[CRITIQUE] Black Widow

Temps de lecture : 4 minutes

/! Attention, cet article peut contenir des spoilers !/

Natasha Romanoff, alias Black Widow, voit resurgir la part la plus sombre de son passé pour faire face à une redoutable conspiration liée à sa vie d’autrefois. Poursuivie par une force qui ne reculera devant rien pour l’abattre, Natasha doit renouer avec ses activités d’espionne et avec des liens qui furent brisés, bien avant qu’elle ne rejoigne les Avengers.

Initialement prévu au printemps 2020, le nouveau film de l’Univers cinématographique Marvel a subi de plein fouet la crise sanitaire du COVID-19. Sa sortie, repoussée à quatre reprises, n’a fait qu’attiser la curiosité des spectateurs, privés de nouveau film de la franchise depuis deux ans. Alors, l’attente en valait-elle la peine ?  

Le film s’ouvre sur l’enfance américaine de Natasha, installée dans l’Ohio avec sa ‘famille’. Les cheveux bleus, l’esprit vif, il ne faut que quelques scènes pour réaliser que la jeune fille est dotée de capacités exceptionnelles qui l’amènent à rejoindre – contre son gré – un centre d’entraînement russe qui fera d’elle la plus grande espionne. Les films de la franchise nous avaient d’ores et déjà donné un aperçu de ces terribles années de formation et il ne faudra pas s’attendre à beaucoup plus, même dans ce film pourtant centré sur la Veuve noire. Mis à part des images durant le générique d’ouverture (accompagnées d’une version très sombre de “Smell like teen spirit”) ou quelques lignes de dialogues, rien ne nous explique véritablement ce moment fondateur dans la vie de la super-héroïne. Moment qui aurait pourtant mérité un film à lui tout seul. Marvel Studio a préféré placer Black Widow entre Civil War (Anthony et Joe Russo, 2016) et Infinity War (Anthony et Joe Russo, 2018). Natasha Romanoff est alors traquée pour avoir enfreint les accords de Sokovie. Réfugiée en Norvège, elle est rattrapée par son passé et forcée de renouer avec les anciens membres de sa ‘famille américaine’, une famille montée de toute pièce par l’ancien programme auquel elle a participé dans sa jeunesse. 

Tout en s’inscrivant dans la continuité des films de super-héros, Black Widow parvient néanmoins à proposer des choses nouvelles, intimement liées à l’histoire du personnage de la Veuve noire. Plus qu’un film d’action, ce long-métrage est aussi – et surtout – un film d’espionnage où les scènes de combats deviennent presque moins importantes que les scènes d’infiltration. De même, le grand méchant du film, le général Dreykov, n’a absolument rien d’un Thanos, d’un Ultron ou d’un Loki. Il n’est pas un super-humain, un être venu d’une autre planète doté de capacités extraordinaires. Au contraire, c’est un homme comme les autres qui ne sait pas se battre et qui doit faire appel à des sbires pour sauver sa peau. Son arme ? Les nouvelles technologies qui lui permettent de contrôler des femmes (y compris sa propre fille devenue Taskmaster) jusqu’à les pousser au suicide.

Paradoxalement, le film fait entrer Black Widow dans une toute autre dimension, faisant d’elle une véritable super-héroïne. Comme le fait remarquer Yelena (interprétée par Florence Pugh et elle aussi devenue une Veuve noire), Natasha est différente des autres. Sans pour autant avoir des supers-pouvoirs à l’instar d’autres Avengers comme Thor ou Tony Starks lorsqu’il enfile sa combinaison d’Iron Man, elle est au-dessus des autres femmes pourtant formées à la même école. La raison de ce ‘pouvoir’ ? Sans doute cette humanité qu’elle a su garder malgré le lavage de cerveau subi durant son adolescence dans la fameuse Red Room.

L’histoire de ce personnage est sans doute l’une des plus sombres de tout l’univers Marvel et la réalisatrice Cate Shortland ainsi que les scénaristes (Eric Pearson, Ned Benson et Jac Schaeffer) ont su le retranscrire. Que ce soit à travers le générique puissant du début ou les différents dialogues qui nous permettent de comprendre la machinerie du colonel Dreykov pour dominer le monde, Black Widow aborde des thèmes difficiles et graves tels que la manipulation, l’abandon, mais aussi et surtout le trafic d’enfants. Ces différents épisodes (bien que trop peu exploités) donnent au personnage interprété par Scarlett Johansson une profondeur nouvelle que l’on peut reprocher à la franchise de ne pas avoir exploité plus tôt. Victime collatérale du conflit Est/Ouest durant la Guerre froide, Natasha apparaît comme une femme forte mais blessée, enracinée dans un passé trop lourd, à la recherche d’une famille et, surtout, de rédemption.

D’un point de vue plus technique, ce long-métrage n’est pas le plus abouti de MCU malgré quelques images splendides baignées de rouge. Bien que présentes de manière régulière, les scènes de combats ne sont pas vraiment impressionnantes et parfois même assez imprécises. Seule la scène de combat finale, dans les airs, vaut véritablement le détour. 

Black Widow n’est pas un film parfait, mais sans doute l’un des plus réussis de la franchise. Par son histoire et sa profondeur (qui s’additionnent à un véritable plaidoyer pour la sororité), il offre à l’un des personnages centraux de l’univers Marvel, un long-métrage digne et rythmé, alternant parfaitement les scènes d’action et les scènes d’explication pure. Scarlett Johansson est toujours aussi impeccable dans son rôle de Veuve Noire. Quant à Florence Pugh (Yelena), elle est tout aussi irréprochable et apporte une véritable fraîcheur tout au long du film. David Harbour (qui interprète Alexei Shostakov/le Gardien Rouge) est par contre beaucoup moins convaincant et son personnage, un peu lourd, vient peser sur certaines scènes.
Le film fini, on quitte malgré tout la salle avec un goût amer et l’impression que le personnage de Black Widow – disparu lors d’Avengers : Endgame (Anthony et Joe Russo, 2019) – aurait mérité son film bien plus tôt. Voire même qu’on aurait dû lui laisser davantage de place dans les autres productions de la franchise.

Camille Dubois

Black Widow
Réalisé par Cate Shortland
Avec Scarlett Johansson, Florence Pugh, Rachel Weisz
Action, espionnage, Etats-Unis, 2h10
Walt Disney Studios Motion Pictures
7 juillet 2021

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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