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Les meilleures séries d’octobre 2021 à mars 2022
Un nouvel article spécial séries cinq mois seulement après le précédent. Pourquoi ? Pour suivre le festival Séries Mania qui bat son plein à Lille en présentiel (encore difficile de s’habituer à ce mot) et en ligne du 18 au 25 mars 2022. La pandémie a perturbé tous les festivals : l’édition précédente, qui devait se tenir au printemps 2021, avait été déplacée à l’automne afin de permettre au festival de se déployer en présentiel. Notre précédent top est donc encore tout frais.
Même si les découvertes ont été moins nombreuses – la période étant plus courte également -, nous avons continué avec plaisir la série française Ovni(s) (diffusée sur Canal +) qui, avec ses protagonistes hauts en couleur, sa musique électro entraînante et son intrigue rocambolesque, a réussi à nous tenir en haleine une saison de plus. La fin annonçait d’ailleurs une saison 3 que nous attendons avec impatience. La saison 2 de The Witcher, fut également diffusée ces derniers mois. Si la saison 1 n’a pas totalement répondu à nos attentes, elle s’était tout de même frayé une place dans notre premier top. La suite est honorable et les défauts que nous avions soulevés sont gommés. C’est une saison plus mainstream : elle en devient trop fade pour se retrouver dans notre sélection. La saison 2 de Why Women Kill (disponible sur Canal +), nous a également laissées sur notre faim. La saison 1 était pourtant prometteuse, à la Desperate Housewives, décrivant l’intimité de trois couples évoluant à différentes époques, mais avec plus de mystère, d’intrigue, et surtout moins de longueurs.
D’autres séries ont pu attirer notre attention cette année, comme Inside Job, une série animée diablement efficace proposée par Netflix. Si elle ne rentre pas dans le top, c’est simplement parce que l’équipe est un petit peu tatillonne et attendait ce petit quelque chose de plus qui fait les meilleures séries. Une autre série de Netflix qui nous a marqué – mais pour d’autres raisons – est la décevante Sermons de Minuit, qui a tout misé sur l’interprétation d’un acteur et sur une ambiance trop plate et convenue. Elle n’aura pas réussi à nous faire peur, mais on souhaite à Mike Flanagan, son créateur, de renouer avec le succès de ses séries précédentes (The Haunting of Hill House et The Haunting of Bly Manor) et de réussir l’année prochaine à nous faire claquer des dents.
Cette année, comme chaque année d’ailleurs, l’équipe a dû faire face à la très grande variété de plateformes de streaming – qui ne fait que s’agrandir – et qui produisent un nombre impressionnant de nouvelles séries chaque mois. Notre sélection est donc logiquement éclectique, et chacun.e devrait pouvoir y trouver son bonheur, entre série documentaire, série horrifique et série historique !
All of Us Are Dead – Saison 1
Cheon Seong-Il – Corée du Sud – Netflix
Après les expérimentations d’un professeur de chimie, une épidémie se propage et transforme la population en zombies. Coincés dans leur établissement envahi par les infectés, des élèves tentent de survivre en attendant les secours.

Cette nouvelle série sud-coréenne réussit le pari de proposer une série de zombie haletante destinée aux adolescent.e.s. La part faite aux amitiés et amourettes ne sacrifie rien à la violence de la situation, parfois très gore. Intelligente, elle ne feint pas d’ignorer la mythologie préexistante et n’hésite pas à faire référence à d’autres productions, comme Dernier Train pour Busan. Elle propose aussi des situations pertinentes, parfois cocasses, comme cette séquence où les élèves construisent des toilettes de fortune dans la salle de classe où ils sont retranchés. En outre – et c’est là la principale réussite de All of Us Are Dead -, le scénariste, qui s’est appuyé sur le webtoon originel, est parvenu à trouver le rythme juste entre courts moments de respiration, situations pertinentes et originales, et scènes d’action toujours différentes. Seul l’antagoniste, un harceleur tenace qui poursuit le personnage principal, s’il permet un discours sur les violences scolaires, lasse et fatigue le.a spectateur.trice à force de s’incruster dans toutes les scènes.
Arcane – Saison 1
Christian Linke et Alex Yee – États-Unis, France – Netflix
Piltover est une cité florissante de Runeterra. Sous son apparente modernité, la pauvreté, la faim et la maladie sont le lot d’une partie de la population, celle de sa voisine des bas-fonds, Zaun. Deux sœurs, Vi et Jinx, y grandissent, entre petits larcins et grande aventure, ignorant encore les drames qui sommeillent dans les profondeurs de la ville.

Arcane est la grosse sortie Netflix de la fin d’année. Écrite et produite par Riot Games, la société américaine ayant développé le jeu vidéo League of Legends – dont elle est directement inspirée -, et réalisée par le studio d’animation français, Fortiche Production, la série a reçu un bon accueil public et critique. Et pour cause… Après une longue introduction veillant à présenter la magnificence de Piltover face à la décrépitude de Zaun, leurs logiques internes et leurs personnages au caractère bien trempé, la véritable action surgit enfin, par le drame. Et c’est ainsi que tout commence…
Malgré un scénario reposant sur des ressorts classiques (lutte des classes, vengeance) aux apparences binaires, la série réussit brillamment à rendre un univers très codifié accessible aux non-initiés et à faire preuve d’inventivité là où l’on ne l’aurait pas soupçonné. Jouant habilement des oppositions – enfants des rues/riches héritiers, ville basse/ville haute -, Arcane évite l’écueil du manichéisme en proposant des personnages intrigants et attachants. L’évidence de l’influence de Marvel et DC Comics – notamment dans le merveilleux personnage de Jinx, une Harley Quinn steampunk – ne rend pas la recette moins savoureuse.
La grande originalité de la série est évidemment sa forme. Grâce à une animation numérique mêlant 2D et 3D, les personnages sont formés d’aplats de couleurs qui donnent l’impression d’un film d’animation peint. Bien qu’il puisse surprendre à première vue, ce choix fait sens, notamment lors des belles scènes de combat qui rappellent les origines vidéoludiques de la série. Avec Arcane, les créateurs ont trouvé une recette qui fonctionne : de beaux décors, un univers fantastique mêlant sciences et magie, une intrigue sombre et surtout des héroïnes bad ass que l’on a plaisir à découvrir au fil des épisodes.
Bien que certains éléments du scénario auraient mérité un traitement plus approfondi, Arcane est une très bonne série d’action qui mérite de continuer sa route au rythme effréné de cette première saison. La frustration est au rendez-vous après les neuf épisodes et on attend avec impatience une suite. En espérant qu’elle ne s’essouffle pas trop vite…
The Gilded Age – Saison 1
Julian Fellowes – États-Unis – HBO
En 1882, après la guerre de Sécession aux États-Unis, New York est l’épicentre d’un bras de fer entre les nouveaux riches et les fortuné.e.s au sang bleu. Dans ce contexte tendu, Marian Brooks vient vivre avec ses tantes, dignes représentantes du vieux New York et de son étiquette et découvre toutes les subtilités de la vie entre conservatisme et modernité.

Julian Fellowes, créateur de Downton Abbey (26 septembre 2010 – 25 décembre 2015) revient avec une nouvelle série historique, The Gilded Age, littéralement l’Âge d’Or, qui raconte un moment précis de l’Histoire des États-Unis : l’avènement des bourses, des chemins de fer, et de l’Industrialisation.
New York est au cœur de l’intrigue : la ville se transforme sous l’avènement des industriels comme Rockefeller, se pare des lumières de l’électricité, et de nouvelles bâtisses modernes, au grand dam des vieilles familles qui luttent pour le maintien des traditions. La série raconte brillamment cette lutte de pouvoir grâce à la richesse de ses personnages. Comme dans Downton Abbey, The Gilded Age s’intéresse autant aux domestiques qu’à ceux qu’iels servent et prend le soin de s’attarder sur chacun d’entre eux pour offrir une palette de personnages crédibles, nuancés, et loin d’être manichéens. Si la tante de Marian refuse catégoriquement de serrer la main des Russels, certes riches mais issus d’une famille pauvre, elle accepte de prendre sous son aile Peggy, autrice noire en devenir, alors que ses pairs considèrent qu’accepter une femme noire sous son toit est synonyme de problèmes. Ainsi, tous les personnages, qui apparaissent pourtant d’abord animés de valeurs simples, – iels sont soit conservateur.ice.s soit modernes – dévoilent peu à peu ce qui les animent réellement, les rendant toujours plus attachants et complexes. Si on ajoute à cette richesse des personnages les décors fastueux et luxueux, ainsi que les tenues d’époque, le.a spectateur.ice a de quoi se réjouir. Nous conclurons en soulignant la qualité du casting, avec une mention spéciale à Christine Baranski et Carrie Coon, parfaites dans leurs rôles respectifs.
Orelsan – Montre jamais ça à personne – Saison 1
Clément Cotentin, Christophe Offenstein – France – Prime Vidéo
Parce qu’il croyait au talent de son grand frère, Clément a pris sa caméra et a suivi Aurélien aka Orelsan pendant plus de 20 ans. À travers son regard admiratif, il nous livre le chemin de celui qui allait devenir l’un des plus grands rappeurs français.
Il fallait en avoir du flair pour filmer sans relâche son grand frère qui travaillait ses textes ou qui passait des soirées avec ses amis – Skread, Gringe ou encore Ablaye – dans un canapé. Clément Cotentin l’a eu et nous offre, alors qu’Orelsan est aujourd’hui au sommet, la montée vers la consécration de son frangin. Il nous montre ce qu’il ne devait “jamais montrer à personne” et livre les coulisses d’un homme acharné qui n’a jamais abandonné son rêve. Presque avec simplicité, nous découvrons l’intimité de ce rappeur dont les textes ont touché plusieurs générations. Caméra à l’épaule, voix off, entretiens, cette série documentaire tente d’aller au plus près des différentes étapes de la vie d’Orelsan – en prenant le soin de laisser de côté l’aspect sentimental. Que ce soit la répercussion de ses chansons sur ses proches ou sa famille, le scandale de “Sale Pute” en passant par la période Myspace ou encore ses différents échecs, la série révèle le rappeur avec une honnêteté presque désarçonnante. La force de la série est aussi de livrer un modèle assez éloigné de l’image d’Épinal des rappeurs : consciencieux, parfois naïf, gagnant en maturité, il a réussi à garder la tête sur les épaules malgré le chant des sirènes de l’industrie musicale.
Qu’on aime ou pas les textes d’Orelsan, il faut bien le reconnaître, il est, aujourd’hui, toujours là. Et cette série, intime et juste, parvient à nous toucher.
Pam & Tommy – mini série
Robert Siegel – États-Unis – Hulu
Retour sur le scandale de la sex tape du couple star des tabloïds des années 1990, la star d’Alerte à Malibu, Pamela Anderson et le batteur de Mötley Crüe, Tommy Lee. Filmée durant leur lune de miel, la vidéo passe du statut de curiosité clandestine à celui de sensation globale quand elle atterrit sur le web en 1997. Une histoire d’amour, de scandale et de crime.

Qui n’a pas entendu parler de cette sex tape ? Pamela Anderson doit haïr la mémoire d’Internet tant ce fait divers sordide est ancré dans l’inconscient collectif. La série reprend les moments clés de cette affaire, de la rencontre du couple à l’explosion de la vidéo dans le monde entier, accessible gratuitement sur le web, alliant tous les ingrédients de la culture pop des années 90.
La scène d’ouverture donne le ton. On y voit Pam et Tommy faire l’amour dans leur yacht, comme si le spectateur était invité à regarder cette sex tape. La scène est courte mais intrusive, assez pour se demander si on devrait continuer ou appuyer sur pause. Et tout l’enjeu de la série est là, montrer la vidéo ou pas. La série reste pourtant très intime car c’est l’histoire d’amour avec un grand A d’un couple destroy et rock’n’roll. Lily James et Sebastian Stan sont bluffants, leur transformation est hallucinante, et on est loin de Downton Abbey et Bucky.
La série questionne aussi sur les limites du privé et du public. Le point de vue de trois réalisatrices n’est pas anodin car le scandale n’a pas épargné Pamela Anderson, au sommet de sa gloire avec Alerte à Malibu mais reléguée à la bombasse blonde en maillot de bain ultra court. Elles traitent l’actrice avec respect et donnent à cette histoire un souffle féministe.
Le choix de la mini-série est judicieux car un film aurait été trop court pour développer son sujet.
Johanna Benoist, Laura Claveau, Manon Koken, Angie Laupêtre, Marine Moutot
All of Us Are Dead (지금 우리 학교는) – Saison 1
Créée par Cheon Seong-Il
Avec Yoon Chan-Young, Park Ji-Hoo, Cho Yi-Hyun
Epouvante-Horreur, Corée du Sud, 12 x 60 min
28 janvier 2022
Netflix
Arcane – Saison 1
Créée par Christian Linke et Alex Yee
Avec les voix de Hailee Stainfeld, Ella Purnell, Kevin Alejandro (V.O.)
Science-fiction, États-Unis, France, 9 x 40 min
6 novembre 2021
Netflix
The Gilded Age – Saison 1
Créée par Julian Fellowes
Avec Louisa Jacobson, Christine Baransky, Carrie Coon, Morgan Spector, Cynthia Nixon
Drame historique, États-Unis, 9×80 min
24 janvier 2022
OCS, Canal +
Orelsan – Montre jamais ça à personne – Saison 1
Créée par Clément Cotentin, Christophe Offenstein
Avec Orelsan, Gringe, Skread
Documentaire, France, 6 x 30 min
15 octobre 2021
Prime Vidéo
Pam & Tommy – mini série
Créée par Robert Siegel
Avec Lily James, Sebastian Stan, Seth Rogen
Drame, biopic, États-Unis, 8 x 60 min
2 février 2022
Hulu, Disney +