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Une jeune femme se réveille seule dans une capsule cryogénique. Elle a perdu la mémoire et ne sait pas comment elle a pu finir enfermée dans un coffre de la taille d’un cercueil. Alors que l’oxygène commence à manquer, il va lui falloir recouvrer la mémoire pour sortir de ce cauchemar.
Écrit en 2016, le thriller Oxygène devait, tout d’abord, être réalisé par Franck Khalfoun avant d’être remis entre les mains du réalisateur français Alexandre Aja (Crawl, Piranha 3D, La colline a des yeux, …) qui signe ainsi son retour dans l’hexagone.
Ce n’est pas la première fois que le thème de l’enfermement est exploité au cinéma. On pense notamment à Buried sorti en 2010 et réalisé par Rodrigo Cortès, dans lequel Ryan Reynolds se retrouve enterré vivant sous terre. Avec Oxygène, Aja tire son épingle du jeu en transposant le récit dans un univers médical étouffant et saturé de couleurs froides et de bruits oppressants. Ce huis-clos claustrophobique se déroulant presque uniquement dans une cuve de cryogénisation repose principalement sur deux éléments : le jeu maîtrisé et physique de Mélanie Laurent et le dévoilement par strates d’une intrigue captivante qui fait osciller le film entre horreur, thriller et science-fiction.
Placé à la hauteur d’Elizabeth Hansen (Mélanie Laurent), que la caméra ne quitte presque jamais, le réalisateur nous offre une vue immersive et quasi-subjective du combat de survie de la jeune femme au sein d’un cocon tout aussi protecteur qu’hostile. Enfermé dans le caisson avec la captive, le spectateur est amené à se poser des questions et à envisager toutes les possibilités : Qui est-elle réellement ? A t-elle été victime d’un enlèvement et si oui, pour quelles raisons ? Aja lance les pistes, fait monter le suspens et laisse notre imagination faire son travail pour ensuite venir distiller des explications plutôt solides. Le scénario est parfaitement écrit et – contrairement à ce qu’on pourrait craindre d’un film comme celui-ci – ne souffre pas de relâches mal maîtrisées ou de retournements équivoques, même s’il coche sans mal toutes les cases du film de science fiction (pandémie mondiale, menace des évolutions technologiques, …).
Le tout est servi par un montage contrôlé et parsemé d’effets sonores et visuels (peut-être trop timides parfois) mais également d’images extérieures au caisson qui viendront alléger le récit et lui apporter un aspect quasi-mystique. Et c’est notamment pour ces images-là que l’on peut regretter de ne pas avoir découvert ce film sur grand écran. Notons également la participation réussie de Mathieu Amalric qui prête sa voix à l’intelligence artificielle M.I.L.O. Une voix posée, rassurante mais souvent trompeuse.
Il est évident qu’Oxygène, sorti sur Netflix au moment où la France commençait à se déconfiner (bien qu’il ait été écrit avant la pandémie mondiale), est une mise en abyme de notre quotidien depuis l’arrivée du COVID-19. Que se passe-t-il lorsque l’être humain se retrouve enfermé et que sa vie est menacée ? Comment peut-on réagir lorsque l’oxygène, indispensable à notre survie, disparaît progressivement sans qu’on ne puisse rien y faire ?
De même, les révélations finales poussent inévitablement à une réflexion sur l’évolution globale de la science et des capacités de la médecine, des questions tout aussi présentes dans notre quotidien.
Oxygène est donc un film de science-fiction plutôt réussi et prenant, à ne surtout pas se faire spoiler avant le premier visionnage !
Camille Dubois
Oxygène
Réalisé par Alexandre Aja
Avec Mélanie Laurent, Mathieu Amalric, Malik Zidi
Thriller, Science-fiction, France, Etats-Unis, 1h41
Netflix
Disponible sur Netflix depuis le 12 mai 2021