avec un autre personnage qui évolue dans le même genre de monde : Rick Grimes (Andrew Lincoln) dans The Walking Dead (Frank Darabont et Robert Kirkman, 2010). En effet, dans cette série incontournable, Rick doit apprendre à survivre dans un monde peuplé de morts-vivants tout en étant porté par une quête plus personnelle dont la perte d’un être cher.

Joel va-t-il effectuer son voyage seul ? Bien sûr que non. Un fidèle compagnon à quatre pattes rencontré sur la route va se joindre à lui : Boy. Le parallèle est vite fait avec le duo que forme Robert (Will Smith) et sa chienne, Sam, dans Je suis une légende de Francis Lawrence (2007). Un arc narratif de sidekick complètement bateau – mais qui fonctionne. Au cours de son aventure, Joel va croiser le chemin d’un duo fonctionnel et tellement traditionnel dans ce genre de film. Clyde et Minnow vivent en surface et connaissent par cœur les rouages de cette nouvelle nature. Là encore, les scènes des films d’aventure se succèdent dont le moment touchant au coin du feu entre deux péripéties. Cette scène classique des films d’aventure permet de faire une pause dans la narration en apportant quelques clés pour comprendre les personnages et découvrir une nouvelle facette de ces derniers. Ce genre de scène se déroule donc la nuit, sous un ciel étoilé et autour d’un feu de camp comme dans Solo : A Star Wars Story (Ron Howard, 2018) ou encore Australia (Baz Luhrmann, 2008). 

Évidemment, il y a quand même quelques surprises dans Love and Monsters. Notamment la qualité des effets spéciaux. Le film est d’ailleurs nommé dans la catégorie Meilleurs effets visuels aux Oscars 2021, rien que ça ! Âmes sensibles, s’abstenir. Certes, c’est dans le titre : “monsters”, mais certaines créatures pourraient vous faire faire des cauchemars. Le long métrage est découpé en plusieurs parties et chaque partie met en avant un nouveau monstre. Étant donné qu’il s’agit d’animaux qui ont subi des mutations, la plupart de ces monstres sont des évolutions de la faune que nous connaissons : escargots dont la coquille est une montagne, crapauds géants et visqueux, crabes gigantesques… Basés sur une idée d’accumulation, ces monstres présentent des caractéristiques particulières : des tentacules qui cachent d’autres tentacules, des crocs qui en couvrent d’autres, des bouches avec des rangées de dents interminables… Même si la présentation de ces monstres ressemble à un jeu Pokémon car chaque lieu a son type de monstres : le crabe au bord de la mer, le crapaud dans le marais, les fourmis dans un terrain vague, la constitution de ces animaux reste plausible et cohérente (dans le cadre d’une réalité post-apocalyptique, bien sûr). À aucun moment on doute de la qualité des effets spéciaux. Ce qui pêche serait plutôt le manque d’effet de surprise car les monstres, nous les voyons arriver des kilomètres à l’avance. 

Love and Monsters. Le côté “monsters”, c’est fait. Mais qu’en est-il de l’aspect “love” ? Le film était intitulé Monsters Problems à l’origine mais il a été rebaptisé au moment de sa sortie digitale. La principale motivation de Joel pour sortir affronter les monstres étant l’amour, il fallait bien lui donner un peu plus d’importance. Séparé de sa petite amie lorsque le monde a basculé, Joel reste sept ans enfermé loin d’elle. Il arrive à la localiser au bout de quelques années grâce à sa radio. Il sait donc où elle se trouve. Ne voulant pas mourir seul, il part à sa rencontre. Malgré le fait que ses amis et ses compagnons de route soulignent qu’au bout de sept ans, elle est peut-être passée à autre chose, la volonté de Joel reste intacte. Sans surprise, leur rencontre ne va pas se passer comme il l’attendait (car oui, il a réussi à arriver jusqu’à elle). L’alchimie fonctionne bien entre Dylan O’Brien et Jessica Henwick et ce couple apporte une bouffée d’air frais au milieu des termites géantes. Même si l’arrivée d’un personnage rival qui s’interpose entre les deux tourtereaux est un classique des intrigues des comédies romantiques, les apparences sont parfois trompeuses. De plus, la fin reste ouverte et laisse une belle opportunité pour une suite !

Love and Monsters essaie de toucher un public très large avec des arguments variés et parfois même complètement opposés. Les jeunes adultes qui ont grandi avec des sagas comme Hunger Games (Gary Ross puis Francis Lawrence, 2012-2015) ou Le Labyrinthe (Wes Ball, 2014-2018) seront ravis de voir cette quête menée par Dylan O’Brien. Celles·ceux qui sont plutôt fans des bandes de mercenaires qui essaient de survivre dans un environnement hostile comme dans les films post-apocalyptiques seront aussi servis. Et enfin, celles·ceux qui recherchent un peu d’émotion pourront aussi profiter de beaux moments à la WALL-E (Andrew Stanton, 2008) et auront de quoi survivre entre deux attaques de chenilles mutantes. En résumé, Love and Monsters est sans surprise mais accumule des codes cinématographiques maîtrisés qui nous permettent de passer un bon moment.

Déborah Mattana

Love and Monsters
Réalisé par Michael Matthews
Avec Dylan O’Brien, Michael Rooker, Ariana Greenblatt, Jessica Henwick
Paramount Pictures
2020
Disponible sur Netflix

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

Un avis sur « [CRITIQUE] Love and Monsters »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :