[FESTIVAL DE CANNES 2022] Bilan – Dimanche 22 mai

Temps de lecture : 5 minutes

Du 17 au 28 mai 2022 se tient la 75e édition du Festival de Cannes. 

Créé en 1939, avec une première édition en 1946, le Festival de Cannes est, avec la Berlinale et la Mostra de Venise, l’un des festivals internationaux les plus importants du cinéma. Chaque année, il se tient sur la Croisette, au bord de la plage, dans la ville de Cannes. Plusieurs sélections viennent compléter la Sélection Officielle (Compétition, Hors Compétition, Un Certain Regard, Cannes Classic, Cannes Première et pour la première fois une sélection de six œuvres autours de l’environnement). Ces programmations parallèles (Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique, ACID), dont chacun a ses particularités, montrent des longs et courts-métrages originaux et novateurs.
Le festival revient cette année en mai, après une édition sous le soleil de juillet en 2021. Il y aura des stars, des découvertes, de la plage et des films. Retrouvez-nous tous les jours du dimanche 22 au samedi 28 mai pour suivre nos aventures cannoises.

Dimanche 22 mai au Festival de Cannes

Suite à un retard de train — habituel, il est même considéré comme étrange de ne pas avoir quelques minutes de retard au moment de l’arrivée en gare de Cannes —, je n’ai pas pu découvrir le documentaire présenté dans la Sélection Officielle en Séance spéciale, Riposte féministe. Ce film autour du groupe Les Colleuses, réalisé par Marie Perennès et Simon Depardon, sortira en novembre 2022 sur nos écrans. Après être allée chercher mon badge et avoir fait un tour dans la Croisette, je suis entrée écrire ces quelques lignes en attendant la séance de Magdala de Damien Manivel. Présenté à l’ACID — Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion — j’ai réussi à avoir une place grâce à la distributrice du film. Le film, à 21 h, dans la salle des Arcades, a été présenté par un cinéaste du comité de sélection, puis le réalisateur, Damien Manivel, vient lui-même parler de son œuvre. Il nous raconte son travail avec la chorégraphe et danseuse Elsa Wolliaston, et de son envie de la montrer en Marie-Madeleine. Après avoir des recherches, il découvre qu’à la suite de la mort du Christ, Marie-Madeleine est partie s’isoler dans une forêt. Tout restait à imaginer, il en fait un poème. 

À la suite de la projection, rien de mieux qu’un petit verre pour débriefer du festival avec d’autres festivalier.e.s puis rentrer se coucher pas trop tard pour profiter du reste du festival en forme — oui, je suis convaincue que je peux survivre à Cannes sans mourir de fatigue à la fin. 

MagdalaDamien Manivel, 2022 – ACID

Marie-Madeleine a quitté la civilisation humaine pour vivre dans une forêt à la recherche de sa connexion avec la Nature, mais surtout avec son amour, le Christ. Nous suivons ses derniers jours.

Magdala

Pour son cinquième long-métrage, le cinéaste et chorégraphe français Damien Manivel expérimente dans sa mise en scène le temps du deuil, de la vieillesse et de la souffrance. Il veut rendre aux spectateur.trice.s palpable le temps qui s’écoule avec lenteur. Son désir de faire Magdala vient de son envie de tourner une nouvelle fois avec la chorégraphe et danseuse jamaïcaine Elsa Wolliaston avec qui il avait réalisé, en 2011, son court-métrage La Dame au chien. Il la filme ainsi en train de se frayer péniblement un chemin dans la forêt, de boire aux feuilles et de ramasser des mûres, mais aussi de faire ses besoins et de nettoyer sa robe dans une rivière. Il l’imagine pleurant le Christ, criant son amour à la lune et se rappelant les moments charnels avec lui. En choisissant une actrice noire aux cheveux blancs pour incarner Marie-Madeleine, Damien Manivel aura pu vouloir aller au-delà des stéréotypes et briser la représentation habituelle de ce personnage de la chrétienté, mais il n’en fait rien, préférant laisser parler l’image sèche. Il fait une déclaration d’amour à Elsa-Marie-Madeleine en explorant la lenteur de l’existence comme une lutte pour vivre après avoir tout perdu. 

Magdala est ainsi un film dur à appréhender. En prenant son temps, le cinéaste nous laisse le soin d’imaginer ce que cette femme peut bien penser et faire de ses journées. Il ne la montre jamais en interaction avec d’autres, elle est seule avec son monde intérieur. Il en fait une complainte qui devient insupportable quand la protagoniste crie et pleure aux pieds ensanglantés du Christ. Ce qui est plus intéressant sont les moments où elle redécouvre la nature, où une connexion se crée. Le récit reste pourtant vide, cette errance dans les différents paysages amenant à une répétition atone et douloureuse, tant pour nous que pour le personnage. L’œuvre est rythmée par le souffle de son actrice, ses pas lents et son dos courbé, faisant de Magdala un mystère. Le film se laisse ainsi porter d’image en image, aux spectateur.trice.s de vouloir s’y perdre.

Marine Moutot

Magdala
Réalisé par Damien Manivel
Avec Elsa Wolliaston, Aimie Lombard, Olga Mouak
Drame, France, 2022, 1h18
Météore Film
20 juillet 2022

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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