[TOP] 2020/2021 : Nos séries préférées

Temps de lecture : 17 minutes.

En mars 2020, nous décidions de faire du festival Séries Mania, rendez-vous incontournable des amateurs et des professionnels des séries, le marqueur d’une nouvelle année sérielle et l’occasion de publier notre top. Pandémie oblige, l’année suivante fut longue, très longue, et les festivals toujours repoussés. Mais – enfin ! – août 2021 voit la nouvelle édition se tenir. En cette occasion, nous publions un top spécial, puisqu’il couvrira non pas douze mois mais seize. Les seize mois qui séparent la dixième de la onzième édition, d’avril 2020 à août 2021. 

Comme chaque année, la production sérielle fut dense et notable, entre têtes d’affiche mondialement reconnues (Kate Winslet, Nicole Kidman, Kevin Costner, …), gros succès publics laissant la critique de marbre (Emily in Paris, La Chronique des Bridgerton – intéressant croisement entre Gossip Girl et Jane Austen), productions saluées par la presse (Dérapages, Lupin) et que nous avons aimées (It’s a Sin, Ratched, Wanda Vision, Loki). Parmi les séries particulièrement marquantes de l’année 2020, I May Destroy You de la showrunneuse et actrice Michaela Coel, qui aborde les sujets du viol et des minorités ethniques, est incisive et n’épargne personne. Netflix a également, ces derniers temps, développé des séries documentaires qui se révèlent toutes passionnantes. Mêlant images d’archives et entretiens, elles permettent d’explorer des univers et des domaines qui, au premier abord, ne nous plaisaient pas forcément. Nous vous conseillons particulièrement de découvrir The Last Dance autour de la figure de Michael Jordan. Même si vous n’aimez pas le basket, vous allez aimer plonger dans ce milieu sportif.  Les plateformes ont également le mérite de proposer des productions du monde entier : Valeria (Espagne) ou Into the Night (Belgique), entre autres. 2020/2021 est également marqué par une belle production nationale et de nombreuses séries françaises intègrent notre top.

Pendant, ces longs mois, de nombreuses suites sont également sorties. The Boys (Eric Kripke, Prime Video) continue de plaire avec ses personnages d’héroïnes et héros tous plus atroces les uns que les autres, sa surenchère gore et son scénario très bien ficelé. A voir ce qu’il en sera de la saison 3 (évidemment renouvelée) que l’on espère arriver sur Prime Video fin 2021-début 2022. En parlant de troisième saison, Killing Eve (Canal +), si brillamment développée par Phoebe Waller-Bridge (Fleabag, Crashing) et portée par le duo d’actrices formé par Sandra Oh et Jodie Comer, déçoit avec des longueurs et répétitions, malgré quelques moments d’éclat. La série continue pour une saison 4 qui ne semblait pas forcément nécessaire. A l’inverse, Atypical (Robia Rashid, Seth Gordon, Netflix), ravit avec sa quatrième saison, et ses personnages attachants, qui clôt une belle série, plus que convaincante, sur l’autisme et l’adolescence. De même, Mes premières fois (Never Have I Ever, Mindy Kaling et Lang Fisher, Netflix), tout en prenant le chemin de la bluette adolescente, surprend et satisfait en abordant le deuil, la culture indienne et le statut social. Adaptée de la bande dessinée d’Ovidie et Diglee, Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels, sortie en 2017, Libres ! est une série Arte drôle, inventive et très actuelle. Dans une société où nous sommes submergés d’injonctions, ces épisodes en animation donnent des réponses à certains questionnements, soulignent l’absurdité de ces diktats avec beaucoup d’humour et ouvrent une nouvelle voie de réflexion.

D’autres séries ont divisé l’équipe et ne font pas partie du top, comme En thérapie. Produite par Arte et créée par Eric Toledano et Olivier Nakache, cette série, passionnante pour certaines, clivante pour d’autres, aborde la période post-attentats du 13 novembre 2015. Adaptés d’une série israélienne, les trente épisodes se déroulent dans le cabinet d’un psychanalyste qui affronte le monde extérieur par le biais de ses patients (joués entre autre par Mélanie Thierry, Reda Kateb, Clémence Poésy, Pio Marmaï et la jeune Céleste Brunnquell). En thérapie nous met face à nos questionnements sur la pandémie et les événements indépendants de notre volonté, sans tomber dans la psychologie de comptoir.

Traiter seize mois d’une telle abondance, juger les must see et dénicher les pépites plus confidentielles, ne fut pas tâche aisée, mais nous vous proposons de découvrir nos coups de cœur. N’hésitez pas à nous partager les vôtres !

3615 Monique – Saison 1

Emmanuel Poulain-Arnaud et Armand Robin – France – OCS

Au début des années 1980, le Minitel devient un objet technologique de pointe présent dans la majorité des foyers français. Stéphanie, Simon et Toni, trois étudiants n’ayant pas le moindre atome crochu, s’associent afin de développer un service érotique connecté. “3615 Monique” est né. 

3615 Monique

Avant les années 1960 de Mixte par Prime Video, c’est OCS qui s’intéresse aux eighties avec 3615 Monique. Derrière ce nom clairement identifiable, c’est d’abord l’histoire de la rencontre de trois personnalités que tout oppose que nous conte la série. Étudiants à la fac de Jouy, Stéphanie, Simon et Toni n’ont rien à faire ensemble. Pourtant, un innocent exposé sur le Minitel va tout déclencher.

Plongeant dans le milieu du sexe comme ils auraient pu le faire avec l’astrologie (avec le Minitel, tout est possible !), les talents conjugués de nos trois protagonistes vont révéler une entreprise fructueuse. Et ce, à notre plus grand étonnement. Réflexion sur la modernité, 3615 Monique souligne également à quel point les technologies sont présentes aujourd’hui, à l’heure où le Minitel semble à des années lumière de notre quotidien. Abordant de front les sujets de la sexualité mais aussi de la famille, la série devient peu à peu une réflexion sociologique sur l’époque. En choisissant un cadre en 4/3, elle affirme sa volonté de coller aux années 1980, sur fond d’élections présidentielles, dans une reconstitution convaincante. Les intérieurs sont hideusement réalistes et la mode est au survêt (pas que, heureusement).

Le ciment et le moteur de ce trio, qui peu à peu se révèle, c’est évidemment la battante Stéphanie, jouée par Noémie Schmidt (L’Amour flou, Les Vétos). À ses côtés, Toni (Paul Scarfoglio), le rebelle fort en gueule mais particulièrement doué en mots doux, et Simon, jeune homme coincé et informaticien de génie, incarné par Arthur Mazet (Elle, Victoria).

Dans cette série, tout va à cent à l’heure. Avec des épisodes courts et de nombreux retournements de situation, 3615 Monique se veut efficace, comme l’entreprise de ses protagonistes. Attachante sans pour autant être révolutionnaire, elle fait plaisir à voir et on attend avec joie l’arrivée de la saison 2. Depuis leur banlieue où ils s’ennuient, nos trois personnages vont sérieusement animer le quotidien de Jouy !

Extracurricular (간수업) – Saison 1

Jin Han-sae – Corée du Sud – Netflix

Sous leur apparence d’élèves modèles, Oh Ji Soo (Kim Dong Hee) et Bae Gyu Ri (Park Ju Hyun) cachent une double vie : elle est une cleptomane peu scrupuleuse, lui gère un groupe de prostituées et leurs clients, grâce à une application mobile. Lorsque les deux adolescents se rapprochent et s’associent, Ji Soo perd peu à peu le contrôle de son entreprise.

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Lorsque The End of the Fucking World rencontre le drama scolaire, cela donne Extracurricular, une série aux personnages tous plus ou moins antipathiques (sauf M. Lee, peut-être …) et tous égocentrés. Besoin d’argent, de sécurité ou de reconnaissance, les failles des personnages révèlent celles de la société et créent une dynamique efficace : chacun est au bord du gouffre et nous attendons de savoir qui chutera et entraînera les autres. Le spectateur, tiraillé, est à la fois avec Ji Soo et Gyu Ri, espérant les voir échapper à la police et aux gangsters, à la fois avec Min Hee (Jung Da Bin), prostituée mineure qui n’en peut plus et pourrait bien dénoncer les deux anti-héros.

La Flamme – Saison 1

Jonathan Cohen, Jérémie Galan et Floren Bernard – France – Canal+

“Bien qu’il ait tout pour lui, Marc, ce grand célibataire passe la plupart de son temps, la tête dans les nuages. Alors sera-t-il prêt à embarquer pour son plus beau voyage ? Le Septième Ciel ! Durant cette saison de La Flamme, treize femmes en recherche d’amour sont venues de toute la France pour faire sa rencontre et tenter de le séduire. Malheureusement, Marc ne pourra en choisir qu’une. Parmi ces treize femmes, à qui Marc déclarera-t-il sa flamme ?”

La Flamme

La Flamme joue de tous les clichés, bêtises et absurdités de la téléréalité. Remake de la parodie américaine Burning Love (Ken Marino, 2012-2013), La Flamme assume totalement les similitudes, citant abondamment son aînée – allant jusqu’à conserver le prénom Marc. En connaissant son origine, la série perd un peu de son inventivité mais son mérite est de jouer franc jeu et français. 

Dans le cadre habituel d’une villa fantastique au faste ahurissant, treize candidates se livrent bataille pour gagner le cœur d’un prétendant (Jonathan Cohen), digne héritier du Bachelor, le gentleman célibataire, qui n’a pourtant pas grand-chose pour lui – à part son incroyable bêtise. Tout le charme de La Flamme réside d’ailleurs dans ses merveilleuses candidates, toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Leïla Bekhti est une effrayante juriste psychopathe, prête à tout pour l’amour de Marc. Laure Calamy, fleuriste au cœur d’artichaut éprise de Jésus et du Seigneur. Adèle Exarchopoulos, gardienne de zoo au cœur de singe (littéralement). Géraldine Nakache, kinésithérapeute qui aime beaucoup ses compétitrices. Il faut ajouter à ce somptueux casting : Angèle, Marie-Pierre Casey, Camille Chamoux, Florence Foresti, Ana Girardot, Youssef Hajdi, Céline Sallette, Léonie Simaga et Doria Tillier. Le compte est bon. Les candidates sont dans la place. Qui saura allumer la flamme dans le cœur de Marc ?

Le style “téléréalité” est finement observé et mis en scène : les mouvements de caméra et gros plans rapides, les situations gênantes supposées secrètes mises sur écoute, les confessions dans une pièce isolée, le luxe de la décoration, les arrivées soudaines de nouveaux intervenants, les rendez-vous catastrophiques… Les éliminations – volontaires ou non – s’enchaînent à chaque épisode dans le burlesque le plus total. Vincent Dedienne joue l’animateur agaçant à la perfection à grand renfort de petits sourires et de regards caméras. Chaque épisode surprend avec ses rebondissements et fait preuve d’une certaine inventivité, jouant avec finesse des redondances et des psychoses de chacun.e. À ce tableau s’ajoutent quelques guest stars aux apparitions géniales dont nous ne citerons que quelques noms : Pierre Niney en psychologue imposteur, Orelsan en formateur comique à l’humour plus que douteux, Noémie Lvovsky en mère délurée, Ramzy en coach dépressif en plein divorce, François Civil en garçon d’écurie à la coiffure décolorée… Ces acteur.rice.s familier.e.s sont d’ailleurs particulièrement attachants et permettent de réellement se prendre au jeu de la compétition.

Véritable terrain de jeu pour les acteur.rice.s et les réalisateurs, La Flamme est une série hilarante et efficace qui se rit du politiquement correct et n’hésite pas à envoyer quelques piques sur l’absurdité de nos sociétés. Jonathan Cohen parle déjà d’une saison 2 où le cœur à prendre serait cette fois-ci une femme. En espérant qu’elle se détache de sa grande sœur américaine qui a, à ce jour, trois saisons.  

The Great – Saison 1

Tony McNamara – États-Unis – Starzplay

Catherine II arrive à seize ans à la cour de l’Empereur Pierre III de Russie. Sans rien connaître de ce pays ni de ses coutumes, la jeune femme rêve naïvement d’un grand amour. Elle désenchante vite devant l’extravagance et la cruauté de la cour et de son mari. Elle décide alors de préparer un coup d’État.

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Inspirée de la vie de Catherine II, cette série américaine explore le rapport au pouvoir et la figure féminine que fut cette souveraine. Figure controversée, qui prit le pouvoir et régna pendant plus de 34 ans à la tête de la Russie, elle fut aimée du peuple et agrandit considérablement le territoire russe. Fine stratège, surnommée la Grande Catherine, elle aimait lire Machiavel, Voltaire et Montesquieu. Tout cela se ressent dans la série The Great, dont le titre ne fait pas référence à l’Empereur Pierre III, mais bien à la future Impératrice Catherine II, la neutralité de l’anglais jouant sur l’ambiguïté. Pour lui prêter ses traits, l’actrice Elle Fanning apporte ce qu’il faut de fraîcheur et de naïveté. Pour jouer avec les contrastes, le récit n’hésite pas à faire passer la jeune Catherine pour une grande illusionnée qui croit au grand amour et qui va peu à peu prendre conscience qu’elle a un rôle important à jouer dans ce beau pays qu’est la Russie — ce n’est pas le cas de la vraie Catherine qui a très tôt étudié et qui comprenait parfaitement ce qui se jouait en épousant l’Empereur Pierre II. Autre différence flagrante, mais qui amène le sujet de la charge et le fardeau de succéder à ses parents à la tête d’un grand pays, Pierre était décharné lors de son mariage avec Catherine suite à une longue maladie. Ce n’était donc pas le beau et sensuel Pierre (incarné par Nicholas Hoult) qui aime boire, faire la fête et retrousser les jupons des dames de la cour. Pourtant tous ces changements — comme celui de resserrer le temps de l’action à quelques mois plutôt qu’années — offrent à The Great une dose folle de cynisme et d’humour noir. L’évolution des protagonistes est intéressante : autant Catherine que Pierre, mais également la servante Marial, ancienne dame de la cour, le comte Orlov, l’Archbishop ou l’amant de Catherine, le beau Leo. C’est surtout l’histoire d’une femme qui lutte pour faire entendre ses idées et se faire respecter dans un milieu masculin. Si ces intrigues de cour semblent assez imaginaires — les complotistes se retrouvent à l’air libre pour discuter machination —, le propos féroce et sans condescendance touche juste. Nous attendons avec impatience la saison 2 pour voir comment Catherine va réussir son coup d’État. 

Le Jeu de la dame (The Queen’s Gambit) – Saison 1

Scott Frank et Allan Scott – États-Unis – Netflix

Beth Harmon, orpheline dès l’âge de huit ans, intègre un orphelinat catholique pour jeunes filles où elle devient rapidement dépendante aux tranquillisants. Un jour, alors qu’elle se rend au sous-sol, elle découvre les échecs. Monsieur Shaibel, le concierge de l’orphelinat, va lui apprendre à jouer. C’est tout un univers qui s’ouvre à elle. Elle se donne alors les moyens pour devenir la meilleure joueuse d’échecs au monde.

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Alors que le dispositif scénaristique semble assez simple — entre flashbacks d’un événement traumatique et narration linéaire des débuts jusqu’à l’épreuve finale — et que la mise en scène use de canons classiques — musique à outrance et effets de caméra pour suggérer l’ingéniosité plutôt que la montrer —, Le Jeu de la Dame (The Queen’s Gambit) est un petit bijou. La nouvelle série estampillée Netflix, créée par Scott Frank — qui nous avait offert l’excellente Godless (2017) — et Allan Scott, réussit à rendre passionnant un jeu, en laissant de côté tous ses aspects techniques et stratégiques, seulement grâce à la figure qui le porte. Cela relève du génie ! Si comme nous, les échecs ne vous captivent pas, cela n’a pas d’importance. Aux côtés de Beth (interprété par Anya Taylor-Joy), nous embrassons totalement la passion du jeu sans rien y connaître. Réalisée à la manière d’un thriller, cette adaptation de l’œuvre éponyme de l’écrivain américain Walter Tevis (Le Jeu de la dame, 1983) est surtout le récit passionnant d’une femme qui lutte contre ses addictions et pour que son talent soit reconnu dans un monde d’hommes.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire notre critique complète juste ici.

Loki – Saison 1
Michael Waldron  – Etats-Unis – Disney+

Après avoir affronté les Avengers, Loki s’échappe avec le Tesseract. Il est alors emmené auprès du TVA, le Tribunal des Variations Anachroniques, organisme ayant pour fonction d’arrêter tout individu cherchant à altérer le temps. Alors que ses aventures semblent toucher à leur fin, un agent du TVA lui demande de collaborer afin d’arrêter une version alternative de lui-même qui sème le chaos dans l’espace-temps.

Loki

Série très attendue sortie après WandaVision et Falcon et le soldat de l’hiver sur Disney +, Loki n’a pas déçu, renouvelant avec intelligence son héros, jusqu’alors principalement cantonné au rôle de Dieu de la Malice, grand méchant de Thor et Avengers. La série propose une nouvelle dimension à l’univers Marvel par la découverte d’une entité contrôlant le temps – le mystérieux TVA -, tout en renforçant le lien avec les épisodes filmiques précédents – mondes en pleine apocalypse, voyages spatio-temporels, évocation des autres héros de l’univers. Pour rappel, le récit se déroule après le long-métrage Avengers : Endgame (Anthony et Joe Russo, 2019). Elle soulève de nombreux questionnements, lançant spectateur.rice.s et héro.ine.s dans une quête simultanée à travers le Temps et l’Espace. Non dénuée d’humour, la série signe, dès ses premiers épisodes, une belle critique des complexités administratives à l’absurdité totale. Côté mise en scène, Loki convoque une imagerie du passé plus qu’appréciable, utilisant des objets et de décors qui mêlent années 70 et Art Déco. Une petite crainte quant à un revirement cliché émerge en cours de saison mais est vite détrompée. Loki s’amuse de nous comme de ses personnages et met ainsi joyeusement le pied à l’étrier pour une saison 2 dont la date reste pour l’instant mystérieuse. À regarder en VO – si possible – pour l’accent britannique de Tom Hiddleston et jusqu’au bout pour ne rien rater du beau générique final.

Mixte – Saison 1

Marie Roussin – France – Prime Video

Septembre 1963. A cette rentrée, le lycée Voltaire devient mixte. 11 jeunes femmes parmi une centaine de garçons. A peine sont-elles arrivées que l’année s’annonce mémorable, et même révolutionnaire.

Mixte

Les séries françaises ont décidément le vent en poupe ! Imaginer l’arrivée des premières filles dans une école de garçons, c’est ce que propose Mixte. Elle dépeint toute l’opposition virulente de la société et des parents qui ne voient pas cela d’un très bon œil, mais également, tout le progressisme véhiculé par ce geste. Enfin les filles peuvent accéder au lycée et aux études supérieures ! Dans une société où elles n’existent qu’en créant une famille, leur avenir ne semble enfin plus tout tracé, malgré les nombreux obstacles à affronter dans un quotidien régné par les apparences et le jugement. Ce qui compte, c’est la réputation et la famille – et Mixte nous le fait bien comprendre.

Véritable plongée auprès des jeunes, la série traite avec justesse des préoccupations de l’époque. Elle dépeint ainsi des situations qui peuvent sembler atypiques à première vue mais qui sont finalement des réflexions toujours d’actualité (homophobie, sexualité, avortement, sexisme…). Des personnages féminins intéressants se construisent au fil des épisodes et apportent leur dose d’empowerment et de féminisme à la saison. On apprécie également de voir Pierre Deladonchamps en surveillant général coincé (qui nous réserve bien des surprises). 

Avec sa BO rock des vingt dernières années (Last Shadow Puppets, Babyshambles) et sa photo jaunie, Mixte ravive les années 1960 au lycée et permet aux jeunes générations de mieux appréhender un passé pourtant pas si lointain. À l’aube de 1968, la révolution couve déjà au lycée Voltaire !

Normal People – Mini-Série

Sally Rooney – Grande-Bretagne – Starzplay

Marianne n’a aucun ami et n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Connell est populaire et aimé de tous, mais ne s’exprime sur rien. Tous les opposent et pourtant ils se rapprochent. Nous suivons leur histoire du lycée jusqu’au début de leur vie adulte.

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La force du récit est de nous plonger entièrement dans l’intimité des personnages. Leurs expériences, à la fois banales et surprenantes dans le paysage sériel actuel, sont incandescentes. Nous sommes avec eux, nous partageons leurs points de vue, leurs difficultés sentimentales, nous les comprenons. Si Marianne et Connell sont différents — Marianne cache son manque de confiance en elle en étant ouvertement provocatrice et Connell, populaire et apprécié de tous, cache ce qu’il ressent vraiment — ils possèdent malgré tout de nombreux points communs. Leur relation est magnifique pour cela : s’ils ne se comprennent pas toujours, ils arrivent à communiquer leurs pensées les plus intimes. L’un et l’autre sont un tout. Ensemble, ils grandissent. Leurs évolutions, au fil des épisodes, sont ainsi belles et intéressantes. De plus, Normal People aborde d’autres thèmes pertinents : le suicide d’un ami, la maltraitance affective et familiale, les relations de soumission — ce mécanisme d’abandon à l’autre pour ne plus rien ressentir —, les amitiés néfastes, les classes sociales — toujours présentes dans nos sociétés —, la pression de l’environnement… Cela vient donner de l’épaisseur à la romance et rendre plus tragique encore cette relation. En adaptant son roman à la télévision, Sally Rooney, avec l’aide d’Alice Birch (scénariste de The Young Lady, William Oldroy, 2017), ne dénature pas son écriture fluide et proche des personnages.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire notre critique complète juste ici

OVNI(s) – Saison 1

Clémence Dargent et Martin Douaire – France – Canal+

Didier Mathure est à la tête du projet de lancement de la première fusée française. Lorsque celle-ci explose, il se retrouve rétrogradé et prend la tête du GEPAN (Groupe d’études des phénomènes aérospatiaux non identifiés), créé un an plus tôt en 1977. Ce groupe d’études a pour mission d’étudier les ovnis. Pour retourner dans les petits papiers de la direction du CNES (Centre national d’études spatiales), le professeur Mathure a une autre mission : fermer le GEPAN.

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Sortie en janvier 2021, cette création originale estampillée Canal + est un petit bijou d’humour. En décalage permanent — les années 1970 sont un terrain de jeux visuels pour la mise en scène d’Antony Cordier —, OVNI(s) réussit à surprendre. Le protagoniste principal, Didier Mathure (Melvil Poupaud, parfait et charismatique) est un antihéros par excellence. Antipathique, bureaucrate, il ferme la porte à l’imagination et pourtant il a la tête en permanence dans les étoiles, toujours à la recherche de l’inspiration qui le fera décoller. Il a des enfants, mais, et nous citons : « ce furent des erreurs ». Il a du mal à parler avec eux et à les comprendre. Il voudrait que toutes les personnes avec qui il communique aient son intelligence. Son alter ego est sa femme, Élise (Géraldine Pailhas, merveilleuse) avec qui il travaillait sur la fusée Christine, mais même elle n’en peut plus de lui. C’est dans cet état, proche de la dépression qu’il arrive à la tête du GEPAN, la risée du CNES. Là il rencontre une équipe de bras cassés : Rémy, un stagiaire (Quentin Dolmaire), Véra, une secrétaire crédule (Daphne Patakia, que nous avions découvert en juillet dans Benedetta de Paul Verhoeven) et Marcel, l’amant de l’ancien directeur du groupe (Michel Vuillermoz). L’intrigue n’oublie pas non plus la place des femmes dans la société à cette époque et offre plusieurs personnages féminins forts de tout âge. 

Outre l’humour, les protagonistes farfelus et attachants et l’univers étrangement merveilleux des ovnis, ce qui est pertinent dans la série, c’est le message d’espoir qu’il porte : toujours croire que tout est possible. Loin du cynisme assumé des premiers épisodes, le récit va peu à peu amener de la magie dans l’histoire. Et à notre époque désillusionnée, cela va droit au cœur.

The Victims’ Game (誰是被害者) – Saison 1

Chien Shih-keng – Taïwan – Netflix

Une série de morts mystérieuses secoue la police et les médias. Comme des poupées russes, le corps retrouvé n’est pas celui de la victime présumée mais celui du crime suivant. Ces étranges mises en scène valent au meurtrier le surnom de “tueur des derniers souhaits” : chaque mort permet la réalisation du dernier souhait de la victime, qui, alors, peut réellement mourir à la place de la suivante. Lorsque le médecin légiste Fang Yi Jen (Joseph Chang) identifie l’empreinte de sa fille, il dissimule la preuve et s’associe avec la journaliste Hsu Hai Yin (Ann Hsu). Ensemble, ils mènent une enquête parallèle.

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The Victims’ Game est une pépite cachée de Netflix au scénario intelligemment maîtrisé. Cette intrigue policière est une course contre la montre aux multiples enjeux : qui du tueur, des victimes, des policiers, du duo Fang Yi-Jen/Hsu Hai Yin ou des spectateurs la gagnera ? C’est la question qui nous tient en haleine pendant les huit épisodes. Thriller psychologique mené par un duo que tout oppose, lui autiste, solitaire, incompris et isolé de ses collègues, ayant abandonné femme et enfant, elle extravertie se noyant dans le travail pour fuir un passé douloureux, prête à jouer tous les rôles pour obtenir un scoop, The Victims’ Game retient notre attention par les thèmes qu’il met en avant. Celui du suicide, tout en restant central, est abordé avec précaution. La succession de victimes consentantes, de vengeances et de justice, ainsi que la relation des personnages principaux à leur famille, posent la question de la culpabilité, sous toutes ses formes, en un réseau complexe d’échos et de miroirs. Confrontés à leurs démons, complémentaires, les deux personnages principaux évoluent et gagnent en profondeur au fil de l’enquête. Ainsi, tout en suivant une trame classique, The Victims’ Game évite le piège des stéréotypes et ne tombe jamais dans la simplicité.

Johanna Benoist, Manon Koken, Marine Moutot

3615 Monique – Saison 1
Créée par Emmanuel Poulain-Arnaud et Armand Robin
Réalisé par Simon Bouisson
Avec Noémie Schmidt, Arthur Mazet, Paul Scarfoglio
Comédie dramatique, France, 10 x 22 min
17 décembre 2020
OCS, Canal +

Extracurricular – Saison 1
Créée par Jin Han-sae
Réalisée par Kim Jin-min
Avec Kim Dong Hee, Jung Da Bin, Park Ju Hyun
Thriller, Corée du Sud, 10 x 44-72 min
Netflix

La Flamme – Saison 1
Créée par Jonathan Cohen, Jérémie Galan et Florent Bernard
Réalisé par Jonathan Cohen et Jérémie Galan
Avec Jonathan Cohen, Géraldine Nakache, Vincent Dedienne
Comédie, France, 9 x 26-31 min
27 octobre 2020
Canal +

The Great
Créée par Tony McNamara
Réalisée par Tony McNamara
Avec Elle Fanning, Nicholas Hoult, Phoebe Fox
Comédie dramatique, États-Unis 10 x 45-55 min
Hulu

Le Jeu de la Dame
Créée par Scott Frank et Allan Scott
Avec Anya Taylor-Joy, Colin Stinton, Frederick Schmidt
Drame, États-Unis, 7 x 60 min
23 octobre 2020
Netflix

Loki
Créée par Michael Waldron
Réalisé par Kate Herron
Avec Tom Hiddleston, Sophia Di Martino, Owen Wilson
Science-fiction, Aventure, États-Unis, 6 x 42-54 min
9 juin 2021
Disney +

Mixte
Créée par Marie Roussin
Réalisé par Alexandre Castagnetti, Edouard Salier
Avec Léonie Souchaud, Anouk Villemin, Pierre Deladonchamps
Comédie dramatique, France, 8 x 45 min
14 juin 2021
Prime Video

Normal People
Créée par Sally Rooney, Alice Birch, Mark O’Rowe
Réalisée par Lenny Abrahamson et Hettie Macdonald
Avec Daisy Edgar-Jones, Paul Mescal, Desmond Eastwood
Drame, Angleterre, Irlande, 12 x 30 min
StarzPlay

OVNI(s)
Créée par Clémence Dargent et Martin Douaire
Réalisée par Antony Cordier
Avec Melvil Poupaud, Michel Vuillermoz, Géraldine Pailhas
Comédie, Science-fiction, France, 12 x 30 min
Canal +

The Victims’ Game – Saison 1
Créée par Chien Shih-keng
Réalisée par David Chuang et Chen Kuan-chung
Avec Joseph Chang, Wei-ning Hsu, Shih-hsien Wang
Policier, Thriller, Taïwan, 8 x 65 min
Netflix

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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