[CRITIQUE] Sans aucun remords de Tom Clancy

Temps de lecture : 5 minutes

Un Marine des forces spéciales du nom de John Kelly découvre une conspiration internationale alors qu’il cherche à venger l’assassinat de sa femme, enceinte, par des soldats russes. Il va poursuivre ces meurtriers coûte que coûte, avec l’aide d’une consœur et d’un mystérieux agent de l’ombre de la CIA, Robert Ritter. Cette mission très sensible menace d’entraîner les États-Unis et la Russie dans une terrible guerre. John Kelly devra révéler des secrets bien enfouis tout en évitant une catastrophe.

Le film de Stefano Sollima, adepte des films d’action avec Suburra en 2015 ou encore Sicario : La Guerre des cartels en 2018, est une adaptation du roman éponyme de Tom Clancy. Sans aucun remords est la genèse explosive de l’histoire du héros John Clark, l’un des personnages les plus populaires de l’univers de l’auteur de la saga Jack Ryan. Cet opus revient sur les origines de John Clark, ici rebaptisé John Kelly, un personnage apparu dans plusieurs romans de l’auteur depuis Le Cardinal du Kremlin (1988). Ce n’est pas la première fois que ce personnage est porté à l’écran, il était apparu sous les traits de Willem Dafoe dans Danger immédiat (1994) puis ceux de Liev Schreiber dans le film La Somme de toutes les peurs (2002). D’abord personnage secondaire, il a droit à son propre opus cette année. Les studios Paramount Pictures devaient initialement le distribuer dans les salles de cinéma mais, en raison de la pandémie, c’est Amazon qui s’est emparé des droits pour le diffuser sur Prime Video depuis le 30 avril 2021. 

Basé sur un scénario assez classique de vengeance, Sans aucun remords n’offre pas beaucoup de surprises. Quelques rebondissements viennent ponctuer le récit mais la plupart des moments d’étonnement sont déclenchés par les excès de colère du personnage principal : John Kelly. Ce membre des Navy SEALS est interprété par Michael B. Jordan, habitué des rôles intenses et exigeants sur le plan physique. En effet, il reste à l’acteur quelques reliquats de ses entraînements lors des tournages de Black Panther (Ryan Coogler, 2018) ou encore de la saga Creed (Ryan Coogler, Steven Caple Jr., 2015-2018). L’anti-héros se lance dans une course effrénée alimentée par son désir de vengeance. Cependant, cette quête s’apparente davantage à un jeu vidéo qu’à un thriller. Certes, les scènes d’action sont maîtrisées, la musique soignée et la mise en scène millimétrée (le film étant tourné pour être projeté dans les salles, la qualité est au rendez-vous), mais le déroulé ressemble à des niveaux que John doit passer afin de se rapprocher de son but. Il s’agit d’un procédé tout à fait classique mais décrit de manière trop grossière. Cela manque de nuance et de profondeur. Chaque épreuve est plus ardue que la précédente pour arriver à une scène d’action finale un peu banale. De plus, même si les Navy SEALS sont de véritables surhommes et sont surentraînés, John Kelly semble invincible. Même lorsqu’il se fait tirer dessus à plusieurs reprises à bout portant, il continue le combat et se rétablit avec une aisance incroyable – comme s’il avait un « Extra Life Coin Quarter » et qu’il pouvait recommencer la partie. 

Au-delà de cet aspect un peu facile, la performance de Michael B. Jordan est à la hauteur de ce genre de personnage tourmenté et téméraire, là où Jamie Bell peine à convaincre. L’acteur britannique, renommé pour son côté caméléon, peut  se glisser dans la peau de personnages diamétralement opposés comme le meilleur ami d’Elton John, Bernie Taupin dans Rocketman (Dexter Fletcher, 2019) ou Bryon Widner, membre des skinhead dans Skin (Guy Nattiv, 2018). Ici, il campe le rôle de Robert Ritter, un agent de la CIA impliqué dans des opérations douteuses et qui en sait plus que ce qu’il veut faire croire. Mais l’acteur a du mal à briller car son personnage est effacé par les autres personnalités. Même si son rôle réside dans le fait de rester dans l’ombre, il lui manque un peu de prestance dans ses scènes pour montrer toute l’étendue de son talent. Côté casting féminin, on retrouve Jodie Turner-Smith, héroïne du film ovationné en 2019 : Queen and Slim de Melina Matsoukas. Cette agent va tout faire pour accompagner John dans sa quête, quitte à risquer sa carrière car elle croit en ce qui est juste. Quel plaisir de voir une femme camper ce rôle de soldat respectée et implacable. L’histoire ne s’articule qu’autour d’un petit groupe de personnages, cela aurait pu permettre de creuser davantage les failles de chacun mais le récit  reste trop en surface.

Pour ce qui est de l’intrigue, Sans aucun remords est un revenge movie traditionnel quoique efficace, teinté de relents de Guerre Froide. Des soldats russes qui mènent des complots contre l’armée américaine afin de déclencher une guerre, ça ne vous rappelle rien ? Cette période de tension entre l’Union soviétique (URSS) et les États-Unis abreuve depuis des années le monde de la littérature et du cinéma. On pourrait penser que Sans aucun remords ne joue pas la carte de l’originalité en termes de scénario mais rappelons que le film est une adaptation d’un ouvrage sorti en 1993, soit deux ans après la fin de la  Guerre Froide. Il est donc important de contextualiser ce long métrage dont l’histoire a été imaginée dans un environnement différent de celui d’aujourd’hui. Cependant, beaucoup de libertés ont été prises lors du passage du livre au grand écran. Dans la version originale, la deuxième femme de John Kelly est assassinée par un cartel de drogue et non par des soldats russes tandis que sa première femme est décédée dans un accident de voiture. Les motivations du héros pour découvrir les meurtriers de son épouse sont beaucoup moins politiques dans le livre que dans le film. Alors pourquoi ajouter tout un pan politique dans l’adaptation ? Car cela permet de ramasser l’histoire des premiers romans qui traitait des tensions entre la CIA, dont faisait partie John Kelly, et le KGB. 

Ce qui reste fidèle à l’ouvrage de référence est que le gouvernement américain a besoin des services de John Kelly pour mener à bien des missions secrètes à venir. Ce qui présage de nouveaux opus centrés sur cet espion aux multiples talents. 
Sans aucun remords saura satisfaire l’appétit des amateurs du revenge movie en manque d’action et de cinéma même s’il ne se place pas sur le podium aux côtés de classiques du genre comme les franchises John Wick ou Taken. À voir la suite !

Déborah Mattana

Sans aucun remords de Tom Clancy
Réalisé par Stefano Sollima
2021
Avec Michael B.Jordan, Jamie Bell, Guy Pearce, Jodie Turner-Smith 
Paramount Studios
Disponible sur Amazon Prime Video

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :