[CRITIQUE] Ninjababy

Temps de lecture : 2 minutes

Rakel est une jeune adulte qui prend le temps de vivre. Un jour, elle apprend qu’elle est enceinte… de sept mois.

Sélectionné à la Berlinale en 2021, ce long-métrage norvégien était montré dans la sélection Génération. À travers des histoires de passage à l’âge adulte, cette sélection compétitive propose des œuvres qui brisent les conventions tout en prenant les jeunes au sérieux.

Pour son deuxième film, la cinéaste Yngvild Sve Flikke réalise une comédie dramatique autour de la maternité. Ou plutôt son absence. Nous suivons Rakel, une adulte un peu perdue qui ne sait pas exactement ce qu’elle veut. Mais quand elle apprend qu’elle est enceinte de sept mois, elle sait qu’elle ne veut pas de cet enfant. Désir égoïste ou simplement connaissance de ses propres capacités ? La réalisatrice aborde avec humour et justesse la contraception — pourquoi est-ce toujours aux femmes d’y penser ? –, la culpabilité d’avoir vécu sa vie en faisant ce que nous voulions alors qu’un enfant grandit en nous. Elle expose les contradictions et les doutes qui assaillent son héroïne. Autour d’elle, le monde ne semble pas comprendre que la maternité ne soit pas un désir inné chez la femme, mais une petite graine qu’on a planté dans leur tête à la naissance : tu auras et voudras un jour des enfants. Mais Rakel n’en veut pas, elle veut vivre sa vie comme elle l’entend et son déni de grossesse en est la preuve. Adapté du roman graphique Fallteknikkétait de l’animatrice, dessinatrice et illustratrice norvégienne Inga Sætre, Ninjababy n’est jamais accusateur, bien au contraire. 

Yngvild Sve Flikke fait un état du monde et parvient à montrer les failles de nos pensées uniques. Rakel passe par beaucoup d’étapes avant d’accepter — même après avoir rencontré et dialogué pendant quelques mois de manière imaginaire avec son enfant — qu’elle ne veuille pas être mère. La cinéaste tord le cou aux conventions et aux idées reçues. La mise en scène est par ailleurs inventive et vient placer des dessins un peu partout dans l’image. Le ninjababy du titre est ainsi un petit héros de cartoon qui va exprimer les troubles intérieurs de Rakel. Énergique comme son héroïne, le film problématise à la perfection notre rapport à l’enfant, à la mère et aux femmes. Pour finir, je suggère que nous réfléchissions à la vasectomie généralisée proposée par Rakel.

Marine Moutot

Ninjababy
Réalisé par Yngvild Sve Flikke
Avec Kristine Kujath Thorp, Arthur Berning, Nader Khademi
Comédie dramatique, Norvège, 1h43, 2020
Wild Bunch Distribution
21 septembre 2022

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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