[CRITIQUE] Babylon

Temps de lecture : 4 minutes

Los Angeles des années 1920. Hollywood, l’usine à rêves est aussi un territoire de décadence qui ne tardera pas à être bousculé par l’évolution de la société et des techniques cinématographiques. Jack, Nellie et Manny naviguent dans ce monde difficile et illusoire. 

Cinq ans après First Man et sept ans après le triomphe de La La Land, Damien Chazelle est revenu en grandes pompes sur les écrans avec son film Babylon. Dès sa sortie, le long-métrage a divisé la critique ; pour certains, l’œuvre de Chazelle est la plus belle déclaration d’amour au cinéma alors que pour d’autres, il s’avère être un objet des plus indigeste. Il faut dire que durant plus de trois heures, les scènes se suivent et ne ressemblent pas. C’est là l’une des premières critiques que l’on pourrait faire à ce film : l’inégalité. Que ce soit d’un point de vue de la réalisation ou du scénario, Babylon souffre d’irrégularités criantes ; si certaines séquences sublimes mettent en place des belles images et quelques plan-séquences réussis, d’autres sont marquées par un manque de traitement et d’attention du réalisateur, du scénariste et de son chef-opérateur. Ainsi, quelques scènes aux dialogues forts, sont tout bonnement gâchées par un point non maîtrisé ou une lumière mal gérée.
De la même manière scénaristiquement parlant, le film alterne entre des séquences magnifiques, divertissantes voire même poétiques et d’autres, peu utiles et longues, donnent l’impression que Chazelle n’est pas parvenu à faire le tri parmi ses idées. Plus encore, dans l’euphorie qu’il veut transmettre avec ce film, le réalisateur semble parfois perdre le contrôle, à l’image d’un bouquet final de montage métrique dans lequel Chazelle tente de montrer une vision ultra-personnelle du cinéma. Si l’exercice peut-être apprécié, il peut aussi déstabiliser par son manque de cohérence avec le reste de l’œuvre.
Finalement, ce qui semble tenir l’ensemble du film, c’est à la fois le jeu des acteurs (notamment Brad Pitt, particulièrement impliqué dans son rôle de grande star hollywoodienne devant faire face à l’épreuve du parlant), et la musique jazzy de Justin Hurwitz (qui a remporté un Oscar pour la musique de La La Land) qui rythme à la perfection de nombreuses séquences.

Babylon est surtout un film à références, un film hommage. Les plus cinéphiles repèreront facilement les plans et les clins d’œil à d’autres grands réalisateurs. Mais Chazelle semble également avoir pensé aux plus néophytes en montrant de façon très évidentes la source de son inspiration ; ainsi, à la fin du film, Manny (Diego Calva) découvrira sur le grand écran le film Singin’ in the rain (1952) et, réalisera que les phrases qu’il a entendu et les moments qu’il a vécu se retrouvent imprimés pour toujours sur une pellicule. L’exercice est périlleux. En faisant cela de manière si nette, Chazelle prend le risque de se faire taxer de copieur et surtout, de faire croire à son public que finalement, les films qui parlent du cinéma et de cette période charnière d’Hollywood racontent toujours la même chose.
Cela est faux, bien évidemment et la première séquence de Babylon le montre parfaitement. Il faut dire que le réalisateur se voit offrir aujourd’hui, une liberté de ton dont ne disposait pas Gene Kelly et Stanley Donen dans les années 50. Lui, peut montrer le luxe, l’outrance, le sexe, les fêtes et la folie (et peut-être insiste t-il trop dessus quelque fois) qui régnait dans la cité des rêves à cette époque. Plus encore, il traduit visuellement l’ambiance scandaleuse que l’on retrouve à la lecture des livres de Kenneth Anger, Hollywood Babylon (1959 et 1986) ; Chazelle ira même jusqu’à reproduire quasi mot pour mot, les premiers pas de l’actrice Clara Bow dans le cinéma parlant, par le biais du personnage de Nellie (Margot Robbie). 

Finalement, Babylon n’est pas un film parfait. Il est même très loin de la réussite de Whiplash (2014). Néanmoins, il s’avère être un film généreux. Un peu trop peut-être. En un peu plus de trois heures, Chazelle tente de raconter beaucoup de choses, quitte à laisser de côté des arcs narratifs pertinents – notamment celui du musicien/acteur afro-américain Sidney Palmer (interprété par Jovan Adepo) – pour en développer d’autres totalement superflus. Il laisse également de côté une forme de perfection esthétique. Perfection qui aurait pourtant eu toute sa place dans un film parlant du cinéma. 

Camille Dubois

Babylon
Réalisé par Damien Chazelle
Avec Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva …
Comédie dramatique, Historique, Etats-Unis, 3h09
Paramount Pictures
Sorti en salle le 18 janvier 2023

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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