[TOP] 10 bonnes raisons de regarder Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? de Robert Aldrich

Temps de lecture : 7 minutes.

En 1962, le réalisateur américain Robert Aldrich fait sensation avec son film Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (What Ever Happened to Baby Jane?), mettant en scène, deux stars “vieillissantes” d’Hollywood, Joan Crawford et Bette Davis. Si Baby Jane ne reçoit qu’un seul Oscar (celui des meilleurs costumes) et ce, malgré quatre nominations, il reste encore aujourd’hui l’un des films phare d’Aldrich. Dans ce top, nous vous donnons donc 10 bonnes raisons de regarder le cultissime, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?


Au temps du cinéma muet, « Baby » Jane est une grande star, une des premières enfants prodiges. Sa sœur Blanche, timide et réservée, reste dans l’ombre. Mais dans les années 30, les rôles sont inversés et Blanche devient une immense vedette de cinéma tandis que Jane est oubliée. 
Plus tard, Blanche, victime d’un étrange accident est devenue infirme et semble tout accepter d’une sœur transformée en infirmière sadique qui multiplie les mauvais traitements…

1 — Parce que ce film est sans doute l’un des meilleurs film de Robert Aldrich (et vous donnera envie d’aller découvrir le reste de son travail)

Malgré une trentaine de films, Robert Aldrich n’est pas resté dans la mémoire de tous les cinéphiles. Pourtant, sa carrière est parsemée de films audacieux, touchant à tous les thèmes et à tous les genres. Du western, au film de guerre en passant par le mélodrame et le film policier, Aldrich s’est essayé à tous les styles avec plus ou moins de réussite, mais avec une idée constante : celle de renouveler les genres, quitte à choquer l’industrie et le public.
C’est d’ailleurs ce qui arrive avec What Ever Happened to Baby Jane? qui reçoit un accueil plutôt mitigé – surtout au Festival de Cannes. Néanmoins, aujourd’hui, ce long-métrage est devenu une œuvre culte et est sans conteste l’une des plus grandes réussites de ce réalisateur. Si vous souhaitez découvrir un peu plus encore le travail de Robert Aldrich, nous vous invitons à découvrir Attack! (Attaque, 1956), Kiss me Deadly (En quatrième vitesse, 1955) ou encore The Dirty Dozen (Les Douze salopards, 1967)

Robert Aldrich, Bette Davis et Joan Crawford durant le tournage de Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?

2 — Parce que c’est une adaptation parfaitement réussie

Avec What Ever Happened to Baby Jane?, Aldrich adapte une nouvelle du même nom, de l’écrivain américain Henry Farrell. Tout en restant fidèle à l’histoire de base, le réalisateur parvient à insuffler à ce récit quasi-gothique, une dimension horrifique et une tension parfaitement mise en scène. 
Si Farrell ne participe pas à l’écriture de cette adaptation pour le grand écran, il co-écrira cependant le scénario de Hush Hush.. Sweet Charlotte (1964), film qui fut perçu un temps comme une suite à What Ever Happened to Baby Jane? Néanmoins, Joan Crawford quitte le projet pour des raisons assez floues et est remplacée par Olivia de Havilland, grande amie de Bette Davis.  Le succès, lui, ne fut pas au rendez-vous. 
En France, c’est François Truffaut qui tirera son inspiration chez l’auteur américain en adaptant Une belle fille comme moi en 1967.

3 — Parce que.. Bette Davis !

Lorsqu’elle interprète le rôle de Jane, Bette Davis a déjà été récompensée de deux Oscars dans la catégorie “Meilleure actrice”, en 1935 pour L’Intruse d’Alfred E. Green et en 1938 pour L’Insoumise de William Wyler. Également nommée pour son rôle dans le film d’ Aldrich, beaucoup pensent qu’elle montera à nouveau sur scène pour récupérer une troisième statuette amplement méritée. Néanmoins – et à la surprise générale – c’est la jeune Anne Bancroft qui est appelée pour son rôle dans Miracle en Alabama. Absente de la cérémonie, ce n’est autre que Joan Crawford qui débarque sur scène pour récupérer le prix !  
En 1962, le talent de Bette Davis n’est plus à prouver. Sa filmographie époustouflante est marquée par des rôles inoubliables qui témoignent également des risques que l’actrice est prête à prendre. Dans Qu’est t’il arrivé à Baby Jane ?, elle continue dans cette voie en endossant un rôle difficile et physique, pour lequel elle opérera une énième métamorphose physique. 

Joan Crawford n’est pas en reste. Elle propose ici une interprétation touchante et juste, témoignant parfaitement de la tendresse, mais aussi de la peur que Blanche peut ressentir envers sa sœur. 
Malgré tout, c’est Bette Davis et son visage peinturluré de blanc qui marquèrent davantage les esprits.

4 — Parce que ce film montre le problème de l’âgisme à Hollywood (surtout lorsqu’on parle des femmes)

Le thème a déjà été abordé par Billy Wilder dans Sunset Boulevard (Boulevard du Crépuscule, 1950) où Gloria Swanson interprète une star âgée et oubliée s’accrochant à son passé glorieux. Si la recette est la même chez Aldrich, il semble que le réalisateur se permette d’aller beaucoup plus loin en pointant du doigt, sans vergogne, les pires facettes d’Hollywood.
À travers What Ever Happened to Baby Jane? Le cinéaste montre les dangers liés aux “enfants stars”, les excès, les manipulations et les techniques condamnables utilisées par les studios de l’époque. Mais en se concentrant plus spécifiquement sur deux stars féminines, Aldrich met surtout en avant la difficulté de vieillir à Hollywood lorsqu’on a été une femme consacrée. 
Bien qu’elles interprètent un rôle, Bette Davis et Joan Crawford jouent aussi avec la réalité et parfois, la frontière entre vrai et faux devient à peine perceptible, notamment lorsqu’on aperçoit des extraits de films de leur jeunesse. Bien qu’elles soient deux monuments du cinéma, toutes deux ont souffert de l’âgisme hollywoodien ; n’oublions pas que Bette Davis – déjà multi-oscarisé – dû poster une annonce dans un journal pour trouver du travail ou encore que Jack Warner, en entendant parler du projet d’adaptation de Baby Jane, aurait dit : “Je ne donnerai pas un centime pour l’une de ces vieilles biques”.

Bette Davis dans Parachute Jumper (1933) et Joan Crawford dans Sadie McKee (1934)

5 — Parce que ce film aurait pu ne jamais exister 

Suite à un conflit avec le producteur et patron de la Columbia, Harry Cohn, Aldrich se retrouve dans l’impossibilité de trouver du travail aux États-Unis. Il part alors en Europe où il réalise quelques films peu intéressants. En 1962, il retrouve cependant le sol américain et parvient rapidement à obtenir les droits du livre d’Henry Farrel, What ever Happened to Baby Jane?. Très vite, il engage Joan Crawford (qui avait elle-même cherché à acheter les droits du livre) puis pour lui faire face, Bette Davis. Si le salaire des deux stars d’Hollywood n’est plus aussi important que par le passé, Aldrich éprouve beaucoup de difficultés à boucler son budget et à trouver une société de production pour l’épauler. Le budget final qu’il obtient couvre à peine un petit mois de tournage dans des studios normalement réservés au films de séries B. 
Ce film fait donc partie de cette catégorie des films “miraculés” ; ceux qui auraient pu ne jamais voir le jour mais qui – fort heureusement – ont été sauvés par la passion et la détermination des cinéastes.
De plus, on ne peut pas dire que ces problèmes budgétaires aient empiété sur la qualité du film. À vrai dire, Aldrich n’est jamais aussi bon que lorsqu’il doit pallier un manque et trouver des subterfuges pour réaliser un film avec le peu de moyen qu’on lui offre.

6 — Parce que le duo Davis/Crawford est tout simplement mythique ! 

Si le film d’Aldrich est devenu culte c’est aussi grâce aux nombreuses histoires qui entourent le duo Bette Davis et Joan Crawford – et dont les producteurs ont su se servir pour promouvoir What Ever Happened to Baby Jane?  À la base de ces ragots, il y a le système hollywoodien tout entier qui ne cesse de mettre en compétition ses stars. Les deux actrices n’ont pourtant pas la même carrière et leurs rôles ont toujours été très différents. Leur seul point commun jusqu’à maintenant ? Être passées par les studios Warner.

Dire qu’elles se détestaient semble donc être un peu exagéré. Davis dira même de Crawford : “Je l’admire, mais je ne me sens pas à l’aise avec elle”. Quant à Joan Crawford, elle aurait avoué à Aldrich qu’elle rêvait de tourner avec Bette Davis. 
Entre ces deux monstres du cinéma il y avait donc de l’admiration et du respect malgré leur façon diamétralement opposée de concevoir le métier d’actrice. 

Mais il serait faux de nier une certaine jalousie qui amènera une petite animosité pendant le tournage ; parmi les anecdotes les plus connues on peut citer l’installation par Bette Davis d’une machine à Coca-Cola sur le plateau et ce, dans le simple but de faire enrager Crawford, veuve d’Alfred Steele, ancien PDG de Pepsi. De son côté, Joan aurait pris un malin plaisir à remplir ses poches pour s’alourdir et ainsi, compliquer la tâche à sa co-star lors de certaines scènes. Mais l’histoire la plus connue reste sans doute celle de la soirée des Oscars (évoquée au point 3). Joan Crawford aurait même fait campagne durant des semaines pour s’assurer que Bette Davis ne reparte pas avec la statuette !
Toutes ces histoires ont bien sûr permis au film de se faire une publicité incroyable et encore aujourd’hui, les rumeurs et petites “vacheries” entre les deux femmes nourrissent les passions pour What Ever Happened to Baby Jane? Mais il serait injuste de réduire le film à cela même s’il est évident que cette relation particulière en dehors des plateaux, aura sans doute servi aux deux actrices pour tourner certaines scènes !

7 — Parce que la séquence finale est extraordinaire 

Après une montée en tension énorme, le réalisateur parvient à terminer son film de la meilleure façon qui soit. Bien sûr, la séquence de la plage est l’occasion d’une révélation importante (qu’on ne spoilera pas ici) mais le jeu de Bette Davis et les réactions de son personnage rendent le tout absolument grandiose. La fin de Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? est typiquement le genre de scène qu’on ne peut jamais oublier.

8 — Parce que c’est un film d’horreur sans vraiment l’être

Si de nos jours la notion de film d’horreur fait écho à des possessions ou à des invasions de zombies, il ne faut pas oublier qu’il y a plusieurs décennies, le maître en matière de films horrifiques n’était autre qu’Alfred Hitchcock ! Plus psychologique, la peur reposait davantage sur la sensation d’angoisse que l’on pouvait transmettre aux spectateurs grâce à la suggestion, à des images parfaitement choisies ou encore, par la musique. Dans Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? La musique joue justement un rôle essentiel, passant d’airs légers voire même enfantins, à des thèmes plus dramatiques et plein de suspens. De même, Aldrich a su travailler sur l’éclairage pour terrifier le spectateur ; c’est notamment le cas lorsqu’il filme Bette Davis, le visage peinturluré alors que son personnage est en pleine régression. 

Joan Crawford dans le rôle de Blanche Hudson et Bette Davis dans le rôle de Jane Hudson

9 — Parce qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde

Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? est un film que certains jugent un peu kitsch mais dont la réussite est évidente. Ce résultat, Aldrich le doit à ses deux comédiennes mais également à la manière dont il a construit son récit. Il ne perd pas de temps et se concentre rapidement sur la dégradation de l’état psychologique de Jane qui entraîne de nombreux dégâts. De plus, il parvient à instaurer une atmosphère bizarre et un suspens complexe grâce à une sorte de huis clos se déroulant dans une somptueuse villa hollywoodienne. Enfin, Aldrich fait le choix de ne pas filmer deux stars mais plutôt, deux corps vieillissants que les gens ne veulent plus regarder, deux corps animés par des rancœurs, par la haine, les mensonges, la tristesse et la jalousie.

10 — Parce qu’il a aussi donné naissance à une super série 

En 2017, Ryan Murphy décide de revenir sur l’histoire de ce film à travers sa série Feud. Pour interpréter les deux actrices, il fait appel à Jessica Lange (pour Joan Crawford), Susan Sarandon (pour Bette Davis). Basée sur deux livres (​​Best Actresses de Jaffe Cohen et Michael Zam et Bette and Joan: The Divine Feud, de Shaun Considine) Feud retrace la fabrication du film tout en s’attardant sur la relation entre Davis et Crawford. Tout n’est pas à prendre pour argent comptant dans cette mini-série. Malgré tout, Ryan Murphy parvient à transcrire assez fidèlement l’Hollywood des années 1960 et ses nombreux travers tels que l’âgisme, le sexisme et la misogynie des plus puissants. En bref, une série à voir pour poursuivre un peu plus encore l’aventure Baby Jane

Peut-être même saura t-elle vous convaincre de découvrir les filmographies respectives de ces grandes actrices qu’étaient Joan Crawford et Bette Davis !

Camille Dubois

Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?
Réalisé par Robert Aldrich
Avec Bette Davis, Joan Crawford, Victor Buono
Horreur Drame, Etats-Unis, 1962, 2h14
Warner Bros.
Disponible en VOD sur MyCanal, Amazon Prime et Apple TV

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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