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Madison vient de perdre son mari, sauvagement assassiné. À la suite de ce traumatisme, elle commence à avoir des visions de meurtres, perpétrés par le même homme, reconnaissable à ses long cheveux noirs et son long manteau de cuir. Elle va tenter d’échapper à l’emprise de ce monstre qui ne semble pas vouloir la laisser tranquille …
Malignant est réalisé par James Wan, un maître reconnu du genre de l’épouvante, ayant marqué le cinéma avec des films comme Saw (2005), Insidious (2010) et Conjuring 1 et 2 (2013 et 2016). Depuis plusieurs années, il alterne entre les superproductions et les films d’horreur indépendants. Entre le tournage de deux films Marvel, il a eu envie de revenir au genre de l’épouvante, le temps d’un film, qu’il qualifie d’humble et n’ayant pas l’ambition de révolutionner le cinéma d’horreur.
Le film commence de façon très convenue : un couple, une vieille maison en bois qui craque, et des personnages aux visages blafards à peine éclairés par une lumière froide. Se dessinent alors les bases d’une histoire de maison hantée, avec un couple poursuivi par une entité maléfique. Dès cette première scène, la maîtrise de James Wan de la mise en scène de la peur est évidente. Très vite plongé dans l’action, le spectateur cherche à déceler dans l’obscurité la créature qui rôde, mais sa vision est obscurcie par les nombreux objets placés dans le champ de la caméra, et par ces plans au cadre toujours resserré, au travers desquels le réalisateur choisit précisément ce que le spectateur peut ou ne peut pas voir. James Wan ne laisse pas le temps au public de souffler, le faisant redouter un célèbre “jump scare” à chaque nouveau mouvement de caméra qui dévoile l’obscurité derrière une porte. Mais le réalisateur connaît trop son public, et sait lui réserver quelques surprises.
Après cette première scène, le spectateur en est certain : il est plongé dans un film d’horreur dont les codes sont manifestement maîtrisés et respectés et qui propose une histoire classique de maison hantée. Et puis, l’intrigue se transforme. Les codes si connus s’éloignent, le film empruntant les caractéristiques d’un thriller, ou d’un film d’action, tout en restant dans le registre de l’horreur. Au revoir la maison de bois qui craque, et bonjour aux scènes de course-poursuite et de révélations. Toujours troublée par ces visions qui semblent lui montrer des meurtres, Madison tente de comprendre qui est ce fameux personnage qui tient à lui imposer des scènes si affreuses. Les policiers quant à eux doivent rapidement trouver ce dangereux psychopathe qui défigure de pauvres citoyens, et se demandent bien pourquoi Madison a toujours les informations avant eux sur ces meurtres. Enfin, le spectateur doit essayer de comprendre qui lui ment : en quel personnage peut-il avoir confiance ? Se pourrait-il que même le réalisateur lui mente, en lui cachant la vérité depuis le début ?
La réponse à tous ces mystères viendra plus tard, et prendra le spectateur par surprise. La révélation part d’une idée tellement folle que peut-être qu’une partie du public n’y adhérera pas, et n’y verra qu’une proposition absurde et parfaitement impossible. Qu’on rentre dans le jeu de James Wan ou non, on est bien obligé de concéder qu’il est allé au bout de son idée, et qu’il s’amuse avec elle comme jamais. Cette idée est tellement incroyable qu’elle donne l’impression par moment qu’on a basculé dans un film de série B, aux petits moyens, et aux effets spéciaux s’approchant du grotesque. Mais pour la partie du public qui rentre sans concession dans le jeu du réalisateur, l’expérience devient hors norme, et l’emporte dans des scènes qui ne s’arrêtent plus, bluffantes d’audace, et à l’esthétique si particulière. Définitivement, le rythme lent et convenu de la maison entourée de brume dans la nuit est bien loin derrière nous.
L’œuvre détonne complètement dans le paysage du cinéma d’horreur et vaut la peine d’un déplacement dans les salles obscures. Pour un petit film qui ne devait pas faire trop de bruit, Malignant, en tant que film aux mille visages, pourra figurer sans rougir dans la filmographie de son réalisateur, aux côtés des autres sagas aujourd’hui devenues cultes.
Angie Lauprêtre
États-Unis
Réalisé par James Wan
Avec Annabelle Wallis, Jake Abel
Thriller, film d’horreur, 1h51
1er septembre 2021