[TOP] 10 films de sorcières

Temps de lecture : 6 minutes

Indépendante, inquiétante, mangeuse d’enfants, rebelle, insaisissable, la sorcière hante le cinéma depuis toujours. Qu’elle ait des dents crochues, un corps de jeune femme ou une bosse dans le dos, elle n’échappe pas aux clichés inhérents à toutes les figures qui peuplent les récits.

Si aujourd’hui, elle est le symbole de la femme émancipée, comme le décrit Mona Chollet dans son ouvrage Sorcières, elle fut celle que l’on persécutait, diabolisait et réduisait au silence. Cela se voit encore avec des films comme Sacrées sorcières de Robert Zemeckis (2020) adapté de Roald Dahl où les sorcières n’ont qu’un seul but : manger les enfants. Histoire pour les petit.e.s, elle a dû donner quelques belles frayeurs, tout comme Hocus Pocus : les trois sorcières de Kenny Ortega. En comparaison, le cinquième long-métrage d’animation d’Hayao Miyazaki, Kiki la petite sorcière (1989) montre, à travers l’imagerie de la sorcière, une filiation matrimoniale. Kiki, l’héroïne, est une adolescente qui apprend à se débrouiller seule dans une grande ville en offrant ses services de livraison. Le thème central ressentant la place d’une fille dans la société, l’utilisation de la sorcière n’aurait pas pu être mieux sentie. 

Mais malgré la fiction, n’oublions que des sorcières sont encore pourchassées dans certaines parties du monde. Le drame I Am Not a Witch de la réalisatrice Rungano Nyoni (2017) montre le destin de Shula, 9 ans, en Zambie accusée de sorcellerie, car une villageoise a fait tomber un sceau en passant à ses côtés. Elle se fait alors mettre au fer avec d’autres femmes supposées être des sorcières. Regardée avec dédain, humiliée, l’enfant ne peut comprendre ce qui lui arrive dans cette société qui rabaisse les femmes. 

La sorcière est controversée. Crainte, pourchassée, puissante, elle effraye. Quoi de mieux que de revenir sur une figure qui dérange et ébranle les fondations des sociétés patriarcales pour fêter Halloween ? Alors, mettez vos ongles les plus longs, ajustez votre nez crochu et peignez vos cheveux blancs. Ou bien soyez simplement vous-mêmes, sortez des clichés et libérez-vous. Soyez sorcière ou ne soyez pas.

Nous vous proposons dix films pour passer une bonne soirée ensorcelée.

Le plus ancien – Häxan, la sorcellerie à travers les âges, Benjamin Christensen, 1922

Dès les années 1920, le cinéma s’intéresse au folklore, aux monstres et à la magie. Murnau et son Nosferatu questionnent la figure du vampire (1922), et Rupert Julian met en image Le Fantôme de l’Opéra (1925). Présenté à la manière d’une conférence, Häxan est un film documentaire sur la sorcellerie, de l’antiquité à la période contemporaine du film (1922). Surimpressions, jump cuts, maquillage et prothèses, tous les effets spéciaux de l’époque sont mis au service de l’illustration de la sorcellerie, du sabbat des sorcières aux interrogatoires de l’Inquisition. Une belle entrée en matière.

La bande-annonce du film ici.

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Le plus romantique L’Adorable voisine, Richard Quine, 1959

La belle new-yorkaise Gillian aimerait tomber amoureuse, mais elle n’est pas capable de ce sentiment, elle n’a même jamais pleuré. C’est parce que Gillian est une sorcière, et les femmes de son espèce n’ont pas le droit de connaître l’amour. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un charmant voisin …

Kim Novak et James Stewart (tout juste revenus de Sueurs froides), une tante délurée et un chat hypnotisant, il n’en fallait pas plus à Richard Quine pour réaliser une jolie comédie romantique. Ici, les sorcières sont bienveillantes, mais elles s’ennuient, et la magie n’est qu’un prétexte à la comédie. Un long-métrage adorable lui aussi, qui aurait inspiré la série Ma sorcière bien-aimé.

La bande-annonce du film ici.

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Le plus nippon – Onibaka, Kaneto Shindô, 1964

La figure de la sorcière traverse les frontières. Littéralement “démon grand-mère” ou “vieille sorcière”, Onibaba est un démon japonais masqué qui punit les hommes et les femmes qui n’ont pas su maîtriser leurs passions. Film phare de Kaneto Shindô et œuvre iconique de la J-Horror, Onibaba dépeint un triangle amoureux qui prend place dans un vaste champ de roseaux isolé du monde, pendant la guerre. Cette union aura des conséquences tragiques…

La bande-annonce du film ici.

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Le plus stylisé – Suspiria, Dario Argento, 1977

Suzy Banyon est une adolescente américaine fraîchement échue à Fribourg pour intégrer une prestigieuse école de danse. Alors qu’elle arrive sous l’orage au lieu-dit, une étudiante est assassinée par une force obscure… Dans ce château inquiétant transformé en école, Suzy va être témoin de faits de plus en plus étranges.

On ne parle plus de sorcières sans mentionner le chef-d’œuvre coloré de Dario Argento, film emblématique du giallo italien. Chuchotements, râles, ombres derrières des voiles, Argento maitrise les codes de la suggestion. Mais il sait aussi mettre le spectateur à l’épreuve devant des mises en scène macabres et frontales. Frissons assurés, grâce à la partition de Goblin et à la galerie de personnages du talentueux Dario.

La bande-annonce du film ici, et notre dossier consacré au maître du giallo ici.

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Le plus high-school The Craft, Andrew Fleming, 1996

Trois étudiantes, Nancy, Bonnie et Rochelle très éprises d’ésotérisme pratiquent la magie. Qualifiées par les autres étudiants de folles ou de sorcières, elles sont bientôt rejointes par une quatrième, Sarah, dotée de dons exceptionnels. Le quatuor va former un cercle capable d’invoquer les plus puissants esprits et de transformer leurs rêves en réalités. Jusqu’au jour où des rivalités apparaissent dans le petit groupe…

Entre Clueless et Charmed, The Craft fleure bon le teen-movie des années 90. Personnages féminins badass portés par une belle brochette d’actrices, magie noire et rivalités, le cinéaste Andrew Fleming nous fait passer un très bon moment avec sa Dangereuse Alliance. Le remake de 2020 était, quant à lui, plus que dispensable.

La bande-annonce du film ici.

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Le plus rétro The Love Witch, Anna Biller, 2016

Elaine, une jeune et belle sorcière, est déterminée à trouver l’homme de sa vie. À l’aide de potions et de formules magiques, elle attire de nombreux hommes… Mais elle semble les rendre tous malheureux.    

Hommage aux grands films en technicolor des années 60 et tourné en 35mm, The Love Witch puise dans le folklore de la sorcière croqueuse d’hommes pour renverser les stéréotypes. Film réalisé par une femme, The Love Witch se révèle être une fable sur l’empowerment d’une sorcière victime d’un modèle de société patriarcal. Mention spéciale pour les magnifiques costumes vintage.

La bande-annonce du film ici.

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Le plus mystérieux The Witch, Robert Eggers, 2015

1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établissent à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres… 

Premier long-métrage de Robert Eggers, The Witch a permis au grand public de découvrir la jeune Anya Taylor-Joy. Sombre, austère, The Witch baigne dans l’imaginaire du conte en plaçant ses personnages à la lisière d’une forêt qui abrite des êtres démoniaques. Le long-métrage est rigoureux, documenté, et donne à voir la misère et l’obscurantisme qui gangrenaient la population de la Nouvelle-Angleterre du XVIIe siècle. Coup d’essai réussi pour Eggers.

La bande-annonce du film ici.

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Le plus intello  Glissements progressifs du plaisir, Alain Robbe-Grillet, 1974

Alice est accusée du meurtre de son amie Nora. Elle clame son innocence en racontant une version confuse entre réalité et imaginaire.  

Glissements Progressifs du Plaisir est librement inspiré de l’ouvrage La Sorcière de Jules Michelet (1862), essai historique, sociologique et mythologique sur la sorcellerie en France au Moyen-Age. Le film du célèbre auteur du Nouveau Roman Alain Robbe-Grillet fut interdit dès sa sortie en Italie pour offense à la religion et toutes les copies furent détruites. Symbolisme appuyé, érotisme et déconstruction narrative, le film n’est pas facile d’accès mais propose une véritable expérience spectatorielle.

La bande-annonce du film ici.

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Le plus psychédélique Belladonna, Eiichi Yamamoto, 1973

Jeanne, abusée par le seigneur de son village, pactise avec le Diable dans l’espoir d’obtenir vengeance. Métamorphosée par cette alliance, elle se réfugie dans une étrange vallée, la Belladonna… 

Également adapté de La Sorcière de Michelet, le long-métrage d’animation de Eiichi Yamamoto est une ode au sexe, à la drogue et à la nature. Un discours qui épouse le vent de libération qui a soufflé dans les années 60 de part et d’autre du globe. Érotique, psychédélique, Belladonna offre un voyage pictural d’une beauté étourdissante, accompagné d’une bande originale inoubliable.

La bande-annonce du film ici.

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Le plus récent Les Sorcières d’Akelarre, Pablo Aguërro, 2021

Pays basque, 1609. Six jeunes femmes sont arrêtées et accusées d’avoir participé à une cérémonie diabolique, le Sabbat. Quoi qu’elles disent, quoi qu’elles fassent, elles seront considérées comme des sorcières. Il ne leur reste plus qu’à le devenir… 

Plus que jamais, les tourments infligés aux prétendues sorcières résonnent avec les violences subies par les femmes de notre époque. Aguërro s’empare d’un fait divers basque du XVIIe siècle et alterne scènes d’interrogatoire lunaires et huis-clos en cellule pour dénoncer une justice qui n’a d’équitable que le nom, dans un système patriarcal abusif. Des éclairages à la bougie dignes d’une toile de Delatour, une partition flamboyante habillent avec élégance le sixième long-métrage du réalisateur porté par une troupe de jeunes filles habitées.

La bande-annonce du film ici.

Crédit synopsis : Dulac distribution

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Lucie Dachary
Introduction de Marine Moutot

 

Häxan, la Sorcellerie à Travers les Âges
Réalisé par Benjamin Christensen
Documentaire, épouvante-horreur, Danemark, Suède, 1922 , 1h27
Potemkine Films
Disponible en VOD sur Orange

L’Adorable Voisine
Réalisé par Richard Quine
Avec Kim Novak, James Stewart, Jack Lemmon
Comédie romantique, Etats-Unis, 1h45
Park Circus France

Onibaba
Réalisé par Kaneto Shindô
Avec Somesho Matsumoto, Fudeko Tanaka, Hiroyoshi Yamaguchi
Drame, épouvante, horreur, Japon, 1964, 1h45
Wild Side

Suspiria
Réalisé par Dario Argento
Avec Jessica Harper, Joann Benett, Stefania Casini
Épouvante, thriller, Italie, Etats-Unis, 1h35
Les Films du Camélia

The Craft
Réalisé par Andrew Fleming
Avec Fairuza Balk, Robin Tunney, Rachel True, Neve Campbell
Fantastique, États-Unis,1996, 1h40
Sony Pictures

The Love Witch
Réalisé par Anna Biller
Avec Samantha Robinson, Elle Evans, Jeffrey Vincent Parise
Comédie, Épouvante, thriller, États-Unis, 2016, 2h00
Anna Biller Poductions

The Witch
Réalisé par Robert Eggers
Avec Anya Taylor-Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie
Épouvante, horreur, États-Unis, Canada, 2015, 1h33
Universal Pictures International France

Glissements Progressifs du Plaisir
Réalisé par Alain Robbe-Grillet
Avec Anicee Alvina, Olga Georges-Picot, Jean-Louis Trintignant
Drame, policier, érotique, France, 1974, 1h46
Lira Films

Belladonna
Réalisé par Eiichi Yamamoto
Animation, Erotique, Japon, 1973, 1h33
Eurozoom

Les Sorcières d’Akelarre
Réalisé par Pablo Agüero
Avec  Alex Brendemühl, Amaia Aberasturi, Daniel Fanego
Drame, historique, Espagne, Argentine, France, 1h32
Dulac Distribution

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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