[CRITIQUE] Rien à foutre

Temps de lecture : 2 minutes.

Cassandre est hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost. Entre les vols, les retours à sa base en Espagne et les soirées endiablées, ces jours et nuits passent et se ressemblent. Pourtant, derrière les paillettes Instagram et les rêves de voyage, la jeune femme doit faire face à son passé qu’elle tente de laisser derrière elle.

L’illusion de la génération 2.0, entre applications de rencontre, photographies de rêve sur Instagram et voyages dans des lieux paradisiaques, cache une détresse émotionnelle. Cassandre, dont le nom mythologique est maudit, passe ses journées dans une vacuité existentielle. Les deux cinéastes Julie Lecoustre et Emmanuel Marre montrent une jeunesse en perte de vitesse qui se noie dans les rêves que les publicités et les réseaux sociaux inondent en permanence. 

En deux parties, le film retrace d’abord les nuits sans fin de Cassandre (interprétée par Adèle Exarchopoulos, excellente), ses services où il faut être toujours plus productif, et les jours de repos où l’énergie lui manque. Affalée sur son canapé ou à la recherche d’un coup d’un soir, elle ne s’attache à rien ni à personne. Son rêve est d’aller travailler à Dubaï, la ville capitaliste et artificielle par excellence. Ce besoin d’être vue, d’être plus belle, de n’être que surface donne des situations cocasses dans les moments de relâche. Les cinéastes français parviennent à filmer avec humour et justesse des conversations bourrées à 5h du mat’, des échanges de messages sur Tinder ou des étreintes volées avec des inconnus pour un peu de réconfort. Cette première partie montre aussi la dureté d’un mode de vie sans attaches. Les horaires impossibles et les conditions inhumaines : les hôtesses doivent vendre toujours plus et oublier leurs émotions – une formation assez lunaire nous expose ce que l’on attend d’elles. Si cette partie est vive, drôle et passionnante, la deuxième est plus inégale, plus sombre. 

La coupe franche entre le soleil de l’Espagne et la grisaille de l’Est français aurait pu être intéressante si la partie dans la famille de Cassandre avait été moins longue. La jeune femme se retrouve obligée de rentrer chez elle alors qu’elle ne voulait pas affronter son passé. Avec ce pan du récit, les réalisateur.trice.s souhaitent montrer l’envers du décor, le moment où l’on expose aux autres les mensonges que nous vivons. Ce sont aussi des moments d’introspection et de recueillement. C’est accepter le passé pour mieux vivre le présent. Pourtant, les séquences traînent en longueur, manquent de rythme et de charme et la pluie française finit par l’emporter sur le reste. Dommage car le constat sur ce mode de vie était bien amené, sans jugement ni tension, juste avec lucidité. 

Rien à foutre ne parvient pas à garder sa cadence et s’essouffle un peu sur la fin, comme son héroïne qui, à force de ne pas communiquer, perd pied.

Marine Moutot

Rien à foutre
Réalisé par Emmanuel Marre et Julie Lecoustre
Avec Adèle Exarchopoulos, Alexandre Perrier, Mara Taquin
Comédie dramatique, France, 2020, 1h50
Condor Distribution
2 mars 2022

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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